Leonor Jean Christine Soulas d'Allainval

Leonor Jean Christine Soulas d'Allainval

Léonor Jean Christine Soulas d'Allainval

Léonor-Jean-Christine Soulas d'Allainval, dit l'abbé d'Allainval, né à Chartres vers 1700 et mort à l'Hôtel-Dieu de Paris le 2 mai 1753, est un auteur dramatique français.

Sommaire

Sa vie et son œuvre

Il vécut toute sa vie dans la misère et mourut indigent. Aucune de ses pièces n'eut de succès, si ce n'est pendant un temps très court sa première comédie, L'Embarras des richesses, jouée quatre fois à Paris de son vivant et considérée plus tard comme une comédie « bien conduite et bien dénouée » et comme « un de ses meilleurs ouvrages »[1]. Seule L'École des bourgeois lui apporta la notoriété posthume. Représentée pour la première fois à la Comédie-Française en 1728, la pièce ne fut reprise que seize ans après sa mort et jouée par intermittence entre 1769 et 1848. En 1854, elle inspira à Émile Augier et Jules Sandeau une nouvelle comédie qui en constitue la suite[2].

Jugements

« Il y a juste cent trente-six ans qu'un pauvre diable, moitié gentilhomme, moitié abbé, mais tout à fait écrivain, dînant de deux jours l'un, et couchant pendant les nuits d'hiver dans une chaise à porteurs, Soulas d'Allainville, faisait jouer à la Comédie-Française la très-brillante comédie intitulée l’École des Bourgeois. La noblesse d'alors y était représentée sous les traits du marquis de Moncade, un mauvais sujet, un fat, un impertinent, ruiné, ruinant ; au demeurant, plein de charmes ; d'une jolie figure et d'un joli esprit, habillé à ravir, débraillé à point. Moncade est resté un type au théâtre, et un emploi ; s'il est venu après don Juan, il a devancé Lovelace et Almaviva ; il a fait souche de libertins élégants. On sait le sujet de l’École des Bourgeois, qui s'est toujours maintenue au répertoire de la Comédie-Française : le marquis de Moncade veut rétablir sa fortune en épousant la fille d'une bourgeoise enrichie ; il brave les brocards de ses amis à pirouettes, et fait consciencieusement sa cour à sa nouvelle famille, composée de marchands et de robins ; il séduit tout le monde, jusqu'à l'oncle Mathieu, bourru dont il a raison avec quelques accolades. Benjamine elle-même n'est pas aussi insensible à ses belles manières qu'elle feint de la paraître, et cette petite fille va devenir marquise, lorsque, à l'heure de la signature du contrat, une lettre de Moncade, se trompant d'adresse, tombe tout à coup au milieu des bourgeois rassemblés et rompt le contrat. Cette lettre commence par ces mots célèbres : Mon cher duc, enfin c'est ce soir que je m'encanaille...

Cette comédie, qui donnait une vigoureuse leçon à la bourgeoisie, sans ménager la noblesse, a été jugée depuis longtemps comme une des meilleures et des plus charmantes qui aient été faites après Molière et Regnard. Cela n'a pas empêché son auteur, le pauvre d'Allainval, de mourir dans la peau d'un indigent.[3] »
« Les héritiers de Molière ne chôment pas. Et d'abord d'Allainval, dont l’École des Bourgeois (1728) est une des meilleures contrefaçons du Bourgeois Gentilhomme, en petit. S'il n'est pas le premier qui ait mis en scène un marquis à l'affût d'une dot bourgeoise, chez lui le portrait est plus fouillé que d'habitude. En face d'une riche bourgeoise, hypnotisée par les titres et qui gagne sa fille à ses folies, et d'autres comparses amusants, se détache la figure du marquis de Moncade, le plus aimable, le plus badin, le plus fat, le plus spirituel et le plus insolent des marquis, comme aussi le plus dédaigneux des gendres, même des fiancés. Démasqué, joué à son tour à la fin, il s'en va, riant, l'air vainqueur, remerciant ceux qu'il n'a pu duper de l'empêcher de « ternir sa gloire ». Il est bien régence. Le portrait est fait de main de maître. Il faut attendre maintenant jusqu'à Piron et Gresset pour trouver des œuvres dignes d'une étude attentive.[4] »

Œuvres

Théâtre
  • L'Embarras des richesses, comédie, représentée pour la première fois sur le théâtre de l'hôtel de Bourgogne, par les comédiens italiens ordinaires du Roi, le 9 juillet 1725 (1726). Réédition : Espaces 34, Montpellier, 2006
  • La Fausse Comtesse, Paris, Théâtre de la rue des Fossés Saint-Germain, le 27 juillet 1726
  • Le Tour de carnaval, comédie en 1 acte, représentée sur le théâtre de l'hôtel de Bourgogne par les comédiens italiens ordinaires du Roi (1727)
  • L'École des bourgeois, comédie en 3 actes avec un prologue, représentée pour la 1re fois le lundi 20 septembre 1728, par les comédiens ordinaires de Sa Majesté (1729). Réédition : Espaces 34, Montpellier, 2006 (texte en ligne)
  • Le Mari curieux, comédie en un acte, représentée, pour la 1re fois, le 17 juillet 1731, par les comédiens ordinaires du Roy (1731)
  • L'Hiver, comédie, représentée pour la première fois par les comédiens italiens ordinaires du Roi, le 19 février 1733 (1733)
  • La Fée Marote, Paris, Foire Saint-Laurent, le 28 août 1734
  • Le Jugement de Pâris ou le Triomphe de la beauté, Théâtre de Toulouse, le 1er juillet 1747 (1748)
Divers
  • Lettre à mylord *** sur Baron et la demoiselle Le Couvreur, où l'on trouve plusieurs particularités théâtrales, par Georges Wink (1730). Réédition : Slatkine, Genève, 1968 (texte en ligne)
  • Ana (Allainvaliana), ou Bigarrures calotines (1732-33)
  • Anecdotes du regne de Pierre premier, dit le grand, czar de Moscovie, contenant l'histoire d'Eudochia Federowna, & la disgrace du prince de Mencikow (1745)
  • Anecdotes du regne de Pierre premier, dit le grand, czar de Moscovie, contenant son ordonnance du 10-21 février 1720, pour la réformation de son clergé (1746)
  • Œuvres de l'abbé d'Allainval (1785)

Notes et références

  1. Chefs-d'œuvre des auteurs comiques, vol. III, 1872, cité par Albert Cim, Récréations littéraires, Hachette, Paris, 1920, p. 62.
  2. Émile Augier et Jules Sandeau, Le Gendre de M. Poirier, comédie en 4 actes, en prose, représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Gymnase le 8 avril 1854.
  3. Charles Monselet, Les Premières Représentations célèbres, Degorce-Cadot, Paris, ca 1875, p. 293-294.
  4. Louis Petit de Julleville, Histoire de la langue et de la littérature françaises des origines à 1900, vol. VI, Armand Colin, Paris, 1925, p. 578.

Lien externe

Ses pièces et leurs représentations sur le site CÉSAR.

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