Mariage en Rome antique

Mariage en Rome antique

Le mariage romain (matrimonium) est une cérémonie rituelle. Il en existe plusieurs (ius conubii) dans la société :

  • Cum manu' où l'épouse est placée sous l'autorité juridique de son mari, qui se décline sous trois formes :
    • la confarreatio, union principalement pour les patriciens suite à un rituel dans lequel ils doivent manger un gateau de froment
    • la coemptio', avec enlèvement symbolique de la femme (cf rite slave) et validation du mariage au bout d'un an de cohabitation avec le mari. La femme est intégrée dans la famille du mari si celui-ci meurt.
  • Sine manu où l'épouse n'est pas dépendante de son mari.

Sommaire

Les mariés

L'âge légal du mariage était fixé à 12 ans pour les filles et 14 ans pour les garçons; en pratique des mariages de filles de moins de 12 ans ont eu lieu, et les jeunes hommes se mariaient vers vingt ans[1]. Se marier est un devoir civique et les célibataires sont défavorisés par exemple ils sont frappés de taxes spéciales. Seuls les soldats en sont exclus pour ne pas qu'ils puissent regretter une autre situation. Cependant ils obtiennent ce droit sous l'Empire de Septime Sévère. Sortir du cadre religieux du mariage, comme par exemple commettre un adultère, c'était se révolter contre les dieux du foyer. Une fois veuve ou divorcée, la femme rentrait au domicile du père toujours pour honorer les dieux du foyer. Dans l'hypothèse où la femme devait ou choisissait de rester seule, elle ne dépendait plus des dieux du foyer et par conséquent pouvait faire les mêmes choses qu'un homme libre.

Chez les plus riches, le mariage était en général arrangé pour des raisons sociales et économiques. Le mari, supposé prendre soin de sa femme, était en général un peu plus âgé et d'une condition sociale égale ou supérieure à celle de l'épouse. À leur mariage, elles ne changeaient pas de gentilice. La monogamie était de règle.

Les cérémonies suivent des rites très précis. Durant le confarreatio, les époux mangent un gâteau d'épeautre (pannis farreus) en présence du flamen dialis et du Grand Pontife qui consacre le mariage. Elles sont à peu près semblables dans les diverses formes de mariages.

Cérémonie préalable : les fiançailles. À l'époque impériale, elles consistent en un engagement réciproque des fiancés devant témoins. Le fiancé passe un anneau à l'annulaire gauche de la jeune fille et lui offre des cadeaux[2] : souvenir probable des arrhes qui scellaient le contrat des fiançailles à l'époque de la coemptio.

Le mariage se déroulait généralement durant le mois du juin (mois de Junon déesse du mariage, de bonne augure pour le couple). La veille, la fiancée revêt une tunique blanche (serrée a la taille par le nodus Herculeus, nœud d'Hercule, nœud que seul le mari pouvait enlever pour dénuder la femme une fois la journée terminée), tissée de façon traditionnelle et coiffe ses cheveux en six tresses ramenées autour de la tête à la manière des vestales. Le matin du mariage, elle s'entoure d'un manteau (palla) couleur safran, chausse des sandales de la même teinte, et se couvre la tête d'un voile orangé flamboyant sur lequel est posée une couronne de fleurs (fleurs d'oranger à partir du IIe siècle). Au domicile des parents de la mariée, on fait un sacrifice sur l'autel domestique et l'on consulte les auspices. Puis une matrone n'ayant été mariée qu'une seule fois, joint, devant dix témoins, les mains droites des nouveaux époux (junxtio dextrarum) en signe d'engagement mutuel à vivre ensemble.

À l'apparition de l'étoile Vesper, un simulacre d'enlèvement de la mariée met fin au festin de noces[3]. Un cortège, précédé de porte-torches et de joueurs de flûte accompagne la mariée jusqu'au domicile de l'époux. Les amis des deux nouveaux époux chantent alternativement un chant d'hyménée[4] interrompu par des exclamations rituelles[5] et des plaisanteries grivoises qui fusent de toutes parts (chants Fescennins). On lance des noix aux enfants. Deux amies de la mariée portent le fuseau et la quenouille : symboles de ses vertus domestiques[6]. Accueillie par son époux qui lui demande son nom, elle répond par la formule rituelle: « Ubi tu Gaius, ego Gaia » (Où tu seras Gaius, je serai Gaia) puis elle entre chez son mari[7]. Elle orne les montants de la porte avant d'entrer[8], puis les amis du marié la soulèvent pour lui faire franchir le seuil (souvenir de l'enlèvement des Sabines et souci d'éviter un mauvais présage). Son époux lui présente l'eau et le feu, symboles de la vie commune et du culte familial, ainsi que les clés de la maison. Elle offre à son tour trois pièces de monnaie, l'une à son époux, l'autre au Lares, la troisième au dieu du carrefour le plus proche[9].

Histoire du mariage

Des lois ont été créées contre le célibat. Les noces justes n'étaient, à l'origine, reconnues qu'aux patriciens. La loi des douze tables définit ces mariages. En -445, la Lex Canuleia accorde aux plébéiens le droit de pratiquer cette cérémonie lors de mariages inter-classes, c'est-à-dire entre patriciens et plébéiens. Petit à petit le Sine manu supplante le Cum manu. Cette cérémonie était soutenue par les patriciens qui pouvaient faire ainsi rompre le mariage de leur fille avec un plébéien, le cas échéant. Cet situation n'est abolie qu'après le IIe siècle.

Le rite du mariage

Jusqu'à la fin de la république est instaurée une sorte de "servitude légale" pour les femmes qui passaient de l'autorité du pater à manus. Seul l'époux tient la dot. Nouveau mariage "sine manu" sous couvert de l'autorité du père. Sous Auguste les femmes doivent donner leur consentement.

Le divorce

Pendant la République le mari a le droit de répudier sa femme si elle a quitté le lit familial plus de trois nuits. Quand on commença à négliger la cérémonie des noces et que la femme eut le droit de répudier son mari, le divorce devint chose banale et commune. On donnait le motif d'incompatibilité d'humeur, sans animosité et on se séparait tout simplement. On allait chez le préteur faire rompre son union. Chacun reprend ses biens et s'en va vivre autrement. Mécène aurait mille fois répudié sa femme pour aussitôt lui refaire la cour et de nouveau l'épouser. Le divorce ne peut toutefois s'accomplir que devant le magistrat. Il faut sept témoins, tous citoyens romains, et devant eux on brise les tablettes du contrat de mariage. La répudiation se passait en famille et avec les amis qui approuvaient la répudiation. Le mari (ou la femme) annonçait alors son intention aux censeurs et affirmait par serment que ses motifs étaient purs et légitimes. Ensuite il (elle) faisait comparaitre sa femme (son mari) à qui il redemandait les clés de la maison (en générale c'était la maison du mari) et lui disait devant ces témoins : « adieu, emporte ta fortune, rends-moi la mienne ».

En cas d'absence, il (elle) lui fait signifier par un affranchi le libellé de répudiation. L'ancienne loi donnait au mari le droit de répudier sa femme au cas où elle aurait empoisonné ses enfants, fait faire de fausses clés ou aurait commis l'adultère. En ce temps-là, il y avait un petit temple dédié à Viriplaca, déesse conciliatrice des mariages où l'on se réunissait pour s'expliquer et qui servait à se réconcilier.

Note

  1. Pierre Grimal, Rome et l’Amour - La femme romaine, Robert Laffont, 2007, (ISBN 9782221106297), pp. 360-361
  2. Aulu-Gelle, Nuits attiques [détail des éditions] [lire en ligne].
  3. Festus, Commentaires.
  4. Catulle, Poèmes.
  5. Tite-Live, Histoire romaine [détail des éditions] [lire en ligne],.
  6. Plutarque, Questions Romaines.
  7. Plutarque, Questions Romaines.
  8. Servius, Commentaire à l'Énéide [détail des éditions] [(la) lire en ligne].
  9. Pierre Grimal, La civilisation romaine, Flammarion, Paris, 1981, réédité en 1998, (ISBN 2-080-81101-0), p 92

Voir aussi

Liens internes

Bibliographie

  • Lexique d'histoire et de civilisation romaines, Jean Luc Lamboley, (ISBN 2729855475)
  • La vie à Rome aux temps antiques, Paul Werner


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