Michel Treguer

Michel Treguer

Michel Treguer[1] (1940 - ) est un réalisateur de télévision, producteur de radio, journaliste et écrivain

Il fait carrière à Paris et en Bretagne.

Michel Treguer en 2005

Sommaire

Origine

Ascendance entièrement circonscrite dans le Nord-Finistère. Deux grands-mères en coiffe, tenant boutique dans les villages de Plabennec et de Bourg-Blanc. Père instituteur public. Michel est le deuxième enfant d'une famille qui en comptera quatre. Ses premières années pendant la Deuxième Guerre mondiale, jusqu'au cours préparatoire compris, se déroulent dans le petit village de Coat-Méal dont son père tient l'une des deux classes. Puis, à partir de 1946, la famille s'installe à Brest, dans l'une des « baraques américaines » où se trouve logée la population de la cité détruite par les bombardements. École publique de Traon-Quizac, lycée de Brest jusqu'à Math-Sup comprise. En 1958-59, Mathématiques Spéciales au lycée Saint-Louis à Paris, sur le boulevard Saint-Michel. Le jeune homme mène normalement ses études mais se donne aussi fougueusement à sa passion pour le cinéma dans les petites salles du Quartier Latin et la cinémathèque de la rue d'Ulm. Il se trouve frappé par divers troubles somatiques dans lequel il ne reconnaîtra que beaucoup plus tard les stigmates d'un arrachement à son « pays » d'origine. Dès 1959, il entre à l'École Polytechnique qui occupe encore à l'époque ses bâtiments traditionnels de la Montagne Sainte-Geneviève, près du Panthéon. En 1961-62 il doit effectuer (comme sous-lieutenant d'active) une année de service militaire. Après six mois d'école militaire des Transmissions à Montargis, il est affecté en Algérie où il débarque en avril 1962, une semaine après le cessez-le-feu. Dans l'ouest-Constantinois, il vit la passation de pouvoir entre les armées française et algérienne, et la naissance de la nouvelle république indépendante. Avant même la fin de ses études à Polytechnique, il a contacté la « RTF » et plus précisément encore le « Service de la Recherche » dirigé par l'ingénieur musicien Pierre Schaeffer qui lui a promis de faciliter sa reconversion dans les professions artistiques. Auparavant, il suit pendant deux ans les cours de l'École Nationale Supérieure des Télécommunications. En 1964, sa vie professionnelle commence effectivement au Service de la Recherche qui relève désormais de « l'ORTF ». En 1968, la production de premières émissions le conduit à opter définitivement pour une vie de réalisateur "free lance".

Carrière audiovisuelle

En dépit de cette condition de "saltimbanque", son passé de polytechnicien lui vaut de se voir d'abord confier des émissions scientifiques. La télévision est encore naissante et jamais le grand public n'a eu l'occasion de découvrir ni d'entendre les grands ténors de la pensée. Michel Treguer fréquente alors le tout-Paris intellectuel, rencontre nombre de créateurs et d'artistes contemporains (Claude Lévi-Strauss, Jacques Lacan, Roman Jakobson, Henri Atlan, René Girard, Julien Gracq, Hans Hartung, Robert Rauschenberg, etc.). Puis, il diversifie ses activité de réalisateur dans tous les secteurs de la télévision : émissions musicales, enfantines, de fiction ; films, directs, etc. À 30 ans, il décide de surcroît de « rapprendre la langue de sa lignée » qui ne lui pas été enseignée, et, à partir de 1978, tout en poursuivant sa « carrière française » à Paris, il signe également des émissions en breton sur France 3 Ouest à Rennes, qu'il signe Mikeal Treger conformément à l'usage du Goueled Leon, le "Bas Léon" nord-finistérien. (Prononcer « mikéal tréguère ».)

Filmographie

Téléfilms

Sit-coms

  • Salut les homards (2 épisodes, TF1)
  • Sexe, violence et opérette avec Katrine Boorman et le grand orchestre du Splendid (10 épisodes, Réseaux câblés)

Théâtre

Documentaires

Nombreux magazines d’art et de sciences, notamment “Un certain regard” (20, Service de la Recherche ORTF, dont "Quatre savants, une science", "Claude Lévi-Strauss", "Roman Jakobson") - “EURÊKA” (15, 1ère chaîne ORTF, dont "La Vérité difficile" avec Serge Leclaire, "Évariste et les sept dimensions" avec Joël Sternheimer, "India 71" avec Vikram Sarabhai) - “SAGA” (13, TF1, dont "Les Vêpres des grenouilles" avec Donatien Laurent et les Sœurs Goadec - "La petite fille et l'ordinateur" - "Du haut de ces pyramides" avec Christiane Desroches Noblecourt - "La planète des dinosaures" avec Philippe Taquet - "Prière apporter des oiseaux" avec François Billetdoux - "Les Contes de Perrault" - "L'amour en France" avec Anne Kreis et Jean-Gabriel Nordmann - "Histoire de l'art abstrait" avec Hans Hartung, Pierre Soulages, Camille Bryen (France 3) - "Robert Rauschenberg" (France 3) - "Art et révolution à Cuba" avec Ugné Karvélis, Julio Cortazar, Nicolas Guillen, Wifredo Lam, Silvio Rodriguez, Alicia Alonso (2 films, France 3) - "L'homme dénaturé" (Vendredi, France 3) - "Henri Atlan" (Mémoire, INA) - “L’X inconnue” avec Jacques Attali et Alain Finkielkraut (ARTE) - "Bécassine" (France 3 Ile-de-France) - “Brest ville martyr, l’autre ville d’Ys” (France 3) - "L'Arsenal de Brest" (Communauté de communes et Marine Nationale)

Filmographie

"Les Yanomami" avec Jacques Lizot (réalisation de Jean-Pierre Marchand, France 2) -"Igloolik" avec Bernard Saladin d'Anglure (2 films, France 3) - "Les Baruyas" avec Maurice Godelier (réalisation de Yann Dunlop, France 3)

  • Variétés : “Silence Télé !” avec Jacques Mailhot (F3 Ile-de-France)
  • Directs et magazines : “Télématin” (30, France 2) - “Top à l’Ouest” (10, France 3 Ouest) - “Caractères”, “Jamais sans mon livre”, “Rapptout” de Bernard Rapp (30, France 2, France 3) - “Ah quels titres !” avec Philippe Tesson (France 3) - “Faut pas rêver” (2, France 3) - “Nimbus” avec Élise Lucet (10, France 3) dont "L'homme réparé" (Prix Roberval 1995) - “Comment ça va ?” avec Jean Lanzi (5, France 3) - “The Best of Albertville 92” (en haute-définition 1250)
  • Radio (France Culture) : "Un après-midi en Bretagne avec les sœurs Goadec" - "Le conte de Zozebig et Merlin" avec Jean-Louis Rolland (5 épisodes) - 6 émissions d'"ethnologie française" avec Pierre Lamaison - Nombreux entretiens avec des scientifiques et des philosophes ("Les chemins de la connaissance")

Œuvre écrite

  • Faces cachées (Nature et Bretagne, 1984)

Édité à compte d'auteur, c'est un roman qui peut se définir aussi comme une « autobiographie onirique » : une description minutieuse de scènes et d'équipées intérieures auquel un aventurier (de la vie, de l'esprit) cherche à trouver un sens. Déjà se fait jour le credo selon lequel « toute vérité est bonne à dire », dût-elle jeter une ombre sur le personnage de l'écrivain lui-même ou froisser certains contemporains. Le livre a été peu lu, mais l'auteur ne l'a jamais retiré de sa bibliographie. Il en a cité quelques pages dans des ouvrages ulltérieurs et espère toujours le faire un jour publier de nouveau.

  • Vivre ses vies (Nature et Bretagne, 1984)

Il s'agit d'un bref apologue romanesque qui conte quatre vies possibles d'un même personnage. L'auteur rapproche lui-même volontiers cette exploration du livre (antérieur) de Pierre Gripari « Vies parallèles de Roman Branchu » et du film (ultérieur) de Krzysztof Kieslowski « Le Hasard ». Si nombre de scènes se situent en Bretagne, d'autres étendent l'action à Paris et aux États-Unis.

  • Quand ces choses commenceront..., avec René Girard (Arléa, 1994)

C'est la transcription d'un dialogue serré entre deux interlocuteurs que leur amitié réciproque ne conduit pas à la moindre concession intellectuelle. La théorie « mimétique » de René Girard et l'anthropologie qui en découle s'y trouvent clairement exposées, ainsi que quelques confidences inédites sur leur surgissement originel dans la vie du philosophe. Pour autant, l'un reste croyant, l'autre pas...

C'est une approche de « l'autre monde » de la culture celtique (bretonne, galloise, irlandaise, gauloise) qui, pour avoir été enfoui par l'Histoire dans l'inconscient des Occidentaux, n'en continue pas moins à fournir aux écrivains du monde entier et aux cinéastes de Hollywood d'inépuisables thèmes, comme ceux de la Légende arthurienne. Donatien Laurent est le plus grand ethnologue breton qui a notamment mis un terme à la « querelle du Barzaz Breiz » en montrant que l'essentiel des chants populaires recueillis par La Villemarqué au XIXe siècle était authentique mais en précisant néanmoins les « réfections » opérées par le collecteur. Le livre alterne des chapitres rédigés par l'un ou l'autre auteur et des transcriptions de dialogues entre eux.

C'est une « autobiographie intellectuelle » assez complète dans laquelle Michel Treguer s'interroge sur sa propre trajectoire, évoque ses rencontres avec des contemporains et questionne son rapport à l'Histoire. Dans la dernière partie, il fait face à la difficile histoire de la langue bretonne, depuis la fatwa de l'abbé Grégoire sous la Révolution jusqu'aux événements de la Deuxième Guerre mondiale.

  • Espèce d'Homme ! (Éditions du Temps, 2007)

Sous-titré par l'éditeur « Essai sur l'identité », il s'agit cette fois d'une méditation reprenant sur un mode plus abstrait, plus universel, les concepts épinglés, dans le texte d'"Aborigène occidental", sur la vie de l'auteur. Les autres penseurs dont Michel Treguer commente (souvent un peu rudement) les œuvres sont ici des philosophes français.

  • Gwir (Éditions Yoran Embanner, 2008)

Gwir est un mot breton qui veut dire à la fois « vrai » et « juste ». Prolongation du précédent, ce livre est une incursion dans le domaine politique. Il évoque, en donnant toutes les références précises, la fameuse agitation de l'année 2008 en France, qui a mobilisé les deux Chambres, le Conseil d'État, le Conseil Constitutionnel, l'Académie, toutes sortes d'associations de tous bords, et qui a finalement abouti à l'inscription (modeste) des langues régionales dans la Constitution française.

  • Avec le temps (editions-dialogues.fr, 2010)

Sous-titré « Chronique d'un village breton sous l'occupation allemande », il s'agit du livre de bord d'un enquêteur méticuleux, bouleversé par la révélation tardive de silences familiaux s'ajoutant à ceux de l'école républicaine pour faire peser sur sa vie le poids d'un « double mensonge ». « On ne lui avait pas tout dit. » Michel Treguer découvre après le décès de son père que l'intéressé, instituteur laïque, était probablement croyant ; que sa grand-mère a été suspectée (à tort) à la fin de la guerre, dans son village de Bourg-Blanc (Finistère), de complaisances envers l'occupant allemand. Confronté à la faiblesse de la mémoire des témoins survivants, il finit par retrouver dans un Service d'Archives, le dossier des dénonciations de l'époque, ainsi que d'extraordinaires documents : des lettres écrites depuis l'enfer du Front russe par des militaires allemands à leurs « amis » blanc-bourgeois. Une méditation sur la mémoire, sur la transmission entre générations, sur la fabrication d'une Histoire officielle...

De l'identité

Michel Treguer a consacré une partie de son œuvre écrite aux notions d'humanité et d'identité, dans ses ouvrages La Nuit celtique, Aborigène occidental, Espèce d'Homme ! et Gwir. On peut même, dans un autre genre, y adjoindre Avec le temps.

Il s'est également attaché à rendre accessible en français le recueil Un Breton redécouvrant la Bretagne de Roparz Hemon[2]. Ces articles initialement publiés en langue bretonne entre 1922 et 1935 s'attachaient certes surtout à proposer des moyens de revitaliser la culture bretonne, mais ils prenaient aussi la défense des « petites nationalités » et annonçaient en un sens la mondialisation à venir. La présentation du livre dans Ouest-France le 15 janvier 2006 ayant provoqué une réaction critique[3] de Françoise Morvan le 20 février suivant, Michel Treguer lui avait répondu dans un article publié en mars 2006 sur le blog de la rédaction d'Ouest-France sous le titre Silences bretons et repris le 1er avril par l'Agence Bretagne Presse[4], en rappelant notamment en ces termes pourquoi il avait opéré cette traduction : « Plusieurs commentateurs présentaient depuis des décennies les articles de jeunesse de Roparz Hemon comme annonciateurs des compromissions de l’Occupation, sans jamais en proposer la lecture intégrale ; des articles qu’aucune université du pays n’avait jugé bon d’éditer en français. Mon entreprise n’était pas fondamentalement militante. Je voulais simplement que les non-bretonnants puissent découvrir d’où était parti le jeune professeur de lycée brestois, certes nationaliste mais admirateur de Tagore, de Gandhi et de toutes les cultures opprimées, avant qu’une tragique histoire n’en fasse, dans l’imaginaire politiquement correct de la Libération, un affreux Breiz Atao. »

Notes et références

  1. Treguer se prononce « Tréguère ».
  2. Roparz Hemon, Un Breton redécouvrant la Bretagne, éditions Yoran Embanner, 2005
  3. http://www.communautarisme.net/grib/
  4. http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=3492

Voir aussi

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Michel Treguer de Wikipédia en français (auteurs)

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