Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine

Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine
La reine Marie-Henriette (Winterhalter

Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine (née à Pest, Autriche-Hongrie [maintenant Budapest, Hongrie] le 23 août 1836, et morte à Spa, Belgique le 19 septembre 1902) est la deuxième reine des Belges. Elle était la fille de l'archiduc-comte palatin de Hongrie Joseph de Habsbourg-Lorraine (1776-1847) et de l'archiduchesse née Dorothée de Wurtemberg[1].

Sommaire

Une famille unie

Elle était également la sœur de l'archiduc Étienne (Stephan) qui, après avoir succédé à son père comme comte palatin de Hongrie (1847), soutint le désir d'indépendance des Hongrois pendant la révolution de 1848 et fut disgracié et exilé par l'Empereur François-Joseph Ier. Ce dernier s'éprit quelques années plus tard de la sœur de l'archiduc déchu et de Marie-Henriette, Élisabeth, veuve du prince Ferdinand de Modène et déjà mère d'une petite fille. La mère de l'empereur, l'archiduchesse Sophie, s'opposa à cette union et Élisabeth dut se remarier à un sien cousin de la branche de Teschen. Elle fut la mère des reines Marie-Thérèse de Bavière et Marie-Christine d'Espagne tandis que sa nièce (également nièce de Marie-Henriette) Dorothée de Habsbourg-Lorraine épousa le comte de Paris.

Un mariage trop politique

Le duc et la duchesse de Brabant

Cavalière émérite, passionnée de chevaux au point de leur prodiguer elle-même ses soins au mépris des convenances de l'époque, jeune fille joviale, elle a fait un mariage de raison en 1853 avec l'austère duc de Brabant[2] (futur roi Léopold II de Belgique). En effet la jeune monarchie belge, issue d'une révolution qui avait mis sur le trône un roi luthérien (1830-1831), cherchait une épouse issue d'une dynastie prestigieuse et catholique lui permettant d'entrer pour de bon dans le cercle fermé des têtes couronnées. Après les révolutions de 1848 qui avaient ébranlé les monarchies européennes, la Maison de Habsbourg-Lorraine était toute désignée.

Les caricaturistes prétendirent que c'était le mariage d'un palefrenier et d'une religieuse (la religieuse étant le duc de Brabant)...

Le couple aura quatre enfants : la princesse Louise, le prince héritier Léopold, les princesses Stéphanie et Clémentine.

Un mari impossible

Un couple si mal assorti ne pouvait durer. Timide et capricieux, le duc de Brabant ne fit aucun effort pour s'accorder avec sa femme et, son austérité se muant en un cynisme méprisant et égoïste, se livra sans pudeur à l'adultère. Lors de son couronnement, il refusa que la reine, pourtant mère de ses trois enfants dont le prince héritier, soit associée aux cérémonies.

Deux ans plus tard, la cour de Bruxelles fut affectée par l’exécution de l'empereur Maximilien Ier du Mexique, frère de l'empereur François-Joseph Ier d'Autriche et la folie de l'impératrice Charlotte, sœur du roi Léopold. Celle-ci, immensément riche, fut internée au Château de Miramar près de Trieste. La reine se rendit à Vienne auprès des siens et négocia le retour de l'infortunée impératrice dans sa patrie d'origine.

Le duc de Brabant

Malgré ses bons offices, le couple royal de Belgique n'était pas plus uni et le décès (en 1869) de leur fils unique, le duc de Brabant âgé de 10 ans, s'il affecta profondément les souverains (pour des raisons affectives chez la reine mais également politiques chez le roi), amplifia la mésentente des époux. Le roi dans un réflexe dicté par le désespoir tenait sa femme pour responsable de la mort de l'enfant. Celui-ci jouant dans le parc était tombé dans un bassin et avait contracté une pneumonie qui l'emporta.

L'année suivante éclata la guerre franco-prussienne et, si le souverain belge parvint à sauvegarder l'indépendance de son pays, la reine se dévoua aux soins des blessés. La princesse Stéphanie, âgée de 6 ans, contracta le typhus au grand dam de ses parents qui craignaient de voir mourir un second enfant. La petite princesse ne fut sauvée que par les soins d'un médecin ardennais inconnu mais à qui le couple royal avait accordé ses entrées.

Malgré un bref rapprochement dont le but était d'obtenir un second fils (ce fut une fille, la princesse Clémentine née en 1873), le couple vécut séparément. Le roi, n'ayant plus de fils, chercha à déshériter ses filles et se voua peu après à la colonisation du Congo.

La reine se retira à Ostende et à Spa, pleine de dignité, se consacra à l'éducation de ses filles qu'elle éleva "à la dure" et fut une souveraine solitaire et très discrète mais qui avait perdu sa joie de vivre. Elle s'entoura d'artistes et s'adonna à la musique, à la peinture et à l'équitation mais aussi à des œuvres charitables.

Des filles mal mariées

Elle essaya de marier ses filles le plus brillamment possible, Louise avec son cousin richissime Philippe de Saxe-Cobourg-Kohary, fils du richissime prince Auguste et de la princesse Clémentine d'Orléans qui se révéla un pervers tyrannique et débauché. Louise se "revancha" en dépensant la fortune de son mari et en le trompant ouvertement ; le prince la fit interner sous prétexte qu'elle s'était réfugiée dans les bras d'un chevalier servant. Louise finit par s'enfuir, divorça en 1906 (un scandale à l'époque) et épousa son "sauveur". La mort avait épargné à la reine une telle humiliation.

Stéphanie fit l'orgueil de ses parents en contractant l'union la plus prestigieuse de son époque avec l'archiduc héritier d'Autriche et de Hongrie Rodolphe, fils de l'empereur d'Autriche et roi de Hongrie François-Joseph Ier (précédemment cité) et de la fameuse Sissi. La reine Marie-Henriette ne pouvait que se réjouir que sa fille épousât un Habsbourg-Lorraine...

Le mariage était prématuré. Après ses premières et très difficiles couches - une fille Elisabeth-Marie d'Autriche, "la future archiduchesse rouge" - Stéphanie devint stérile. Atteint d'une maladie vénérienne qu'il avait transmise à son épouse, Rodolphe comprit qu'il ne pourrait donner d'héritier au trône et le couple, dont les centres d'intérêt divergeaient, ne s'entendit pas. L'archiduc s'abandonna à sa vie de débauche - en compagnie notamment de son beau-frère Philippe de Saxe-Cobourg - avant de mourir tragiquement à Mayerling en 1889.

Veuve et sans avenir à 24 ans, Stéphanie se retira en Hongrie et contracta comme sa sœur ainée une union morganatique qui lui aliéna les familles impériale d'Autriche et royale de Belgique (1900).

Une vie solitaire

Entre temps, la reine Marie-Henriette avait quitté la cour de Bruxelles pour résider à la ville thermale de Spa, laissant le rôle de première dame à sa fille cadette la princesse Clémentine.

Son neveu le prince Baudouin, fils du comte de Flandres et - après son père - héritier du trône de Belgique - mourut prématurément en 1891 à l'âge de 21 ans, deux ans après l'archiduc héritier du trône d'Autriche-Hongrie.

La reine Marie-Henriette mourut en 1902 après avoir accueilli chaleureusement celle qui serait la plus populaire - et peut être la plus heureuse - reine des Belges, la duchesse Élisabeth de Bavière épouse de son neveu le futur roi Albert Ier de Belgique.

La reine Marie-Henriette est inhumée dans la crypte royale de l'Église Notre-Dame de Laeken.

Notes et références

  1. (fr)arbre généalogique sur genealogiequebec.info. Consulté le 29 août 2010.
  2. (fr)arbre généalogique des Habsbourg-Lorraine sur genealogiequebec.info. Consulté le 29 août 2010.
Précédé par Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine Suivi par
Louise-Marie d'Orléans
Greater Coat of Arms of Belgium.svg
Reine des Belges
1865 – 1902
Élisabeth de Bavière

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Marie-Henriette de Habsbourg-Lorraine de Wikipédia en français (auteurs)

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