Antoine Eugene Genoud

Antoine Eugene Genoud

Antoine Eugène Genoud

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Antoine Eugène Genoud, dit l’abbé de Genoude, est un ecclésiastique et publiciste français, né à Montélimar (Drôme) le 9 février 1792 et mort à Hyères (Var) le 19 avril 1849.

Sommaire

Biographie

Issu d'une famille bourgeoise originaire de Savoie, il fit ses classes au lycée de Grenoble puis vint à Paris où il étudia le droit et fut, grâce à l'appui de Fontanes, exempté de la conscription et nommé régent de sixième au Lycée Bonaparte à Paris (1811). Il avait commencé par lire Voltaire et Helvétius et acquérir, par leur influence, un fonds de scepticisme que dissipa l'étude de Jean-Jacques Rousseau ; il entra alors au séminaire Saint-Sulpice où il resta peu de temps mais fit la connaissance de Lamennais. Vers la même époque (1812), il fréquenta Chateaubriand dans sa maison d'Auteuil.

Il travaillait alors à une traduction d’Isaïe qui lui attira les tracasseries de la censure impériale parce qu'une note relative à Nabuchodonosor II changé en bête fut interprétée comme une allusion à Napoléon Ier. Il traduisait également L'Imitation de Jésus-Christ.

Dès 1814, dans un ouvrage intitulé Réflexions sur quelques questions politiques, il critiqua le principe d'une charte octroyée, appelant la monarchie à s'appuyer sur un « pacte librement consenti » : « Du peuple, disait-il, dérive la loi, puisque son intérêt doit la former. La liberté ne peut jamais être l'effet que de lois justes. Le roi lui-même est soumis à cet ordre suprême. La loi seule commande et règne. Les droits des rois sont les plus saints de leurs devoirs. »[1]

Pendant les Cent-Jours, il quitta la France par la Suisse et eut à Chambéry une entrevue avec le prince de Polignac, qui le nomma son aide de camp. Lorsque Louis XVIII eut été rétabli sur son trône, il renonça aux armes pour reprendre ses travaux littéraires et politiques. Il applaudit aux théories émises par Lamennais dans l’Essai sur l'indifférence et fut, avec Chateaubriand, l'un des fondateurs du journal Le Conservateur (1818). Les articles qu'il publia dans cette feuille, ainsi que dans Le Défenseur (1820), qui lui succéda et auquel Lamennais collabora, furent empreints du même caractère de royalisme et de « nationalité ».

Genoud mit à profit quelques mois de loisirs pour faire un voyage en Vendée avec Auguste de La Rochejaquelein. C'est là qu'il fit la connaissance de Léontine de Fleury, parente de Racine et de La Fontaine, qu'il épousa.

En 1821, il devint le propriétaire du journal L'Étoile, qui soutint la politique de Villèle. Le 28 juin 1822, il reçut de Louis XVIII une pension et des lettres de noblesse et fut nommé maître des requêtes par le comte de Peyronnet. Néanmoins, il fut destitué par le vicomte de Martignac parce qu'il avait pris, à partir de 1827, la direction de La Gazette de France, dans laquelle il avait fondu L'Étoile et soutenait constamment la cause de la monarchie et de la religion, tout en attaquant vivement la politique du nouveau ministère, jusqu'à contribuer puissamment à sa chute. Directement mêlé aux tractations auxquelles donna lieu la composition du cabinet suivant, il rompit avec Peyronnet et Polignac après d'inutiles efforts pour y faire entrer Villèle, et resta sur un terrain d'opposition où il fit preuve, à plusieurs reprises, d'une incontestable logique et d'une réelle énergie[2].

Son programme politique reposait sur l'hérédité royale alliée au suffrage universel. Il fut vigoureusement combattu par La Quotidienne, organe des ultra-royalistes, mais Genoud tint bon et ne cessa, après 1830, de le développer en attaquant vivement la monarchie de Juillet[3]. Ces attaques valurent à la Gazette de France plus de quarante procès en cour d'assises et son directeur fut fréquemment condamné à la prison. En raison de la singularité de son programme, il se trouva très isolé au sein de la presse. « Il se faisait remarquer, écrit Gustave Vapereau, par son activité d'esprit, par sa préoccupation constante de mettre en scène sa personnalité, par une manière pompeuse et oratoire, plus faite pour la prédication que pour le journal. »

Mis en demeure par le Courrier français de formuler nettement ses aspirations, Genoud se déclara partisan de la périodicité des états généraux, de la liberté d'association, de l'administration gratuite, de l'affranchissement des communes, de la liberté d'enseignement, de la création d'une Chambre haute non héréditaire et dont la formation ne serait pas laissée à la discrétion du pouvoir et à la répartition de l'impôt par des assemblées provinciales, départementales et communales. Cette déclaration fut immédiatement suivie de la saisie de la Gazette de France. En butte à l'hostilité de la plupart des membres du parti royaliste, elle fut également interdite en Autriche, en Prusse, en Russie, dans les États sardes et en Italie. Elle ne désarma pas pour autant et fit, pendant toute la durée du règne de Louis-Philippe, une campagne acharnée en faveur de la réforme parlementaire et du suffrage universel.

Ainsi, la tendance incarnée par Genoud et La Gazette de France se distingue assez nettement des autres factions légitimistes. Se baptisant "royaliste national", Genoud représente un royalisme nationaliste, gallican et ouvert à la démocratie. Il se montre notamment favorable aux alliances parlementaires avec les républicains contre la majorité orléaniste.[4]

Devenu veuf en 1835, Genoud embrassa l'état ecclésiastique et se fit appeler l’abbé de Genoude. Élu député par le 2e collège électoral de la Haute-Garonne le 1er août 1846[5], il prit place à droite mais se trouva très isolé au sein de la Chambre. Le discours qu'il prononça en 1847 sur la réforme électorale ne fut approuvé ni par les légitimistes, ni par la majorité gouvernementale. Il ne signa pas la proposition de mise en accusation du ministère Guizot.

Après la révolution de 1848, il fit deux tentatives infructueuses pour entrer à l'Assemblée constituante[6] : l'établissement du suffrage universel pour lequel il avait tant combattu, ne lui avait pas été favorable.

Il avait été élu membre correspondant de l'Académie de Savoie le 24 janvier 1840.

Œuvres

A. E. Genoud a publié de nombreux écrits, appartenant les uns à la polémique, les autres à la théologie et à l'histoire.

Œuvres politiques et diverses

  • Réflexions sur quelques questions politiques, 1814
  • Voyage dans la Vendée et dans le midi de la France, suivi d'un Voyage pittoresque en Suisse, Paris, Nicolle, 1821, in-8, 261 p.
  • Considérations sur les Grecs et les Turcs, 1821, in-8
  • La Raison du christianisme ou preuves de la religion, tirées des écrits des plus grands hommes, 1834-1835
  • La Vie de Jésus-Christ et des Apôtres, tirée des saints Évangiles, 1836, 2 vol. in-8
  • Leçons et modèles de littérature sacrée, avec Lourdoueix, 1837, in-8
  • La Raison monarchique, 1838, in-8
  • Exposition du dogme catholique, 1840, in-8
  • Défense du christianisme par les Pères, 1842, in-12
  • La divinité de Jésus-Christ annoncée par les prophètes, 1842, 2 vol. in-12
  • Lettres sur l'Angleterre, 1842, in-8
  • Histoire d'une âme, 1844, in-8 : ouvrage autobiographique
  • Histoire de France, 1844-1848, 23 vol. in-8 : « fort médiocre compilation » (Vapereau)
  • Sermons et conférences, 4e éd., 1846, in-12 : « Il s'essaya dans la chaire et à la tribune, mais se montra orateur médiocre. » (Vapereau)

Genoud a dirigé la publication intitulée Bibliothèque chrétienne du XIXe siècle dans laquelle il a publié sa traduction des Pères de l'Église des trois premiers siècles.

Traductions

« Sa renommée comme traducteur, écrit Vapereau, s'est fort affaiblie depuis sa mort. »

  • Les prophéties d'Isaïe, 1815, in-8
  • Le Livre de Job, 1818, in-8
  • L'Imitation de Jésus-Christ, 1820, in-32 (souvent réimprimé)
  • La Bible, traduction nouvelle, Paris, Imprimerie royale, 1820-1824, 16 vol. in-8 et 1839-1840, 5 vol. in-4 : traduction nouvelle fort vantée pour son élégance et publiée aux frais de l'État. « Traduction moins exacte que cette de Sacy, mais éloquente, et quelquefois emphatique » (Vapereau)
  • Les Pères des trois premiers siècles, traduits en français, 1837-1843, 9 vol. in-8

Références

Sources

  • Stéphane Rials, Le légitimisme, Collection "Que sais-je", Paris, PUF, 1983

Bibliographie

  • J. Crétineau-Joly, Histoire de M. de Genoude et de la Gazette de France, Paris, 1843, in-8
  • Biographie de M. de Genoude, 1846, in-18

Notes

  1. cité par le Dictionnaire des parlementaires français
  2. Huit jours avant les ordonnances de Saint-Cloud, le 17 juillet 1830, il écrivait dans sa Gazette : « Les libertés publiques sont un fait primitif parmi nous, et un fait primitif est un droit. La tactique de la faction qui veut renverser la dynastie est de pousser les royalistes dans la fausse voie des exagérations et des coups d'État ; la nôtre doit être de nous rallier franchement à la monarchie représentative. Il faut bien qu'on le sache, la Charte n'a fait que traduire, dans la langue du jour, les anciennes constitutions de la monarchie. Or, dans les anciennes constitutions de la monarchie, c'était un droit des peuples d'être consultés. Les malheurs du royaume prirent naissance dans la désuétude de ce droit. Elle affaiblit le trône en diminuant sa popularité. » On trouve dans ce passage un écho de la rhétorique des parlements de l'Ancien Régime dans leur combat contre le pouvoir royal au XVIIIe siècle.
  3. « Philippe d'Orléans, écrivit-il, est proclamé roi. Ce n'est point par le droit de sa naissance qu'il arrive au trône. Ce n'est pas non plus par le suffrage constaté du peuple. Des députés, élus en vertu d'un principe de légitimité, sans mandat pour ôter ou décerner la couronne, l'ont salué d'un titre qu'ils pouvaient tout aussi valablement accorder à tout autre. Ici la légitimité héréditaire est écartée, la légitimité de la nation n'est comptée pour rien. » (cité par le Dictionnaire des parlementaires français)
  4. Il existe alors quatre autres tendances légitimistes en plus de celle de Genoud: les absolutistes fidèles à l'héritage de l'Ancien Régime, les traditionalistes agraires, présents surtout dans l'Ouest et favorables à l'insurrection, les « torystes », groupe parlementaire proches d'un ralliement avec la droite orléaniste, et enfin les « libéraux » de Berryer, alliés pour leur part à la gauche dynastique et aux républicains.
  5. 245 voix sur 383 votants et 521 inscrits contre 127 à Pierre Magne
  6. Le 4 juin 1848, lors d'une élection partielle dans le département du Nord, il obtint 6.479 voix contre 48.862 à Antony Thouret, républicain, élu, 26.774 à M. Mimerel et 11.641 à Ulysse Tencé. Le 17 septembre de la même année, il échoua, dans le même département, avec 14.815 voix contre 26.123 au colonel Négrier, élu, et 19.685 à Louis-Napoléon Bonaparte.

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