Mouha Ou Hammou Zayani

Mouha Ou Hammou Zayani

Mouha ou Hammou Zayani

Mouha Ou Hammou Zayani, chef du contingent des Zayanes, était un chef militaire, vainqueur des légionnaires de Charles Mangin. Il se distingua dans la célèbre bataille d'Elhri le 13 novembre 1914, nommée par certains historiens le Dien Bien Phu Marocain.

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Mouha ou Hammou Zayani

Q.G de Mouha ou Hammou Zayani

Le personnage de Mouha ou Hammou ne peut être traité en dehors du contexte historique du XIXe siècle et du XXe siècle et le rôle des puissances coloniales (espagnol, portugaise, britannique, française, allemand, italienne....), qui ont fait du Maroc un lieu de règlement de leurs comptes. À titre d'exemple, le 31 mars 1905, lors de la crise marocaine, Guillaume II soutint le Maroc contre la France à Tanger, en 1906.

Le 16 janvier au 7 avril, la conférence internationale d'Algésiras sur le Maroc est un succès pour la France et démontre l'isolement diplomatique de l'Allemagne. Selon les déclarations du général Ditte, qui imposa alors à Paris une décision audacieuse : « Je donnerai tout ce que l'on me demandera et je garderai ici tout le Maroc conquis (...) comme un réservoir où je puiserai pour alimenter sans cesse nos forces en Europe (...) »

Mouha ou Hammou issu d'une famille envoyée par le sultan de la dynastie alaouite Moulay Slimane en 1791, parmi les 4215 soldats pour soumettre les tribus d'Ichkirne Elkbab et d'Ait Soukhmane(Aghbalou) influencés par l'idéologie maraboutique de Sidi Ali Amhaouche, secte hostile à l'autorité du Makhzen (de tendance wahhabiste salafiste). Ses tribus ont un mauvais passé avec le sultan Moulay Slimane connu pour sa fermeté contre les zaouia, dans le cadre des réformes qu'il veut instaurer au Maroc. Les tribus berbères voyaient dans ces réformes une menace qui pourrait mettre en péril leur existence, la riposte des tribus berbères aboutira à la défaite des troupes du Makhzen en 1818 au Moyen Atlas.

Son nom Mohammed dit Mouha ou Hammou (parfois aussi "Zayani" ou "Ousaid") ben Akka ben Ahmed surnommé "Amahzoune ben Moussa", il fut nommé Caïd sur les Zayanes (Khénifra) par le sultan Moulay Hassan I en 1877.

Selon le bibliographe Ahmed Al Mansouri, dans son manuscrit : (كباء العنبر من عظماء زيان وأطلس البربر) qui le décrit comme grand leader charismatique, militaire et politique, il avait été un obstacle pour la mainmise coloniale sur le haut et le moyen Atlas, malgré divers promesses prodigieuses proposées, le chef militaire de la région de Meknès Henris avait envoyé le caïd Driss Ourahou Lamtiri d'Elhajeb en tant qu'émissaire pour gagner l'estime de Mouha ou Hammou, déjà Lyautey avait échoué de le convaincre à se soumettre par l'intermédiaire des personnalités influentes au sein du Makhzen en particulier le premier ministre Driss El Boukili et le Pacha de Boujaad Hadj Driss Cherkaoui. Mouha ou Hammou refusa tout compromis et choisit de continuer la lutte armée, contraint de quitter la Kasbah (aujourd'hui défigurée) de Khénifra et d'Adekhssal pour se réfugier dans les montagnes où il mena des opérations de guérilla sporadique d'usure sans impact militaire sur les légionnaires de Charles Mangin, jusqu'à sa mort le 27 mars 1921 (surnommé Amahzoune en raison de ses cheveux longs qu'il portait).

Mouha ou Hammou succéda à ses prédécesseurs pour continuer sa domination sur la tribu des Zayanes au XIXe siècle, en tant que représentant du sultan Moulay Hassan Ier, dans le but de pacifier les tribus berbères et de consolider la foi islamique, seul leitmotiv qui peut motiver les berbères, en vue de faire obstacle aux menaces de christianisation des berbères par le biais d'espions (service des affaires indigènes) et d'orientalistes toute disciplines confondues, expéditeurs exemple à citer le père Charles de Foucauld (1858-1916) connu pour ses travaux d'une utilité extrême, qui serviront de base pour la conquête du Maroc (durant 12 mois Charles de Foucauld parcourt le Maroc sous l'habit d'un voyageur juif, muni d'un cahier et d'un crayon. En 1885, il est en pleine rédaction du fameux livre "Reconnaissance au Maroc", source considérable d'informations géographiques et ethnologiques où il décrit notamment les Zayanes et d'autres tribus, qui lui vaudra la médaille d'or de la Société de géographie de Paris).

Même des peintres comme Ankarcrona Henrik August. Ce peintre fut auparavant colonel dans l’armée suédoise puis entra au service de la France et fit la campagne du Maroc en 1859. L’année suivante, il servit l’armée espagnole. Toutes ces travaux marqueront la phase préparant la colonisation du Maroc au XIXe siècle. Profitant de la faiblesse de l'autorité du Makhzen des sultans Moulay Abdelaziz (1878-1943), et Moulay Hafid (1873-1937), et celle du climat politico-social qui y régnait (Siba), la France commença à exécuter le scénario colonialiste de René de Ségonzac et du général Bugeaud en bafouant toutes les clauses du traité de 1845 signés avec le Makhzen (selon les notes confidentielles du 18/12/1898).

En 1883, à l'âge de 20 ans, Mouha ou Hammou remplaça son frère à la tête des tribus Zayanes, il s'est imposé en tant que chef guerrier incontestable en 1905, sa popularité ne cesse de s'affirmer en dehors de Khénifra, est sera nommé caïd par le Sultan Alaouite Moulay Hassan I en 1886. Sa renommée a eu un écho dans toute la région Meknes, de la Chaouia, et de Tadla.

Figure légendaire et énigmatique de l'histoire de Khénifra et du Maroc, Mouha ou Hammou se sent humilié par le traité d'Algesiras (1906) reconnaissant aux français le droit d'intervenir au Maroc, dans le cadre du programme dit: "la pacification du pays" (œuvre du maréchal Lyautey). Après l'occupation d'Oujda et de Casablanca en (1907). Mouha Ou Hammou Zayani engage les zayanes d'intervenir au côté des Chaouias dans la bataille de Mediouna en (1908).

Le contingent des Zayanes intervient avec l'aide de Mohand N'hamoucha, caïd des Beni M'tir à Fès contre le mouvement français en (1911) sous le commandement du général Moinier[1]. Après la signature du protectorat, Mouha Ou Hammou continue sa lutte sans répit, après la mort suspecte du sultan Moulay Hassan Ier, il organise des interventions en dehors de la tutelle du Makhzen, car selon lui, il s'agit d'un jeu politique orchestré par le puissant chambellan Ahmed dit: "Bahmad" (1841-1900), qui cachera la mort de Moulay Hassan Ier (1894) et organisa la Beyaâ sans le consentement des oulémas de Fès, pour éviter toute confrontation avec ses opposants, il quitta Fès pour Marrakech et dirigea le pays avec tyrannie jusqu'à sa mort en 1900. Le sultan Moulay Abdelaziz se trouva face à un pays en ruine ce qui rendra sa tâche de gouverner très délicate dans un milieu politique confiné. Il perd alors sa popularité, l'image du sultan se ternit surtout après la ratification du traité d'Algésiras. Plusieurs foyers insurrectionnels éclatèrent dans le pays, suite à des réformes fiscales suggérées par ses conseillers notamment celles du fameux britannique Harry Aubrey de MacLean (1848-1920)[2] qui en 1877, s'installa au Maroc au service du sultan Moulay Hassan I en tant qu'instructeur dans l'armée du Makhzen, sa carrière militaire lui a valu la confiance du Sultan et de son successeur, il proposa au sultan d'instituer l'impôt sur les biens agricoles "le Tartib".

La situation socio-politique se dégrade en faveur de la France.

Mouha ou Hammou opta pour la rébellion et participa activement au côté des rébellions aux confins de Khénifra, mais toutes ses interventions n'ont pas été fructueuses, il s'est avéré que certaines Zaouias ont portés leur soutien discret au colonisateur, ce qui explique la défaite de Mouha ou Hammou, suite à la soumission de certaines tribus. Son projet anti-colonialiste s'est volatilisé, malgré son fiasco lors de la campagne du Maroc, Mouha ou Hammou Zayani reste une figure symbolique de l'esprit combatif héréditaire des tribus berbères, couplée avec l'influence islamiste fervente de son compagnon de combat Fqih Mohammed Belarbi Alaoui qui quitta la ville de Fès après la soumission de l'élite intellectuelle Fassi issue des courants maraboutiques favorables à la France[réf. nécessaire], la fidélité à ses principes religieux et son patriotisme authentique l'engagea au Moyen Atlas au côté de Mouha ou Hammou Zayani.

Après la défaite des Zayanes, Mohammed belarbi rejoignit Abdelkrim El Khattabi au Rif pour continuer sa lutte contre les espagnoles.

Les interventions de Mouha ou Hammou :

Ces batailles se déroulèrent avant la prise de Khénifra en (1914) par Berger, qui sera marquée par la bataille d'Elhri le 13 novembre 1914 où la colonne française (1273 militaires) sous le commandement de l'officier Laverdure, subit une large défaite. Cette bataille précéda l'intervention féroce des colons français, ce fut une surprise pour Mouha Ou Hammou, la revanche contre l'assaillant ne tardera pas à prendre effet, ripostant immédiatement avec l'aide des berbères confédérés. Des milliers de cavaliers faiblement armés s'opposèrent farouchement malgré l'avantage technologique des légionnaires : déploiement de canons, de fusils mitrailleurs. La défaite des envahisseurs était au rendez-vous, selon la littérature française plus de 600 morts.

Du côté des Amazighs, on ignore le nombre des morts; selon des témoins il y avait une dizaine de morts dans chaque tribu. La participation massive des confédérations amazighes unies autour d'un seul chef en la personne de Mouha ou hammou se réalise pour la première fois. Les services secrets du Reich Prussien de Guillaume II sont présents aux côtés des Marocains, avec la bénédiction du sultan; rivalité coloniale oblige (La crise franco-allemande pour la domination du Maroc), ils opéraient à partir de Tanger, qui représentait à cette époque un centre important pour les espions.

Pacha Hassan promu caïd après sa soumission au général Poemyrau

Malgré cette résistance, Khénifra sera définitivement dominé par le colonialiste déguisé en pacificateur. L'intrigue française prend effet : par la division des Zayanis, d'une part les anti-colonialistes, qui seront contraints de quitter les territoires conquis, les terre des insoumis seront spoliées au profit des caïds, d'autre part les pro-colonialistes au sein même de la famille de Mouha ou Hammou, son fils Hassan est nommé Pacha sur les Zayanes après sa soumission au général Poeymirau le 2 juin 1920, il devient ainsi grand propriétaire terrien (50.000 hectares de terre appartenant à la jemaa) ce qui aboutira au déséquilibre de la structure sociale des tribus Amazighes attachés profondément à leurs terres qui détermine leurs espace vital pour leurs troupeaux et l'essence de leur existence étant donné que les tribus sont des nomades à la recherche des pâturages qui par principe appartiennent à la collectivité (terre Jemaa), ce système de pastoralisme renforce les liens entre les membres de la tribu. On assiste à l'effritement d'un système social.

Malgré l'attitude modérée du résident Lyautey envers les populations rurales, il ne veut pas répéter ce qui a été produit en Algérie, contrairement à ses prédécesseurs comme le résident, général Théodore Steeg qui adopta une politique en faveur des colons. Voyant leurs terres exploitées par les colons dont le nombre ne cesse de s'accroître, les Amazighs continuent le combat à Tazagzaout (Tazizawt), dernier bastion de la rébellion berbère (1932).

Bilan

  • Les interventions du leader des Zayanes Mouha ou Said n'ont jamais constitué une vraie menace aux troupes coloniales, malgré la participation au côté de ses alliés à El Ksiba. Les Zayanis ont été pris en tenaille par l'avancée des troupes stationnées à Tadla et à Boujaad et les troupes venues de Taza sous le commandement du général Baumgartner, cette opération s'inscrit dans la cadre stratégique de jonction des deux Maroc : le nord et le sud. Après la soumission de la plupart des tribus limitrophes du pays Zayane; Mouha ou Hammou s'isola dans les montagnes sans approvisionnement en nourriture ni en armes jusqu'au moment opportun (1920), où la prise de Khénifra sera définitive après un massacre des populations par l'aviation coloniale malgré le soutien des allemands et des espagnols contre la France, qui cessera en 1917. La France n'a pu soumettre la totalité du territoire Marocain avant 1934 à Bougafer dernier bastion de la rébellion Amazigh.

La résistance des Ait Attas menée par les frères Oubasslam a tenue bon pendant deux mois contre l'armée française, sous le commandement du général Huré qui décida de mettre fin à la question de Sargho, les Ait Atta subirent un massacre par encerclement, pilonnage, bombardement par l'aviation basée à Ouarzazate, le 25 mars 1933 Assou Oubasslam capitule, malgré la supériorité militaire des légionnaire, la France avait subi de lourdes pertes, l'invincible Henri de Bournazel y trouva la mort.

La France avait bien réussi à se maintenir par isolement successif des foyers de rébellion, à commencer par Hmad El Hiba, qui marcha sur Marrakech à la tête de 10 000 rebelles et se proclama sultan le 12 août 1912, mais fut battu le 6 septembre 1912 par Charles Mangin à Sidi Bouatmane et se réfugia à Taroudant. La fin de la résistance se termina par la soumission des frères Oubasslam en 1934. Tous les chefs rebelles sont donc battus, car ils n'ont pas agi en tant qu'entité dans un cadre national. C'est par la suite que le parti de l'Istiqlal formé par l'intelligentsia intellectuelle et religieuse de Fès qui prendra le flambeau de la résistance.

Notes

  1. http://www.memopnha.com/colon_fez.html, article traitant en partie du rôle du général Moinier au Maroc
  2. Harry Aubrey de MacLean, article de Harry Aubrey de MacLean http://lafayette.150m.com/mac2702.html sur la version anglaise de Wikipédia

Bibliographie

Voir aussi

Liens internes

Autres figures de la résistance marocaine:

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