Marie thérèse de france (1778-1851)

Marie thérèse de france (1778-1851)

Marie Thérèse de France (1778-1851)

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Marie-Thérèse de France par Alexandre-François Caminade, 1827, Musée du Louvre.

Marie Thérèse Charlotte de France[1], née le 19 décembre 1778 à Versailles et décédée le 19 octobre 1851 à Frohsdorf en Autriche, est la fille aînée du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette d’Autriche. Elle est le seul membre de la famille royale stricto sensu à avoir survécu à la Révolution. Le 10 juin 1799, en épousant son cousin, Louis, elle devient duchesse d’Angoulême, puis dauphine de France, puis en exil comtesse de Marnes. Nonobstant le principe d'indisponibilité de la Couronne, elle eût été Reine l'espace de vingt minutes, à la suite de l'abdication de son beau-père et oncle, le Comte d'Artois, Charles X.

Sommaire

Biographie

Baptisée dans la chapelle du château de Versailles le jour de sa naissance, elle est appelée Madame ou Madame Royale. Sa mère l'appelait toutefois par le surnom de Mousseline. Elle est le premier enfant de Louis XVI et de Marie-Antoinette qui naît, après plus de 8 ans de mariage. Madame Royale connut une enfance normale de fille de France dans le château de Versailles. De nombreux écrits témoignent du caractère orgueuilleux de la jeune Princesse (les mémoires de la Baronne d'Oberkirch notamment), que Marie-Antoinette se souciait beaucoup de corriger.

Sous la Révolution

Marie-Thérèse de France en 1796.

C'est une enfant de 10 ans qui se trouve confrontée aux violences de la révolution lors de l'installation forcée de sa famille au Palais des Tuileries à Paris (6 octobre 1789). Le comte de Fersen, prétendu « amant de la Reine », convainc le roi et la reine de s'enfuir (épisode de Varennes-en-Argonne) le 20 juin 1791. La famille royale (le roi, déguisé en valet, la reine, déguisée en chambrière,la sœur du roi, Madame Elisabeth, le dauphin habillé en fille, Marie-Thérèse et la marquise de Tourzel, gouvernante des enfants) se font prendre et sont ramenés, non sans risque pour leur vie, au château, puis, après une dernière émeute, le 10 août 1792, emprisonnés à la prison du Temple. Suite à son procès commencé en décembre, le roi déchu est condamné à mort. Charlotte a 14 ans. Elle commence peu avant l'exécution de son père (le 21 janvier 1793) à écrire ses mémoires. En septembre 1793, sa mère est transférée à la Conciergerie de Paris et elle est séparée de son frère.

Premier exil

La princesse est emprisonnée avec sa famille dans la Tour du Temple après la Journée du 10 août 1792. Dans un premier temps, alors que l'attention de tous est fixée sur le roi et la reine, les enfants restent dans l'ombre. Toutefois, à partir du moment où Marie-Antoinette disparaît (16 octobre 1793), le situation change : les survivants, le Dauphin, Marie-Thérèse et sa tante Élisabeth, ne peuvent être jugés pour des crimes politiques dont ils sont innocents. Ils seront dès lors poursuivis pour ce qu'ils représentent et non pour ce qu'ils sont.

Après l'exécution de son père le 21 janvier et de sa mère le 16 octobre 1793, elle reste seule avec sa tante paternelle, Madame Élisabeth, 29 ans et son jeune frère Louis, âgé de 8 ans.

Le 10 mai 1794, Madame Élisabeth est à son tour guillotinée.

Le 8 juin 1795, son frère Louis « XVII » meurt des suites de mauvais traitements et de tuberculose. Marie-Thérèse passe son adolescence en prison et n'apprend leur mort qu'en juillet 1795. Elle puise un grand réconfort moral dans sa foi.

Elle est finalement libérée le jour de ses dix-sept ans (19 décembre 1795), échangée contre les Français (Pierre Riel, marquis de Beurnonville, Jean-Baptiste Drouet, Hugues-Bernard Maret et Charles-Louis Huguet de Sémonville) capturés par l'armée autrichienne. En quittant la France, elle aurait versé des larmes, ne tenant aucune rigueur aux Français pour ses malheurs. Elle vécut dès lors à Vienne (Autriche) (accompagnée par François Hue), à la cour de son cousin germain l'empereur François II, qu'elle tient cependant pour responsable de la mort de sa mère, Marie-Antoinette, à cause de son inaction. Son séjour forcé à Vienne la rendit froide et maussade.

Dauphine de France

Après avoir refusé d'épouser l'archiduc Charles-Louis, frère de l'empereur et valeureux officier, mais « un ennemi de la France », elle épouse à 20 ans, le 10 juin 1799, au château de Mitau (en Lettonie) un autre de ses cousins germains, Louis Antoine d'Artois, duc d'Angoulême, fils aîné du futur Charles X.

Dès lors, elle partage l'exil de son oncle Louis « XVIII », qui utilise son image de « martyre de la Révolution » pour rallier les royalistes et intéresser les souverains européens à sa cause. Marie-Thérèse partage la vie de son oncle, plus que celle de son propre époux, le duc d'Angoulême. Madame est la véritable reine de la petite cour en exil, même si l'épouse de Louis XVIII, Marie-Joséphine de Savoie, est en vie. Cependant, le mariage de la fille de Louis XVI, resta stérile et, devenue dauphine de France à la mort de Louis XVIII, elle ne donna pas de descendance aux Bourbons (quelques biographes ont évoqué une possible non-consommation du mariage ou une azoospermie du duc[réf. nécessaire]).

En 1807, perdant tout espoir de revenir en France, les Bourbons gagnent l'Angleterre et s'installent à Hartwell. Marie-Thérèse, agée de 29 ans, y retrouve son beau-père et son beau-frère, le duc de Berry.

Rentrée en France en 1814 lors de la Restauration, après vingt années d'exil, Marie-Thérèse, 36 ans, défend la monarchie. Elle est plus proche des idées conservatrices de son beau-père, le comte d'Artois, que des idées plus modérées de Louis XVIII.

Second exil

En 1815, pendant les Cent-Jours, elle se trouve à Bordeaux, où elle tente d'organiser la résistance à Napoléon, quand le roi s'est réfugié en terre étrangère, à Gand. Napoléon, admiratif, dira d'elle qu'elle était « le seul homme de la famille », et la laisse s'embarquer pour l'Angleterre.

Après les Cent-Jours, elle revient à Paris, s'opposant à la politique libérale de son oncle, Louis XVIII, mais réprouvant aussi les idées trop réactionnaires du comte d'Artois, son beau-père. En 1824, à la mort de Louis XVIII, Charles X (ex-comte d'Artois) devient roi et le duc d'Angoulême, dauphin. À 46 ans, Marie-Thérèse devient dauphine - comme l'avait été, avant elle, sa mère. Elle sera la dernière dauphine que la France connaîtra.

Charles X, ancien meneur des « ultras », promeut une politique visant à rétablir la monarchie absolue, qui aboutit à la Révolution de 1830.

Troisième exil

La révolution de 1830 entraîne un troisième et dernier exil de la famille royale, en Écosse tout d'abord, puis au Château de Prague d'octobre 1832 à mai 1836. La mort de son oncle et beau-père Charles X le 6 novembre 1836 fait de Marie Thérèse, 58 ans, la nouvelle reine de France et de Navarre, aux yeux des légitimistes. Son mari prend désormais pour prénom usuel Louis tout court, ainsi que le titre de courtoisie comte de Marnes. Aux yeux des légitimistes, il est Louis XIX. Il meurt le 3 juin 1844.

Marie-Thérèse a alors 66 ans.

N'ayant pas eu d'enfant, Marie Thérèse se consacre à l'éducation de son neveu Henri d'Artois, héritier présomptif du comte de Marnes et de sa nièce Louise d'Artois après la disgrâce de leur mère (1832). Princesse en exil mais femme de tête, en 1845, elle réussit à marier Louise à un prince régnant de la Maison de Bourbon, Charles III, duc de Parme L'année suivante, elle fait épouser à Henri l'archiduchesse Marie-Thérèse de Modène pour la seule raison que son père est le seul souverain à ne pas avoir reconnu la monarchie de Juillet.

Elle meurt à Frohsdorf, près de Vienne (Autriche), le 19 octobre 1851 à près de 73 ans. Elle est inhumée dans un monastère franciscain à Kostanjevica (Nova Gorica, Slovénie), où reposent également son oncle, Charles X, son mari le duc d'Angoulême et depuis 1883, son neveu, le comte de Chambord.

La légende

L'identité de Marie-Thérèse et de la duchesse d'Angoulême est parfois discutée : certains prétendent que Marie-Thérèse de France pourrait être identifiée à la mystérieuse Comtesse des Ténèbres qui vécut en Allemagne, dans le duché de Saxe-Hildburghausen, jusqu'à sa mort en 1837. Théorie fragile si l'on considère les témoignages de ses contemporains et, en premier lieu, de la famille royale elle-même qui n'a jamais douté de son identité[2].

Testament

Madame Royale laissa un testament à n'ouvrir qu'un siècle après son décès. Cet écrit fit couler beaucoup d'encre et entretint beaucoup d'espoirs. Certains royalistes attendaient en effet des révélations sur la survivance de Louis XVII, mais le document ne contenait en réalité rien de très nouveau. Madame Royale avait en effet reçu secrètement des hommes prétendant être Louis XVII mais avait toujours refusé de recevoir le plus fameux d'entre eux : Karl-Wilhelm Naundorff.

Témoignages

Avant la destruction du Temple ordonnée par Bonaparte, des témoins ont relevé dans ce qui avait été la chambre de Madame Royale, les graffitis suivants (A. de Beauchesne) :

«  Marie-Thérèse-Charlotte est la plus malheureuse personne du monde. Elle ne peut obtenir de savoir des nouvelles de sa mère, pas même d'être réunie à elle quoiqu'elle l'ait demandé mille fois. Vive ma bonne mère que j'aime bien et dont je ne peux savoir des nouvelles. Ô Mon dieu, pardonnez à ceux qui ont fait mourir mes parents. Ô mon père, veillez sur moi du haut du Ciel. Ô mon Dieu, pardonnez à ceux qui ont fait souffrir mes parents. »

Notes et références

  1. Marie Thérèse Charlotte étant sa signature et Charlotte son prénom usuel
  2. Prince Frédéric de Saxe-Altenbourg, L'énigme de Madame Royale, Flammarion, Paris, 1954

Ouvrages modernes

  • Philippe Delorme, Les Princes du malheur - Le destin tragique des enfants de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Éditions Perrin, Paris, 2008.

Liens

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(impératrice des français)

Marie-Antoinette d'Autriche
(succession légitimiste)
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Marie-Amélie des Deux-Siciles
(reine des français)

Marie-Thérèse de Modène
(succession légitimiste)
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