Milarepa

Milarepa

Milarépa

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Statue de Milarépa

Milarépa 1040-1123 (ou suivant une source divergente 1052-1135) est un yogi et maître renommé du bouddhisme tibétain.

Il est l'un des maillons de la Lignée du Rosaire d´Or.

Milarépa fut un des Grands Maîtres spirituels du Tibet, dont le parcours fut atypique. D'abord formé aux pratiques bön pour exercer de la magie noire et venger sa famille à la demande de sa mère, il a recherché l'enseignement bouddhiste auprès d'un très grand maître tibétain, Marpa (1012-1096). Après avoir été mis à l'épreuve par son Maître, ce dernier lui transmis les enseignements, il s'est retiré pour pratiquer la méditation dans la très haute montagne où il a atteint l'Eveil. Il est aussi célèbre pour avoir composé «Les cent mille chants». À la fin de sa vie, il a transmis ses enseignements et eu plusieurs disciples.

Sommaire

Biographie

Sa biographie est relatée dans un ouvrage, La Vie, écrit en 1490 par Tsang Nyön Heruka qui rédigea aussi en 1505 une biographie de Marpa.

Milarépa naquit dans la province de Gungthang (ou Goungthang) à l'Ouest du Tibet, près du Népal. Son père mourut alors qu'il n'avait que sept ans et les propriétés de la famille furent laissées au soin de parents qui maltraitèrent Milarépa, sa mère et sa sœur. La mère, ne pouvant admettre cette situation, envoya son fils apprendre la magie noire bön afin de se venger de cette injustice.

Milarépa fut instruit par un magicien expert en la matière. Il causa d'abord la mort de 35 de ses ennemis, tués sous les décombres d'une maison qu'il avait fait s'effondrer, puis il provoqua un orage de grêle qui détruisit toute la récolte de céréales de ses ennemis.

Toutefois, il regretta ses actes néfastes. Ne mangeant plus, ne dormant plus et n'ayant plus de goût à la vie, il rechercha alors un Maître bouddhiste capable de l'aider à neutraliser le karma négatif qu'il avait accumulé. Il devint disciple d'un Maître Nyingmapa appelé Lama Rongtön qui, pensant qu'il avait des affinités avec Marpa, l'envoya voir ce traducteur tibétain à Lhodrag. Marpa avait rapporté d'Inde au péril de sa vie, puis traduit, les enseignements du Maître indien Naropa (1016-1100), eux-mêmes transmis par le sage indien Tilopa (988-1069).

Marpa eut l'intuition qu'il avait affaire à un être au destin exceptionnel qui deviendrait son successeur. Il n'en montra cependant rien et, connaissant les méfaits passés de Milarépa, il s'affaira d'abord à tester la volonté de son élève et à le purifier de ses crimes passés. Ainsi, il imposa à Milarépa des épreuves considérables afin de le préparer à recevoir les instructions et enseignements ultérieurs. Il lui demanda par exemple de construire seul différentes tours en pierre, de formes variées (ronde, carrée, triangulaire...) et à chaque fois il reprochait à Milarépa un défaut dans la construction et lui ordonnait par conséquent la destruction de l'ouvrage et le repositionnement des pierres à leur place d'origine. Durant ce temps, Marpa continuait à enseigner ses élèves, tout en excluant Milarépa. Celui-ci tenta d'obtenir des enseignements auprès d'un autre maître, obtint l'aide de Daméma, l'épouse de Marpa ... tout cela en vain, Marpa refusant toujours de l'enseigner. Totalement désespéré, Milarépa décida d'en finir avec sa vie de misérable et songea au suicide. Marpa le devina et l'arrêta au dernier moment : Milarépa avait purgé toutes ses fautes et était désormais apte à recevoir son enseignement.

Marpa lui transmit les enseignements qu'il avait lui même reçus de Naropa et d'autres maîtres lors de ses voyages en Inde. Une fois cet enseignement dispensé, il envoya Milarépa pratiquer en retaite solitaire dans les grottes du Tibet.

Milarépa pratiqua la méditation pendant de nombreuses années dans le plus grand isolement dans des grottes de haute montagne et maîtrisa les transmissions qu'il avait reçues. Il vécu ainsi dans le dénuement le plus total. Il ne portait qu'un léger vêtement de coton (d'où son nom de Milarépa, Mila le "ré-pa" ou Mila le vêtu de coton) et ne se nourrissait que d'orties sauvages, à tel point que - nous dit la tradition - son corps prit une teinte verte ainsi qu'on le voit sur de nombreuses peintures.

Il atteignit l'état d'éveil en une vie, commença à enseigner et devint célèbre pour ses chants poétiques, Les Cent Mille Chants de Milarépa. Il eut de nombreux disciples célèbres. Parmi eux, Gampopa devint le détenteur suivant de la lignée au même titre de Rechung Dordjé Dragpa qui avait transmis à Milarépa des enseignements et qui, à son tour, poursuivit la tradition des yogis laïcs. Milarépa mourut à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Son bûcher funéraire ne prit feu qu'en présence de Rechung.

Son enseignement

Comme grand nombre de maîtres, Milarépa n'a pas écrit d'ouvrage. Son enseignement est avant tout pratique. Ayant atteint un état d'esprit que les bouddhistes appellent "Eveil" ou "Illumination", autrement dit : étant devenu lui-même un Bouddha, il n'y est pas arrivé par l'étude d'ouvrages fondamentaux, ni par l'apprentissage de centaines de volumes religieux. La réalisation spirituelle du bouddhisme ne s'obtenant, au final, que par la pratique de la méditation sous ses différentes formes, l'enseignement de maîtres tels que Milarépa ne peut être qu'oral et direct : Ses disciples mettent en pratique ses conseils de méditation et, au fur et à mesure de leur pratique, ils expérimentent diverses situations : états de bien-être particulier ou au contraire agitation mentale, visions, capacités physiques inexplicables... Lors de telles expérimentations, ils en parlent alors à leur maître spirituel qui, ayant lui-même suivi un chemin identique, peut ainsi les guider, leur donner de nouveaux conseils, corriger leurs défauts... jusqu'à ce qu'ils atteignent eux-aussi l'Eveil.

Ainsi une des histoires contées dans l'ouvrage "La Vie" cité plus haut, quand Gampopa, le disciple favori et héritier spirituel de Milarépa le quitte pour mener sa propre vie et enseigner, Milarépa lui dit qu'il souhaite lui donner son secret lui ayant permis d'atteindre l'Eveil. Il se tourne alors, soulève son vêtement de yogi et présente ainsi à Gampopa son postérieur, couvert de callosités. "Voici mon secret" lui dit-il. En effet, ce n'est qu'après avoir passé des années assis en méditation dans les grottes que Milarépa devint un Bouddha.

Néanmoins, une trace écrite des différents enseignements oraux de Milarépa nous est parvenue. Ainsi, on en trouve une partie dans la biographie indiquée plus haut, mais surtout dans l'ouvrage Les Cent Mille Chants composé de 61 chapitres. Dans les divers lieux où il s'arrêta pour méditer et enseigner, Milarépa rencontra des personnes ou des situations qu'il utilisa pour illustrer son enseignement. Ces "chants" sont en réalité des enseignements sous forme de poèmes chantés (afin que les disciples les retiennent plus aisément) qui traitent de la plus haute philosophie bouddhiste. Bien que n'étant pas un lettré et ne devant son élévation spirituelle qu'à sa pratique intensive, Milarépa a atteint le plus haut degré spirituel. Il peut ainsi traiter des vérités relative et absolue, de l'existence ou de l'inexistence d'un soi ou d'une individualité intrinsèque à chaque chose... que l'on trouve dans les plus grands traités de la philosophie bouddhiste.

Son enseignement est donc double : une approche intellectuelle de la philosophie bouddhiste, une conceptualisation des principes généraux de cette religion que l'on trouve dans les "Cent Mille Chants", et des instructions pratiques de méditation, de visualisation, de rituels, de prières... qui se sont transmises oralement et - pour les croyants bouddhistes - par transmission d'énergie (les chrétiens diraient : transmission de "grâce divine") depuis le XIème siècle sans interruption. Un maître atteint un niveau spirituel très élevé et en tire une énergie qu'il transmet à son disciple. Celui-ci met en pratique les conseils, conserve, cultive et développe cette énergie puis, ayant atteint à son tour le plus haut niveau spirituel, transmet cette énergie à ses disciples... et ainsi de suite jusqu'à nos jours. Ainsi, les disciples occidentaux actuels qui se rendent dans des centres bouddhistes pour y recevoir des instructions et des initiations, croient recevoir ainsi l'énergie ou la grâce directement de Milarépa, même si elle leur parvient au travers d'une lignée de maîtres-disciples.

Cette transmission d'énergie et ce type d'enseignement est bien évidemment pour les autres maîtres et les autres écoles de la tradition tibétaine.

Bibliographie

  • MILAREPA ou JETSUN-KAHBUM Vie de Jetsün Milarepa, traduite du tibétain par le Lama Kazi Dawa-Samdup, éditée par le Dr W.Y. Evans-Wentz du Jesus College d'Oxford, traduction française de Roland Ryser, Librairie d'Amérique et d'Orient, éditions Adrien-Maisonneuve, Paris, 1955.
  • Tsang Nyön Heruka, traduction de Marie-José Lamothe, Milarepa - La Vie, éditions du Seuil
  • Milarépa, traduction de Marie-José Lamothe, Les cent mille chants, 3 tomes, éditions Fayard

Voir aussi

Articles connexes

  • La vie de Milarépa a fait l'objet en 1974 d'une adaptation cinématographique par Liliana Cavani.
  • De même, en 2006 est sortie l'adaptation fidèle de la vie de Milarépa, par le réalisateur tibétain Neten Chokling. La suite de l'histoire est en préparation, le film ne traitant que du début de la vie de Milarépa, jusqu'à sa rencontre avec Marpa.
  • Milarepa est cité dans la bande dessinée de Cosey, parue en 1981 : "Kate", tome 7 de la série Jonathan (Ed. du lombard).
  • L'enfance et les méfaits de Milarépa sont repris dans la bande dessinée Le Lama Blanc, publiée en 6 tomes chez les Humanoïdes Associés. Cette BD est l'oeuvre de MM A. Jodorowsky et G. Bess


Précédé de :
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