Les Compagnons de la Marjolaine

Les Compagnons de la Marjolaine

Les Compagnons de la Marjolaine est un opéra-comique, en un acte, de Jules Verne, écrit en collaboration avec Michel Carré, sur une musique d' Aristide Hignard, représenté pour la première fois au Théâtre Lyrique, le 6 juin 1855.

Sommaire

Argument

Boniface, propriétaire de l'auberge de Saint-Paterne, ne veut pas de Simplice pour époux de sa fille Marceline, car il le trouve poltron et niais; de plus, il est pauvre! L'aubergiste est lui-même pourtant sous la coupe de sa seconde femme, Monique. Voici qu'arrivent deux «compagnons de la Marjolaine», «une troupe de jeunes drôles qui vont de village en village, séduisant les femmes, enlevant les filles, buvant les meilleurs vins des celliers et rossant les hôteliers récalcitrants. On les reconnait à la marjolaine qu'ils portent à la boutonnière» : ce sont le vigneron Guerfroid et le pastoureau Landry. Ils ont l'intention de séduire les deux femmes ; Simplice, contraint de défendre Marceline, trouve le courage d'abord de feindre de vouloir entrer dans la confrérie, puis, lorsqu'il se découvre deux poings solides, de tenir tête aux mauvais gaillards. Il finirait cependant par passer un triste quart d'heure, lorsqu'heureusement, grâce à un vieux bouquet fané mais tout enrubanné, Guerfroid reconnaît en Simplice celui qui l'a un jour sauvé de la noyade dans l'Isère. Et les deux compagnons de la Marjolaine contraignent Boniface à consentir au mariage de Simplice avec Marceline[1].

Personnages

  • Simplice, passeur du bac de St-Romans-sur-l'Isère
  • Guerfroid, vigneron
  • Landry, pastoureau
  • Boniface, hôtelier
  • Marceline, sa fille
  • Dame Monique, sa femme

Commentaires

L'histoire des Compagnons de la Marjolaine remonte en 1853, année où fut représentée, avec succès, le premier opéra-comique du trio Verne-Carré-Hignard. La pièce, Le Colin-maillard, qui fut reprise au cours de la saison suivante, avait même l'honneur d'être "citée" par la reprise de son duo final dans l'allégorie Le Présent et l'avenir, de la plume du directeur Jules Seveste qui termina, le 28 mai 1853, la saison du Théâtre-Lyrique en mettant en jeu la situation du théâtre lui-même. Selon Jules Verne, Seveste aurait alors commandé un autre ouvrage du même type[2], affirmation d'autant plus crédible que celui-ci s'était engagé auprès de son secrétaire de jouer une pièce par an, au lieu de lui payer un salaire - fait attesté par les archives du Théâtre-Lyrique. La mort subite de Jules Seveste, succombant le 30 juillet 1854 au choléra, alors que sa troupe était partie pour des représentations à Londres, avait compromis l'avenir du théâtre dont la situation financière n'était guère engageante puisqu'il ne jouissait d'aucune subvention officielle. Une dizaine de personnes sollicitèrent alors la direction du théâtre dont le chef d'orchestre de la Comédie-Française, Jacques Offenbach.

Ce fut le plus expérimenté, Emile Perrin (1814-1885), qui obtint le poste, malgré une opposition très vive de la part de la "Société des Auteurs et compositeurs dramatiques", car Perrin était en même temps directeur de l'Opéra-Comique et on craignait qu'il use de sa double fonction pour se défaire d'une concurrence importune. Par suite de ce conflit qui ne cessait d'être discuté par la presse, Perrin remplit sa nouvelle fonction seulement pendant une saison et démissionna le 15 septembre 1855 au profit d'un M. Pellegrin, ancien directeur du théâtre de Marseille. Jules Verne doit avoir rempli ses fonctions de secrétaire jusqu'à cette époque; son poste était devenu officiellement vacant en octobre de la même année.

Les "Compagnons" furent destinés à entrer en scène en 1854, mais, comme Jules Verne l'écrit à son père: "M. Seveste et moi nous avons agité la question de savoir s'il fallait jouer ou non l'opéra avant la fermeture du théâtre; et nous avons trouvé qu'il valait mieux attendre; en effet, la troupe du Théâtre-Lyrique dont les engagements finissent cette année, va être renouvelée entièrement pour le mois de septembre prochain; si nous avions été joués avant, nous nous serions trouvés avec une pièce démontée à la réouverture, et c'eû été le diable pour la faire reprendre"[3]. Survint alors la mort du directeur. Les relations avec Seveste avaient été chaleureuses, presque amicales, ce qui ne devait pas se renouveler avec Emile Perrin que Jules Verne trouvait «excessivement froid et réservé»[4].

Le livret

Peu de réactions de la critique sur le livret. G. Héquet écrit:« Les auteurs ont tiré de ce sujet assez mince quelques scènes gaies et amusantes, sinon une pièce. Cela ne serait pas suffisant pour un vaudeville: mais il y a, comme dit Figaro, des accompagnements là-dessous. En somme, l'ouvrage a réussi. C'est tout ce que désiraient les auteurs, et personne ne leur demandera davantage. »[5]. L'ouvrage marque pourtant une très nette amélioration par rapport à son prédécesseur (Le Colin-maillard) et ce qui frappe avant tout, c'est la qualité des «lyrics» comme on dirait aujourd'hui, c'est-à-dire des textes en vers destinés à être mis en musique. La versification est plus libre, plus inspirée, plus musicale et en bien des endroits, les mots suggèrent littéralement la musique. Le sujet est moins tarabiscoté: même si le nombre de scènes est sensiblement le même - en proportion de la longueur de l'acte - l'action se déroule de façon plus linéaire. La psychologie des personnages est plus fouillée, car nous ne sommes plus en présence d'une pasquinade, d'un sujet à stéréotypes passéistes, mais d'une pièce réaliste. Tout au plus comprend-on moins bien que ces brise-tout que sont les compagnons de la Marjolaine fassent aussi radicalement volte-face[6].

La musique

Quant à la partition, G. Héquet dans L'Illustration[7] distribua équitablement les blâmes et les félicitations au jeune compositeur. Constatant que le public avait été plus satisfait de la deuxième pièce que de la première, il loua les qualités de la partition: netteté, franchise, unité du discours musical, «qui ne sent jamais l'effort», style naturel, allure vive, entrain et gaieté. «Il a même, de temps en temps, de la tendresse et de la grâce, notamment dans le petit air qui sert d'introduction à son opérette. De plus, il instrumente fort bien, n'abuse pas des trombones, ne s'embarasse pas dans des détails d'orchestre, n'étouffe pas les voix sous la symphonie». Enfin, il y aurait «un bon sentiment harmonique», «une certaine dose d'invention mélodique, de l'esprit et du bon sens». Revers de la médaille: Hignard «ne laisserait rien à désirer, s'il avait habituellement un peu plus d'élégance, si, en s'efforçant d'être vrai, il savait toujours éviter d'être trivial». Puis il l'attaque sur certains airs trop violents et bruyants, alors que le texte, justement, réclame cette violence et ce bruit. «Cela est vrai, sans doute, mais d'une vérité trop matérielle et trop brutale» conclut le rédacteur.

Notes

  • La pièce ne fût représentée que 24 fois en 1855[8].

Bibliographie

  • Livret (29 pages) édité chez Michel Lévy frères en 1855. La partition n'a pas été publiée.

Références

  1. Le texte de la pièce est paru dans le Bulletin de la Société Jules Verne 143. 3e trimestre 2002.
  2. Lettre à Pierre Verne du 4 mai 1853
  3. Lettre à Pierre Verne du 17 mai 1854
  4. Lettre à Pierre Verne de février ou mars 1855.
  5. L'Illustration, 1855.
  6. Ces textes sont pour la plus grande partie tirés des études de Robert Pourvoyeur Les trois opéras-comiques de Jules Verne. Bulletin de la Société Jules Verne 70, et de la préface de Volker Dehs à la pièce reprise dans le n° 143 du même bulletin.
  7. Op. cit. P. 370 et 371
  8. Albert Soubies. Histoire du Théâtre-Lyrique. (Paris, Fischbacher, 1899).

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Les Compagnons de la Marjolaine de Wikipédia en français (auteurs)

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