André Queffurus

André Queffurus
André Queffurus en 2006.

André Queffurus (né le 30 janvier 1939 à Marseille) est un peintre français.

Il a peint plus de 1 200 tableaux dont environ 700 sont dans des collections privées en Europe et aux États-Unis. Il est représenté dans les collections du Musée d'art moderne de la Ville de Paris[1], dans celles du Fonds national d'art contemporain[2] ainsi qu’au musée de Melbourne.

Sommaire

Biographie

Premières années à Marseille

André Queffurus commence à peindre très tôt, ébloui par la lumière ardente du Sud. Il habite à Marseille dans le quartier des Chartreux, fréquente le Palais Longchamp, où il peut voir les tableaux des peintres provençaux comme Paul Guigou ou Félix Ziem. Le musée Borély le passionne avec ses centaines d’œuvres non répertoriées (on est en 1958). Il découvre les magnifiques tanagras, d’élégantes figurines chypriotes et s’intéresse aux hiéroglyphes.

Il rêve de s’installer à Paris, où il part une première fois en 1960, le temps d’être réformé à Vincennes (1959) il revient dans le Sud et s’installe dans un village du Var afin de se refaire une santé. Les paysages du Haut Var l’enchantent et tout autant la présence de l’âme tutélaire de Cézanne la fulgurance de Van Gogh et la joie communicative que procure la grande notoriété de Picasso.

1966 : installation à Paris

Après un grand nombre d’allées et venues entre Paris et le Midi, il découvre Montparnasse, se réinstalle à Paris en 1966, rue du Château puis rue des Suisses, où il loue un atelier au loyer modique, sans chauffage, et travaille dans l’atmosphère des artistes de ce quartier. Il commence à fréquenter le Louvre, veut tout connaître de toutes les époques de l’art européen depuis les origines de la peinture. Il s’imprègne particulièrement de la grande peinture du Nord (à partir de l’époque de Jan de Witt et Guillaume d’Orange). Il a avec ces œuvres de profondes affinités tout en restant ému par l’austère tentative de Cézanne et des paysages classiques autour d’Aix en Provence. Il y a l’Italie dans ces paysages.

1968 : première exposition

Puis c’est 1968 et sa première exposition chez Camille Renault, un truculent marchand qui possède un restaurant qui s’appelle Le bateau de pierre et invite à dîner les frères Duchamp (Marcel et son frère Jacques Villon), Georges Braque, Maria Blanchard et d’autres artistes dont il possèdera les œuvres échangées contre des repas. C’est du jour de cette exposition qu’André Queffurus vend ses premiers tableaux et rencontre ses premiers collectionneurs. Pour la première fois depuis qu’il a commencé à peindre il se sent porté par de nouvelles motivations, le moteur qui fait créer sans limites, il se cherche des formes qui seront dans le futur les matrices de l’œuvre, de ces invariants naîtront une abondante mise en variation de son travail, une importante diversité des formes.

Œuvre exposée à la galerie Claude Bernard en 1974

1974 : exposition galerie Claude Bernard

Au printemps 1974 il part en Allemagne et s’installe pour six mois en Westphalie sur les bords apaisants de la Weser. Dans cette nouvelle demeure il prépare l’exposition qui doit avoir lieu en septembre 1974 à Paris, à la galerie Claude Bernard, au 7 rue des Beaux-Arts[3], et fait sienne comme titre de cette exposition la phrase de Novalis : « Chaque paysage est un corps idéal pour un genre particulier d’esprit ». Il montre trente tableaux, « lieux de l’esprit », paysages de rêves nocturnes, aux aubes plombées, peints avec des couleurs de terre d’ombre, des bruns Van Dyck, des laques de garance, des rouges de mars chauds, et des rouges de mars froid, le caput mortuum.

Le dessinateur Louis Pons, qui préface le catalogue de l’exposition, écrit : « Présences furtives, traces animales de la peur, au ras du sol, comme une racine qui crie ….Dans le ciel, l’oiseau, trajectoire ou menace pure, d’un coup d’aile, s’écarte du descriptif... »[4].

Il exposera, dans la suite, en Flandre, à Kruishoutem, à la fondation créée par Emiel Veranneman dont la femme est la nièce du peintre flamand Permeke.

1975–1978 : de la Bretagne à Paris

Exposition dans la galerie Jean Leroy en 1978.

En 1975, il s’installe en Bretagne, tout autant pour la séduction d’une solitude possible que par le désir de se protéger des fièvres parisiennes. Pendant deux ans, il y fera de longs séjours de plusieurs mois, au milieu des genêts dans la propriété du comte de St Georges, poursuit son travail sur la lumière, s’ingéniant à des « noirceurs lumineuses ». Des alliances secrètes se tissent entre la lumière du Nord qui l’habite en profondeur, une tentative vers une plus grande géométrisation des formes, et cette affinité pour la couleur toujours en lui depuis ses premières expériences de peintre dans la campagne d’Aix.

En 1978 il expose à Paris ses nouveaux tableaux, à la galerie Jean Leroy[5],[6], rue Quincampoix, dans le sillage de la création toute nouvelle du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, sur le plateau Beaubourg. C’est une étape importante pour son travail[7],[8].

Début des années 1980

1996 - Guerres coléoptériennes

Dans les années 1980 André Queffurus, riche de l’expérience des noirs et des gris colorés, se met à la couleur, tantôt l’exalte, tantôt la met en abîme. Elle nécessite l’invention, la tension de la forme, l’expression. Son idée du juste implique des simplifications (le simple ne signifiant pas l’abstrait) quelque chose de plus élémentaire. Il semble s’enchanter de cette grande activité et Paul de Roux écrit dans La Nouvelle Revue française en 1982 : « Un univers hanté dans sa compacité, jamais éthéré jamais maigre jamais osseux, un univers homogène mais singulièrement varié dans ses états et ses figures … Peinture de visionnaire, monde charnel mais qui semble se retourner et s’agiter dans un songe et ne s’impose que par les moyens les plus loyalement picturaux. Une matière très travaillée subtilement suggestive dans laquelle la couleur s’étend en minces couches, sans frontières tranchées, qui se rencontrent se bousculent, se recouvrent l’une l’autre sans s’épaissir ni distraire l’œil de l’effet d’ensemble du tableau »[9].

C’est dans l’activité de ces années 1980 qu’ André Queffurus constitue avec un amateur d’art milanais une collection d'un peu plus de deux cents tableaux. Vingt de ces tableaux ont été exposés au mois de mars 1982, 29 rue Hippolyte Maindron dans le 14e arrondissement de Paris chez Cesare Rancilio, éditeur[10]. Du 7 octobre au 7 novembre 1985, vingt-sept tableaux ont été exposés à la galerie Flora/Espace Kiron, 10 rue de la Vacquerie, dans le 11e arrondissement de Paris[11],[12].

1985-1988-1990 : expositions à la galerie Diane Manière

Parallèlement, il travaille avec la galerie Diane Manière, installée à Paris dans le Marais, rue Pastourelle, nouant des relations d’amitié avec Jacques et Diane Manière et constituant une collection d’une soixantaine de tableaux, patiemment réalisée par leurs soins, avec la collaboration de leur ami Christophe Boutang. Trois expositions auront lieu à la galerie Diane Manière : en 1985[13], 1988 et 1990[14].

1987 : exposition à Saint-Émilion

Exposition[15] dans la salle des Dominicains à Saint-Émilion, organisée par un amateur d’art viticulteur, Paul Clowez, avec le soutien du syndicat des viticulteurs, sous le Haut Patronage du Ministre de la Culture, monsieur François Léotard. Exposition de 40 toiles, grands formats huiles claires, vives, colorées.

« C’est la couleur qui prend l’artiste » écrit Queffurus, « et c’est l’artiste qui détient la compréhension de la valeur locale du moment, chaque toile est une œuvre unique avec un centre qui lui est propre. Les peintures distribuent les emblèmes de la réalité qu’elles évoquent et en possédant l’emblème, le peintre possède la réalité »[ouvrage Queffurus 1].

En 1990 un livre paraît aux Editions du Félin[ouvrage Queffurus 2] rassemblant 48 photos de peintures de 1985 à 1990. On peut voir l’évolution vers la couleur, la diversité des thèmes, signe de l’invention plastique, les objets du monde sont les supports émotifs qui stimulent son intérêt toujours croissant pour leur représentation en quelque sorte portée à l’infini, épreuve du rêve éveillé de l’art.

1993 : exposition à Cols en Auvergne

En août 1993, il inaugure le Centre d’Art de Cols à Vic-sur-Cère en Auvergne, installé dans le petit manoir de Cols dressant ses murs dès le XIIe siècle dans la vallée de la Cère. Cols conserve encore le souvenir émouvant de Pierre de Cols (XIIIe siècle) célèbre troubadour qui dans ses poèmes d’amour avait annoncé que Cols deviendrait un lieu d’art.

L’exposition[16],[17], organisée par Jean-Louis Barthélémy, président du Centre d’art est titrée "L’œuf de musique". Elle rassemble quarante toiles sous le signe du mythe du Phénix (le Phénicoptère), oiseau bariolé, signe de vie et de renaissance.

1995 : exposition à l'Université de Picardie

Du 11 au 13 mai 1995, André Queffurus participe, à l'Université de Picardie Jules Verne, au Colloque international "De la palette à l'écritoire" organisé par le service des Affaires culturelles et le Centre d'études du roman et du romanesque de l'université. Réuni pour le XXe anniversaire de la création du Centre, le colloque est présidé par Marcelin Pleynet et dirigé par Monique Chefdor, coordinatrice. André Queffurus expose huit peintures et participe au forum de discussion, « La parole est aux peintres »[18].

2004 : exposition galerie Teissèdre

En 2004, exposition à Paris à la galerie Teissèdre, rue des Saints Pères. Trente toiles colorées de facture maîtrisée exaltant la vivacité de la couleur et la précision de la forme.

Exposition 12 rue Guénégaud à Paris

2007 : exposition au 12 rue Guénégaud à Paris

En 2007 l’exposition rue Guénégaud, organisée par Jacques Manière et Christophe Boutang rassemble une soixantaine de tableaux de différentes périodes, des formes très tendues, des noirs vifs s’alliant avec des toiles très colorées[19].

Principales expositions

  • 1968 : galerie Camille Renault, Paris
  • 1974 : galerie Claude Bernard, Paris
  • 1978 : galerie Jean Leroy, Paris
  • 1979 : Fondation nationale des Arts plastiques, Paris
    2008 - Visage vert
  • 1980 : galerie Jean Leroy, Paris
  • 1985 : galerie Diane Manière, Paris
  • 1985 : galerie Flora / Espace Kiron, Paris
  • 1987 : Salle des Dominicains, St Emilion
  • 1988 : galerie Diane Manière, Paris
  • 1990 : galerie Diane Manière, Paris
  • 1993 : Centre d’Art, château de Cols, Vic sur Cère
  • 1996 : Espace Kiron, Paris
  • 2004 : galerie Teissèdre, Paris
  • 2007 : exposition rue Guénégaud organisée par Jacques Manière et Christophe Boutang.
  • 2010 : galerie Les Montparnos, Paris
  • 2011 : galerie Le Temps de Voir, Paris[20]

Textes

« Tout peintre voyage entre les ombres lumineuses et les doutes qu'engendre la lumière. La métaphore enchante. A l'artiste de colorer l'ombre des êtres qui apparaissent comme des entités douées de sentiments. »

— André Queffurus, Queffurus[ouvrage Queffurus 3]

« "Je ne peins pas ce que je sais, je peins ce que je vois", répondit un jour Turner à un officier de marine qui lui demandait pourquoi il n'avait pas figuré les sabords d'un navire. Turner, savant dans ses premiers tableaux, décrit. A la fin, il évoque: il est le rhapsode. »

— André Queffurus, Queffurus[ouvrage Queffurus 4]

« Les premières années le peintre ouvre les yeux, il regarde sans voir, accumulant des raisons pour la raison d'agir. Il se promet de produire des formes qu'il s'est imaginé voir; il a fait les gestes de la prière sinon la prière. Pris d'une faim de dialogue et d'une soif insatiable, il tourne son regard vers toute noirceur et toute blancheur, et le blanc qu'il peint est éloigné de tout blanc nivéal. Changé en chat, il ne sait rien faire de ses phalanges, se met à peindre la souris d'oeil à oeil, de dent à dent et entonne l'éloge funèbre de son modèle, matière et sujet de tout ce qui existe. Il peint les figures à contre-soleil et leur invente un corps radiant. Amateur de balistique, bâtisseur de ponts, brisuer de murs, bouc émissaire, traducteur antique, passeur de l'oeil dans les fibres, double de son étoile, Vincent Van Gogh et Vincent Van Gogh à vau-l'eau, le jaune de Naples et le nuage pourpre dans le ciel de Paris... »

— André Queffurus, Queffurus[ouvrage Queffurus 5]

« La Sainte-Victoire a vu le feu; le motif n'est plus que cendres. La montagne chantait pour Cézanne qui se postait devant elle comme l'on se met devant la mer. Ponctuel comme un peintre de grain de riz, il avait choisi le modèle unique et la plus impavide des personnes. Ce grand prêtre avait inventé le protocole et crée le cérémonial d'une liturgie dont il était l'instigateur. Avec le temps, il s'était fait un tissu de devoirs étranges; l'amour d'un célibataire pour une montagne, fût-elle de lumière, est chose rare. La nuit, dans son lit, il la contemplait sous les paupières, la faisait tourner entre ses doigts ainsi qu'on le fait d'un solitaire; il s'enchantait de ses ymétries. Cette intimité inquiétait Aix qui a fait des fables de ses obsessions. La montagne et l'homme sont des tourbillons, l'artiste leur donne une forme. Il y a eu un coup de foudre comme pour Paul à Damas. Un coup d'éclairement. C'est la couleur qui prend l'homme mais c'est lui qui détient la compréhension de la valeur locale du moment et comme le moine du Tao, en possédant l'emblème, il possède la réalité. Pour Paul Cézanne - selon ses propos - ,le chef-d'oeuvre est la diversité infinie. »

— André Queffurus, Queffurus[ouvrage Queffurus 6]

Annexes

Notes et références

  1. Inventaire des collections du musée d'art moderne de la ville de Paris, éditions Paris Musées,  , p. 256
  2. Cahier d'inventaire du Fonds national d'art contemporain, éditions FNAC, 1979 
  3. (fr) Jeanine Warnod, « Sur la lande de Queffurus », Le Figaro, 9 octobre 1974
  4. Queffurus, éditions galerie Claude Bernard, septembre 1974 
    catalogue de l'exposition galerie Claude Bernard
  5. (fr) Gilles Plazy, « André Queffurus », Le Quotidien de Paris, 7 mars 1978
  6. (fr) René Micha, « André Queffurus », Art International, mars 1978
  7. (fr) Michaël Gibson, « André Queffurus à la galerie Jean Leroy », New York Herald Tribune, mars 1978
  8. (fr) Michaël Gibson, « André Queffurus », Art News, mai 1978
  9. (fr) Paul de Roux, « Les arts - André Queffurus », La Nouvelle Revue française, n°355, septembre 1982
  10. (fr) Armelle Heliot, « Queffurus: chaos tranquille », Le Quotidien de Paris, 26 mars 1982
  11. (fr) Lerner de Vecchi, « André Queffurus », L'œil, octobre 1985
  12. (fr) « Échos du mois: Exposition Queffurus du 7 octobre au 7 novembre », Beaux Arts magazine, septembre 1985
  13. (fr) Jacques Taroni de France Culture, « André Queffurus - Paysages et figures de trottoir », Kanal, mars 1985
  14. Queffurus, Editions galerie Diane Manière, mai 1990 
    Catalogue de l'exposition Queffurus du 29 mai au 30 juin 1990, préfacé par Christophe Boutang
  15. (fr) « Ample respiration de Queffurus », Sud-Ouest, 12 mai 1987
  16. (fr) Geneviève Jamet-Cortat, « André Queffurus », L'Auvergnat, 14 août 1993
  17. (fr) « Le monde allégorique de Queffurus », La Montagne, 19 août 1993
  18. (fr) Archives de l'Université de Picardie, Centre du roman et du romanesque, mai 1995
  19. (fr) « André Queffurus », L'officiel galeries & musées, 15 septembre 2007, p. 49
  20. (fr)Article du blog de la galerie présentant l'exposition : http://letempsdevoir.canalblog.com/archives/2011/05/11/21110074.html
  1. p. 21
  2. p. 70
  3. p. 20
  4. p. 14
  5. p. 21
  6. p. 39

Liens externes

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