Liturgie syriaque

Liturgie syriaque

Église catholique syriaque

Église syriaque catholique
Fondateur(s) Michel Jarweh
Union à Rome 1662, puis 1783
Primat actuel Ignace Joseph III Younan
depuis le 21 janvier 2009
Siège Beyrouth, Liban
Territoire primaire Proche-Orient
Extension territoriale États-Unis, Canada, France, Suède, Venezuela, Brésil et Australie
Rite syriaque occidental
Langue(s) liturgique(s) syriaque
Tradition musicale Les Hymnes de St-Ephrem, et les chants syriaques traditionnels
Calendrier calendrier grégorien
Population estimée 124 000 (2005)

L'Église syriaque catholique ou Église catholique syriaque est une des Églises catholiques orientales. Le chef de l'Église porte le titre de patriarche d'Antioche et de tout l'Orient des Syriens, avec résidence à Beyrouth au Liban (titulaire actuel : Ignace Joseph III Younan depuis le 21 janvier 2009, le pape Benoit XVI lui accorde la communion ecclésiastique le 22 janvier 2009[1]).

Le titre de patriarche d'Antioche est très disputé et est actuellement porté également par quatre autres chefs d'Église.

Sommaire

Histoire

Article détaillé : Église d'Antioche.

Antioche, « reine de l’Orient »

L’Église syrienne d’Antioche prend son nom de la ville d’Antioche qui, après la conquête romaine, devint la capitale de la Syrie impériale et fut appelée "Reine de l’Orient". C’est là que s’est formée une des premières communautés de chrétiens (Actes des Apôtres, 11, 19-26) et que pour la première fois, les disciples du Christ furent appelés "Chrétiens" (Ac. 11, 26) . Les apôtres Pierre et Paul séjournèrent dans cette ville cosmopolite, qui offrit aux disciples de Jésus un milieu favorable à leur expansion.

Après la destruction de Jérusalem en l’an 70 après Jésus-Christ, Antioche est restée la seule métropole de la chrétienté en Orient et a exercée sa juridiction sur la Syrie, la Phénicie, l’Arabie, la Palestine, la Cilicie, Chypre et la Mésopotamie.

L’Église d’Antioche a eu dès le début un fort esprit missionnaire. On lui doit l’évangélisation de la Mésopotamie et de l’Empire perse, auquel cette région fut presque totalement annexée à partir de l’an 363 après Jésus-Christ. Au milieu du IVe siècle, la ville comptait 100 000 fidèles.

L’araméen était alors la langue la plus parlée dans cette région et elle est encore utilisée par les chrétiens du Nord de l’Irak, spécialement dans la région de Ninive.

Lorsque Constantinople devint la capitale de l’Empire romain, Antioche perdit beaucoup de son importance. Cependant elle connut une nouvelle splendeur sous la domination arabe (VIIeVIIIe siècles). Ses missionnaires se rendirent alors en Asie centrale, en Inde, au Tibet, en Chine, en Mandchourie et à Java.

Les débuts de l’Église syrienne d’Antioche

L’antagonisme séculier entre l’Empire romain et l’Empire perse aboutit à la scission de l’Église d’Antioche : L’Église syrienne occidentale, c’est-à-dire à l’Ouest de l’Euphrate (Turquie, Syrie, Liban et Palestine) L’Église syrienne orientale, c’est-à-dire à l’Est de l’Euphrate (Mésopotamie, Perse, Inde). En 410 après JC, le concile de Séleucie – Ctésiphon reconnut l’autonomie de l’Église syrienne orientale qui, par la suite, adopta le nestorianisme.

La Syrie fut aussi le champ de bataille de controverses christologiques qui sont à l’origine de la division religieuse en Orient. En effet, le concile œcuménique de Chalcédoine (451) condamna le monophysisme (qui ne reconnaissait qu’une seule nature dans le Christ) et proclama la doctrine officielle de l’Église catholique, à savoir : la présence de deux natures, divine et humaine, en l’unique Personne du Christ.

La majorité de la population syrienne refusa les décisions conciliaires, en raison probablement de divergences relevant de la terminologie plus que de la théologie et elle se sépara de l’Église catholique. Toutefois cette séparation ne fut pas immédiate. Elle ne fut consommée qu’à partir du second concile de Constantinople, en 553, à la suite duquel le pouvoir impérial byzantin fit pression sur les monophysites insoumis. C’est alors qu’apparut la figure charismatique du moine syrien Jacques Baradaï, qui arbora le drapeau du nationalisme religieux. Sacré évêque, en secret, par le patriarche d’Alexandrie en exil, Jacques se fit l’organisateur de l’Église monophysite, appelée aussi, en son honneur "Jacobite".

Cependant toute la Syrie ne se rallia pas à la nouvelle Église. La société plus cultivée et hellénisée se soumit sans problèmes aux décisions du concile de Chalcédoine, ce qui lui valut le nom de "Melchite" (de melek : roi), c’est-à-dire partisane de l’empereur byzantin. La conquête musulmane de 636 ne fit que consacrer cette division.

À partir de cette date, l’Église syrienne, soucieuse de conserver son identité, se replia davantage sur elle-même, se regroupant autour de ses évêques. Aussi l’élan missionnaire de l’Église et le nombre des fidèles se mit à décroître.

L’Église syrienne catholique

Les catholiques de rite syrien sont, à l’origine, des Jacobites passés à l’union avec Rome, à partir du XVIIe siècle, tout en conservant leur langue, leur rite et leur propre législation ecclésiastique. Ils constituent une Église à part, avec sa hiérarchie, sous l’autorité d’un patriarche.

Au cours des siècles passés, diverses tentatives d’union ont été faites, notamment à l’époque des croisades. Au cours des XIIIe et XIVe siècles, les papes envoyèrent des missionnaires dominicains et franciscains, en vue de sceller l’union des deux Églises. Les résultats furent limités. Un projet d’union fut présenté au concile de Lyon en 1245 et une union éphémère fut réalisée en 1444, suite au concile de Florence de 1439.

Ce n’est qu’au XVIIe siècle que la volonté d’union aboutit à la formation de l’Église Syrienne Catholique. En effet, vers le milieu du siècle, les missionnaires Capucins et Jésuites réussirent à ramener à Rome la majorité des Jacobites d’Alep, si bien qu’en 1656 le premier évêque Syrien Catholique de cette ville, André Akhijan, qui, plus tard, en 1662, sera reconnu par la Sublime Porte des Ottomans, comme patriarche catholique d’Antioche. Cependant les Syriens orthodoxes pour parer à ce mouvement de conversions, eurent recours au bras séculier ottoman et, tout au long du XVIIIe siècle, persécutèrent durement les Syriens catholiques. Les violences exercées contre ces derniers furent telles que leur petite Église manqua de disparaître et resta, du reste, sans patriarche de 1706 à 1782.

Au cours de cette période, le Métropolite Mikhael Jarweh, archevêque Syrien Orthodoxe d’Alep (Syrie), se convertit au catholicisme.

En 1782, le Saint Synode de l’Église syrienne orthodoxe l’élit comme patriarche. Peu après son intronisation, il se déclara catholique. Il se fit reconnaître comme patriarche de tous les Syriens et demanda à Rome confirmation de sa charge.

En 1783, l'Église Syrienne Catholique a donc été constituée par le retour à la communion avec Rome d’une partie de l’Église Syrienne Orthodoxe (ex Jacobite).

Entre-temps, les orthodoxes réagirent et élirent un nouveau Patriarche dans leur camp, qui fut aussitôt confirmé par la Sublime Porte.

Face à ce changement inattendu, le patriarche Jarweh s’enfuit précipitamment à Bagdad et de là gagna la montagne libanaise où il s’installa en 1801, au nord de Beyrouth, dans le monastère de Charfet, célèbre pour sa bibliothèque où sont conservés plus de 3 000 manuscrits syriaques et arabes. Après le patriarche Jarweh, il y eut une série ininterrompue de patriarches catholiques.

En 1830, le gouvernement turc approuva la séparation civile et religieuse entre les deux Églises sœurs ; mais ce n’est qu’en 1843 que le patriarche Syrien Catholique a été reconnu par le Sultan turc comme le chef civil de sa communauté.

En 1831, le patriarche Pedro Jarweh transféra sa résidence de Charfet (Liban) à Alep (Syrie). En 1851, suite à un soulèvement populaire des musulmans de cette ville contre les chrétiens, le siège patriarcal fut établi à Mardin où vivait une importante communauté syrienne. En 1920, il se fixa de nouveau à Charfet, où il se trouve actuellement en été et à Beyrouth, en hiver.

Les tribulations de l’Église syrienne d’Antioche

Les années les plus cruciales furent celles de la première guerre mondiale. En 1915, à Tur Abdin, environ 200 000 chrétiens furent assaillis par des bandes de Kurdes qui voyaient une alliance possible entre les chrétiens de cette région et les troupes étrangères qui envahissaient le Proche Orient voisin. Un tiers d’entre eux périrent massacrés. Les survivants se réfugièrent en Syrie, au Liban et en Irak. Depuis lors le centre de gravité de l’Église syrienne se déplaça des régions ottomanes de Tur Abdin, Mardin et Nisibis (Turquie actuelle) aux pays arabes limitrophes. Il resta à Tur Abdin 15 000 fidèles, pour un total de 100 000 en Turquie.

Le pape de Rome a encouragé à entamer le procès de béatification des martyrs de 1914-1918.

Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient

L’Église Syrienne d’Antioche, comme toutes les Églises orientales, est de structure patriarcale. Son chef suprême porte le titre de "patriarche d'Antioche, la ville de Dieu et de tout l'Orient". Il est l’héritier direct et légitime de l’Église apostolique d’Antioche, régie par le premier évêque martyr, saint Ignace. C’est pourquoi les patriarches font précéder leur nom de celui d’Ignace, en signe de continuité apostolique.

Extension de l’Église syrienne d’Antioche

Les Syriens Catholiques sont aujourd’hui environ 150.000 dans le monde. Ils vivent principalement en Irak (42.000), en Syrie (26.000) et 55.000 d’entre eux vivent dans la diaspora.

Organisation

Proche-et-Moyen-Orient

  • Archéparchie patriarcal de Beyrouth
  • Métropole de Damas
  • Métropole de Homs, de Hama et de Nabk
  • Archéparchie d'Alep
  • Archéparchie d'Hassaké
  • Archéparchie de Bagdad et du Koweït
  • Archéparchie de Mossoul
  • Éparchie du Caire
  • Exarchat patriarcal de Bassorah et du Koweït
  • Exarchat patriarcal de Jérusalem et de Terre Sainte
  • Exarchat patriarcal de Turquie
  • Territoire patriarcal du Soudan

Reste du monde

  • Éparchie Notre-Dame de la Délivrance de Newak (États-Unis et Canada)
  • Exarchat apostolique du Venezuela
  • Vicariat patriarcal du Brésil
  • Vicariat patriarcal d'Australie et de Nouvelle-Zélande
  • Vicariat patriarcal de Suède
  • Vicariat patriarcal de France
  • Procure patriarcale près le Saint-Siège à Rome

Relations avec les autres Églises

L'Église est membre du Conseil des Églises du Moyen-Orient.

Relations avec les autres Églises de tradition syriaque

Depuis 1994, l'Église catholique syriaque participe à une série de discussions œcuméniques avec les autres Églises de tradition syriaque, à l'initiative de la Fondation Pro Oriente, organisme dépendant du diocèse catholique de Vienne en Autriche. Ces discussions rassemblent des représentants d'Églises catholiques et séparées, de tradition syriaque occidentale (Église syriaque orthodoxe, Église catholique syriaque, Église malankare orthodoxe, Église catholique syro-malankare, Église maronite) et de tradition syriaque orientale (Église apostolique assyrienne de l'Orient, Ancienne Église de l'Orient, Église catholique chaldéenne, Église catholique syro-malabare).

Voir aussi

Notes et références

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Claude Sélis, Les Syriens orthodoxes et catholiques, Brepols (col. Fils d'Abraham), Turnhout, 1988 (ISBN 2503823621)
  • Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des Chrétiens d'Orient, Fayard, Paris, 1994 (ISBN 2213030642)
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