Nil

Nil
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Nil
Le Nil à l'Île d'Aguilkia.
Le Nil à l'Île d'Aguilkia.
Caractéristiques
Longueur entre 6 499 km et 6 700 km
Bassin 3 400 000 km2
Débit moyen 2 830 m3⋅s-1 (?)
Cours
Source principale Nil Blanc
 · Localisation Ruvyironza, Burundi
 · Coordonnées 2° 16′ 56″ S 29° 19′ 52″ E / -2.2822, 29.3312 (Source principale - Nil)
Source secondaire Nil Bleu
 · Localisation Lac Tana, Éthiopie
 · Altitude 1 788 m
 · Coordonnées 12° 02′ 09″ N 37° 15′ 53″ E / 12.035778, 37.264753 (Source secondaire - Nil)
Confluence des sources Près de Khartoum
Embouchure Mer Méditerranée
 · Localisation Égypte
 · Altitude 0 m
Géographie
Pays traversés Éthiopie, Soudan, Soudan du Sud, Égypte, Rwanda, Tanzanie, Ouganda, Burundi, R. D. Congo, Érythrée, Kenya
Principales villes Khartoum, Le Caire

Le Nil est un fleuve d'Afrique. Avec une longueur d'environ 6 500 km, c'est avec le fleuve Amazone, le plus long fleuve du monde[1]. Il est issu de la rencontre du Nil Blanc et du Nil Bleu. Le Nil blanc (Nahr-el-Abiad) prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie) ; le Nil bleu (Nahr-el-Azrak) est issu du lac Tana (Éthiopie). Ses deux branches s'unissant à Khartoum, capitale du Soudan actuel, le Nil se jette dans la Méditerranée en formant un delta au nord de l'Égypte. En comptant ses deux branches, le Nil traverse le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, l'Ouganda, l'Éthiopie, le Soudan du Sud, le Soudan et l'Égypte. Il longe également le Kenya et la République démocratique du Congo (respectivement avec les lacs Victoria et Albert), et son bassin versant concerne aussi l'Érythrée grâce à son affluent du Tekezé.

Le Nil est la voie qu'empruntaient les Égyptiens pour se déplacer. Il apporte la vie en fertilisant la terre et garantit l'abondance. Il joua un rôle très important dans l'Égypte antique, du point de vue économique, social (c'était autour de lui que se trouvaient les plus grandes villes), agricole (grâce au précieux limon des crues) et religieux. Fleuve nourricier d'un grand peuple, il fut divinisé sous le nom d'Hâpy[2], personnification divine du Nil dans la mythologie égyptienne.

La crue du Nil, qui avait lieu chaque été et qui apportait le limon noir permettant la culture de ses rives, est restée longtemps un phénomène inexpliqué. C'est de ce limon noir que vient le nom antique de l'Égypte, Kemet, qui veut dire « la terre noire ».

De nos jours, les eaux limoneuses du Nil sont captées et redistribuées sur les terres agricoles grâce aux barrages de Ziftah, d'Assiout, d'Hammadi, d'Esna et surtout des deux barrages géants d'Assouan, l'ancien et le grand barrage, dont la construction dans les années 1970 a nécessité le déplacement de plusieurs temples, dont ceux d'Abou Simbel, qui auraient été noyés dans la retenue du lac Nasser.

Vu depuis l'espace, le Nil se distingue nettement par sa vallée verte au milieu du désert.

Sommaire

Étymologie

Le mot « Nil » ((ar)nīl), vient du grec Νεῖλος (Neilos), signifiant la « vallée de la rivière ».[réf. nécessaire] Les Égyptiens anciens l'appelaient itéru (trans. = jtrw)[3] signifiant la grande rivière, représentée par les hiéroglyphes :

M17 X1
D21
G43 N35A N36
N21 Z1

En arabe on écrit النيل (An-Nil).

Affluents

Photo satellite du Nil.
Le Nil Blanc et le Nil Bleu.

Le bassin hydrographique du Nil couvre 3 254 555 km2, à peu près 10 % de la superficie de l'Afrique[4].

Les deux grands affluents du Nil sont le Nil Blanc dont la source se trouve à l'équateur, et le Nil Bleu dont la source se trouve en Éthiopie. Chacune de ces branches se trouve sur le flanc ouest du Rift Est-Africain. L'Atbara est aussi un autre affluent moins important du Nil, qui coule seulement quand il pleut en Éthiopie et qui s'assèche vite.

Le Nil Blanc

La source du Nil est parfois considérée comme étant le lac Victoria, mais le lac lui-même a des fleuves de taille considérable qui l'alimentent. La rivière la plus éloignée émerge de la forêt de Nyungwe au Rwanda, par l'intermédiaire du Rukarara, du Mwogo, du Nyabarongo et du Kagera, avant de couler dans le lac Victoria en Tanzanie près de la ville de Bukoba.

Le Nil quitte le lac Victoria aux chutes de Ripon, près de Jinja, Ouganda ; il porte le nom de « Nil Victoria ». Il coule pendant approximativement 500 km, par le lac Kyoga, jusqu'à atteindre le lac Albert. Après avoir quitté ce lac, le fleuve est connu sous le nom de « Nil Albert ». Il coule alors au Soudan, où il est connu comme le Nahr el Jabal (rivière de la montagne). Au confluent du Nahr el-Jabal et du Bahr el-Ghazal (720 km de long), le fleuve est connu sous le nom de Nahr al Abyad, ou Nil blanc, ce nom lui venant de l'argile blanchâtre en suspension dans ses eaux. De là, le fleuve coule vers Khartoum.

Le Nil Bleu

Le Nil Bleu (Ge'ez ጥቁር ዓባይ Ṭiqūr ʿĀbbāy, rivière noire Abay pour les Éthiopiens ; Nahr al Azraq pour les Soudanais) jaillit du lac Tana dans les montagnes éthiopiennes. Le Nil bleu coule environ 1 400 km vers Khartoum, où le Nil bleu et le Nil blanc se rejoignent pour former le Nil proprement dit. 90 % de l'eau et 96 % des sédiments transportés par le Nil[5] proviennent de l'Éthiopie, mais cet écoulement se produit seulement en été, quand les grandes pluies tombent sur le plateau éthiopien ; le reste de l'année, les grands fleuves drainant l'Éthiopie vers le Nil coulent faiblement.

Hydrologie

La confluence de la rivière Kagera et de la rivière Ruvubu près des chutes de Rusumo.

Le débit du Nil Albert à Mongalla est presque constant pendant toute l'année, d'une moyenne de 1 048 m3 par seconde. Après Mongalla le Nil (Nahr Al Jebel) entre dans d'immenses marais au Sud du Soudan (marais du Sudd). Plus de la moitié des eaux du Nil sont perdues dans ce marais par évaporation. Le débit moyen du Nahr Al Jebel, de Nahr à la fin des marais, est d'environ 510 m3 par seconde. À la sortie des marais, cette rivière rejoint rapidement le Sobat et forme le Nil Blanc.

L'écoulement moyen du Nil Blanc à Malakal est de 924 m3 par seconde, le débit maximum est approximativement de 1 218 m3 par seconde début mars et le minimum est d'environ 609 m3 par seconde en août. La fluctuation ici est due à la variation substantielle du débit du Sobat qui a un écoulement minimum d'environ 99 m3 par seconde en août et un débit maximum de plus de 680 m3 par seconde début mars.

Le Nil blanc coule ensuite vers Khartoum où il rejoint le Nil Bleu pour former le Nil.

Le Nil Blanc contribue approximativement à 30 % du débit annuel du Nil. Cependant, pendant la saison sèche (de janvier à juin), le Nil Blanc contribue à hauteur de 70 % voire 90 % de tout le débit du Nil. Pendant cette période, le débit du Nil Bleu peut descendre jusqu'à 113 m3 par seconde, bien que les barrages en amont règlent l'écoulement du fleuve. Pendant la période sèche l'écoulement du fleuve d'Atbara est pratiquement nul.

Le Nil Bleu contribue approximativement à 70 % du débit du Nil. Le débit du Nil Bleu change considérablement au cours de l'année. C'est ce qui provoque principalement les grandes variations du débit du Nil. Pendant la saison des pluies, le débit maximum du Nil Bleu excède souvent 5 663 m3 par seconde fin août (multiplication par 50 du débit normal).

Avant la construction de barrages sur le fleuve, le débit annuel pouvait passer de un à quinze à Assouan. Les débits maxima de plus de 8 212 m3 par seconde se produisent fin août-début septembre et les débits minima d'environ 552 m3 par seconde ont lieu vers la fin avril-début mai.

Le bassin du Nil est complexe, et pour cette raison le débit en n'importe quel point le long du fleuve dépend de beaucoup de facteurs comprenant la météorologie, les déviations, l'évaporation ou l'évapotranspiration, et l'écoulement d'eaux souterraines.

Débit moyen mensuel (en m³/s) mesuré à la Station hydrologique de Dongola- bassin versant: 2 694 000 km²-données calculées sur la période 1912-1984[6]

Les bras du Nil

Après la confluence du Nil Bleu et du Nil Blanc, le seul affluent principal restant est la rivière Atbara, qui provient du nord de l'Éthiopie du lac Tana, et coule sur approximativement 800 km. Il rejoint le Nil environ 300 km après Khartoum. Le Nil a ainsi comme particularité le fait que son dernier affluent le rejoint à mi-chemin de la mer. Après cet endroit, le débit du Nil diminue en raison de l'évaporation très importante lors de la traversée du Sahara.

Le Nil au Soudan se singularise :

  • il coule à travers six groupes de cataractes, de Sbakola (au Nord de Khartoum) jusqu'à Assouan ;
  • il prend une direction inverse, retournant vers le sud-ouest avant de couler plus directement vers la mer. Ceci s'appelle le grand méandre du Nil.

Au début du delta, au nord du Caire, le Nil se divise en deux bras principaux, le bras de Rosette à l'ouest et celui de Damiette à l'est.

Histoire

Coucher de soleil au-dessus du Nil (Le Caire, Égypte)

Le Nil (iteru en égyptien ancien) était le cœur de la civilisation de l'Égypte antique, avec la majorité de la population et toutes les villes de l'Égypte se situant le long de cette partie du Nil au nord d'Assouan. Le Nil a été la colonne vertébrale de la culture égyptienne depuis l'âge de pierre. Le changement de climat, et peut-être une trop grande utilisation des terres comme pâturages, a desséché les terres pastorales de l'Égypte pour former le désert du Sahara, probablement vers -8000, et les habitants ont alors vraisemblablement émigré vers le fleuve, où ils ont établi une économie agricole sédentaire et une société plus centralisée.

Pendant trente siècles, seules des felouques et des canges à rames ont navigué sur le Nil de Haute-Égypte. Il n'a fallu que cinquante ans pour qu'une armada de palaces flottants bouleverse le trafic fluvial millénaire.

Le rôle du Nil dans la fondation de la civilisation égyptienne

Le delta du Nil vu de l'espace
Le Nil éternel.
Le Nil (Louxor, Égypte)

La nourriture a joué un rôle crucial dans la fondation de la civilisation égyptienne. Le Nil a été une source intarissable de nourriture. Le Nil rend les terres environnantes très fertiles lors de ses crues annuelles. Les Égyptiens pouvaient cultiver le blé, le riz, et des récoltes autour du Nil, fournissant de la nourriture pour toute la population. En outre, l'eau du Nil attire du gibier tel que le buffle d'Afrique, et après leur introduction par les Perses au VIIe siècle avant notre ère, des dromadaires[7]. Ces animaux ont pu être tués pour la viande, ou capturés, apprivoisés et employés pour labourer — ou dans le cas des dromadaires pour voyager. L'eau était vitale pour les humains comme pour le bétail. Le Nil était également un moyen commode et efficace de transport pour les personnes et les marchandises.

La civilisation de l'Égypte était l'une des mieux structurées de l'histoire. Cette stabilité était la conséquence immédiate de la fertilité du Nil. Le Nil a aussi fourni le lin pour le commerce. Le blé était également échangé, une récolte cruciale dans le Moyen-Orient où la famine sévissait souvent. Ce système marchand a fixé les rapports diplomatiques de l'Égypte avec d'autres pays, et a souvent contribué à la stabilité économique de l'Égypte. En outre, le Nil a fourni des ressources telles que la nourriture ou l'argent, pour lever rapidement et efficacement des armées.

Le Nil a joué un rôle important dans la politique et dans la vie sociale. Le pharaon faisait déborder le Nil, et en échange de l'eau fertile et des récoltes, les paysans cultivaient le sol et envoyaient au pharaon une partie des ressources qu'ils avaient récoltées. En contrepartie, ce dernier utilisait ces ressources pour le bien-être de la société égyptienne.

Le Nil avait une dimension spirituelle. Le Nil signifiait tant dans la vie des Égyptiens, qu'ils ont créé un dieu consacré au bien-être apporté par l'inondation annuelle du Nil. Le nom de ce dieu était Hâpy et autant lui que Pharaon étaient censés contrôler la crue du Nil. Le Nil a été aussi considéré comme un seuil entre la vie et la mort, l'au-delà. L'est était considéré comme le lieu de la naissance et de la croissance et l'ouest celui de la mort, comme le dieu , le soleil, qui subit ces trois états : naissance, mort et résurrection à chaque fois qu'il traverse le ciel. Ainsi, tous les tombeaux ont été placés à l'ouest du Nil, parce que les Égyptiens croyaient que pour entrer dans l'au-delà, il fallait être enterré du côté symbolisant la mort.

L'historien grec Hérodote a écrit que « l'Égypte était un don du Nil », et dans un sens cela est vrai. Sans les eaux du Nil pour l'irrigation, la civilisation égyptienne n'aurait probablement pas duré aussi longtemps. Le Nil a fourni les éléments qui ont permis la formation d'une civilisation pendant près de trois mille ans.

Le commerce de grande envergure le long du Nil depuis des temps antiques peut être prouvé à partir de l'os d'Ishango, probablement la première indication connue de la multiplication, qui a été découverte près de la source du Nil (près du lac Edouard, au nord-est du Congo), os qui a été daté au carbone 14 à près de 23 000 années avant notre ère.

La recherche des sources du Nil

Le Nil à Dendérah, Égypte (photo Spot Image).

En dépit des tentatives des Grecs et des Romains (qui n'ont pu traverser les marais du Sudd), l'amont du Nil est demeuré en grande partie inconnu. Les diverses expéditions n'avaient pas réussi à déterminer la source du fleuve. Les représentations hellénistiques et romaines classiques du fleuve représentaient ainsi un dieu masculin avec son visage et sa tête se cachant dans des draperies, en témoignent les vers célèbres de Lucain :

« Arcanum natura caput non prodidit ulli
Nec licuit populis parvum te, Nile, videre[8]  »

Agatharchide relate que durant la période de Ptolémée II Philadelphe, une expédition militaire avait pénétré assez loin le long du cours du Nil Bleu pour déterminer que les crues de l'été étaient provoquées par les orages de pluies saisonnières dans les montagnes éthiopiennes. Mais aucun Européen dans l'antiquité n'est connu pour avoir atteint le lac Tana, encore moins pour avoir retracé les étapes de cette expédition après Méroé.

Les Européens ne connaissaient que peu de choses sur les origines du Nil jusqu'aux XVe et XVIe siècles, quand des voyageurs allant en Éthiopie ont visité non seulement le lac Tana, mais sont allés jusqu'à la source du Nil Bleu dans les montagnes au sud du lac. Bien que James Bruce ait prétendu avoir été le premier Européen à avoir vu la source, les auteurs modernes considèrent (avec plus de sources) que le premier est plutôt le père jésuite Pedro Páez. Des Européens s'étaient installés en Éthiopie depuis la fin du XVe siècle, et il est possible qu'ils aient exploré le fleuve au plus près de sa source, mais ils ne pouvaient pas envisager son cours au-delà de l'Éthiopie. Il est très probable que l'un d'entre eux ait visité les sources sans pour autant avoir pu communiquer un rapport sur sa découverte.

Le Nil Blanc était encore plus inconnu. Les anciens ont de manière erronée pensé que le fleuve Niger était une des extensions supérieures du Nil Blanc. Par exemple, Pline l'Ancien a écrit que le Nil aurait sa source dans une montagne de la Mauritanie du Sud, qu'il coule sur une distance de plusieurs jours, puis se prolonge sous terre, et qu'il réapparaît sur le territoire des Massaessyles, puis retourne sous le désert pour couler pendant 20 jours jusqu'à ce qu'il atteigne les Éthiopiens les plus proches[9].

Le lac Victoria a été aperçu pour la première fois par un Européen en 1858 quand l'explorateur britannique John Hanning Speke atteignit son rivage méridional pendant son voyage avec Richard Francis Burton pour explorer l'Afrique centrale et pour localiser les Grands Lacs. Croyant avoir trouvé la source du Nil en voyant cette « vaste étendue d'eau » pour la première fois, Speke a appelé le lac du nom de la reine du Royaume-Uni. Burton, qui avait récupéré de sa maladie et se reposait au sud sur les rivages du lac Tanganyika, s'est indigné du fait que Speke ait prétendu qu'il avait découvert la vraie source du Nil. Burton considérait que cela n'était pas encore réglé. Une querelle publique suivit, qui a non seulement provoqué des discussions intenses au sein de la communauté scientifique, mais aussi beaucoup d'intérêt chez les autres explorateurs souhaitant confirmer ou réfuter la découverte de Speke. L'explorateur et missionnaire britannique David Livingstone échoua dans sa tentative de vérifier la découverte de Speke, en allant trop vers l'ouest et entrant dans le système du fleuve Congo. C'est finalement l'explorateur britannique Henry Morton Stanley qui confirma la véracité de la découverte de Speke, en naviguant autour du lac Victoria et en se rendant compte de l'existence des chutes de Rippon sur la rive nord du lac. C'est au cours de ce voyage qu'il est dit que Stanley aurait salué l'explorateur britannique avec les mots célèbres « Dr. Livingstone, je présume ? » en découvrant l'Écossais malade et découragé dans son camp sur les rives du lac Tanganyika.

L'expédition du Nil Blanc, menée par le Sud-Africain Hendri Coetzee, a été la première à naviguer sur toute la longueur du Nil. Elle est partie de la source du Nil en Ouganda le 17 janvier 2004 et est arrivée sans soucis à la Mer Méditerranée à Rosette, quatre mois et deux semaines plus tard. National Geographic a présenté un film sur l'expédition à la fin de l'année 2005 : The Longest River.

Le 28 avril 2004, le géologue Pasquale Scaturro et son associé, le kayakiste et réalisateur de documentaires Gordon Brown sont devenus les premières personnes à naviguer sur le Nil Bleu, du lac Tana en Éthiopie aux plages d'Alexandrie sur la Méditerranée. Cependant, leur expédition comprenait beaucoup d'autres personnes, mais Brown et Scaturro ont été les seuls à rester pendant tout le voyage. Ils ont enregistré la chronique de leur aventure avec une caméra IMAX et deux caméras à main dans le film IMAX intitulé Le Mystère du Nil et dans un livre éponyme. Malgré tout, l'équipe a été forcée d'utiliser des bateaux à moteur pour la majeure partie de leur voyage, et ce n'est que le 29 janvier 2005 que le Canadien Les Jickling et le Néo-zélandais Mark Tanner atteignirent la mer Méditerranée. Pour la première fois, les hommes avaient navigué sur la totalité du cours du Nil.

Le 30 avril 2005, une équipe menée par les Sud-Africains Peter Meredith et Hendri Coetzee sont devenus les premiers à naviguer jusqu'à la source la plus lointaine du Nil : la rivière Akagera qui commence comme la rivière Rukarara dans la forêt de Nyungwe au Rwanda.

Le 31 mars 2006, trois explorateurs de Grande-Bretagne et Nouvelle-Zélande ont prétendu avoir été les premiers à remonter le fleuve de son delta à la vraie source qui se trouve dans la forêt tropicale de Nyungwe au Rwanda.

La source la plus haute du Nil naît dans les montagnes du Ruwenzori. Ce nom veut dire faiseur de pluie dans la langue des tribus d'altitude ougandaises. Dans ce massif, l'eau du ciel tombe plus de 300 jours par an. Ses forêts sont une éponge gonflée d'humidité. Les torrents qui se déversent en cataracte sur les fortes pentes de ce cimetière végétal grossissent la rivière Semliki qui alimente le lac Albert, grand déversoir du Nil.

2°16′55.92″S 29°19′52.32″E / -2.2822, 29.3312. [1]

Le fleuve, aujourd'hui

Les rives du Nil à proximité d'Assouan.
Vue des rives du Nil à partir du bateau, entre Louxor et Assouan.
Écluse sur le Nil

Le Nil permet toujours à une grande partie de la population vivant le long de ses rives, d'y subsister, ainsi qu'aux Égyptiens vivant dans des régions inhospitalières du Sahara. On estime que près de 90% de la population égyptienne vit ainsi dans la vallée et le delta du Nil[10]. Le fleuve déborde chaque été, déposant du limon fertile sur les champs. L'écoulement du fleuve est contrarié en plusieurs points par des cataractes, qui sont des endroits où la vitesse de l'eau s'intensifie, avec beaucoup de petites îles, de l'eau peu profonde, et des rochers, formant un obstacle à la navigation par bateaux. Les marais du Sudd au Soudan forment également un obstacle pour la navigation et l'écoulement de l'eau. L'Égypte avait par le passé essayé de creuser un canal (le canal de Jongeli) pour améliorer l'écoulement de cette masse stagnante d'eau (également connue sous le nom de lac No).

Le Nil est toujours utilisé pour transporter des marchandises à différents endroits de son long cours ; les vents d'hiver favorisent cette navigation : les bateaux peuvent ainsi voyager vers l'amont en utilisant seulement la voile, et en employant vers l'aval l'écoulement du fleuve. Tandis que la plupart des Égyptiens vivent toujours dans la vallée du Nil, la construction du haut barrage d'Assouan (fini en 1970) pour fournir de l'hydroélectricité a mis fin en aval au renouvellement du limon fertile lors des crues de l'été.

Les villes sur le Nil incluent Khartoum, Assouan, Louxor (Thèbes), et l'agglomération du Caire. La première cataracte, la plus proche de l'embouchure du fleuve, est à Assouan au nord des barrages d'Assouan. À partir d'Assouan, vers le Nord, le Nil est un itinéraire touristique important, où naviguent des bateaux de croisière comme des bateaux traditionnels en bois, felouques et dahabiehs. En outre, beaucoup de « bateaux-hôtels » font le chemin entre Louxor et Assouan, s'arrêtant entre-temps à Edfou et à Kôm Ombo. Il était encore possible récemment de naviguer sur ces bateaux du Caire jusqu'à Assouan, mais les autorités ont interdit la plus grande partie de cet itinéraire pour des raisons de sécurité.

Géopolitique et partage des eaux

Lors de la crise du canal de Suez, parmi les plans élaborés par les Britanniques lors des tensions avec l'Égypte désormais pleinement indépendante, l'un d'entre eux consistait à couper le flux des eaux du Nil vers l'Égypte, depuis le barrage des chutes Owen en Ouganda, de manière à endommager le secteur agricole et couper les communications[11]. Les militaires exposèrent ce plan au Premier ministre Anthony Eden six semaines avant l'invasion. Il fut abandonné par crainte qu'il ne provoque de violentes émeutes au sein de la population égyptienne, parce qu'il aurait pris des mois à mettre en place et qu'il aurait aussi mis à mal d'autres pays comme le Kenya et l'Ouganda.

De nos jours, la répartition des eaux du Nil pour l'exploitation humaine est régulée par un accord liant neuf des dix pays riverains du bassin (Burundi, Congo-Kinshasa, Égypte, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Rwanda, Soudan, Tanzanie - mais pas l’Érythrée, seulement observateur, et ne voisinant pas directement le Nil), sous la bannière de l'Initiative du bassin du Nil (IBN, Nile Basin Initiative)[12]. Il tire son origine d'un premier accord datant de 1929, définissant la répartition entre l'Égypte, formellement indépendante à cette époque, et le reste du territoire de l'Empire britannique riverain du Nil, donnant notamment un droit de véto à l'Égypte sur tout projet en amont.

Un second accord fut signé en 1959 entre l'Égypte et le Soudan, sans tenir compte des huit autres États concernés. L'Égypte accédait ainsi à 55,5 milliards de m³ par an, et le Soudan à 18,5 m³, accaparant à eux deux plus des trois quarts de l’eau disponible.

Cette répartition est remise en cause par les autres pays riverains du fleuve, souhaitant pouvoir mener leurs propres projets de développement. L'Égypte et le Soudan revendiquent eux des droits historiques, en en faisant même une question de sécurité nationale[13].

Lassé de l'immobilisme, un texte a été proposé à la signature par quatre pays de l'IBN en amont du fleuve, l'Éthiopie, la Tanzanie, le Rwanda et l’Ouganda (rejoints plus tard par le Kenya)[14]. Pour entrer en vigueur au sein de l'IBN, le texte doit être approuvé par six des neuf pays. Le Burundi et le Congo-Kinshasa sont donc désormais les deux seuls pays n'ayant pas pris position.

L’Eonile

Le Nil actuel est au moins le cinquième fleuve qui ait coulé au nord des montagnes éthiopiennes. Grâce à des images satellites, on a pu repérer des cours d'eau asséchés dans le désert à l'ouest du Nil. Un canyon, maintenant rempli par la dérive extérieure, représente un Nil antique appelé l’Eonile qui a coulé vers la fin du Miocène (23-5,3 millions d'années). L’Eonile a transporté les sédiments clastiques dans la Méditerranée ; plusieurs gisements de gaz ont été découverts dans ces sédiments. Au sud du Caire, une gorge remplie de sable atteint une profondeur de 1 400 mètres.

Pendant la crise du Messinien à la fin du Miocène, lorsque la mer Méditerranée était un bassin fermé et que le niveau de la mer avait baissé d'approximativement 1 500 m, le Nil était alors au niveau de cette mer, au point d'être à Assouan quelques centaines de mètres plus bas que le niveau des océans. Cet immense canyon est maintenant rempli de sédiments.

Autrefois, le lac Tanganyika se déversait au nord dans le Nil, jusqu'à ce que les volcans de Virunga aient bloqué son cours au Rwanda. Cela aurait rendu le Nil beaucoup plus long, avec sa source au Nord de la Zambie.

Notes

  1. Entre l'Amazone et le Nil, le plus long est sujet à débat depuis plus d'un siècle. Le consensus actuel est de considérer que l'Amazone est le plus important en volume et que le Nil est le plus long. Néanmoins les mesures varient entre 6 259 km et 6 800 km pour l'Amazone et 6 499 km[réf. nécessaire] et 6 700 km pour le Nil :
    • Dictionnaire Hachette : Nil = 6 671 km ; Amazone = 6 280 km
    • Dictionnaire Larousse : Nil = 6 700 km ; Amazone = 7 000 km depuis les sources du Río Apurímac
    • Robert encyclopédique : Nil = 6 671 km ; Amazone = 6 762 km
    Les différences provenant des méthodes de mesures et des différentes définitions de la source et de l'estuaire d'une rivière. En 2007, une équipe brésilienne a prétendu avoir découvert une nouvelle source pour l'Amazone qui tendrait à prouver que l'Amazone est plus long (voir en ligne sur nationalgeographic.com et earthobservatory.nasa.gov)
  2. À ne pas confondre avec Hâpi, le génie à tête de singe.
  3. (en)What did the ancient Egyptians call the Nile river? Open Egyptology. (Accédé le 17 octobre 2006 - mot de passe demandé ou se connecter en tant qu'invité)
  4. EarthTrends: The Environmental Information Portal
  5. Michael H. Marshall, Henry F. Lamb, C. Richard Bates, Paul V.C. Coombes, Sarah J. Davies, Mohammed Umer, and Eshete Dejen, (en) [PDF] Late Pleistocene and Holocene environmental and climatic change from Lake Tana, source of the Blue Nile (32 Kio), 2006
  6. Le Nil à Dongola
  7. Le dromadaire (Camelus dromedarius) est un mammifère domestique de la famille des camélidés et du genre Camelus. Le chameau a deux bosses alors que le dromadaire n'en a qu'une.
  8. Lucain, Pharsale, livre X : « La nature a jeté sur ta source [littéralement: sur ta tête] un voile / Qu'elle n'a permis à aucun peuple de lever.»
  9. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], V, 10.
  10. Présentation de l’Egypte, Géographie (Source : MFE), France Diplomatie
  11. Les Britanniques avaient planifié de couper le Nil: source de la BBC sur base de documents déclassifiés par les archives nationales britanniques
  12. Le bras de fer pour les eaux du Nil continue - La Libre Belgique, 7 janvier 2011
  13. Eau : la bataille du Nil va commencer - La Libre Belgique, 14 mai 2010
  14. Quatre pays d'Afrique de l'Est s'accordent sur le partage des eaux du Nil - La Libre Belgique, 14 mai 2010

Bibliographie

  • Annabelle Boutet, L'Égypte et le Nil - Pour une nouvelle lecture de la question de l'eau, préface de Bruno Étienne, L'Harmattan, Paris, 2001, (ISBN 2-7475-1522-2).

Voir aussi

Articles connexes

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  • nil — [nɪl] noun [uncountable] nothing: • The new machine reduced labour costs to almost nil. * * * nil UK US /nɪl/ noun [U] ► nothing or zero: »At best, the economic impact is nil …   Financial and business terms

  • Nil [3] — Nil (Nilus), berühmte antike Marmorgruppe, den Flußgott Nil darstellend, gefunden unter Leo X. bei der Kirche Santa Maria sopra Minerva in Rom, einer Gegend, wo einst ein Isisheiligtum war. Das Werk, jetzt im vatikanischen Museum befindlich, ist… …   Meyers Großes Konversations-Lexikon

  • nil — S3 [nıl] n [U] [Date: 1800 1900; : Latin; Origin: nihil nothing ] 1.) nothing = ↑zero ▪ The new machine reduced labour costs to almost nil. 2.) BrE the number zero, used in sports results ▪ Our team won by two goal …   Dictionary of contemporary English

  • nil — [ nıl ] noun uncount 1. ) used for saying that something does not exist: virtually/practically nil: Their chances of survival are virtually nil. 2. ) BRITISH SPOKEN the number 0 in the score of a game …   Usage of the words and phrases in modern English

  • nil — /nil/, n. 1. nothing; naught; zero. adj. 2. having no value or existence: His credit rating is nil. [1805 15; < L nil, var. (by apocope) of nilum, contr. of nihilum nothing, equiv. to ni (var. of ne not) + hilum trifle] * * * …   Universalium

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