Lucien Boyer (chansonnier)

Lucien Boyer (chansonnier)
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Lucien Boyer

Lucien Boyer est un poète, compositeur, chansonnier et goguettier français et montmartrois, membre de la goguette du Cornet, né à Leognan (Gironde) le 20 janvier 1876 et mort à Paris en 1942, interprète de ses chansons et auteur de livrets de revues.

En 1920, il est décoré de la légion d'honneur en récompense de services rendus durant la Grande Guerre comme « chansonnier aux armées ».

Il est le père du réalisateur et auteur français de chansons populaires Jean Boyer[1].

Sommaire

Biographie

Lucien Boyer

Lucien Boyer est tour à tour commis-voyageur (spécialisé dans le vernis), garçon de bureau puis journaliste, et enfin chansonnier. Ayant abandonné sa province et sa famille, il monte à Paris où, en 1896, il commence à être un client régulier du cabaret des Quat'z'Arts.

Un soir, le patron, Trombert, lui demande de chanter quelque chose. Sans hésiter, il monte sur scène et entame une chanson de sa composition intitulée Le jeune homme qui a un nid de serpents dans le ventre pour avoir trop bu de l'eau d'une marre.

Puis vint sa rencontre avec Gaston Calmette, le directeur du Figaro. Il propose à celui-ci de faire le tour du monde, sans un sou, à condition d'être soutenu par quelques articles de presse. Calmette accepte et voilà Lucien Boyer qui s'embarque en 1902 pour une tournée qui durera presque trois ans.

Comme compagnon de voyage, il prend Numa Blès. Les deux partent vers la Belgique, la Hollande, l'Angleterre, le Japon, etc.

Au Canada, ils sont arrêtés pour avoir chanté un dimanche et mis en prison pour avoir dit le mot de Cambronne devant le juge. À leur sortie, des centaines d'étudiants les attendent pour les acclamer.

Les deux chansonniers se rendent aux États-Unis, et de là à Hawaï, Saïgon, Calcutta, Téhéran, Le Caire, Athènes, Rome...

Sur leur chemin du retour, ils composent la chanson Lettre à Nini qui deviendra par la suite un des grands succès d'Esther Lekain.

Durant sa tournée mondiale, Lucien Boyer gagne 374000 francs, une petite fortune pour l'époque, qu'il dépense royalement. Lorsqu'il revient en France, il lui reste juste 7 francs dans sa poche. Il est tout heureux de retourner au cabaret des Quat-z-Arts où le magnanime Trombert lui alloue un cachet de dix francs par jour[2].

Lucien Boyer se lance dans la composition. Il écrit d'abord pour Mistinguett et les commandes arrivent : de Mayol, Fragson, Chevalier...

Chansonnier aux armées

Portrait de Lucien Boyer « le chansonnier des poilus », par Jules Alexandre Grün[3].

Durant la Grande Guerre, Lucien Boyer s'illustre comme chansonnier aux armées. En 1920, René Berton, pour la revue Le Cornet, fait le récit de l'activité du chansonnier au front[2] :

Le 30 Janvier 1920 on lisait dans le Journal Officiel :
Le Chansonnier Lucien BOYER est nommé chevalier de la Légion d'honneur.
Mon impartialité d'historiographe me fait un devoir d'affirmer que cette nouvelle fit quelque bruit dans Montmartre. Le premier moment de stupeur passé, ses bons amis se dirent :
« Pour qu'il ait été décoré comme chansonnier aux armées, il faut que cet animal de Boyer ait fait des choses extraordinaires !... ce qu'il nous a raconté, c'était donc vrai ? ».
Et oui, c'était vrai.
Quand la guerre fut déclarée, Boyer consulta son livret militaire et se dit mélancoliquement : « mon âge et la surcharge fâcheuse de mon épiploon m'ont versé dans "l'auxiliaire" ! je vais donc rester à l'arrière ; j'en suis réduit à chercher la gloire dans les pacifiques bureaux de quelque 22e section !... Pourtant je voudrais bien me rendre utile à mon pays ; que faire ? M'engager ? je ferais un très mauvais soldat, tandis que je puis faire un excellent chansonnier aux armées... » Et, revêtu d'un superbe uniforme de soldat de deuxième classe que lui délivra l'Intendance, sa lyre en bandoulière et quelques flacons de vin de Bordeaux dans sa musette, il partit à la guerre.
Et pendant 40 mois, en France et en Orient, il parcourut tous les fronts où l'on se battait, chantant ses chansons et disant ses poèmes qu'il écrivait sur place. Pendant 40 mois, saigné à blanc par les moustiques du Vardar, dévoré par les totos de Champagne et de la Woëvre, il vécut la vie des Poilus, partageant leur richesse culinaire et leur misère hospitalière, partageant surtout leurs dangers sans partager leur gloire. Il organisa des concerts dans les circonstances les plus invraisemblables ; il fut accueilli par les chefs des secteurs où il se présentait à l'improviste avec son accompagnateur et son piano, tantôt par des cris de joie tantôt par des bordées d'injures, mais jamais avec indifférence. Il chanta dans des châteaux somptueux, devant un parterre de généraux, il chanta dans des cagnas, devant les Poilus en armes, à cinquante mètres des Boches, accompagné par le plus bel orchestre "canonique!" qu'un chanteur puisse rêver. Dire qu'à ce moment là il ne regrettait pas son paisible appartement du 42 de la rue de la Tour d'Auvergne, serait peut-être un peu excessif ; mais c'est à ce moment là que son rire sonnait le plus clair.
Lucien Boyer a fait la guerre comme il fait toute chose, joyeusement. Il n'a pas tué de Boches; il ne leur a envoyé ni coups de fusil, ni obus, ni grenades ; en fait de projectiles il leur a lancé un jour une boulette de papier de soie sur lequel il avait écrit ce quatrain lapidaire qui figura dans le "scatalogue" complet de ses œuvres :
Boches, votre malheur me touche,
Prenez ce papier délicat ;
C'est pour vous essuyer la bouche
Quand vous mangez du pain K K.
J'estime qu'en comprenant son devoir de cette façon, Lucien Boyer a été utile à son pays, et qu'en tenant sans défaillance son rôle ingrat de chansonnier aux armées, il a été l'un des artisans de la victoire. Évidemment ce n'est pas lui qui nous a fait gagner la bataille de la Marne et qui a empêché les Boches de s'emparer de Verdun ; mais c'est grâce à lui que dans les tranchées bien des défaillances morales ont été soutenues, bien des courages abattus ont été remontés, bien des fronts lourds d'ennui se sont levés joyeux, bien des yeux attristés se sont mis à sourire. Grâce à lui les Poilus, ont vu un rayon de soleil se glisser dans la ténèbre de leur Enfer, car ce bon gros garçon à la verve intarissable, à la voix sonore, leur apportait ce qu'ils souffraient d'avoir perdu, ce qui leur était nécessaire autant que le tabac et le pinard ; il leur apportait cette force sans laquelle il est impossible de faire dé grandes choses et qui s'appelle LA GAITÉ.
Un des chasseurs de mon bataillon me disait naguère : "Quand on entend Boyer chanter une de ses chansons, c'est comme si on avalait un quart de pinard !"
C'est je crois le plus bel éloge qu'on puisse lui faire.
Un mot encore pour détruire une légende ridicule, Clemenceau a décoré Lucien Boyer non pas, comme l'insinuent certains de ses bons amis, parce qu'il avait écrit la Madelon de la Victoire, mais bien parce qu'il avait un admirable dossier contenant des lettres de. plusieurs grands chefs attestant des services qu'il avait rendus aux combattants en leur aidant à chasser le hideux cafard, et le réconfort qu'il leur avait apporté par son esprit, sa gaîté et sa bonne humeur.
J'en connais beaucoup qui ont été décorés pour avoir fait beaucoup moins...

Après la Grande Guerre

Lucien Boyer continue à participer aux dîners de la goguette du Cornet à laquelle il adhérait déjà avant 1914.

Célébrité de Montmartre, il est, en 1920, un des fondateurs de la République de Montmartre, pour laquelle il écrit l'hymne officiel (musique de Borel-Clerc)  :

Mont' là-dessus !
Mont' là-dessus !
Mont' là-dessus
Et tu verras Montmartre...

Le chansonnier meurt à Paris en 1942, à l'âge de 66 ans, âge tout à fait honorable pour l'époque.

Œuvres

Lucien Boyer a beaucoup produit : plus de 1 200 chansons, au moins 80 revues (seul, ou en collaboration) dont 30 de grand Music-Hall et 10 de théâtre, des comédies, des opérettes, Le chien d'Alcibiade, Baby Pepper, Le mariage d'Hakouma, une grande pièce en trois actes, l'Amour et l'Argent (avec Bataille Henri) ; Le bon La Fontaine, trois actes avec musique de Léo Pouget, un acte en vers l'Idole brisée, créé au théâtre de l'Odéon en 1920[2], etc.

Pendant la Grande Guerre il a publié deux volumes de vers La Chanson des Poilus et Chansons et Poèmes où se trouve Le Retour, son plus beau poème de guerre.

Quelques chansons

Affiche pour Berlingot de Lucien Boyer
Premier refrain :
Oh ! dis, chéri, oh ! joue-moi-z'en
D'la trompette (bis)
Il s'excusait en lui disant
D'un air bête
Je l' regrette
Je suis un trompette en bois.

Revues

Bibliographie

  • Lucien Boyer Le Gondolier de Montmartre, recueil de poésie, Paris, éditions du vieux moulin, 1926
  • Lucien Boyer Paysages de France, Paris, société des publications modernes, 1931
  • Lucien Boyer Qu'il était beau mon village, roman, Paris, éditions Baudinière, 1935

Sources

  • Léon de Bercy, Montmartre et ses chansons : Poètes et Chansonniers (orné de 5 portraits-charges par C. Léandre), H. Daragon, Paris, 1902, 280 p. En ligne sur Gallica
  • 1920 : Chez Mayol (Concert-Mayol). Berlingot : opérette en 2 actes et 3 tableaux de Lucien Boyer, musique de Willy Redstone et A. Stanislas : affiche illustrée par Adrien Barrère (1877-1931) En ligne sur Gallica

Notes et références

  1. Paul Dubé, site Du temps des cerises aux feuilles mortes.
  2. a, b et c René Berton, Lucien Boyer, Poète-Chansonnier, Le Cornet, mai 1920, page 4.
  3. Le Cornet, mai 1920, page 4.
  4. Sources : Paris qui chante. Revue hebdomadaire illustrée, n°129 (3e année), 9 juillet 1905, pp. 10-11.

Liens externes


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