Louis Auguste Blanqui

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Louis Auguste Blanqui

Louis Auguste Blanqui, dit « l’Enfermé », né le 8 février 1805 à Puget-Théniers (Alpes-Maritimes) et mort le 1er janvier 1881 à Paris, est un révolutionnaire républicain socialiste français, souvent associé à tort aux socialistes utopiques. Il s’est battu pour des idées neuves à son époque, notamment pour le suffrage universel (« Un homme, une voix »), pour l'égalité homme/femme, la suppression du travail des enfants etc. Il doit son surnom « l’Enfermé » au fait qu'il passa une grande partie de son existence (trente-trois ans[1]) en prison. Il est à l'origine du blanquisme.

Louis Auguste Blanqui, communiste, a un frère, Adolphe Blanqui, théoricien et économiste libéral, favorable au libre-échange et au désengagement de l'État de l'économie. Il est le fils de Jean Dominique Blanqui, qui fut le premier sous-préfet à Puget-Théniers jusqu'en 1814. Il est franc-maçon[2].

Sommaire

Biographie

L’insurgé permanent

« Oui, Messieurs, c’est la guerre entre les riches et les pauvres : les riches l’ont voulu ainsi ; ils sont en effet les agresseurs. Seulement ils considèrent comme une action néfaste le fait que les pauvres opposent une résistance. Ils diraient volontiers, en parlant du peuple : cet animal est si féroce qu’il se défend quand il est attaqué. »

— Extrait de la défense d’Auguste Blanqui en Cour d’Assises, 1832

Auguste Blanqui naquit à Puget-Théniers (Alpes-Maritimes) le 8 février 1805. D’origine italienne, sa famille avait été francisée par l’annexion du comté de Nice en 1792. Son père Jean Dominique Blanqui, conventionnel régicide, avait lui-même subi la prison en 1793 (expérience relatée dans son ouvrage L'agonie de dix mois), avant de se voir nommer sous-préfet sous le Premier Empire.

À l’âge de treize ans, Auguste monte à Paris. Pensionnaire à l'institution Massin, où enseignait son frère Adolphe (futur économiste libéral), de sept ans son aîné, il suit les cours du lycée Charlemagne. Il étudie ensuite le droit et la médecine. Mais il se lance très tôt dans la politique, se faisant le champion du républicanisme révolutionnaire sous le règne de Charles X, de Louis-Philippe Ier puis de Napoléon III. Tout juste âgé de dix-sept ans, il milite activement contre le procès des quatre sergents de la Rochelle, condamnés à mort pour avoir adhéré à la société secrète de la Charbonnerie et fomenté des troubles dans leur régiment.

Contre Charles X et Louis-Philippe

Carbonaro depuis 1824, au sein de cette organisation secrète en lutte contre la restauration monarchique, Auguste Blanqui est mêlé à toutes les conspirations républicaines de son époque. Dès lors, se succéderont pour lui complots, coups de force manqués et emprisonnements.

En 1827, il est blessé par trois fois lors des manifestations d'étudiants au Quartier latin, dont une blessure au cou.

En 1828, il projette une expédition en Morée pour aller aider la Grèce insurgée. Il part avec son ami et camarade d'études Alexandre Plocque. Le voyage s'achève à Puget-Théniers, faute de passeport[3].

Il entre au journal d’opposition libérale de Pierre Leroux « Le Globe » fin 1829. En 1830, on le compte dans les rangs de l'association républicaine la plus séditieuse, connue sous le nom de Conspiration La Fayette, aux côtés de laquelle il participe à la Révolution de 1830. Après la révolution, il adhère à la société républicaine dite des « Amis du peuple » ; il se lie avec d’autres opposants au régime orléaniste : Buonarrotti (1761-1837), Raspail (1794-1878) et Barbès (1809-1870) entre autres.

En janvier 1831, au nom du « Comité des Écoles », il rédige une proclamation menaçante. À la suite de manifestations, il est emprisonné à la Grande Force pendant trois semaines. Mais, récidiviste et prêchant toujours la violence, il est de nouveau arrêté et inculpé de complot contre la sûreté de l'État.

Après un nouveau séjour en prison, impénitent, il reprend ses activités révolutionnaires à la « Société des familles », que continuera en 1837 la « Société des saisons ».

Le 6 mars 1836, il est arrêté, fait huit mois de prison, puis est placé en liberté surveillée à Pontoise.

Le 12 mai 1839, de retour à Paris, avec Armand Barbès et Martin Bernard, il participe à l'insurrection qui s’empare du Palais de justice, échoue à prendre la Préfecture de police, et occupe un instant l'Hôtel de ville. On comptera 50 tués et 190 blessés. Après l’échec de l'émeute, il reste caché cinq mois, mais il est arrêté le 14 octobre.

Le 14 janvier 1840, il est condamné à mort. Sa peine étant commuée en prison perpétuelle, il est enfermé au Mont-Saint-Michel. En 1844, son état de santé lui vaut d’être transféré à la prison-hôpital de Tours, où il restera jusqu’en avril 1847.

Deuxième République

Une fois libéré, il s'associe à toutes les manifestations parisiennes de mars à mai pendant la Révolution de 1848, qui donnent naissance à la Deuxième République. Le recours à la violence de la Société républicaine centrale, qu'il a fondée pour exiger une modification du gouvernement, le met en conflit avec les républicains modérés. Arrêté après le 26 mai, il est enfermé à Vincennes. Le procès s'ouvre devant la Haute Cour de justice de Bourges le 7 mars 1849. Il est condamné à dix ans de prison, et envoyé à Doullens. En octobre 1850, il est incarcéré à Belle-Île-en-Mer ; en décembre 1857, à Corte ; puis, en 1859, « transporté » à Mascara, en Algérie, jusqu’au 16 août 1859, date de sa libération.

Second Empire

Révolutionnaire toujours, dès sa libération il reprend sa lutte contre l'Empire. Le 14 juin 1861, il est arrêté, condamné à quatre ans de prison, et enfermé à Sainte-Pélagie. Il s'évade en août 1865, et continue sa campagne de propagande contre le gouvernement depuis son exil, jusqu'à ce que l'amnistie générale de 1869 lui permette de revenir en France. C'est au cours de ces années qu'un parti blanquiste naît et s'organise en sections. Le penchant de Blanqui pour l'action violente s'illustre en 1870 avec deux tentatives d'insurrection avortées : la première le 12 janvier lors des funérailles de Victor Noir (journaliste assassiné par le prince Pierre Bonaparte, celui-ci n'est rien de moins que le fils de Lucien Bonaparte, donc neveu de Napoléon Ier et cousin de Napoléon III) ; la seconde le 14 août, lorsqu'il tente de s'emparer d'un dépôt d'armes. Son action se poursuivra jusqu'à la chute de l'Empire, et au-delà de la proclamation de la Troisième République, le 4 septembre 1870.

Blanqui crée alors un club et un journal, La patrie en danger, qui soutient la résistance de Gambetta mais cesse de paraître le 8 décembre faute de crédits.

La Commune (18 mars-28 mai 1871)

Masque mortuaire.
Eau-forte de Félix Bracquemond.

Il fait partie du groupe insurrectionnel qui occupe l'Hôtel de ville quelques heures le 31 octobre 1870. Le 9 mars, il est condamné à mort par contumace. Adolphe Thiers, chef du gouvernement, conscient de l'influence de Blanqui sur le mouvement social parisien, le fait arrêter le 17 mars 1871 alors que, malade, il se repose chez un ami médecin à Bretenoux, dans le Lot. Il est conduit à l'hôpital de Figeac, et de là à Cahors. Emmené à Morlaix le 24 mai, il est emprisonné au château du Taureau. Le 18 mars, Thiers tente de s'emparer des canons sur la butte Montmartre, mais la population s'y oppose : ce sont ces événements qui aboutiront à la proclamation de la Commune de Paris, dont Blanqui sera élu comme tête de liste dans de nombreux quartiers alors qu'il demeure détenu hors de Paris. Conscient de l’importance de ce prisonnier, Thiers refusera de le libérer en échange de 74 otages de la Commune, dont l’archevêque Mgr Darboy. Une majorité de « Communards » se reconnaissaient en Blanqui. Celui-ci aurait-il modifié le cours de l'histoire s'il avait été à Paris ? Karl Marx est convaincu que Blanqui était le chef qui a fait défaut à la Commune.

Ramené à Paris, il est jugé le 15 février 1872, et condamné, avec d'autres communards, à la déportation, peine commuée en détention perpétuelle eu égard à son état de santé. Il est interné à Clairvaux. En 1877, il est transféré au château d'If.

Le 20 avril 1879, il est élu député de Bordeaux, mais son élection sera invalidée le 1er juin. Bénéficiant d’une amnistie générale, Blanqui est libéré le 11 et gracié.

Il parcourt alors la France et diffuse ses idées dans son journal « Ni Dieu ni maître ». Après avoir prononcé un discours au cours d'un meeting révolutionnaire à Paris fin 1880, il meurt d’une crise d'apoplexie le 1er janvier 1881. Ses obsèques sont suivies par cent mille personnes. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise, à Paris.

Tombe de Louis Auguste Blanqui, cimetière du Père-Lachaise (91e division), à Paris (gisant œuvre d'Aimé-Jules Dalou).

Idéologie

En tant que socialiste, Blanqui est favorable à une juste répartition des richesses au sein de la société.[non neutre] Mais le blanquisme se singularise à plusieurs égards des autres courants socialistes de son temps. D'une part, contrairement à Karl Marx, Blanqui ne croit pas au rôle prépondérant de la classe ouvrière, ni aux mouvements des masses : il pense, au contraire, que la révolution doit être le fait d'un petit nombre de personnes, établissant par la force une dictature temporaire. Cette période de tyrannie transitoire doit permettre de jeter les bases d'un nouvel ordre, puis remettre le pouvoir au peuple. D'autre part, Blanqui se soucie davantage de la révolution que du devenir de la société après elle : si sa pensée se base sur des principes socialistes précis, elle ne va que rarement jusqu'à imaginer une société purement et réellement socialiste. Il diffère en cela des utopiques. Pour les blanquistes, le renversement de l'ordre bourgeois et la révolution sont des fins qui se suffisent à elles-mêmes, du moins dans un premier temps. Il fut l'un des socialistes non marxistes de son temps.

Œuvre

Blanqui s'apparente au socialisme dit « métaphysique ». Dans son ouvrage L'Éternité par les astres (1872), élaboré, il est vrai, sur la fin de sa vie, alors qu’il subit une fois de plus la prison, il expose que la combinaison d'atomes dont nous résultons se reproduit un nombre infini de fois (dans l'infinité de l'espace et du temps), de sorte que chacun de nous a une infinité de sosies. Toutefois, les derniers écrits de Blanqui sont minimes en comparaison de ce qu'il fut avant tout : un stratège de l’insurrection n’hésitant pas à payer de sa personne.

Dans son recueil de textes intitulé La critique sociale, paru en 1886, Blanqui expose trois thèses :

  1. la société civile dépend entièrement du mécanisme des échanges ;
  2. l'histoire se développe tout entière autour du combat économique destiné à accroître la richesse ;
  3. la société humaine évolue vers le communisme et sa marche est accélérée par les abus du capitalisme.
Principales publications
  • Défense du citoyen Louis-Auguste Blanqui devant la cour d’assises, 1832.
  • Instruction pour une prise d'arme, 1866.
  • La Patrie en danger, 1871.
  • L'Éternité par les astres, 1872.
  • La Critique sociale, 1886.
Bibliographie
  • Gustave Geffroy, L'Enfermé, biographie, 1897
  • Dictionnaire de biographie française, Librairie Letouzey et Ané, 1954
  • V.P. Volguine, Blanqui, textes choisis, Éditions sociales, 1957
  • Maurice Dommanget : Les idées politiques et sociales d’Auguste Blanqui, 1957
  • Maurice Dommanget, Auguste Blanqui. Des origines à la Révolution de 1848 (Premiers combats et premières prisons), Mouton, Paris, 1969
  • Maurice Paz, Un révolutionnaire professionnel, Auguste Blanqui, Paris, Fayard, 1984
  • Auguste Blanqui, Maintenant, il faut des armes, textes choisis et présentés par Dominique Le Nuz, Éditions La Fabrique, 432 p., 2007 texte en ligne

Notes et références

  1. Samuel Bernstein, Blanqui, Paris, François Maspero, 1970, p. 30
  2. Nos Valeurs, Grand Orient de France
  3. J.-C. Caron, Générations romantiques. Les étudiants de Paris et le Quartier latin (1814-1851)., A. Colin, 1991, p. 278. (ISBN 2-200-37241-8)

Noms de rues

De nombreuses communes, souvent à tradition ouvrière, ont honoré Auguste Blanqui d'un nom de rue. Il existe en particulier un boulevard Auguste-Blanqui dans le 13e arrondissement de Paris ; il y a des rues Auguste Blanqui à Brest, Marseille, Rennes, Nantes etc. Il existe une rue à Quaregnon, en Belgique, qui porte ce nom (rue Louis Blanqui). Il existe également un Quai Blanqui à Alfortville (Val de Marne)

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