Les Enfants de Húrin

Les Enfants de Húrin
Les Enfants de Húrin
Alan Lee dédicaçant Les Enfants de Húrin à Londres
Alan Lee dédicaçant Les Enfants de Húrin à Londres

Auteur J. R. R. Tolkien
(édité par Christopher Tolkien)
Genre Fantasy
Version originale
Titre original The Children of Húrin
Éditeur original Harper Collins
Langue originale Anglais
Pays d'origine Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Lieu de parution original Londres
Date de parution originale 17 avril 2007
Version française
Traducteur Delphine Martin
Lieu de parution Paris
Éditeur Christian Bourgois
Date de parution 21 février 2008
Dessinateur Alan Lee
Couverture Alan Lee
Chronologie
Faërie et autres textes
La Légende de Sigurd et Gudrún

Les Enfants de Húrin (titre originel en anglais: The Children of Húrin) est un roman de l'écrivain et philologue britannique John Ronald Reuel Tolkien, publié de façon posthume le 17 avril 2007 dans le monde entier[1]. L'ouvrage a été reconstitué par le fils de Tolkien, Christopher à partir de textes inachevés laissés par son père, textes qui avaient déjà été en partie publiés dans les Contes et légendes inachevés et dans l’Histoire de la Terre du Milieu. Les aventures des enfants de Húrin, Narn i Chîn Húrin, avaient aussi été relatées sous forme d'un résumé dans Le Silmarillion.

Le roman se déroule sur la Terre du Milieu, le lieu fictif de la plus grande partie du légendaire créé par Tolkien, peuplé d'hommes et d'autres races humanoïdes (elfes et nains), ainsi que par d'autres créatures réelles et fantastiques. L'histoire se déroule lors du Premier Âge, à l'époque de la guerre entre les Eldar et Morgoth, et traite d'un homme appelé Húrin, appartenant à la Maison de Hador des Edain, et de la malédiction que le vala Morgoth lança sur lui et ses descendants. Il décrit les aventures funestes du héros humain Túrin Turambar, fils de Húrin, poursuivi par la malédiction.

À l'intérieur de la structure du légendaire, l'histoire est connue en langue sindarine comme Narn i Chîn Húrin, « Histoire des enfants de Húrin » ; elle est mentionnée plusieurs fois simplement comme le Narn. Le lai originel est décrit comme ayant été écrit en l'an 499 du Premier Âge par Dírhaval, un poète mortel né à Dor-lómin, réfugié à l'embouchure du Sirion.

Ce livre est paru en version originale le 17 avril 2007 chez HarperCollins et en français le 21 février 2008 chez Christian Bourgois éditeur. Le texte est illustré dans sa première édition par des aquarelles et des crayonnés d'Alan Lee. Il n'est pas rédigé dans le style romanesque de Bilbo le Hobbit et du Seigneur des anneaux mais dans le style des contes du Silmarillion et dans le même anglais classique voire ancien, faisant souvent appel à des expressions archaïques qui ne sont plus utilisées dans l'anglais moderne.

Dans la préface, Christopher Tolkien prévient les lecteurs qu'il voulait présenter de la manière la plus accessible possible le conte reconstitué des aventures de Túrin. Le texte n'est donc ni annoté ni commenté comme le sont les volumes de son Histoire de la Terre du Milieu. Le livre comporte toutefois une introduction et deux appendices rédigés par Christopher Tolkien qui replacent ce texte dans son contexte et retracent l'histoire de sa composition. Le livre inclut également un guide de prononciation, un index des noms propres (lieux et personnages), une carte des régions du Beleriand où se situe l'action et les arbres généalogiques des principaux protagonistes.

Le livre audio en version anglaise (paru chez HarperCollins AudioBooks) est lu par Christopher Lee, l'acteur qui interprète Saroumane dans l'adaptation cinématographique Le Seigneur des anneaux par Peter Jackson.

Sommaire

Résumé

L'histoire commence en l'an 458 du Premier Âge, quand les frères Húrin et Huor, fuyant une troupe d'Orques qui les avaient pris en embuscade, arrivèrent aux Crissaegrim et furent emportés par deux Aigles jusqu'au royaume caché de Gondolin. Là, le roi Turgon les accueillit de bon gré et se prit d'une grande affection pour eux. Une année passa, les frères voulurent rentrer chez eux et Turgon accepta, bien que la loi interdise d'abandonner le royaume à tous ceux qui l'avaint trouvé ou vu, afin de dissimuler l'endroit aux yeux de Morgoth. Cinq années après naquit le fils aîné de Húrin et de son épouse Morwen, Túrin. Deux ans plus tard naquit leur fille Urwen, qui mourut à l'âge de trois ans à cause d'un vent malin provenant d'Angband qui la rendit malade. En 472 P. Â. eut lieu Nírnaeth Arnoediad, la bataille des « Larmes Innombrables », à laquelle Húrin participa. Les armées de Húrin et de son frère cadet Huor couvrirent la fuite de Turgon à Gondolin par le sacrifice de leur armée et d'eux-mêmes. Huor fut tué, mais Húrin fut capturé vivant par Morgoth. Pour se venger de l'aide qu'il avait apportée à Turgon, de son mépris et de don refus de révéler la position de la cité secrète de Gondolin, Morgoth maudit Húrin et ses enfants, enchaînant Húrin sur un siège placé sur le haut du Thangorodrim et le forçant à être témoin de la malédiction sur sa descendance lors des années suivantes, en utilisant la longue vue de Morgoth lui-même.

Quand la nouvelle de la captivité de Húrin arriva aux oreilles du roi Thingol de la forêt de Doriath et comme les Orientaux maraudaient près de Dor-lómin, l'elfe offrit sa protection à Túrin et à sa mère. Morwen, à cause de son orgueil, ne voulut pas abandonner son foyer pour le protéger et envoya Túrin à Doriath accompagné par deux hommes. Là, Túrin fut considéré comme le fils adoptif de Thingol et Melian et devint un grand ami de l'elfe Beleg, avec qui il combattit sur les frontières du royaume pendant bien des années, pour le défendre des attaques des orques.

Bien que Túrin fusse chéri par beaucoup, un elfe de la cour de Thingol, appelé Saeros, ne l'appréciait pas, à cause de la faveur que lui accordait le roi, et désirait l'humilier publiquement. Un jour, Saeros insulta la mère de Túrin et ils commencèrent à se battre en duel. Túrin désarma l'elfe et ce dernier, en fuyant, finit par tomber dans le fleuve Esgalduin et mourut. Túrin, croyant qu'il n'aurait pas droit à un procès équitable, fuit Doriath et rejoignit une bande de proscrits avec laquelle il vécut jusqu'à ce que Beleg le retrouve. Son ami le supplia de revenir à Doriath, mais Túrin résista par orgueil. Après leur séparation et au bout de plusieurs jours, la bande de proscrits rencontra un nain nommé Mîm, qui les guida jusqu'à la maison dans laquelle il vivait avec ses deux fils. Le proscrit Andróg assassina l'un d'eux et fut maudit par Min qui dit qu'il ne pourrait plus jamais tenir un arc de sa vie. Au bout d'un certain temps, Beleg revint vers Túrin.

Mîm haïssait Beleg car ce dernier avait soigné Andróg, qui s'était blessé avec une flèche en se servant d'un arc, empêchant ainsi la malédiction de Mîm de s'accomplir. Sa haine ne faisait que croître au cours du temps, car il se méfiait des Elfes. De plus en plus d'hommes se joignaient à Túrin et cela finit par révéler leur position à Morgoth, qui envoya des troupes à proximité de l'Amon Rûdh, mais il n'ordonna pas d'attaque pour le moment. Seul Mîm s'aperçut qu'ils étaient entourés et sa haine pour Beleg, jointe à la séquestration de son fils Ibun par les Orques, le poussa à trahir Túrin. Les Orques, guidés par le nain, assaillirent Amon Rûdh et tuèrent tous les hommes, excepté Túrin, qui fut capturé, et Beleg, qui fut enchaîné et abandonné à Mîm, selon les conditions que ce dernier avait posées pour sa trahison. Cependant, Andróg, blessé à mort, chassa le nain avant qu'il ne tue Beleg et, après avoir retiré les liens de ce dernier, mourut.

Beleg partit ensuite en suivant la trace de Túrin et de ses ravisseurs. Pendant le voyage, il rencontra l'elfe Gwindor, qui avait été capturé pendant les Nírnaeth Arnoediad et qui avait réussi à s'échapper des mines dans lesquelles Morgoth lui avait ordonné de travailler. À ce moment, une grande troupe d'Orques passa à leurs côtés et, cachés, ils virent qu'ils amenaient Túrin, enchaîné, à Angband. Après les avoir poursuivis et pendant que les Orques campaient pour fêter leur victoire et dormir, Beleg et Gwindor s'approchèrent de Túrin. Une fois éloignés du campement et pendant que Beleg coupait les liens de Túrin, son épée Anglachel glissa de ses mains et blessa l'Homme au pied. Túrin, brutalement réveillé, se crut attaqué par ses ennemis et tua Beleg. Le matin suivant, après avoir veillé toute la nuit à regarder le corps de son ami, Túrin aida Gwindor à l'enterrer et prit l'épée Anglachel. Aussitôt, Gwindor le guida jusqu'au royaume de Nargothrond.

Anglachel fut aiguisée de nouveau et Túrin fut admis au conseil du roi Orodreth sous le pseudonyme d'Agarwaen, grâce à son habileté dans l'art de la guerre. Là, il gagna le respect de tous les elfes grâce à ses stratégies de bataille, excepté celui de Gwindor, contrarié par ce qu'il avait vu à Angband. Une princesse elfe en particulier, Finduilas, autrefois la promise de Gwindor avant que ce dernier ne s'en aille aux Nírnaeth Arnoediad, tomba éperdumment amoureuse de Túrin, ce qui augmenta la rancune de Gwindor envers lui. Les elfes, guidés par les conseils de Túrin, se préparèrent pour une guerre plus ouverte et construisirent un grand pont sur la rivière Narog pour sortir de la cité. Pendant ce temps, Morwen et sa fille cadette, Niënor, se présentèrent à Doriath à la recherche de Túrin et y restèrent le temps d'apprendre qu'il était parti.

Cinq années passèrent, et deux messagers vinrent à Nargothrond avec un message du seigneur de Falas, Círdan, qui avait eu une apparition du Vala Ulmo en personne pour le prévenir du danger imminent que courrait le royaume d'Orodreth. Cependant, bien que le roi fût perturbé par la nouvelle, Túrin insista pour qu'elle ne fusse pas écoutée. C'est ainsi que, à l'automne de cette même année, Morgoth lança l'attaque qui était planifiée et son armée, menée par le dragon Glaurung, saccagea Nargothrond et tua Orodreth. Túrin, piégé par Glaurung, fut subjugué par le regard ensorcelé de celui-ci et crut les mensonges qu'il lui raconta et ne vit pas passer Finduilas dans la file des prisonniers. Il s'enfuit et se dirigea vers Dor-lómin à la recherche de sa mère et de sa sœur, croyant que celles-ci étaient esclaves d'un humain oriental à la solde de l'ennemi. Arrivé à Dor-lomin, il se rendit compte des mensonges de Glaurung, tua Brodda l'oriental et décida de retourner au sud pour retrouver Finduilas, croyant sa mère et sa sœur en sécurité en Doriath.

Ces dernières, lorsqu'elles apprirent que Túrin l'Épée Noire avait résidé à Nargothrond avant le sac du royaume, quittèrent Doriath pour aller à sa rencontre. Elles tombèrent sur Glaurung, qui fit fuir leur escorte et ensorcela Nienor, la sœur de Turin. Prise de folie, elle perdit tous ses souvenirs et s'enfuit vers les contrées sauvages, saisie d'une peur panique. C'est là que la trouva Túrin, de retour du nord. Il vivait à présent en Brethil, où il menait une troupe d'hommes des forêts et faisait subir de lourdes pertes à l'ennemi. Il avait appris la mort de Finduilas en rentrant de Dor-Lomin et, désireux d'oublier son passé, il cessa d'employer sa Noire Épée et prit encore une fois une nouvelle identité. Il se fit appeler Turambar, le Maître du Destin. Mais la malédiction le rattrapa cependant. Il tomba amoureux de Nienor, qu'il n'avait jamais vue avant ce jour, et le cœur de celle-ci pencha vers le sien également.

Quelques années passèrent où Túrin et Nienor vécurent heureux en Brethil. Jusqu'au jour où Glaurung apprit que Túrin se cachait parmi les hommes des bois. Il saccagea Brethil et mit le feu à la forêt. Túrin partit donc, pourvu de sa noire épée Anglachel, à la tête d'une petite troupe pour tuer le dragon. Tous s'enfuirent cependant à sa vue et seul Túrin demeura. Il prit Glaurung par surprise alors que celui-ci franchissait un profond ravin et lui enfonça l'épée dans le ventre. Le dragon chuta au fond du ravin, où Túrin vint récupérer son épée. Mais la bête maléfique usa de ses dernières forces pour lui jeter un regard puissant qui l'assoma, alors même que son sang empoisonné coulait sur la main de Turambar, lui rongeant la peau tel un acide. C'est là que le trouva Nienor. Elle le soigna, lui banda la main, mais le dragon ouvrit encore une dernière fois les yeux pour lever le sortilège d'oubli qu'il lui avait autrefois jeté. Désespérée, et croyant à tort Túrin à l'agonie, saisie de folie, elle alla se jeter dans les chutes du Teiglin, la rivière qui coulait au fond du ravin.

Lorsque Túrin revint à la lui, il quitta l'endroit et s'en alla à la rencontre des hommes des bois. Il croisa Brandir, le chef de la communauté, jaloux depuis toujours de l'amour que Nienor portait à Turambar. Celui-ci avait assisté à la scène entre Nienor et le dragon, il raconta la vérité à Túrin mais celui-ci ne le crut pas tout d'abord. Il tua Brandir, puis croisa Mablung le chasseur, venu de Doriath à la tête d'une troupe d'hommes dans le but de retrouver Nienor et d'occire le dragon. Mablung lui expliqua l'objet de sa venue et alors Turin comprit que son destin l'avait rattrapé. La vérité lui fut révélée, il alla au bord de Teiglin se jeter sur la pointe d'Anglachel, l'épée avec laquelle il avait arraché la vie de Beleg, son ami, et de tant d'autres.

Bien plus tard, Morwen et Húrin, enfin libéré, vinrent se recueillir sur le lieu de la mort de leurs enfants, et se retrouvèrent là, témoins du triste destin de leur maison.

Composition

J. R. R. Tolkien en 1916, peu avant qu'il ne commence à écrire la première version des Enfants de Húrin.

L'histoire des enfants de Húrin est seulement une partie de la mythologie que J. R. R. Tolkien travailla pendant la quasi totalité de sa vie. Il commença au début de 1917, lorsqu'il était hospitalisé à Great Haywood après être tombé malade pendant son service au cours de la Première Guerre mondiale. Selon le commentaire du biographe Humphrey Carpenter dans J. R. R. Tolkien: a biography, l'auteur commença à écrire la première version des Enfants de Húrin en août de cette même année, pendant une rechute qu'il passa à l'hôpital de Hull[2]. « Le conte de Turumbar », titre que reçut cette version de l'histoire, fut repris par J. R. R. Tolkien avec d'autres dans Le Livre des Contes Perdus, édité et publié des années après par son fils Christopher en deux tomes. Dans le deuxième tome, où se trouve le récit complet, accompagné d'une introduction, de notes explicatives et d'une analyse, Christopher Tolkien n'offre pas de date aussi précise que celle de Carpenter et établit que l'histoire fut écrite pour la première fois quelque part entre 1917 et le milieu de 1919[3].

De même que le reste des Contes Perdus, « le conte de Turumbar » est raconté par un personnage à l'intérieur de la fiction. L'enfance de Túrin n'apparaît pas encore et seuls certains aspects des Nírnaeth Arnoediad sont mentionnés. Bien que cette version inclue le départ de Húrin (ici Úrin) pour la guerre, sa capture et sa malédiction par Morgoth (ici Melko) devant le refus de l'homme d'offrir son aide pour trouver le roi Turgon de Gondolin. La naissance de Niënor (ici Nienóri) se produit avant le départ de Túrin pour Doriath et celui-ci n'est pas dû à la crainte de Morwen (ici Mavwin) que son fils et héritier ne devienne un esclave, mais au fait qu'elle ne savait pas comment l'élever en même temps que sa sœur[3].

Au début des années 1920 et à partir de l'histoire des Contes Perdus, Tolkien composa deux versions d'un long poème pour lequel il utilisa des vers allitérés anglais (utilisés aussi dans diverses œuvres anglo-saxonnes, comme Beowulf, une des sources d'inspiration de Tolkien) et qu'il intitula, au début, « Túrin fils de Húrin et Glórund le Dragon », et plus tard, « Le lai des Enfants de Húrin »[4].

Cependant, quelque part entre la fin de 1924 et le début de 1925, Tolkien abandonna l'écriture du poème lorsque l'histoire se déroule au royaume de Nargothrond[4]. Les deux versions du poèmes ont été publiées bien plus tard par Christopher Tolkien dans Les Lais du Beleriand, le troisième volume de l'Histoire de la Terre du Milieu. À cause de la complexité de son style, Christopher inclut dans le livre un glossaire des mots archaïques qu'il utilise, pour que ceux qui le lisent puissent le comprendre[5].

En 1930, Tolkien commença à écrire la Quenta Silmarillion à partir d'une ébauche qu'il réalisa en 1926 sur sa mythologie pour son ancien professeur de Birmingham, R. W. Reynolds, et aussi basée sur les Contes Perdus. Cependant, le récit s'interrompit à l'histoire des enfants de Húrin, pendant le séjour de Túrin chez les proscrits, et elle ne sera pas reprise avant de nombreuses années. La cause de l'interruption étant dû au fait que Tolkien consacrait tout son temps au roman Bilbo le Hobbit et, aussitôt après, au Seigneur des Anneaux[4]. Une fois ce dernier finalisé, Tolkien reprit la rédaction des trois histoires les plus longues du Quenta et afin d'achever « Les Enfants de Húrin », il ne recommença pas depuis le début comme il en avait l'habitude, mais utilisa le poème allitéré à partir de la destruction de Nargothrond et continua jusqu'à la fin[4].

Tolkien n'acheva jamais complètement le texte et les parties existantes ont été publiées dans les Contes et légendes inachevés sous le titre Narn i Hîn Húrin. L'oubli du c est une décision éditoriale prise par Christopher Tolkien pour des raisons de prononciation, car il ne voulait pas que les lecteurs anglophones prononcent chîn « tchin »[6]. Ce récit se retrouve dans Le Silmarillion sous une forme abrégée : il forme le chapitre 21 de la Quenta Silmarillion.

Influences

La malédiction de Kullervo, par Akseli Gallen-Kallela.

En 1951, quand la maison d'édition Allen & Unwin décida de repousser le Seigneur des Anneaux à cause de l'obstination de Tolkien de le faire publier avec le Silmarillion, Milton Waldman, de HarperCollins, se montra intéressé par les deux romans et Tolkien lui écrivit une lettre dans laquelle il les lui décrivait ; dans celle-ci, l'auteur assure que Les Enfants de Húrin est inspiré par les personnages de Kullervo, Sigurd et Œdipe[7].

L'histoire de Kullervo, qui apparaît dans le poème épique finnois Kalevala, l'inspiration la plus évidente est la fin tragique des deux. Túrin ignore que Nienor est sa sœur, puisqu'il ne la jamais connue et que le dragon Glaurung à effacé la mémoire de cette dernière. Alors que Kullervo, qui ne connait pas non plus sa sœur, viole une vagabonde sans savoir que c'est elle ; ensuite, quand ils découvrent la vérité, les deux se suicident en se jetant sur leurs épées, courbés par les remords d'avoir commis un inceste. Cependant, puisque Tolkien prit cette inspiration à cause de son désir de ré-élaborer l'histoire du Kalevala[8], les personnages de Túrin et Kullervo se différencient parce que le premier est noble et se suicide par culpabilité, alors que le deuxième est mauvais et se suicide par peur du supplice[9].

Critiques et ventes

Les premiers commentaires suivant la publication des Enfants de Húrin sont en majorité positifs. The Washington Post l'assimile à une tragédie grecque et le qualifie de « conte morne, obscurément élégant », « possédant la résonance mythique et le goût amer du destin inexorable »[10]. Pour le journal britannique The Independent, c'est un livre « aride, dément, dépourvu d'humour, cruel et tout à fait brillant »[11]. Dans The Sunday Times, Bryan Appleyard place les Enfants de Húrin au-dessus des autres œuvres de Tolkien, notant sa « tournure intense et très mature » et « un réel sentiment de gravité majeure »[12]. Dans le même journal, Maurice Chittenden avait estimé, quelques mois avant la sortie des Enfants de Húrin, que les nombreuses morts violentes que contient l'ouvrage pourraient lui valoir d'être « classé X »[13].

Le livre a également reçu aussi des critiques négatives. Pour le Detroit Free Press, il est « ennuyeux et pas fini »[14]. Entertainment Weekly le trouve « maladroit et immature », « une forêt impénétrable de noms, manquant de subtilité et de plaisir, avec une syntaxe surchargée et étranglée »[15]. La colonne satirique « Digested Read » du Guardian moque également le style et l'intrigue du livre, estimant qu'il n'a été publié que pour profiter du succès des films de Peter Jackson ; en résumé, « la Tolkien Estate prend de mauvaises hobbitudes »[16].

D'autres critiques ont distingué deux publics : selon Tom Deveson, du Sunday Times, « si les aficionados de J. R. R. Tolkien seront ravis, les autres trouveront Les Enfants de Hurin à peine lisible »[17]. À l'inverse, Kelly Grovier, pour The Observer, affirme qu'il « peut plaire à tous sauf aux plus puristes de ses fans », eu égard au rôle incertain de Christopher Tolkien dans la préparation du texte[18]. Dans The Times, Jeremy Marshall estime qu'il s'agit d'« une lecture à ne pas réserver aux seuls inconditionnels de Tolkien », malgré « une prose parfois trop guindée, des dialogues parfois trop pompeux, des noms parfois trop obscurs et jamais expliqués ». Il pourrait néanmoins s'agir pour lui de « la suite du Seigneur des anneaux que désiraient si ardemment et vainement les éditeurs de Tolkien à la fin des années 1950 »[19].

Les Enfants de Húrin a fait son entrée à la première place de la liste des meilleures ventes de fiction hardcover établie par le New York Times[20]. Selon Houghton Mifflin, l'éditeur américain, près de 900 000 exemplaires ont été vendus dans le monde entier au cours des deux premières semaines, soit le double des prévisions initiales des éditeurs[21]. L'éditeur britannique, HarperCollins, indique que 330 000 exemplaires ont été écoulés au Royaume-Uni sur la même période[21].

Notes et références

  1. AFP, « Vuelven los hijos de Húrin », El País, 25 mars 2007. Consulté le 19 avril 2008
  2. Carpenter, Lost Tales
  3. a et b J. R. R. Tolkien et Christopher Tolkien (trad. Adam Tolkien), Le Second Livre des contes perdus [« The Book of Lost Tales: Part 2 »] [détail des éditions] , « Turambar et le Foalókê »
  4. a, b, c et d J. R. R. Tolkien (ill. Alan Lee), Les Enfants de Húrin, « Appendices : I. L'évolution des grandes histoires » 
  5. La Historia de la Tierra Media - Las baladas de Beleriand, Sociedad Tolkien Española. Consulté le 21 avril 2008
  6. La Route perdue et autres textes, p. 322
  7. Lettres, no 131
  8. Lettres, no 1
  9. Aldo, « Tolkien, Finlandia y el Kalevala », 26 septembre 2007. Consulté le 21 avril 2008
  10. Elizabeth Hand, « The Return of the King », The Washington Post, 27 avril 2007. Consulté le 22 septembre 2007
  11. Frank Cottrell Boyce, « Spreading the elfish gene », The Independent, 18 avril 2007. Consulté le 22 septembre 2007
  12. Bryan Appleyard, « What took them so long? », The Sunday Times, 8 avril 2007. Consulté le 22 septembre 2007
  13. Maurice Chittenden, « X-rated Tolkien: it's not for the kiddies », The Sunday Times, 24 septembre 2006. Consulté le 22 septembre 2007
  14. Marta Salij, « Just kick the hobbit and don't suffer 'The Children of Hurin' », Detroit Free Press, 18 avril 2007. Consulté le 8 juin 2008
  15. Jeff Giles, « The Children of Hurin », Entertainment Weekly, 17 avril 2007. Consulté le 22 septembre 2007
  16. John Crace, « Digested read: The Children of Húrin by JRR Tolkien », The Guardian, 24 avril 2007. Consulté le 22 septembre 2007
  17. Tom Deveson, « Away with the fairies », The Sunday Times, 15 avril 2007. Consulté le 22 septembre 2007
  18. Kelly Grovier, « In the name of the father », The Observer, 27 avril 2007. Consulté le 22 septembre 2007
  19. Jeremy Marshall, « Tolkien, before Bilbo », The Times, 14 avril 2007. Consulté le 22 septembre 2007
  20. The New York Times: Books-Best-Seller Lists, The New York Times, 4 mai 2007. Consulté le 4 mai 2007
  21. a et b Hillel Italie, « Sales soar for new Tolkien novel », Associated Press, 1er mai 2007. Consulté le 17 novembre 2007

Sources

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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