Maladie de Kahler

Maladie de Kahler

Myélome multiple

Image histopathologique d'un myélome multiple (extrait de la moelle osseuse).

Le myélome multiple des os (plus connu sous le nom de maladie de Kahler, ou, simplement, myélome) est un cancer hématologique (signifiant qu'il se développe à partir des cellules de l'hématopoïèse, celles-là même qui sont à l'origine des cellules du sang, formées dans la moelle osseuse).

Les cellules touchées sont les plasmocytes (qui sont des lymphocytes B activés), cellules du système immunitaire produisant les anticorps (immunoglobulines) pour combattre les infections et maladies. Le myélome est une maladie caractérisée par le développement dans le squelette de multiples tumeurs ostéolytiques à plasmocytes (plasmocytomes) sécrétant dans 80 % des cas une immunoglobuline unique (dite monoclonale), soit de type G (deux tiers des cas), soit du type A (un tiers des cas).

Sommaire

Épidémiologie

En France, l'incidence est de 4 000 cas par an. Aux États-Unis, 45 000 personnes vivent avec le myélome avec environ près de 20 000 nouveaux cas par an[1]. Son incidence tend à s'accroître. Il est plus fréquent chez le noir américan[2] et plus rare en Chine[1].

La survie moyenne est de 5 ans.

Le myélome est la deuxième hémopathie la plus répandue (10 %) après le lymphome non-hodgkinien. Il représente environ 1 % de tous les cancers et 2 % de tous les décès par cancer.

L'âge moyen d'apparition de myélome est de 65 à 70 ans, mais tend à diminuer.

Le myélome affecte un peu plus d'hommes que de femmes.

Les causes du myélome multiple sont mal comprises. L'exposition à certains organochlorés (chlordecone utilisé comme pesticide par exemple) semble être un des facteurs de risque . Ainsi par exemple, en Martinique une analyse du risque de cancer (par zones) commandée par l'InVS a conclu à une « surincidence statistiquement significative du myélome multiple »[3] chez l'homme adulte résidant dans la zone où le chlordecone a été le plus utilisé et serait encore le plus présent dans les sols (selon le BRGM). En outre le gradient de l’incidence du myélome augmentait peu à peu des zones supposées les moins polluées à celle qui l'est potentiellement le plus[3].

Diagnostic

Circonstances du diagnostic

Le myélome multiple est souvent détecté de façon fortuite, au cours d'un examen sanguin de routine.

Diagnostic biologique

La principale conséquence du myélome est la présence d'une très grande quantité d'immunoglobulines dans le sang. Ces immunoglobulines sont des protéines, qui se manifestent par :

Electrophorèse des protéines du sérum montrant une paraprotéine (pic dans la zone gamma) d'un patient atteint d'un myélome multiple.

L'hypercalcémie, fréquente, est liée aux destructions osseuses.

On retrouve aussi un excès de protéines dans les urines ; cette protéinurie est constituée de chaînes légères des immunoglobulines monoclonales, aussi appelées protéine de Bence-Jones. L'immunoélectrophorèse ou l'immunofixation des protéines urinaires détermine le type de chaîne, kappa ou lambda.

Une gammapathie monoclonale bénigne ne comporte ni anémie, ni lésion osseuse, ni complication viscérale[4]. Comme son nom l'indique, elle n'a pas du tout le même caractère de gravité que le myélome et ne recquiert qu'une simple surveillance.

Autres examens

Plasmocytome lytique situé au tiers inférieur du fémur

Le myélogramme étudie les cellules de la moelle osseuse, prélevée par ponction, à la recherche d'un excès de plasmocytes. Dans le myélome, la moelle est infiltrée par des plasmocytes, qui présentent d'habitude de nombreuses anomalies morphologiques et sont fréquemment en mitose.

La radiographies du squelette montre fréquemment des lésions osseuses à type d'ostéolyse (très fréquentes).

Évolution et complications

Le myélome est une maladie grave. Il existe cependant des formes avec une faible masse tumorale, pouvant rester asymptomatiques (sans signe apparent) pendant des années.

Le myélome peut se compliquer :

  • d'infections (en effet, la présence d'une immunoglobuline en très grande quantité inhibe la synthèse normale des autres immunoglobulines, ce qui ne permet plus au corps de faire face aux agents infectieux, qui sont une cause majeure de mortalité;
  • de troubles osseux : douleurs, fractures, tassement vertébral, etc. ;
  • d'insuffisance rénale (surtout en cas de protéines à chaînes légères) ;
  • de troubles neurologiques : compression de la moelle épinière après un tassement vertébral, atteinte des nerfs, épidurite ;
  • d'anémie et de thrombopénie (diminution du nombre de plaquettes sansguines pouvant causer des hémorragies), par de multiples mécanismes (dont insuffisance médullaire : déficit de la production par la moelle).

La stratification de la maladie peut être fait suivant différents critères. Celle de Durie et Salmon[5] a été employée jusqu'en 2005. Elle a été remplacée alors par une classification internationale[6].

Traitement

Le traitement classique du myélome a longtemps reposé sur une chimiothérapie pour les cas de maladie active, combinant le plus souvent (depuis les années 60) du Melphalan et des corticoïdes. Aujourd'hui les nouvelles thérapies, dites thérapies ciblées ont totalement modifié la prise en charge du myélome multiple (bortézomib[7] ou Velcade, la thalidomide[8], doxorubicine liposomale pegylée ou Caelyx et la lénalidomide ou révlimid). La thalidomide est donnée en première intention en association avec le melphalan et la prednisone. Le lénalidomide est donné en seconde intention en association avec la dexaméthasone pour les formes réfractaires ou en cas de rechute après au moins une ligne thérapeutique ayant comporté des alkylants et lorsque aucune alternative n'existe. Le bortézomib est utilisé pour le traitement du myélome multiple en progression chez des patients ayant reçu au moins un traitement antérieur et qui ont déjà bénéficié ou qui sont inéligibles pour une greffe de moelle osseuse.

On pourra s'abstenir de traitement si le myélome est à un stade très peu avancé.

Il faut aussi lutter contre les douleurs osseuses, l'hypercalcémie, et traiter les complications s'il y a lieu. Les biphosphonates sont utilisés conre la lyse osseuse et auraient une action propre contre le myélome[9].

Depuis la fin des années 1990, on privilégie les techniques dites d'autogreffe de cellules souches, consistant à prélever des cellules souches qu'on « nettoie » des cellules porteuses de la maladie et qu'on congèle, puis à mettre le malade en aplasie (destruction totale des plasmocytes). On réinjecte alors les cellules souches, qui vont régénérer des plasmocytes « sains ». Les résultats sont très favorables[10]. Cette technique peut être répétées, surtout en cas de réponse incomplète de la première autogreffe[11], la survie moyenne dépassant alors les sept ans[12].

Pronostic

L'International Staging System peut aider à prédire la durée de survie qui dépend de la phase de la maladie. La survie médiane est de 62 mois pour la phase 1 de la maladie, de 45 mois pour la phase 2 de la maladie, et 29 mois pour la phase 3 de la maladie[13]. Les anomalies cytogénétiques de type 6p21 et 11q13 sont associées à un meilleur pronostic. Les calculs de durée de survie sont toujours effectués par analyses rétrospectives, et il est probable que de nouveaux développements de traitement permettront d'améliorer les perspectives de ceux qui ont traditionnellement « de faibles chances de survie ».

Personnalités ayant contracté la maladie de Kahler

Voir aussi

Notes et références

  1. a  et b Raab MS, Podar K, Breitkreutz I, Richardson PG, Anderson KC, Multiple myeloma, Lancet, 2009;374:324-339
  2. Cohen HJ, Crawford J, Rao MK, Pieper CF, Currie MS, Racial differences in the prevalence of monoclonal gammopathy in a community-based sample of the elderly, Am J Med, 1998;104:439-444
  3. a  et b Dieye M, Quénel P, Goria S, Blateau A, Colonna M et al. Étude de la répartition spatiale des cancers possiblement liés à la pollution des sols par les pesticides organochlorés, en Martinique. Saint-Maurice (Fra) : Institut de veille sanitaire, août 2009, 27 p. (Disponible sur [http://www.invs.sante.fr le site de l'InVS)
  4. Criteria for the classification of monoclonal gammopathies, multiple myeloma and related disorders: a report of the International Myeloma Working Group, Br J Haematol, 2003;121:749-757
  5. Durie BG, Salmon SE, A clinical staging system for multiple myeloma. Correlation of measured myeloma cell mass with presenting clinical features, response to treatment, and survival, Cancer, 1975;36:842-854
  6. Greipp PR, Miguel J San, Durie BG et als. International staging system for multiple myeloma, J Clin Oncol, 2005;23:3412-3420
  7. Mateos MV, Hernandez JM, Hernandez MT et als. Bortezomib plus melphalan and prednisone in elderly untreated patients with multiple myeloma: results of a multicenter phase 1/2 study, Blood, 2006;108:2165-2172
  8. Rajkumar SV, Blood E, Vesole D, Fonseca R, Greipp PR, Phase III clinical trial of thalidomide plus dexamethasone compared with dexamethasone alone in newly diagnosed multiple myeloma: a clinical trial coordinated by the Eastern Cooperative Oncology Group, J Clin Oncol, 2006;24:431-436
  9. Berenson JR, Myeloma bone disease, Best Pract Res Clin Haematol, 2005;18:653-672
  10. Attal M, Harousseau JL, Stoppa AM et als, A prospective, randomized trial of autologous bone marrow transplantation and chemotherapy in multiple myeloma. Intergroupe Français du Myélome, N Engl J Med, 1996;335:91-97
  11. Attal M, Harousseau JL, Facon T et als. Single versus double autologous stem-cell transplantation for multiple myeloma, N Engl J Med, 2003;349:2495-2502
  12. Barlogie B, Jagannath S, Desikan KR et als. Total therapy with tandem transplants for newly diagnosed multiple myeloma, Blood, 1999;93:55-65
  13. [1]

Liens externes

En France :

En Europe :

  • Myeloma Euronet - Réseau européen de groupes de patients atteints de myélome


Dans le reste du monde :

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