Les tournois de la chevalerie

Les tournois de la chevalerie

Tournoi

Le tournoi regroupe un ensemble d’épreuves martiales au Moyen Âge. Il est pratiqué en Occident entre les IXe et XVe siècles[réf. nécessaire] sous le regard des dames. L’apogée des tournois se situe dans les années 1125-1225[1].

Enluminure présentant une joute équestre avec un équipement fin XIIIe début XIVe siècle, Allemagne (Codex Manesse, 1320)
Tournoi (Béhourd) à l’épée (Enluminure du Codex Manesse, 1320)
Duel à l’épée et au bocle (petit bouclier rond) (enluminure du Codex Manesse, 1320)

Les enjeux en sont parfois courtois (on se bat pour une belle ou sa couronne de fleurs) pour de l'argent aussi et parfois aussi symboliques, mimant ceux d’un véritable duel ou d’une guerre en réduction. Outre l’entraînement militaire, il est l’occasion de faire preuve de sa valeur et pour les meilleurs combattants, de s’enrichir, grâce aux armes des chevaliers vaincus et aux rançons versées par les prisonniers.

Sommaire

Organisation

Au Moyen Âge, les tournois regroupent diverses épreuves, en-dehors de la joute équestre. Lors d'un tournoi, il y avait des combats à pied à l'arme individuelle (épée, lance et hache d'armes), des prises de tours, des jeux d'adresse à cheval tels que la quintaine pour les écuyers et des mêlées à cheval avec des combats à la batte ou à l'épée neutralisée ; cette épreuve nommée béhourd était particulièrement spectaculaire, elle se déroulait le plus souvent dans un espace ouvert et dans des enclos au XVe siècle. Les chevaliers simulaient de véritables batailles rangées devant un public enthousiaste (y compris féminin[2]).

Le terrain pouvait être situé sur les marches de deux principautés, mais également dans des landes entre deux villages, les terres cultivées et les habitations étant ainsi épargnées[3].

En France

Le tournoi chevaleresque est un sport qui se joue en France, au nord de la Loire (zone des Francs), et jusqu’aux Flandres (c’est-à-dire dans le duché de Normandie, le comté du Maine, le comté de Champagne, le Vermandois, duché de France). On n’en organise pas en Angleterre, ni en Italie. Par contre, il est prisé dans le Saint Empire romain germanique, bien qu'ils semblent y avoir étés moins grands et moins fréquents qu'en France (au moins jusqu'au XIIe siècle).
Ils sont principalement organisés par les détenteurs des principautés territoriales (comtes et ducs), le plus souvent à la lisière de deux de ces principautés.

Les tournoyeurs viennent de ces régions, et des régions voisines : Bretagne, Anjou, Poitou, Bourgogne, comté de Flandre, comté de Hainaut, Angleterre. Quelques participants viennent de Basse-Lorraine (actuels Pays-Bas), aucun du Midi de la France. Ce sont essentiellement des chevaliers « jeunes », bacheliers, qui ont été adoubés mais ne possèdent pas encore de fief, qui participent. On recrute aussi des compagnies de soldats professionnels non-nobles. Certains grands tournois rassemblent jusqu’à trois mille chevaliers, soit dix mille combattants (pour celui de Lagny, soit plus de personnes et de richesses rassemblées que pour la foire annuelle). Le tournoi de Chauvency-le-Château, immortalisé par Jacques Bretel, rassemblait plus de 500 chevaliers.

Calendrier

Les tournois, substitut à la guerre, sont organisés en un véritable calendrier sportif tout au long de l’année, sauf en temps de guerre, et durant les carêmes précédant les grandes fêtes religieuses : Noël et Pâques, mais aussi la Toussaint et l’Ascension. La belle saison, qui limite la rouille aux armures de fer, est cependant privilégiée.

Le but est de réaliser des prouesses, pour l’honneur et la réputation, mais aussi de capturer son ennemi, ou son cheval, et ainsi de réaliser un gain, par la revente ou la rançon. Ce gain étant généralement dilapidé dans les fêtes qui suivent le tournoi. Celui-ci rassemble ainsi, outre les combattants, nombre d’artisans, prostituées, prêteurs, qui tous s’enrichissent.

Les chevaliers s’organisent en équipes régionales : Français (du duché de France) contre Normands, Angevins, etc. Ces équipes régionales s’allient parfois à plusieurs les unes contre les autres, selon les affinités : Français-Champenois contre Anglais-Normands, reproduisant les luttes politiques réelles.

Déroulement

Les chevaliers arrivent souvent déjà organisés en équipes au tournoi, chacune menée par un grand seigneur. Ces équipes peuvent s’allier entre elles pour aboutir à une situation où seuls deux camps s’affrontent.

Avant le tournoi, les heaumes ornés de cimiers sont exposés sous les bannières des participant, dans un cloître[4].

Sur le terrain, des recès sont choisis par convention avant le début du tournoi : tout groupe de combattants peut s‘y réfugier pour s’y reformer, comme au cours d’une véritable bataille, les chevaliers se replient à l’arrière pour reprendre leur souffle ou faire redresser un casque.

Repères chronologiques

  • 842 : première mention de tournoi.[5]
  • 944 : Tournoi à Goettingue[6].
  • Mars 1000 : à l’occasion de la Pâques, un grand tournoi rassemble la fine fleur de la chevalerie champenoise à Troyes. Nombreux morts et blessés.[réf. nécessaire]
  • Début du XIe siècle : les tournois deviennent courants dans tout l'Occident (en actuelle France, Italie, Allemagne, Pays-Bas et Luxembourg, notamment).[6].
  • vers 1066 : Geoffroy de Preuilly dresse des règles écrites aux tournois[6]. Un texte du chroniqueur anglo-normand Mathieu Paris (1189) attribua longtemps l'invention des tournois (conflictus Gallici) à Geoffroy de Preuilly[7], ce qui n'est pas le cas.
  • Début du XIIe siècle : grand essor du tournoi, avec la fin des guerres seigneuriales[8]
  • 1130 : au concile de Clermont d’Auvergne, le pape Innocent II interdit énergiquement la pratique du tournoi. La chevalerie française ne tient aucun compte de cette interdiction.
  • 1179 : au IIIe concile du Latran, le pape Alexandre III condamne la pratique du tournoi. Malgré la multiplication de ces interdits, le tournoi reste l’activité la plus prisée par les chevaliers qui peuvent y montrer leur force et leur endurance. La chevalerie française, qui collectionne les victoires en tournoi comme sur les champs de bataille ne conçoit pas de mettre un terme à cet « art de vivre » [réf. nécessaire].
  • 19 août 1186 : le duc de Bretagne Geoffroy II Plantagenêt trouve la mort dans un tournoi à Paris.
  • À partir de 1230 environ, le tournoi donne lieu à des mises en scène plus élaborées [réf. nécessaire]
  • 1240 : soixante morts lors d’un tournoi à Neuss.[9]
  • Juin 1245 : le concile de Lyon condamne la pratique du tournoi [réf. nécessaire].
  • 1260 : le roi de France saint Louis interdit la pratique du tournoi [réf. nécessaire].
  • À partir de 1280 environ, les armes courtoises (émoussées) remplacent les armes de guerre : le tournoi est progressivement remplacé par la joute, qui valorise les individualités et met en scène la parade des participants, notamment de haut rang[10]
  • 1285 : le tournoi de Chauvency offert par le comte de Chiny et décrit par Jacques Bretel, est le tournoi le mieux connu, à la fois en ce qui concerne les joutes équestres (plus de 15 décrites, avec présentation de blasons), la mêlée du tournoi, et l’ambiance dans les tribunes ou pendant les soirées (chants et danses) durant toutes les festivités.
  • Mai 1304 : grand tournoi organisé sur l'isthme de Corinthe par les princes d'Achaïe Philippe et Isabelle où se réunirent plus d'un millier de chevaliers des États latins, sorte de chant du cygne de la domination franque sur la Grèce[11].
  • 1307-1327 : règne d’Édouard II, roi d’Angleterre, qui promulgue en 20 ans pas moins de 40 interdictions de tournois et de joutes.
  • 1394 : se moquant ouvertement des interdits religieux, des chevaliers français s’affrontent en tournoi déguisés en clercs [réf. nécessaire]
  • 1468 : Charles le Téméraire est contraint de menacer de mort les participants d’un tournoi pour qu’ils cessent la partie donnée en l’honneur de son mariage. Les amateurs de tournois, activité ultra-violente qui cadre mal avec l’air du temps, doivent désormais se contenter des joutes.[12]
  • 1559 : le roi de France Henri II participe à un tournoi à Paris contre le comte de Montgomery. À la troisième passe, la lance de Mongomery, déviée par l'écu d'Henri pénétra sous la visière de son casque et lui traversa l'œil. Le roi agonisa 10 jours puis mourut. La reine Catherine de Médicis interdit alors tous les tournois et les joutes sur le sol français.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Sources de l’article

  • Georges Duby. Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde, chapitre IV, in Féodalité. Gallimard, 1996. Collection Quarto. p 1114-1132. Première publication : 1984.

Notes

  1. Dominique Barthélemy, La Grande Foire des tournois, Les collections de L’Histoire no 16, juillet 2002, p.46
  2. Dominique Barthélemy, op. cit., p 46 et p 50
  3. Dominique Barthélemy, op. cit., p 48
  4. Dominique Barthélemy, op. cit., p 50
  5. Nithard:Histoire en 4 livres des fils de Louis le Pieux.
  6. a , b  et c Savette P.A., Tournois et carrousels, Saumur, 1937, p.10
  7. Jusserrand Jean-Jules, Les sports et jeux d'exercice fans l'ancienne France, Paris, 1901, p. 50
  8. Dominique Barthélemy, op. cit., p 46
  9. Jusserrand Jean-Jules, Les sports et jeux d'exercice fans l'ancienne France, Paris, 1901, p. 58
  10. Dominique Barthélemy, op. cit., p 50
  11. C. Frazee, The Island Princes of Greece., p. 36.
  12. Jusserrand Jean-Jules, Les sports et jeux d'exercice fans l'ancienne France, Paris, 1901, p. 96
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