Mustapha Choukri

Mustapha Choukri

Mustapha Choukri, dit Petchou, est un footballeur marocain né à Casablanca.

Il joua pour le Raja Casablanca et représenta la vraie école du regretté Père Jégo. Mais le joueur Petchou, initialement formé au Raja, équipe au sein de laquelle il connut la gloire et accomplit ses plus grandes prouesses; ne tarda pas à rejoindre le Wydad de Casablanca suite à un malentendu avec les dirigeants du Raja, pour deux saisons avant de partir vers l'Arabie Saoudite.

Il était connu par sa technique basée sur un jeu très distributif du ballon avec l'extérieur des deux pieds sans se soucier et sans se fatiguer tout en donnant de la beauté et du charme à ses passes magiques. C'était vraiment un artiste du ballon rond sans équivoque.

Cependant, malgré son talent, feu Petchou ne joua pas souvent pour l'équipe nationale. Mais personne n'oubliera les buts marqués en Égypte, au Sénégal, en Algérie et dans tant d'autres sélections. Il faisait partie de la sélection marocaine qui représenta l'Afrique à la coupe du monde 1970.

Au-delà du mystère entourant sa mort en 1980, Petchou était avant tout un surdoué du ballon rond, qui a marqué l'histoire des deux grands clubs casablancais.

Il est des personnages qui doivent, au moins en partie, leur passage à la postérité aux circonstances obscures entourant leur mort. C'est le cas de Mustapha Choukri, plus connu sous le surnom de “Petchou”. Un footballeur de talent, dont le décès, le 22 janvier 1980 en Arabie saoudite, fut un sujet de controverse. Vingt-sept ans plus tard, les rumeurs ont la vie dure : Petchou serait mort d'une pneumonie, il aurait été décapité ou empoisonné pour avoir fréquenté une princesse arabe, il aurait été poignardé lors d'une rixe qui s'est mal terminée, etc. Des spéculations plus ou moins fantaisistes, qui ont presque relégué au second plan les exploits de l'un des artistes les plus doués de l'histoire du ballon rond marocain.

Mustapha Choukri voit le jour à Casablanca, en 1947. Il n'a pas trois mois quand sa mère décède. Il est alors élevé par sa grand-mère, pour laquelle il vouera un attachement sans faille des années plus tard, il refusera même des offres de clubs européens, pour ne pas s'éloigner d'elle.

Dans le quartier Derb Kalouti où il grandit, le jeune Mustapha n'est pas vraiment passionné par les études. Il s'essaie pendant quelque temps à une formation professionnelle, sans davantage de succès. En fait, celui que tout le monde surnomme “Frika” (à cause d'une légère déformation des articulations du genou) ne montre d'intérêt que pour une seule activité : taper dans un ballon. Ce qu'il fait avec un bonheur certain, écumant les terrains vagues de Derb Kalouti comme les stades de foot improvisés dans les quartiers casablancais. Il use notamment ses crampons dans celui de l'Hermitage, le “Chili” pour les intimes, où il côtoie les Dolmy, Beggar et autres Benene.

En toute logique, sa carrière commence par un passage chez les jeunes du Raja. Il faut dire que son père, Omar Choukri, est l'un des fondateurs du club. Et dès l'âge de 20 ans, il a sa place au sein de l'équipe première, dont il devient très vite un élément indispensable. Par la même occasion, il hérite du patronyme qui ne le quittera jamais : Petchou, en référence à un ancien joueur du RAC dans les années 50.

Le journaliste sportif Najib Salmi se souvient d'un joueur complet et bourré de talent, qui n'avait même pas besoin de regarder le ballon pour le conduire. Petchou était aussi un footballeur d'une grande élégance, doté d'une rare maîtrise technique. "Un véritable artiste qui pouvait à lui seul changer la physionomie d'un match, se souvient Saïd Ghandi, vétéran du Raja. Il était tellement imprévisible que même nous, ses coéquipiers, avions du mal à anticiper son jeu".

L'anecdote court qu'à la fin d'un match, joué sur un terrain boueux, un seul joueur sur les vingt-deux regagna les vestiaires avec un maillot immaculé : Petchou. Sur le coup, feu Maati Bouabid, alors président du Raja, lui lança, un sourire aux lèvres : "Tu sors d'un match ou d'un mariage ?".


On joue contre qui, déjà ?

En plus d'être talentueux, Mustapha Choukri était également un leader né. "Il avait beaucoup de caractère et une grande présence sur le terrain. Ce qui en faisait le patron naturel de l'équipe. Par exemple, lorsqu'il y avait un penalty à tirer, personne n'osait s'approcher du ballon. On savait tous qui allait s'en charger", se rappelle Saïd Ghandi. Le charisme du joueur n'échappe pas au public, qui en fait son chouchou. "C'était une véritable icône. Et même quand il partit au WAC, une bonne partie du public rajaoui continua à le suivre dans les stades", poursuit Saïd Ghandi.

En neuf années passées au Raja, Petchou ne remporte pourtant pas un seul titre. "Cela n'a rien d'étonnant, analyse Najib Salmi. Le Raja de l'époque était une équipe qui privilégiait le beau jeu et le spectacle, malheureusement au détriment des résultats". Et quand une première occasion d'inaugurer le placard aux trophées se présente aux Verts, son joueur fétiche n'est pas de la partie. C'était en 1974. Les verts jouent la finale de la Coupe du trône contre la Mouloudia d'Oujda, sans leur numéro 10, suspendu suite à un carton rouge dont il a écopé en demi-finale. Lors de ce match, "l'arbitre avait été bousculé par un joueur. Il avait cru à tort que c'était Petchou le coupable et l'a sanctionné par un carton rouge qui lui a valu un an de suspension", raconte un témoin de l'époque.

Maâti Bouabid aurait même sollicité, en vain, une grâce royale qui permettrait à son poulain de disputer la finale. Pour la petite histoire, en croisant Petchou lors de cette finale qu'il présidait, Hassan II lui aurait glissé : "Le jour où je me déplace pour te voir jouer, tu t'arranges pour ne pas être sur le terrain !"

Puis vint la rupture entre Petchou et le club de ses premières amours. Un divorce prévisible, voire inévitable, à en croire nombre de ses coéquipiers de l'époque. En fait, malgré sa réputation de “gentil”, le joueur a toujours entretenu des relations tendues avec certains joueurs et dirigeants. “C'était quelqu'un de très caractériel qui s'énervait assez facilement et qui n'admettait pas la défaite. Il en demandait beaucoup trop aux autres joueurs, qui n'avaient pas forcément le talent nécessaire pour pouvoir répondre à ses attentes”, commente un vétéran du Raja.

L'homme était aussi un bon vivant dont les escapades nocturnes faisaient jaser. “Il était du genre à faire des nuits blanches plus d'une fois par semaine. Chose que n'appréciait guère le staff dirigeant. Mais comment le lui reprocher, vu qu'il était toujours aussi bon le jour du match !”, raconte l'un de ses anciens coéquipiers.

Pour beaucoup de ceux qui l'ont côtoyé, Petchou était un amoureux du football, qui jouait d'abord pour le plaisir. Et c'est certainement ce côté un peu bohème qui l'empêchera d'accumuler les sélections en équipe nationale. “Vu la rigueur quasi-militaire avec laquelle était gérée la sélection, il n'avait aucune chance d'y durer. Et ceci même s'il a été brillant lors des quelques matchs qu'il a joués sous le maillot national”. Une anecdote résume à merveille le peu de cas que faisait Petchou de la discipline : alors qu'il entre sur le terrain, à l'occasion d'un match officiel avec l'équipe nationale, il se serait tourné vers Hamid El Hazzaz pour lui demander, le plus naturellement du monde : “On joue contre qui, baâda ?”.

Soudain, le drame…

Cette nonchalance finit par lasser les dirigeants du Raja et hâter le départ de Petchou. Surtout que, en embuscade, le Wydad n'en demandait pas tant. “Les conflits entre Petchou et les dirigeants du Raja étaient de notoriété publique. Nous avons attendu le bon moment pour l'aborder”, raconte cet ancien responsable du WAC, qui ajoute : “Nous ne pouvions pas rater une telle occasion : n'importe quelle équipe rêve d'avoir un joueur de cette trempe dans son effectif”. Aussitôt arrivé chez les Rouges, Choukri accompagne sa nouvelle formation dans un voyage en Hollande, organisé par Abderrazak Mekouar, alors président du WAC et ambassadeur du Maroc en pays batave. Objectif : faire suivre au Rajaoui de naissance une cure de “wydadisation”. “Il fallait lui remonter le moral. Il avait bien évidemment mal digéré la rupture avec le Raja”, raconte cet ancien joueur.

Et ça marche ! De retour au pays, la mayonnaise semble prendre et le transfuge s'intègre progressivement dans le onze du WAC. “Il s'est assagi, parce qu'il s'est retrouvé avec des dirigeants moins exigeants, qui ont compris qu'il ne fallait pas trop lui mettre la pression”, explique Najib Salmi. Démonstration dès son premier match, à l'occasion duquel il marque un but d'anthologie. Le gardien de l'Association sportive de Salé, Abdellatif Laâlou, s'en souvient encore : “Il a envoyé le ballon dans ma cage, avant même que je ne puisse esquisser la moindre réaction”. Au final, Petchou ne perd pas son temps au WAC. Il remporte avec les rouge et blanc deux titres de champion (1977 et 1978), une Coupe du trône (1978) et leur permet surtout de garder leur invincibilité face au Raja.

En 1979, Petchou décide enfin d'entamer une carrière professionnelle… en Arabie saoudite. “Il a signé pour 20 millions de centimes, un montant énorme à l'époque. Les dirigeants du WAC ont même refusé de toucher un pourcentage du contrat, en signe de remerciements à ce grand monsieur qui a tant donné à l'équipe”, rapporte un vieux wydadi. Au pays des pétrodollars, il retrouve au sein de sa nouvelle équipe d'Al Wahda son vieil ami Beggar, avec lequel il (re)forme un duo d'enfer. Jusqu'à ce fatidique 22 janvier 1980... Il mourut en Arabie saoudite le 22 janvier 1980.



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Mustapha Choukri de Wikipédia en français (auteurs)

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