Ligne Charleval - Serqueux

Ligne Charleval - Serqueux

Ligne Charleval - Serqueux

La ligne Charleval - Serqueux est une voie ferrée à écartement standard, sise dans les départements de l'Eure et de la Seine-Inférieure (aujourd'hui Seine-Maritime), établie par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, puis la Compagnie des chemins de fer de l'État qui lui succèda. Inauguré dans son intégralité en 1910, ce chemin de fer fut fermé aux voyageurs en 1938 et aux marchandises en 1969. Il existe aujourd'hui un projet pour transformer sa plate-forme abandonnée en avenue verte.

Sommaire

Tracé

La ligne, construite à voie unique, part de la gare de Charleval localisée dans le département de l'Eure et située sur l'itinéraire reliant Gisors à Pont-de-l'Arche (et au-delà à Rouen). Se détachant de ce dernier, elle remonte la vallée de l'Andelle par une rampe à peu près constante de 3 à 5 ‰, desservant des communes - Perriers-sur-Andelle, Vascœuil - où se sont installés de petits établissements industriels embranchés[1]. La voie ferrée franchit, peu avant la station de Croisy-sur-Andelle, la limite départementale pour pénétrer en Seine-Inférieure. Maintenant engagée dans la haute vallée de la rivière, elle voit ses rampes s'accentuer (avec une déclivité maximale de 10 ‰)[2] dans la dernière partie du parcours pour se hisser sur les collines du pays de Bray. Au-delà de la gare de Forges-les-Eaux (établissement thermal), la ligne croise à niveau le raccordement de Serqueux-sud et rejoint la station de Serqueux, nœud ferroviaire sur les itinéraires Amiens - Rouen gérée par la Compagnie des chemins de fer du Nord et Paris - Dieppe par la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest[1].

La gare de Charleval

La ligne, longue de 35,9 km, comporte les gares suivantes[3]:

Histoire

La construction et les débuts de l'exploitation

L'histoire de la ligne fut étroitement liée à celle de l'itinéraire transversal Gisors - Pont-de-l'Arche mis en service le 28 décembre 1868 par la Compagnie du chemin de fer de Pont-de-l'Arche à Gisors qui, après bien des vicissitudes, revint à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest[5]. A la fin du XIXe siècle, les départements de l'Eure et de la Seine-Inférieure décidèrent de mettre en communication cette voie ferrée avec la ligne Amiens - Rouen exploitée par la Compagnie des chemins de fer du Nord. D'abord prévu comme voie ferrée d'intérêt local, l'itinéraire fut finalement déclaré d'utilité publique, le 16 juillet 1900, comme ligne d'intérêt général et concédée à la Compagnie de l'Ouest[5]. Les difficultés financières de cette dernière retardèrent la construction de la ligne qui fut mise en service en deux étapes: de Charleval à Vascœuil le 13 juillet 1907, de Vascœuil à Serqueux le 9 juin 1910, la Compagnie des chemins de fer de l'État ayant remplacée la défunte Compagnie de l'Ouest depuis le 1er janvier 1909[5].

Un train au départ de la gare de Croisy-sur-Andelle

Jusqu'en 1914, la ligne était desservie par 4 trains omnibus A/R par jour en correspondance avec les convois circulant sur l'itinéraire Gisors - Pont-de-l'Arche. Les 36 kilomètres du parcours était accompli en 1 h 15 à 1 h 20 dans le sens Charleval - Serqueux, en 1 h 05 à 1 h 10 en sens inverse[6]. Le service était assuré par des machines de la Compagnie de l'Ouest du dépôt de Gisors[7]: 021, 120, 130, 220, 120T[8]. Durant la Première Guerre mondiale, le nombre des circulations fut limité à deux allers et retours quotidiens, plus quelques trains de marchandises irréguliers. La ligne voyait passer des convois destinés à alimenter le front de la Somme en ravitaillement, armes et munitions en provenance des ports normands, mais, contrairement à certaines de ses homologues (comme l'itinéraire de Gisors à Pont-de-l'Arche), la voie ne fut pas doublée[7].

Des années 1920 à la fermeture

La paix revenue, le trafic reprit avec seulement 3 circulations quotidiennes dans chaque sens[9], De nouvelles machines plus puissantes furent affectées, de manière irrégulière sur la ligne: 140 101/370 de l'État, 230 321/370 d'origine britannique, 140 001/030 de l'Ouest[10], ce qui permit d'augmenter modestement les temps de parcours (de 5 à 10 minutes). Malgré l'introduction (limitée) en 1934, d'autorails Schneider ou Renault (type VH), le nombre de passagers transportés continuait à baisser, les services voyageurs furent interrompus le 2 octobre 1938[11], quelques mois après le remplacement des grandes compagnies par la Société nationale des chemins de fer français (SNCF). Durant la Seconde Guerre mondiale, le service marchandises fut maintenu dans le cadre de circulations intermittentes mais, à partir de 1942, l'installation par les forces allemandes d'un dépôt de munitions dans la forêt près de Croisy-sur-Andelle allait relancer le trafic. L'omnibus assurant, depuis le début de l'Occupation, la liaison Pont-de-l'Arche - Charleval, fut prolongé jusqu'à Croisy-sur-Andelle pour assurer les déplacements du personnel civil travaillant sur le site militaire; il était assuré par une locomotive 131 TA du dépôt de Rouen-Martainville à laquelle étaient attelées des voitures de banlieue (Paris-Saint-Lazare)[7]. La présence du dépôt de munitions, l'utilisation de la ligne, par les forces occupantes, comme itinéraire de contournement du nœud ferroviaire de Rouen via Serqueux - Charleval - Pont-de-l'Arche, entrainèrent de nombreux bombardements de l'aviation alliée[12] ainsi que des actes de sabotage de la part de la Résistance[13].

Après la guerre, le service marchandises continua à fonctionner normalement jusqu'au 1er août 1955 date à laquelle la section centrale, entre les gares de Croisy-sur-Andelle et de Nolleval-La Feuillie, fut neutralisée. Cette section fut rétablie de manière temporaire, en 1956, lorsque la ligne servit d'itinéraire de détournement aux trains de marchandises circulant entre Longueau et Sotteville en raison des travaux du tunnel Sainte-Catherine à Rouen[7]. A l'exception de cette période, des locotracteurs assuraient une desserte locale sur les deux antennes Charleval - Croisy-sur-Andelle et Nolleval-La Feuillie - Serqueux, mais le trafic baissant de manière régulière, les deux tronçons furent définitivement fermés le 3 novembre 1969[5]. L'ensemble de la ligne a été déclassée par un décret du 14 janvier 1972 et déferrée à la fin des années 1970[5]. Les autorités envisagent aujourd'hui de transformer la plate-forme abandonnée en avenue verte, prolongeant ainsi l'itinéraire existant entre Saint-Aubin-le-Cauf et Serqueux, et réutilisant les anciennes emprises ferroviaires de la ligne Paris - Dieppe[14].

Bibliographie

  • José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, éditions du Cabri, Menton, 1982 (ISBN 2-903310-24-6)
  • Encyclopédie générale des transports - Chemins de fer, tome 12, Éditions de l'Ormet, Valignat, 1994. (ISBN 2-906575-13-5)

Notes et références

  1. a  et b José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, p. 10.
  2. Profil de la ligne d'après le Carnet de marches-types État in José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, p. 118.
  3. Listes des gares sur ce site (consulté le 8 juin 2008) ou in José Banaudo, Op. cit., p. 130.
  4. Cette gare ne fut plus utilisée pour les voyageurs à partir du milieu des années 1920, mais uniquement destinée au trafic marchandises.
  5. a , b , c , d  et e José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, p. 130.
  6. Indicateur Chaix - mai 1911.
  7. a , b , c  et d José Banaudo, Trains oubliés, vol.4 : L'État, le Nord, les Ceintures, p. 11.
  8. Le T accolé au numéro signifie qu'il s'agit d'une locomotive-tender où les réserves d'eau et de combustible ne sont plus sur un tender séparé mais sur le châssis de la machine elle-même.
  9. Indicateur Chaix - mai 1936.
  10. Construites avant la liquidation de la Compagnie.
  11. La fermeture au trafic des voyageurs sur cosili.isuisse.com. Consulté le 8 juin 2008.
  12. Les bombardements de l'aviation alliée sur ce site. Consulté le 8 juin 2008.
  13. Les actions de la Résistance sur lyonslaforet.free.fr. Consulté le 8 juin 2008.
  14. Schéma national des véloroutes et voies vertes en Haute-Normandie sur le site de l'AREHN, p. 81-84 Lire en ligne. Consulté le 8 juin 2008.
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