Mer du Nord

Mer du Nord
Mer du Nord
Carte de la mer du Nord.
Carte de la mer du Nord.
Géographie humaine
Pays côtier(s) Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de France France
Drapeau de Belgique Belgique
Drapeau : Pays-Bas Pays-Bas
Drapeau d'Allemagne Allemagne
Drapeau du Danemark Danemark
Drapeau de Norvège Norvège
Drapeau de Suède Suède
Géographie physique
Type Mer epicontinentale
Localisation Océan Atlantique
Coordonnées 56° N 4° E / 56, 456° Nord
       4° Est
/ 56, 4
  
Superficie 575 000 km2
Profondeur
· Maximale 700 m

Géolocalisation sur la carte : Europe

(Voir situation sur carte : Europe)
Mer du Nord

La mer du Nord est une mer épicontinentale de l'océan Atlantique, située au nord-ouest de l'Europe, et qui s'étend sur une superficie d'environ 575 000 km².

Les pays qui bordent la mer du Nord sont :

Elle communique avec :

La limite maritime géodésique entre la Mer du Nord et la Manche est délimitée par les points suivants : Point terrestre britannique : South Foreland (au nord de Douvres) : 51°08'25" N et 1°22'16" E Point terrestre français : Phare de Walde (au nord de Calais) : 50°59'40" N et 1°54'55"E

La mer du Nord constitue une zone de fort transit maritime, d'exploitation pétrolière et de pêche. La mer du Nord et son littoral forment un milieu naturel très riche, mais la pollution marine, la surpêche, l'industrie pétrolière (plates-formes offshore) et le tourisme sont sources de menaces pour l'avenir. Elle est en aval du centre de l'Europe industrielle, de l'estuaire du Rhin aux fjords norvégiens et aux falaises du nord de la Grande-Bretagne. Le secteur Manche/Sud Mer du Nord, incluant le pas de Calais est considéré comme représentatif de mers mégatidales peu profondes, caractérisées par un fort courant et une eau très turbide (en raison des courants et phénomènes de renversement de marées), ce qui en fait une zone écologiquement particulière, mais également vulnérable au risque maritime en raison d'un intense trafic maritime (marchand et passager).

Sommaire

Géographie

NASA NorthSea1.jpg

Vers le Nord, à partir de latitude 53°24", d'une manière générale, le fond de la mer du Nord descend irrégulièrement. Vers le Sud, il s'incline vers le pas de Calais. La crête sous-marine se montre en bleu dans cette carte. La mer du Nord possède peu de zones profondes de plus de 100 m. Les profondeurs rencontrées dans sa partie méridionale sont de l'ordre de 40 m. Ce secteur est composé de nombreux hauts-fonds ou bancs probablement des ères glaciaires mouvant au gré des fortes marées. Ceux-ci représentent d'importants dangers maritimes. À l'Est de la Grande-Bretagne, le vaste plateau morainique du Dogger bank s'élève jusqu'à -15 à -30 m, formant ainsi une région très poissonneuse.

Les plus grandes profondeurs se trouvent dans la fosse norvégienne qui longe la côte norvégienne de la mer de Norvège jusqu'à Oslo. Large de 25 à 35 km, elle est profonde de 300 m environ au large de Bergen, et atteint jusqu'à 700 m dans le Skagerrak.

On trouve aussi des grandes profondeurs dans la partie occidentale de la mer du Nord, comme le trou du diable (Devil's Hole) au large d'Édimbourg, jusqu'à plus de 460 m ; ou quelques tranchées au large de la baie The Wash (The Wash). Ces couloirs pourraient avoir été formés par les cours d'eau pendant la dernière glaciation. En effet, à cette époque de glaciation, le niveau de la mer du Nord se trouvait plus bas que le niveau actuel (régression). Les fleuves auraient alors érodé certaines parties alors découvertes que la mer recouvre aujourd'hui (transgression). Ce qui est le plus probable est qu'ils soient des restes de vallées tunnels maintenues ouvertes par les courants de marée.

Les côtes septentrionales de la mer du Nord sont déchiquetées, dépouillées par des glaciers des périodes glaciaires, tandis que celles de la partie méridionale sont douces : recouverts des débris glacials déposés ou directement par la glace ou redéposés par la mer. Les montagnes norvégiennes plongent dans la mer, donnant naissance, au nord de Stavanger à des fjords profonds et à archipels aux multiples îles et îlots. Au sud de Stavanger, la côte s'adoucit, les îles deviennent moins nombreuses. La côte écossaise orientale présente elle aussi cette allure déchirée, moins marquée toutefois qu'en Norvège. À partir de la tête de Flamborough (Flamborough Head), dans le Nord-Est de l'Angleterre les falaises rapetissent, leur matériau de moraine, moins résistant, s'érode plus facilement, les côtes prennent des contours plus arrondis. En Hollande, Belgique et dans l'Est de l'Angleterre (East Anglia) le littoral devient bas et marécageux. Les côtes est et sud-est de la mer du Nord (la mer des Wadden) sont principalement sablonneuses et rectilignes, notamment en Belgique et au Danemark.

Des eaux très riches

phoque

Mammifères marins

Les eaux de la mer du Nord sont différentes des autres. Un système complexe de marées et de courants apporte les eaux riches de l'Atlantique par la Manche en créant des milieux variés qui nourrissent une grande diversité d'animaux. Trente espèces de cétacés y vivent, ainsi que six espèces de phoques dont deux se reproduisent sur ses côtes, le phoque gris et le veau marin.

Poissons

Plus de 170 espèces de poissons, dont des requins, l'aiglefin, la morue, le maquereau, le hareng, le lançon et le sprat fréquentent les eaux grises de la mer du Nord. Les raies, les poissons plats, les anguilles et la baudroie sont tapis sur le fond.

Invertébrés

Les fonds abritent également des myriades d'invertébrés tels que homards, éponges, oursins, crabes et poulpes. Sur les hauts fonds, les forêts de varech abritent balanes et moules.

Contexte

Les écosystèmes de cette zone, notamment suivi par OSPAR montrent des signes de fortes transformations liées aux pressions de pêche, aux apports terrigènes en nutriments, au réchauffement climatique et à des phénomènes cycliques tels que la North Atlantic Oscillation, variation climatique périodique naturelle à grande échelle spatiale mesurée par l'indice NAO qui semble par exemple bien corrélé aux variations périodiques de certaines communautés de microalgues en zone côtière belge (S-E de la Mer du Nord)[1] .

Économie

De pétrole et de gaz

En 1958, des géologues ont découvert un gisement de gaz naturel dans Slochteren dans la province néerlandaise de Groningue et il était soupçonné qu'un plus grand nombre de domaines gisaient sous la mer du Nord. Toutefois, à ce stade, les droits à l'exploitation des ressources naturelles sur la haute mer étaient encore en litige.

Un test de forage a débuté en 1966 et, en 1969, Phillips Petroleum Company (en:Phillips Petroleum Company) a découvert le gisement pétrolier Ekofisk (devenu norvégien), qui à ce moment-là était un des 20 plus importants au monde et s'est avéré être précieux par la faible teneur en soufre de son pétrole. L'exploitation commerciale a commencé en 1971 avec les navires-citernes et après 1975 par un gazoduc d'abord vers Cleveland, en Angleterre, puis un second après 1977 vers Emden, en Allemagne. Depuis la découverte de pétrole en Mer du Nord dans les années 1970, des surnoms d'Aberdeen ont été Capitale Européenne du Pétrole ou Capitale Européenne de l'énergie.

L'exploitation des réserves de pétrole de la mer du Nord a commencé juste avant la crise pétrolière de 1973, et la montée des prix internationaux du pétrole ont rendu les gros investissements nécessaires pour l'extraction beaucoup plus attrayants. Dans les années 1980 et 1990, de nouvelles découvertes de grands gisements de pétrole ont suivi. Bien que les coûts de production soient relativement élevés, la qualité du brut, la stabilité politique de la région, et la proximité de marchés importants en Europe occidentale ont fait de la mer du Nord une importante région productrice de pétrole. La plus grande catastrophe humaine dans l'industrie pétrolière en mer du Nord a été la destruction de la plate-forme pétrolière offshore Piper Alpha en 1988 lors de laquelle 167 personnes ont perdu la vie. Une grande éruption en 1977 dans le domaine Ekofisk a donné lieu à un écoulement de pétrole sans entrave à la mer pendant une semaine avant qu'il ne soit colmaté, les estimations de la quantité d'hydrocarbures rejetés dans l'environnement varient entre 86000 et 202380 barils (environ 10000 à 30000 tonnes, en fonction de la densité de l'huile). En revanche, les incendies sur le Piper Alpha ont brûlé la plupart des hydrocarbures à bord et libéré des puits perturbés.

Avec plus de 450 plates-formes pétrolières, la mer du Nord est la plus importante région du monde pour le forage au large. La partie britannique de la mer du Nord a le plus grand nombre de plates-formes, suivie par les norvégiens, néerlandais, et danois. Outre les champs de pétrole Ekofisk, le champ de pétrole Statfjord est aussi à noter comme étant à l'origine du premier gazoduc vers la Norvège. Le plus grand gisement de gaz naturel en mer du Nord, Troll Field (en:Troll gas field), se trouve dans la fosse norvégienne à une profondeur de 345 mètres (1100 pieds). Une plate-forme géante a été nécessaire pour y accéder. La section allemande a seulement deux plates-formes pétrolières, la plus grande des deux est le Mittelplate (en:Mittelplate), et l'Allemagne est le pays riverain qui a le moins développé l'extraction.

En 1999, l'extraction a atteint un niveau record avec une production de près de 6 millions de barils (950 000 m³) de pétrole brut et 280 000 000 m³ (999 000 000 pieds cubes) de gaz naturel par jour. Toutes les grandes compagnies pétrolières ont été impliquées dans l'extraction. Mais ces dernières années, les grandes entreprises comme Shell et BP ont cessé l'extraction et, depuis 1999, les quantités extraites ont constamment diminué en raison de l'épuisement des réserves.

Le prix du Brent Crude, l'un des premiers types de pétrole extraites de la mer du Nord, est utilisé aujourd'hui comme un standard de comparaison de prix pour le pétrole brut en provenance du reste du monde (en:Brent Crude).

Les énergies renouvelables

Le sud de la mer du Nord, n'a pas de marées ou vagues ou courants faciles à exploiter en raison de la nature des fonds et du fort trafic émergeant du pas de Calais. Les projets éoliens offshores qui ont émergé dans les années 1990 dans le Nord-Pas-de-Calais ont été retardés. De grands projets éoliens ont débuté plus au nord et au nord-ouest dès les années 1990 où les vents dominants sont forts et réguliers; Angleterre et Danemark notamment ont utilisé les zones marines côtières pour produire de l'énergie.
La ferme éoliennes offshore de Blyth (Royaume-Uni, 2000) a précédé celle de la côte danoise (2002 près de Horns Rev) et d'autres ont été mises en service (dont OWEZ et Scroby Sands) ou sont en projet (ex : 2 parcs prévus pour 2012 sous réserve de délivrance des concessions demandées par le belge Electrabel ; Blue4PowerI au nord du Bligh Bank à 60 km du trait de côte et Blue4PowerII à 20 km au sud du précédent entrele Bligh Bank et le Bank zonder Naam).
Certains parcs offshore ont rencontré une résistance, par exemple en Allemagne, à propos des impacts environnementaux (collisions avec oiseaux, perturbations sous-marines lors de la pose des fondations..). La distance aux consommateurs conduit à des pertes énergétiques de transmission.

L'énergie marémotrice n'est pas oubliée : Deux premières grandes turbines à eau profonde sont en commande pour Talisman Energyen Écosse, à 25 km (15 milles) en mer près du champ pétrolier Beatrice. (88 m (290 pieds) de haut et pales longues de 63 m, soit 210 pieds qui devraient produire 5 MW chacune, ce qui en fait le plus gros projet au monde. La côte norvégienne et l'intersection avec la mer d'Irlande pourraient être jugées aptes pour y exploiter l'énergie des vagues et/ou des courants marins.

Les premières tentatives de centrale d'électricité utilisant les vagues sont nées en 2003-2005 au Danemark. Le European Marine Energy Centre (EMEC) basé à Stromness Orkney (Écosse) est un organe de recherche soutenu par le gouvernement. Il a construit un site de tests en mer à Billia Croo sur le continent Orcades et une station d'essai d'utilisation de l'énergie marémotrice sur l'île voisine de Eday. Une petite installation-pilote pour la production d'énergie bleue existe à Trondheim (Norvège).

Les conséquences de la surexploitation et des pollutions

Chalutier à quai
Coucher de soleil à Dorum (Allemagne)

Pendant des siècles, la mer du Nord a nourri les peuples qui vivaient le long du littoral. Mais ces dernières années, ses ressources naturelles ont été soumises à des pressions nouvelles. La surpêche a décimé les harengs et les morues. En 1983, des quotas de pêche ont été définis, mais n'ont pas suffit à protéger la ressource qui est prélevée plus vite qu'elle ne peut se renouveler : les experts pensent aujourd'hui qu'il faudrait diviser ces quotas par deux voire plus.

Des poissons malades, parasités ou malformés forment une part croissante des captures. On pense que cela est dû à la pollution. On a rejeté en Manche/mer du Nord de nombreux déchets marins, dont des munitions anciennes et des déchets radioactifs qui resteront dans l'écosystème pendant des siècles. Les hydrocarbures provenant du nettoyage des cuves en mer ou des accidents de navires pétroliers restent une menace grave pour la faune.

Chaque année, la Grande-Bretagne envoie 250 000 tonnes d'azote qui eutrophisent la mer du Nord, par voie aérienne. Mais la plus grosse pollution vient de la terre, apportée par les fleuves ou les égouts.

Le littoral menacé

Sylt (Allemagne)
Littoral belge

Les côtes de la mer du Nord sont très variées, des rivages rocheux aux marais salés et vasières des estuaires, aux longues plages bordées de dunes. Vasières et estuaires sont des aires de nutrition essentielle pour les limicoles comme le chevalier gambette et le bécasseau variable, ainsi que les canards et les oies. Lorsque la mer se retire avec la marée, tous viennent se nourrir de crustacés et mollusques cachés dans la vase.

Malgré des efforts de protection, ces biotopes restent vulnérables et menacés. Les marais fragiles sont fragmentés, drainés et localement densément construits de huttes et mares de chasse (sources durables de plomb et de saturnisme aviaire) eutrophisés ou affectés par des sédiments pollués, éventuellement d'origine portuaire. Les blooms planctoniques, dont de Phaeocystis ou Pseudonitzchia delicatissima sont de plus en plus importants, étant un indicateur peut-être comparable à celui des marées vertes en Bretagne ou invasions de méduse en méditerranée;

Depuis deux siècles, de nombreuses zones humides arrières littorales des côtes de la mer de Nord ont disparu, drainées et récupérées par l'agriculture, l'industrie ou le tourisme. Ont ainsi été transformés en terres agricoles 40 000 hectares de la Waddenzee, zone qui accueille 1000 espèces animales et végétales et d'importants sites de frai. Entre 1935 et 1982, 48% des estuaires de la Tamise, de Medway et de Swale ont été mis en valeur et 90% de l'estuaire de la Tees ont été transformés en zone industrielle. Celles qui restent se sont parfois fortement dégradées.
Toutes ces régions servaient de sites d'hivernage aux limicoles et anatidés. D'autres ont été drainées et détruites pour agrandir les ports, comme autour de Rotterdam.

Les oiseaux privés de ces habitats peuvent se déplacer mais sont alors confrontés à des niches écologiques déjà occupées, et ils ont peu de chance de retrouver d'autre sites favorables, ce qui les condamne à mourir ou à avoir peu de chances de pouvoir se reproduire.

Les plans d'action internationaux

Tous les trois ans, la conférence de la mer du Nord réunit les huit États riverains (Belgique, France, Royaume-Uni, Norvège, Suède, Allemagne, Danemark et le Pays-Bas), mais un grand nombre des objectifs n'ont jamais été atteints. Le Royaume-Uni est le pays le plus pollueur et, seul, continue de déverser ses déchets industriels malgré l'accord de 1987 applicable fin 1989.

En 1990, la conférence décidait que le rejet des boues d'égout devait progressivement cesser d'ici 1995 et l'incinération des déchets en bord de mer cesser en 1993. La pollution atmosphérique devait régresser de 50%, tandis qu'étaient étudiés les effets de la pêche intensive.

L'organisation Greenpeace lança dans les années 1980 plusieurs campagnes de protestation contre le rejet de déchets toxiques en mer du Nord. Approuvée par la conférence de la mer du Nord et le parlement européen, elle réclame que cesse toute pollution dès l'an 2000. Mais l'objectif ne sera pas atteint tant que l'industrie continuera de créer des sous-produits toxiques. Il faut passer à des méthodes de production « propres » pour sauver la mer du Nord et sa faune sauvage.

Grands ports de la mer du Nord

Quartier traditionnel à Stavanger (Norvège).

Sources

Références

  1. Breton E, Rousseau V, Parent J-Y, Ozer J, Lancelot C (2006) Hydroclimatic modulation of diatom/Phaeocystis blooms in nutrient-enriched Belgian coastal waters (North Sea). Limnol Oceanogr 51:1401–1409 (Résumé)

Compléments

Articles connexes

Lien externe

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