Les temps Modernes

Les temps Modernes

Les Temps modernes

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Les Temps modernes
Charlot devient fou

Titre original Modern Times
Réalisation Charlie Chaplin
Durée 89 minutes
Sortie 5 février 1936
Langue(s) originale(s) anglais
Pays d’origine États-Unis États-Unis

Les Temps modernes (Modern Times) est un film américain de Charlie Chaplin, sorti en 1936. Il présente le personnage de Charlot, qui fait sa dernière apparition dans un film muet (Charlot fera sa dernière apparition dans Le Dictateur), luttant pour survivre dans le monde industrialisé. Le film est une satire du chômage et des conditions de vie de nombreuses personnes lors de la Grande dépression. Conditions imposées, selon Chaplin, par les gains d'efficacité exigées par l'industrialisation des temps modernes. Les vedettes du film sont Chaplin, Paulette Goddard, Henry Bergman, Stanley Sandford et Chester Conklin.

Sommaire

Synopsis

Les Temps modernes dépeint Charlot en ouvrier, employé sur une chaîne de production. Après avoir été soumis à divers mauvais traitements, comme d'être nourri de force par une machine à gaver ou d'être contraint de visser des écrous à un rythme effréné sur une chaîne de montage accélérée, Charlot est atteint d'une dépression nerveuse. Il est alors envoyé à l'hôpital. Après son rétablissement, devenu chômeur, Charlot est arrêté par erreur pour avoir fomenté une manifestation communiste, alors qu'il ne tentait en fait que de restituer un drapeau rouge qui était tombé d'un véhicule de livraison. En prison, il ingère accidentellement de la cocaïne, la prenant pour du sel. Dans l'état délirant qui s'ensuit, il participe à une évasion et met KO les autres condamnés. Il est alors acclamé en héros et libéré. Sorti de prison, il découvre combien la vie est rude, et tente d'être arrêté après avoir échoué à obtenir un travail décent. Il rencontre alors une orpheline (la « gamine »), interprétée par Paulette Goddard, qui fuit la police après avoir volé une miche de pain. Pour sauver l'enfant, il dit à la police qu'il est le voleur et doit être arrêté. Cependant, un témoin révèle la supercherie et il est libéré. Afin d'être à nouveau arrêté, il ingurgite une énorme quantité de nourriture dans une cafétéria, sans payer. Il se retrouve avec la gamine dans le « panier à salade », qui tombe en panne, et tous deux s'échappent. Rêvant d'une vie meilleure, Charlot obtient un emploi de gardien de nuit dans un grand magasin, introduit la gamine dans celui-ci, et permet même à des cambrioleurs de prendre de la nourriture. Se réveillant le lendemain matin dans un tas de vêtements, il est arrêté une fois de plus.

Dix jours plus tard, la gamine l'emmène dans une nouvelle maison, une cabane délabrée qu'elle admet "ne pas être Buckingham Palace", mais qui fera l'affaire. Le matin suivant, Chaplin apprend l'ouverture d'une nouvelle usine et se rend immédiatement sur les lieux. Par sa faute, son patron est accidentellement piégé dans une machine, mais parvient finalement à s'en extirper. Les autres travailleurs décident de mener une grève. Lançant accidentellement une brique sur un policier, il est encore arrêté. Deux semaines plus tard, il est relâché et apprend que la gamine a trouvé un emploi de danseuse dans un café, et elle essaie de lui fournir un travail de chanteur dans ce même restaurant. Le soir, il devient un serveur efficace bien qu'il trouve difficile de déterminer la différence entre les portes "entrée" et "sortie" de la cuisine, et de réussir à servir un canard rôti. Pendant son spectacle, il perd le bracelet sur lequel la gamine avait écrit les paroles de sa chanson, mais se sauve en improvisant du charabia tout en faisant un pantomime. Sa représentation se révèle être un vrai succès. Quand la police arrive pour arrêter la gamine, s'étant évadée du fourgon de prison plus tôt, ils s'échappent à nouveau. Finalement, arpentant une route au crépuscule, on les voit se diriger vers un futur incertain, mais plein d'espérance.

Fiche technique

  • Titre français : Les Temps modernes
  • Titre original: Modern Times
  • Réalisation : Charles Chaplin
  • Scénario : Charles Chaplin
  • Sociétés de production : Chaplin - United Artists
  • Producteurs : Charles Chaplin
  • Musique : Charles Chaplin (emprunts musicaux : Hallelujah, I'm a Bum, Prisoners'Song (Massey), How dry am I, In the evening by the Moonlight (Bland) et Je cherche après Titine (Duncan - Daniderff))
  • Directeur de la photographie : Roland Totheroh, Ira Morgane
  • Montage : Charles Chaplin
  • Pays : États-Unis États-Unis
  • Format : 35 mm, 1.37:1
  • Genre : comédies
  • Durée : 89 minutes
  • Date de sortie : États-Unis États-Unis : 5 février 1936
  • Tous publics

Distribution

  • Charles Chaplin : un ouvrier
  • Paulette Goddard : la gamine
  • Henry Bergman : le patron du restaurant
  • Tiny Sandford : Big Bill/un ouvrier
  • Chester Conklin : le mécanicien
  • Hank Mann : le propriétaire du cabaret
  • Stanley Blystone : le père de la gamine
  • Al Ernest Garcia : le Président de l'Electro Steel Corp
  • Richard Alexander : un prisonnier
  • Cecil Reynolds : l'aumônier
  • Mira McKinney : la femme de l'aumônier
  • Murdock MacQuarrie : un prisonnier
  • John Rand : un prisonnier
  • Wilfred Lucas : le jeune officier
  • Edward LeSaint : le shérif
  • Sammy Stein : le contremaitre
  • Juana Sutton : la femme qui a des boutons sur sa robe
  • Ted Oliver : l'assistant de Billows

Production

Charlie commença à préparer le film en 1934, comme son premier film parlant, et alla jusqu'à écrire un script, et expérimenter avec des scènes de son. Cependant, il abandonna vite ces tentatives et reprit un format silencieux avec des effets sonores synchronisés. L'expérience du dialogue confirma sa conviction inébranlable en le fait que la popularité universelle de Charlot serait perdue si le personnage parlait à l'écran. La plupart du film a été tourné à "vitesse silencieuse", 18 images par seconde, ce qui, quand projeté à la "vitesse sonore" de 24 images par seconde, rend l'action apparaître encore plus frénétique. Des copies du film corrigent maintenant ce point. Le tournage du film fut long, débutant le 11 octobre 1934, et finissant le 30 août 1935.

La référence aux drogues lors de la séquence de la prison est très osée pour l'époque (étant donné que le code Hays, établi en 1930, interdisait toute forme de représentation d'utilisation de drogues illégales dans les films); Chaplin avait déjà fait des références à la drogue auparavant, dans l'un de ses plus célèbres court-métrages, Charlot policeman, sorti en 1917.

Musique

Selon les documents officiels, les thèmes musicaux ont été composés par Chaplin lui-même, et arrangé avec l'assistance d'Alfred Newman. On donna plus tard des paroles au thème de la romance, et cette chanson devint alors le standard de pop "Smile", enregistré pour la première fois par Nat King Cole, et plus tard repris par des artistes tels que Barbara Streisand, Diana Ross, Michael Bublé, Petula Clark, Liberace, Judy Garland, Madeleine Peyroux, et Robert Downey, Jr. (inclus sur la bande originale du film Chaplin).

Selon le compositeur du film David Raksin, la musique a été écrite par lui, alors qu'il était un jeune homme voulant se faire un nom. Or, le plus souvent, Chaplin s'asseyait, sifflotant des mélodies et demandant à Raksin de "prendre en note". Le travail de Ratskin était de transformer ces sifflements en une mélodie, et de créer un rythme et une synchronisation afin de convenir pleinement aux situations du film. Chaplin était violoniste et montrait des connaissances musicales poussées, mais il n'était pas chef d'orchestre, et n'était pas familier avec le concept de synchronisation. Raksin créa plus tard les thèmes musicaux de films tels que Laura et Le Jour d'Après.

Réception critique

Les Temps Modernes est souvent vu comme l'une des plus grandes réussites de Chaplin, et il reste un de ses films les plus populaires.

Il s'agit du premier film ouvertement politique de Chaplin, et son portrait peu flatteur de la société industrielle généra des controverses dans certains quartiers au moment de sa sortie initiale.

Le film attira les critiques du fait de son caractère quasi-totalement silencieux, alors que l'industrie du film avait depuis longtemps maîtrisé et apprécié le film parlant. Chaplin craignait que le mystère et le romantisme de Charlot soit ruiné s'il devait parler, et craignait de "marginaliser" ses fans de pays non-anglophones. Ses films suivants, cependant, seront entièrement parlants.

Analyse

Ce film présente une image critique de la société industrielle capitaliste[1]. Dans cette société, l'homme est devenu un simple rouage, le fordisme lui délivrant des tâches mécaniques aliénantes — aliénantes à tous les sens du terme, car Charlot en devient effectivement fou[2]. Sorti du travail, Charlot conserve les réflexes que lui impose le rythme des machines, au point qu'il ne peut s'empêcher de déboulonner les boutons de robe des dames. Le travail à la chaîne est rendu encore plus inhumain par le rythme effréné, et sans cesse accéléré, que dicte un patron soucieux de rentabilité, confortablement installé dans un fauteuil, et dont la seule fonction consiste à surveiller de façon quasi policière ou pénitentiaire le travail des ouvriers.

La société industrielle creuse l'écart entre deux populations : d'un côté une bourgeoisie aisée, qui possède le pouvoir et les usines, et de l'autre une classe ouvrière de plus en plus pauvre, condamnée à la misère, souvent obligée de voler pour survivre, et où les enfants finissent orphelins. Les machines sont dangereuses et causent plus d'un accident du travail : ouvriers happés par des machines, etc.

En outre, la classe ouvrière n'a pas même la possibilité de revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail : aussi pacifiques qu'elles soient, les manifestations, notamment communistes, sont sévèrement réprimées, leurs meneurs sont emprisonnés par une police défendant les intérêts de la seule bourgeoisie.

Au milieu des années de dépression économique, Chaplin donne ainsi une image des conséquences du capitalisme, qui sacrifie des vies à la recherche de rentabilité. Et dans le même temps, il met en lumière l'absurdité de la chasse aux communistes, qui a commencé dans les années 1920 aux États-Unis, diabolisation qui ne sert qu'à masquer que le véritable problème n'est pas l'émeute, mais les conditions de vie qui la causent. Derrière le comique gestuel qui a fait la célébrité de Chaplin, Les Temps modernes est donc un film engagé, dont la critique ne porte pas tant sur l'industrialisation en général que sur ses seules conséquences sociales.

Bibliographie

  • André Bazin, Charlie Chaplin, Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma, 2012
  • David B. Bills, The new modern times factors reshaping the world of work, Albany : State University of New York Press, 1995. (OCLC 42855872)

Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Modern Times (film) ».
  1. Parti communiste français. Comité central. Cahiers du communisme. v.50 pt.2, page 114. (OCLC 2258839)
  2. Bills, p. 38

Liens externes

(fr+en) Les Temps modernes sur l’Internet Movie Database


Filmographie de Charlie Chaplin (1899-1977)
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