Aragonais

Aragonais
Aragonais
Aragonés
Parlée en Espagne
Région Aragon, nord de la province de Saragosse et centre et nord de la province de Huesca.
Nombre de locuteurs entre 10 000 et 20 000
Typologie flexionnelle
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle de Aragon
Régi par Academia d'a Luenga Aragonesa
Codes de langue
ISO 639-1 an
ISO 639-2 arg
ISO 639-3 arg
IETF an
Échantillon
Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français)

Article 1

Totz os sers humanos naixen libres y iguals en dignidat y dreitos. Adotatos de razón y consciencia, s'han de comportar fraternalment unos con atros.
Les langues en Aragon; l'aragonais est marqué rouge.

L'aragonais est stricto sensu la langue romane parlée en Aragon, à l'exception d'une frange orientale (la Frange d'Aragon) où le catalan semble avoir été pratiqué de longue date. Si au Moyen Âge elle était parlée sur tout le territoire aragonais, elle a reculé pour n'être plus parlée aujourd'hui que dans quelques vallées pyrénéennes dans la province de Huesca (principalement dans les comarques de Jacetania, Alto Gallego, le Sobrarbe et la partie occidentale de Ribagorce). On évalue le nombre de locuteurs entre 10 000 et 20 000.

Sommaire

Description linguistique

Filiation linguistique

L'aragonais est classé, de par son contexte géographique et historique, parmi les langues romanes occidentales, bien que certains traits qui définissent les langues romanes occidentales – comme la sonorisation des occlusives sourdes intervocaliques – ne soient pas présents dans l'aragonais (particulièrement en aragonais central, à l'instar du gascon pratiqué en vallée d'Aspe où l'on retrouve le même phénomène) :


Occlusive bilabiale Occlusive alvéolaire Occlusive vélaire
Latin SAPERE RUTA URTICA
Aragonais saper ruta (planta) xordica
Castillan saber ruda (planta) ortiga
Catalan/Occitan saber ruda (planta) ortiga
Galicien-Portugais saber (ar)ruda (planta) urtiga
Français savoir rue (plante) ortie

Bien que certains linguistes classent l'aragonais dans le groupe des langues ibéro-romanes, l'aragonais présente des divergences qui l'éloigne des langues romanes de l'ouest de la péninsule (castillan, asturien-léonais, galicien-portugais), et qui le rapprochent plutôt du catalan et l'occitan (et plus particulièrement du gascon), par exemple en ce qui concerne la conservation des particules pronominales adverbiales ibi/bi/i et en/ne. On retrouve de plus, dans le lexique élémentaire de l'aragonais, un pourcentage légèrement supérieur de vocables apparentés au catalan (particulièrement l'occidental) et au gascon qu'au castillan, encore que cela dépende des variétés. Ainsi, l'aragonais occidental ne partage pas autant son lexique avec ses voisins orientaux que ne le fait l'aragonais du Sobrarbe et de Ribagorce. Les anciennes langues de Navarre et de la Rioja sont des variétés navarro-aragonaises plus proches du castillan.

Par voie de conséquence, l'aragonais moderne se situe à mi-distance entre le groupe de langues ibéro-roman et le groupe formé du catalan et de l'occitan, formant un pont entre le castillan et le catalan, mais aussi souvent entre le castillan (ou le catalan) et le gascon. Le fait de partager exclusivement avec le gascon et le catalan nord-occidental (et à l'occasion, avec le basque) une série de vocables romans, permet de situer aussi l'aragonais dans un sous-groupe linguistique appelé pyrénéen. De plus, quelques archaïsmes dans certaines situations le placent du côté de l'asturien (ou bien du galicien ou encore du catalan) face au castillan.

Ces classifications font que l'aragonais peut apparaître comme la plus orientale des langues ibéro-romanes (dans lesquelles ne sont pas inclus le catalan ou l'occitan), ou bien comme la plus sud-occidentale des langues occitanes, pyrénéennes ou gallo-romanes.

L'aragonais peut aussi être rapproché, sur bien des aspects, avec la langue mozarabe qui l'influença quelque peu comme substrat lexical principal lors de l'expansion de l'aragonais au sud jusque vers Saragosse et Teruel.

Évolution diachronique de la phonologie

Les caractéristiques propres de la phonétique aragonaise avec l'évolution depuis le latin sont :

  • Les O,E ouvertes du protoroman sont systématiquement diphtongués en [we],[je]:
    • PONTE > puent (Cast. puente; Ast. ponte; Cat. pont; Occ. pont/pònt)
    • FERRU > fierro (Cast. hierro; Ast. fierru; Cat. ferro; Occ. fèrre/hèr)
    • le E est aussi diphtongué en [ja] dans quelques parlers centraux (puande, fiarro) ou dans quelques mots généraux (balluaca). La diphtongue [ue] a aussi occasionnellement évoluée en [uo]: (luogo).
  • Diphtongaison devant le Yod de ces O et E ouvertes :
    • FOLIA > fuella (Cast. hoja; Ast. fueya; Cat. fulla; Occ. fuèlha/huelha)
    • SPEC'LU > espiello (Cast. espejo; Ast. espeyu; Cat. espill; Occ. espelh)
  • Perte du -E final non accentué :
    • GRANDE > gran (Cast. grande; Ast. grande; Cat. gran; Occ. grand/gran)
    • FRONTE > frent (Cast. frente; Ast. frente; Cat. front; Occ. front/frònt)
  • A la différence d'autres langues romanes de substrat vascon, comme l'espagnol et l'occitan gascon, l'aragonais préserve le F- initial roman :
    • FILIU > fillo (Cast. hijo; Ast. fíu; Cat. fill; Occ. filh/hilh; Gall.-Port. filho)
  • Le yod roman (GE-,GI-,I-) devient afriquée palatale sourde ch [tʃ]:
    • JUVEN > choben (Cast. joven; Ast. xoven; Cat. jove; Occ. jove)
    • GELARE > chelar (Cast. helar; Ast. xelar; Cat. gelar; Occ. gelar)
  • Comme en occitan (partiellement) et en galicien-portugais, certains groupes romans -ULT-, -CT- deviennent [jt]:
    • FACTU > feito (Cast. hecho; Ast. fechu; Cat. fet; Occ. fach/fait/hèit; Gall.-Port. feito)
    • MULTU > muito (Cast. mucho; Ast. muncho; Cat. molt; Occ. mo[l]t; Gall.-Port. muito)
    • NOCTE > nueit (Cast. noche; Ast. nueche; Cat. nit; Occ. nuèch/nuèit; Gall-Port. noite)
    • Il existe des réductions dans certaines variétés, comme la belsetana (feto, muto, nuet), et des hybridations avec une forme castillane (fecho).
  • Les groupes romans -X-, -PS-, SCj- deviennent des afriquées palatales sourdes ix [ʃ]:
    • COXU > coixo (Cast. cojo; Ast. coxu; Cat. coix; COXA > Occ. cuèissa/cueisha)
  • Comme pour la majorité des langues romanes occidentales, et à la différence de l'espagnol, les groupes romans -Lj-, -C'L-, -T'L- deviennent latérales palatales ll [ʎ]:
    • MULIERE > mullé(r) (Cast. mujer; Ast. muyer; Cat. muller; Occ. molhèr; Gall.-Port. mulher)
    • ACUT'LA > agulla (Cast. aguja; Ast. aguya; Cat. agulla; Occ. agulha; Gall.-Port. agulha)
  • Comme en castillan, en catalan (partiellement), en occitan (partiellement), en asturien et en galicien, le V devient /b/:
    • VALORE > balor (Cast. valor [b-]; Cat. valor [b-/v-]; Occ. valor [b-/v-]; Ast. valor [b-]; Gall. valor [b])

Éléments de morphosyntaxe

Déterminants possessifs

Les possessifs ont la fonction déterminante quand ils sont précédés de l'article défini. Le substantif ainsi déterminé peut se trouver au milieu de la combinaison de mots :

  • O mío campo; a mía casa; a casa mía; etc. (mon champ, ma maison, ma maison, etc).

Parfois, il n'y a pas besoin d'article :

  • Casa nuestra ye zerqueta d'aquí (notre maison est proche d'ici).

Avec certains substantifs se référant à des parents proches, on peut aussi employer la forme courte du possessif, qui ne s'accompagne pas de l'article :

  • Mi pai; tu mai. (mon père, ta mère)

Pronoms

Particules pronominales

L'aragonais, comme beaucoup d'autres langues romanes, mais à la différence des langues ibéro-romanes, conserve les formes latines ENDE et IBI comme particules pronominales : en/ne (en français : en) et bi/i/ie (en français : y).

Combinaisons de formes pronominales

La combinaison, commune en aragonais, des pronoms personnels de la troisième personne du complément direct ou indirect, ne distingue pas seulement le nombre de l'indirect (li/le; lis/les) mais à la fois le genre et le nombre, associé en une seule forme (en).

  • Li'n / Le'n
  • Lis ne / Les ne

La forme est très particulière si l'on compare avec les langues voisines, dans lesquelles ou bien on différencie le genre et le nombre dans l'indirect (castillan) ou bien on les différencie dans l'indirect (catalan) :

  • As mazanas, ta Chusepa, li'n daban siempre que en quereba.
  • (catillan : Las manzanas, a Josefa, se las daban siempre que quería.)
  • (catalan : Les pomes, a Josepa, les hi/li les donaven sempre que en volia.)

Il est à noter qu'il existe des formes, dans certaines variétés dialectales de l'aragonais, qui laissent apparents le nombre et le genre du complément direct. Il en est ainsi dans les formes du parler de Ribagorce lo i, la i, los i, las i; ou dans celles de la belsetana le'l/le lo, le la, le's/le los, le las, comparables avec les formes du catalan classique li'l, li la, etc. encore vivantes dans une bonne partie du pays Valencien :

  • Las mazanas, ta Chusepa, las i daban siempre que en queriba.
  • Las mazanas, ta Chusepa, le las daban siempre que en quereba.

Évolutions grammaticales diachroniques

  • À la différence du castillan, le -B- latin est resté dans les terminaisons de l'imparfait de l'indicatif des deuxième et troisième conjugaison : teniba (occ. teniá/tienèva, es. tenía, cat. tenia, gal.-port. tinha)

Aspects historiques, sociaux et culturels

Histoire de la langue

Aragonais langue évolution.

La langue est originaire du latin vulgaire qui s'est formée sur un substrat vascon dans les vallées pyrénéennes aragonaises durant les VIIe et VIIIe siècles. Elle reçut ensuite, durant sa période médiévale, l'appellation de navarro-aragonais, de par la dépendance aragonaise du Royaume de Navarre et de son usage dans la zone non bascophone.

La "reconquête", qui vit l'expansion du Royaume d'Aragon vers le sud sur les terres musulmanes, permit à la langue de diffuser sur tout le territoire conquis, pendant les XIIIe et XIVe siècles, au cours desquels l'extension de la langue fut maximale. La réunion entre le Royaume d'Aragon et le Comté de Barcelone, qui donna naissance en 1137 à la Couronne d'Aragon, occasionna une influence réciproque importante entre la langue aragonaise et la langue catalane. La Chancellerie Royale avait alors le latin, le catalan et l'aragonais comme langues d'usage, et occasionnellement l'occitan.

La figure principale de la langue aragonaise fut sans aucun doute Juan Fernández de Heredia, qui fut Grand Maître des Hospitaliers de Saint Jean de Jerusalem à Rhodes. Il fut l'auteur d'un grand nombre d'œuvres en aragonais, fut de plus le premier à traduire des ouvrages du grec en aragonais.

Avec l'arrivée, en 1412, de la Maison de Trastamare à la Couronne d'Aragon, le castillan devint progressivement la langue de la cour et de la noblesse aragonaise. Les hautes classes et les noyaux urbains furent les premiers foyers de castillanisation, reléguant petit à petit l'aragonais au rang de langue domestique et rurale, et lui faisant alors perdre progressivement son prestige dans la société.

Les siècles suivant les Décrets de Nueva Planta de Philippe V d'Espagne virent l'implantation presque totale de la langue castillane en Aragon, qui en est maintenant l'unique langue officielle, et la langue maternelle de 95% de la population aragonaise.

Dans les années postérieures à la dictature de Franco, l'aragonais vécut une revitalisation notable, avec la création d'associations de défense et de promotion de la langue, l'élaboration progressive d'une standardisation des dialectes - ainsi que d'une normalisation orthographique consensuelle, une créativité artistique croissante, principalement littéraire, et une recherche de statut de langue officielle (avec le castillan) dans diverses municipalités du haut-Aragon. Cependant, en dépit de l'augmentation du nombre d'étudiants de l'aragonais et du nombre de personnes concernées par la sauvegarde de la langue, l'aide des institutions reste très faible, et l'état de conservation devient de plus en plus précaire parmi les locuteurs natifs. Aujourd'hui, les parlers aragonais les mieux conservés se trouvent dans les vallées jacetaines de Hecho (Echo) et d'Ansó, appelé Cheso, dans la vallée de Gistaín (Chistau), dans celle de Tena, particulièrement à Panticosa, ainsi que dans la Ribagorce occidentale, principalement à Benasque (Benás).

Répartition géographique

La langue est principalement parlée dans les vallées pyrénéennes aragonaises, et s'étend vers le sud, jusqu'à Huesca, en se mâtinant progressivement de castillan. Les zones dans lesquelles on peut affirmer que l'aragonais est conservé (classées par ordre décroissant de vitalité) sont : la vallée de Bielsa, Ribagorce (où l'on peut trouver diverses variétés dialectales), la zone d'Ayerbe, la vallée de Aragüés, les hauts du Cinca, le Somontano de Barbastro, l'Alto Gállego et la vallée de Tena, le Sobrarbe central, la vallée de Basa, les rives du Gállego et la vallée de Rasal, la Jacetania, les rives de Fiscal, la Hoya de Huesca, la vallée de Broto et la vallée de Canfranc.

L'avant-projet de la loi sur les langues d'Aragon donne une liste des municipalités qui peuvent être déclarées zones d'usage prédominant de sa langue respective ou mode linguistique propre ou zone d'usage prédominant de l'aragonais normalisé les municipalités suivantes : Abiego, Abizanda, Adahuesca, Agüero, Aínsa-Sobrarbe, Aísa, Albero Alto, Albero Bajo, Alberuela de Tubo, Alcalá del Obispo, Alerre, Almudévar de Cinca, Almunia de San Juan, Alquézar, Angüés, Ansó, Antillón, Aragüés del Puerto, Ardisa, Argavieso, Arguis, Ayerbe, Azara, Azlor, Bagüés, Bailo, Banastás, Barbastro, Barbués, Barbuñales, Bárcabo, Benasque, Berbegal, Biel-Fuencalderas, Bierge, Biescas, Bisaurri, Biscarrués, Blecua y Torres, Boltaña, Borau, Broto, Caldearenas, Campo, Canal de Berdún, Canfranc, Capella, Casbas de Huesca, Castejón de Sos, Castejón del Puente, Castiello de Jaca, Castillazuelo, Colungo, Chía, Chimillas, Estada, Estadilla, Fago, Fanlo, Fiscal, Fonz, Foradada de Toscar, El Frago, La Fueva, Gistaín, El Grado, Graus, Hoz de Jaca, Hoz y Costean, Huerto, Huesca, Ibieca, Igriés, Ilche, Jaca, Jasa, La Sotonera, Labuerda, Longás, Laluenga, Perdiguera, Lascellas-Ponzano, Laspuña, Loarre, Loporzano, Loscorrales, Lupiñén-Ortilla, Mianos, Monflorite-Lascasas, Monzón, Murillo de Gállego, Naval, Novales, Nueno, Olvena, Palo, Panticosa, Peñas de Riglos, Peraltilla, Perarrúa, Pertusa, Piracés, Plan, Pozán de Vero, La Puebla de Castro, Puente la Reina de Jaca, Puértolas, El Pueyo de Araguás, Quicena, Robres, Sabiñánigo, Sahún, Salas Altas, Salas Bajas, Salillas, Sallent de Gállego, San Juan de Plan, Sangarrén, Santa Cilia, Santa Cruz de la Serós, Santa Eulalia de Gállego, Santa Liestra y San Quílez, Santa María de Dulcis, Secastilla, Seira, Senés de Alcubierre, Sesa, Sesué, Siétamo, Tardienta, Tella-Sin, Tierz, Torla, Torralba de Aragón, Torres de Alcanadre, Torres de Barbués, Valle de Bardají, Valle de Hecho, Valle de Lierp, Vicién, Villanova, Villanúa, Yebra de Basa et Yésero.

Dialectes

Il existe divers dialectes de l'aragonais, dont les proximités géographiques induisent des proximités linguistiques, certains dialectes étant plus proches du castillan, d'autres du catalan.

L'attribution du bénasquais (le parler de Bénasque) comme dialecte aragonais ou catalan est sujette à caution. Il faut aussi distinguer les divers parlers de Ribagorce : un premier comme variété de l'aragonais, un second, plus à l'est, comme variété du catalan.

Codification de la langue

Standardisation

Une variété standard de l'aragonais est en cours d'élaboration, mais il y en a deux conceptions différentes :

  • Les partisans de la graphie de Huesca (en particulier le Conseil du Parler Aragonais) élaborent petit à petit une variété standard dite aragonais commun ou aragonais standard, qui sélectionne plus les traits occidentaux qu'orientaux. Mais certains points ne sont pas encore totalement fixés. Faut-il préférer les participes passés en -ato -ata ou bien en -au -ada ? Faut-il accepter la forme ro/ra de l'article défini, à côté des formes plus répandues o/a et lo/la ?
  • les partisans de la graphie SLA (de la Société de Linguistique Aragonaise) estiment que le modèle précédent de l'aragonais commun, qu'ils qualifient péjorativement néo-aragonais, se constitue bien imprudemment en faisant preuve de méconnaissance des dialectes réels, et en entérinant des formes très artificielles. Selon la SLA, ce fait provoquerait une grave déconnexion entre les locuteurs naturels et un standard inefficace. La SLA projette de faire des études approfondies des dialectes et de créer des standards dialectaux qui serviraient éventuellement de base à un standard ultérieur plus général, plus connecté avec la connaissance réelle des dialectes. La SLA insiste aussi sur le fait que le bénasquais est intermédiaire entre l'aragonais et le catalan, et mériterait de ce fait une standardisation appropriée.

Orthographe

L'aragonais connaît deux orthographes concurrentes :

  • La grafía de Uesca (graphie de Huesca). Elle est majoritairement utilisée, mais pas complètement généralisée. Elle a été fixée en 1987 par une convention qui s'est tenue à Huesca. Elle est soutenue par le Consello d'a Fabla Aragonesa (CFA, Conseil de la Langue Aragonaise). Son principe est de noter les phonèmes de manière quasi uniforme, sans tenir compte de l'étymologie. Par exemple, v et b sont uniformisés en b ; de même ch, j, g(+e), g(+i) sont uniformisés en ch... Certaines notations calquent l'espagnol (le ñ, les signes diacritiques pour noter les accents toniques)
  • La graphie SLA est apparue en 2004 avec la fondation de la Sociedat de Lingüistica Aragonesa (SLA, Société de Linguistique Aragonaise). Elle est minoritaire dans l'usage. Son ambition est de remplacer la graphie d'Huesca, estimée trop espagnolisée, afin de rendre à l'aragonais ses traditions graphiques médiévales et pour le rapprocher du catalan et de l'occitan. Par exemple, comme en aragonais médiéval, v et b sont distincts ; de même ch, j, g(+e), g(+i) sont distincts ; on écrit ny à la place de ñ. les accents fonctionnent un peu comme en catalan et en occitan.

Le manque de généralisation complète de la graphie d'Huesca et sa contestation par la SLA ont généré la création de l'Academia de l'Aragonés (Académie de l'Aragonais) en 2005. Ce nouvel organisme a reçu le soutien de nombreuses institutions pour trouver une orthographe plus consensuelle ainsi que pour élaborer un aragonais standard : son travail est en cours et ses résultats se sont pas encore publiés.

Comparaison entre les deux orthographes de l'aragonais[1]
phonèmes graphie de Huesca graphie SLA
/a/ a a
/b/ b
Ex: bien, serbizio, bal, autibo, cantaba
b, v selon l'étymologie, comme en catalan et en occitan.
Ex: bien, servício, val, activo, cantava
/k/
  • c
  • qu devant e, i
  • c
  • qu devant e, i
/kw/ cu comme en espagnol
Ex: cuan, cuestión
comme en catalan et un peu comme en occitan :
  • qu devant a, o.
  • devant e, i.
    Ex: quan, qüestion.
/tʃ/ ch
Ex: chaminera, minchar, chustizia, cheografía
  • ch.
  • j (g devant e, i) selon l'étymologie, comme en catalan et en occitan.
    Ex: chaminera, minjar, justícia, geografia
/d/ d d
/e/ e e
/f/ f f
/g/
  • g
  • gu devant e, i
  • g
  • gu devant e, i
/gw/
  • gu devant a, o
  • devant e, i
  • gu devant a, o
  • devant e, i
h étymologique, muet depuis le latin Non noté.
Ex: istoria
Noté comme en aragonais médiéval et en catalan.
Ex: história
/i/ i i
/l/ l l
/ʎ/ ll ll
/m/ m m
/n/ n n
/ɲ/ ñ comme en espagnol
Ex: añada
ny comme en aragonais médiéval et comme en catalan.
Ex: anyada
/o/ o o
/p/ p p
/r/ r r
/rr/
  • rr
  • r- en début de mot
  • rr
  • r- en début de mot
/s/ s (même entre deux voyelles, jamais ss*) s (même entre deux voyelles, jamais ss*)
/t/ t t
-t final et étymologique, muet en aragonais contemporain Non noté.
Ex: soziedá, debán, chen
Noté comme en aragonais médiéval, en catalan et en occitan.
Ex: sociedat, devant, gent
/u, w/ u u
/jʃ/ (dialectes orientaux)
/ʃ/ (dialectes occidentaux)
x
Ex: baxo
  • ix (dialectes orientaux).
  • x (dialectes occidentaux).
    Ex: baixo (oriental) = baxo (occidental)
/j/
  • y en début de mot et entre deux voyelles
  • i dans les autres cas
  • y en début de mot et entre deux voyelles
  • i dans les autres cas
/θ/ z
Ex: zona, Probenza, fez, zentro, serbizio, realizar.
  • z devant a, o, u, en début de mot.
  • ç devant a, o, u, à l'intérieur du mot.
  • z en fin de mot.
  • c devant e, i.
  • z dans les mots internationaux (mots savants grecs, emprunts, avec un z à l'origine).
    Ex: zona, Provença, fez, centro, servício, realizar.
formes savantes On note les tendances à l'assimilation, comme dans la norme mistralienne de l'occitan.
Ex: dialeuto, estensión ainsi que lecsico.
On ne note pas toutes les tendances à l'assimilation comme dans la norme classique de l'occitan.
Ex: dialecto, extension et lexico.
notation de l'accent tonique (en gras dans les exemples) Modèle espagnol.
Ex:
  • istoria, grazia, serbizio
  • mitolochía, cheografía, María, río
  • atenzión
  • choben, cantaban
Modèle catalan, occitan et portugais.
Ex:
  • história, grácia, servício
  • mitologia, geografia, Maria, rio
  • atencion
  • joven, cantavan ("jove, cantavan")

Notes et références

  1. On ne donne pas les détails orthographiques qui permettent de noter certains parlers locaux.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes


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