Maia Plissetskaia

Maia Plissetskaia

Maïa Plissetskaïa

MAÏA PLISSETSKAÏA
Maya Plissetskaïa (1925- )

Naissance 20 novembre 1925 (83 ans)
Russie Moscou, Russie
Nationalité(s) Russie Russie russe puis Espagne Espagne espagnole
Profession(s) Ballerine (étoile), Chorégraphe, Actrice et Écrivain
Film(s) notable(s) Anna Karénine (1948)
Conjoint(e) Rodion Chtchedrine (1958)
Distinction(s)


Maïa Mikhaïlovna Plissetskaïa (en russe : Майя Михайловна Плисецкая) est une danseuse russe considérée comme l'une des plus grandes ballerines russe et surnommée la « Diva de la Danse ».

Sommaire

Biographie

Née à Moscou le 20 novembre 1925 dans une famille de l'intelligentsia juive, Maïa Plissetskaïa est scolarisée à Barentsburg au Spitzberg, où son père, Mikhaïl Plissetski, travaille comme ingénieur dans les mines de la concession russe du Spitzberg et comme consul[2], [3]. En 1937, ce dernier est emprisonné[4], sous l'inculpation d'« ennemi du peuple », lors des purges de Staline, puis exécuté l'année suivante[2]. Sa mère, née Rachel Messerer, de confession israélite[5], actrice de cinéma muet, est emprisonnée au motif qu'elle est l'épouse d'un « ennemi du peuple ». Elle sera déportée au Kazakhstan dans un un camp de travail (goulag) pour épouses « d'ennemis du peuple » de 1938 à 1941 avec son plus jeune fils, Azari Plissetski, alors âgé de sept mois et aujourd'hui maître de ballet au Béjart Ballet de Lausanne[2], [6], [7]. A la suite de ces arrestations, Maïa Plissetskaïa, privée de ses parents à l'âge de 13 ans, est confiée aux soins de sa tante maternelle, la ballerine Soulamith Messerer, après que celle-ci se fut battue pour que sa nièce ne soit pas placée dans un orphelinat[2], [8]. Entourée de sa tante,et de son oncle qui fut, à l'époque, l'un des meilleurs pédagogue de l'école de danse du Bolchoï[2], [9], la jeune Maïa se dirige, tout naturellement, vers la danse.

En 1934, elle est admise à l'école de danse du Théâtre Bolchoï. Elisaveta Pavlovna Gerdt (1891-1975)[10] et Leontieva seront ses prfesseurs. Elle est très vite remarquée pour son incroyable talent. Dès 1936, âgée de seulement neuf ans, elle fait sa première apparition sur la scène du Bolchoï dans La Belle au bois dormant. Elle écrira plus tard dans ses mémoires[8]: « L'art m'a sauvée. Je me suis concentrée sur la danse et je voulais que mes parents soient fiers de moi. »

En 1943, nouvellement diplômée de l'école de danse, elle entre au Ballet du Bolchoï et débute une prodigieuse carrière à la même époque que l'illustre Galina Ulanova. Fidèle à son serment, la fille d'un « ennemi du peuple » est devenue la fierté de toute une nation. Fidèle à son rêve, elle ne cessera jamais de danser.

En 1958, elle épouse le compositeur russe Rodion Chtchedrine. A eux deux, ils écriront une page d'histoire musicale de la Russie.

Malgré son immense succès, elle n'e"st pas très bien vue ni traitée par le pouvoir soviétique. Elle était juive[11] dans un pays notoirement antisémite. Elle est contrainte d'adhérer au Comité antisioniste Soviétique (en russe : Антисионистский комитет советской общественности, АКСО) sous peine de se voir retirer son passeport[réf. nécessaire]. En tant que fille d'« ennemis du peuple » et de « personne politiquement peu sûre »[2], la ballerine est en butte incessante à la défiance des autorités: lors de son voyage à l'étranger en 1960, la police soviétique lui demande des comptes sur l'amitié qui la lie à Robert Kennedy[7] et n'est pas autorisée à sortir du territoire de l'Union Soviétique pendant six ans après avoir rejoint la troupe du Bolshoï[7]. C'est finalement Nikita Khrouchtchev qui, en 1959 l'autorise à se rendre à l'étranger[12]. Le gouvernement l'utilise comme ambassadrice des arts à l'étranger mais lui fait les pires affronts dans son pays.

Plus tard, en voyage aux Etats-Unis, elle rejoint la lutte pour les droits des femmes.

Insatiable, cette danseuse d'exception avoue: « Bien sûr, je ne saute plus aussi haut, mais je sens toujours ma force d'hier[8] ». De fait, en 2006, malgré des problèmes de dos, elle est remontée sur la scène de l'Espace Cardin pour fêter ses quatre vingts ans[13].

Devenue citoyenne espagnole et après avoir longtemps vécu à Munich , elle réside habituellement à Madrid, tout en partageant son temps avec la Lithuanie dont sa famille maternelle est originaire.

Elle n'a pas d'enfant[14].

Carrière

Maïa Plissetskaïa en princesse Tverskaïa du film Anna Karénine réalisé par le metteur en scène soviétique Alexandre Zarkhi (1968)
Vladimir Poutine souhaitant un heureux anniversaire à Maïa Plissetskaïa et lui remettant un Prix d'État (20 novembre 2003)

L'étoile de la danse

Contrairement à la plupart des ballerines, Maïa Plissetskaïa ne fit jamais partie du corps de ballet. Elle devint immédiatement soliste.

Chacune de ses représentations se joue à guichet fermé.

Ouverte à toute expérience, imaginative, doté d'un grand sens artistique, d'un talent de commédienne, d'un profond sens musical, et d'une personnalité exceptionnelle - que d'aucun ont qualifiée de « rebelle » pour avoir vaillamment tenu tête aux multiples affronts (filatures du KGB, véto sur ses projets artistiques, incurtions dans sa vie privée, surveillance de ses relations à l'étranger, vexations multiples, etc...) de la classe politique dirigeante de l'époque[2] -, Maïa Plissetskaïa a marqué de son empreinte nombre d'interprétations: La Mort du cygne (Camille Saint-Saëns), courte pièce de ballet rendue célèbre avant elle par Anna Pavlova. et qui l' , Odette/Odile du Le lac des cygnes qu'elle danse, à partir de 1947, avec toujours le même triomphe, à l'occasion de plus de 800 représentations dans le monde entier ou encore le personnage d'Aurore dans la La Belle au bois dormant (1961). La fluidité de ses long bras reste inégalée dans son interprétation de La mort du cygne, une courte pièce rendue populaire par Anna Pavlova, qui sera la carte de visite de Plissetskaïa sa vie durant.

Maïa Plissetskaïa interpréte encore de façon magistrale nombre de ballets parmi lesquels Raymonda, la fougueuse Carmen Suite, Don Quichotte, où sa technique hors pair lui permet les fouettés en tournant et les sauts absolument incroyables de souplesse, d'adresse et d'équilibre dont elle a le secret. Il faut encore saluer Roméo et Juliette, Spartacus, Laurencia, La nuit de Walpurgis, Isadora et, plus tard, le Boléro, ballet du chorégraphe et danseur Maurice Béjart sur la musique de Maurice Ravel. Par de là sa technique extraordinaire, elle sait donner consistance, épaisseur et émotion à chaque personnage qu'elle représente.

On la présente à tous les hôtes étrangers en visite à Moscou mais elle-même ne peut quitter le territoire [2], malgré des appels incessants au gouvernement[8]pour faire partie des tournées à l'étranger. Lorsqu'elle y est enfin autorisée[8], la scène chorégraphique internationale découvre alors en elle l'une des meilleures interprètes russe des rôles classiques comme des rôles modernes. Elle a changé le ballet à jamais, plaçant très haut la barre pour les ballerines du monde entier à la fois par sa technique brillante et par sa présence dramatique. L'Amérique du Nord l'ovationne en 1959 dans le cadre d'une tournée du Bolchoï. Mais c'est en France que l'étoile de la danse connait son plus grand succès. Artiste invitée de l'Opéra national de Paris, du Ballet du XXe siècle de Maurice Béjart, du Ballet national de Lausanne, du Ballet de Nancy, de la Biennale de Lyon ainsi que de la plupart des festivals importants[9].

En 1960, elle est nommée étoile du Bolchoï. En 1962, deux ans à peine après que Galina Oulanova (première danseuse de 1944 à 1960) eut pris sa retraite, Maïa Plissetskaïa devient, fait extrêmement rare, prima ballerina assoluta du Bolchoï. Elle y défendra, par la suite, contre vents et marées, certains chorégraphes modernes, dont elle a elle-même dansé les nouveaux ballets. C'est grâce à elle que la Russie a pu découvrir l'art d'un Roland Petit ou d'un Maurice Béjart dont il disait d'elle qu'elle était « dernière légende vivante de la danse »[15]. Elle réussit même à danser en U.R.S.S. le boléro de Ravel chorégraphié par Maurice Béjart alors que ce dernier, incarnant aux yeux du ministre de la culture Ekaterina Fourtseva “Dieu et le sexe”, aurait été persona non grata dans le pays[6].

Elle est artiste invitée de l'Allemagne fédérale en 1967 et participe désormais régulièrement aux tournées du Bolchoï mais relle evient toujours en U.R.S.S.: « Mon époux et ma famille restaient en gage en Russie. » écrit-elle dans ses mémoires[8], « Je savais ce qui les attendait si je ne revenais pas. C'est pourquoi je ne suis pas restée à l'Ouest. »[16]

Elle danse devant Staline pour l'anniversaire de celui-ci: « J'avais peur. » se souvient-elle[8] « J'étais morte de trac et le parquet était une véritable patinoire. Je scrutais sans cesse le public, cherchant qui était responsable du malhaur de ma famille. »

En 1965, elle donne sa démission du Bolchoï. Elle est alors âgée de 65 ans et nourrit toujours un intérêt aussi vif pour la danse. Cinq ans plus tard, Maurice Béjart crée, pour elle, le ballet intitulé Ave Maïa qu'elle dansera, pour son 70 e anniversaire et ses débuts dans le corps de ballet de Maurice Béjart

En 1971 Maïa Plissetskaïa danse le rôle titre d'Anna Karénine que son mari a composé pour elle.

Pendant les années 1980, ne pouvant exploiter correctement toutes ses possiblités en U.R.S.S., elle et son mari se rendent à l'étranger, notamment à Rome où elle est directrice artistique du ballet en 1984 et 1985, puis à Madrid, où elle dirige le ballet national, de 1987 à 1989.

De nombreux chorégraphes, tels que Maurice Béjart, Roland Petit, Youri Grigorovitch ou Alberto Alonso créent des ballets spécialement pour elle. Pierre Cardin l'habillera et sera son fidèle soutien.

Depuis 1994, elle préside un concours international intitulé Maïa.

En 1996, elle est nommée présidente du Ballet impérial russe[17].

La Chorégraphe

Maïa Plissetskaïa signe la chorégraphie de trois ballets d'après différentes œuvres de Léon Tolstoï et d'Anton Tchekov sur des partitions de son mari:

  • 1971 Anna Karénine, musique Rodion Chtchedrine. Maïa Plissetskaïa en compose la chorégraphie et danse le rôle titre
  • 1980 la Mouette, musique Rodion Chtchedrine
  • 1985 La Dame au petit chien, musique Rodion Chtchedrine

L'actrice

En 1968, elle tient le rôle la princesse Tverskaïa dans la version cinématographique d' Anna Karénine du metteur en scène soviétique Alexandre Zarkhi.

L'écrivain

Maïa Plissetskaïa a publié ses mémoires, traduites en dix langues et parues, en France, aux éditions Gallimard le 13 octobre 1995 sous le titre français Moi, Maïa Plissetskaïa. Elle y évoque la vie disciplinée d'une danseuse et bien au-delà, soixante-dix années de l'histoire soviétique, de Staline à la perestroïka. Elle décrit son passé, son enfance, la mort de son père, la séparation d'avec sa mère et l'angoisse qu'elle a ressentie à son sujet pendant tout le temps de sa déportation. Elle parle ouvertement des intrigues au théâtre, de l'oppression et de la situation politique générale en Union soviétique.

Danseuse et femme d'exception, laissons à l'écrivain le soin de clore cet article[9]:

« Je suis née à Moscou. Au royaume de Staline. Puis j'ai vécu sous Ktoutchev, Brejnev, Andropov,

Tchernenko, Gorbatchev, Eltsine... Et j'aurai beau faire, jamais je ne renaîtrai une seconde fois.
Vivons notre vie... Et je l'ai vécue. Je n'oublie pas ceux qui ont été bons pour moi.
Ni ceux qui sont morts, broyés par l'absurde. J'ai vécu pour la danse.
Je n'ai jamais rien su faire d'autre. Merci à cette nature grâce à laquelle j'ai tenu bon,

je ne me suis pas laissé briser, je n'ai pas capitulé. »

in Moi, Maïa Plissetskaïa (Mémoires)

Prix et distinctions honorifiques

Liens externes

En savoir plus

Notes

  1. Distinction exceptionnelle pour une artiste soviétique
  2. a , b , c , d , e , f , g  et h La danseuse étoile Maïa Plissetskaïa
  3. Interview extraite du DVD intitulé Maya Plisetskaya diva of dance
  4. Il avait employé un ami de Léon Trotsky.
  5. La famille Messerer est originaire de Lithuanie
  6. a  et b Maïa, iconothèque russe et soviétique. Consulté le 30-04-2009
  7. a , b  et c (en) Eaton Katherine Bliss: Daily Life in the Soviet Union, éditeur: Greenwood Publishing Group, 2004, (ISBN 0313316287).
  8. a , b , c , d , e , f  et g Moi, Maïa Plissetskaïa, éditions Gallimard, 13 octobre 1995, (ISBN 2-07-074111-7)
  9. a , b  et c http://www.kuiv.com/stuff/pdf/DP%20Maia%20Plissetskaia.pdf Maïa Plissetskaïa Assoluta
  10. Ancienne étoile du Ballet Impérial de Saint-Pétersbourg. En 1928, elle refuse de quitter l' Union soviétique, , comme elle en aurait eu la possiblilité, et travaille pour transmettre son savoir à la nouvelle école de danse soviétique.
  11. (en) Miller, Jack: Jews in Soviet Culture, éditeur: Transaction Publishers, 1984, (ISBN 0878554955).
  12. (en) Taubman, William; Khrushchev, Sergeĭ; Gleason, Abbott; Gehrenbeck, David; Kane, Eileen & Bashenko, Alla: Nikita Khruschev, éditeur: Yale University Press, 2000, (ISBN 0300076355)
  13. La divine Maïa Plissetskaïa monte sur scène pour fêter ses 80 ans, Le Monde, 28 février 2006. Consulté le 30-04-2009
  14. Ce fait est extrêmement fréquent chez les ballerines de haut niveau pour deux raisons. La première, socio-médicale, est que, entièrement dévouées à leur art, elles n'abordent une vie de couple (quand elles l'abordent) qu'à un âge déjà relativement avancé, époque de le la vie d'une femme où, médicalement, sa fécondité baisse naturellement. La deuxième raison est purement médicale: le sport intense auquel se livre une ballerine entraîne fréquemment une oligoménorrhée, voire une aménorrhée par suspension de l'ovulation.
  15. Maïa Plissetskaïa Assoluta. Diffusé en 2002 sur la chaîne de télévision ARTE.
  16. On sait ce qu'ont eu à subir certains artistes de renom comme Mikhaïl Barychnikov ou Rudolf Noureev pour ne pas être revenus d'Europe ou des Etats-Unis où ils étaient partis se produire: qualifiés de « Traîtres à la Nation », ils ont été privés du droit d'entrer dans leur pays.
  17. (en) Sleeman, Elizabeth: The International Who's Who of Women, 2001, 3e édition, éditeur: Routledge, (ISBN 1857431227).
  18. Distinction exceptionnelle pour une artiste soviétique



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