Non violence

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Non-violence

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Manifestation non-violente contre les essais nucléaires, Paris, 1995

La non-violence est une philosophie qui délégitime la violence, promeut une attitude de respect de l'autre dans le conflit et une stratégie d'action politique pour combattre les injustices.

Sommaire

Présentation

Marche de protestation contre le régime de l'Apartheid, organisée par Gandhi en 1913 (Transvaal)
Gandhi, le 5 avril 1930, pendant la Marche du sel, ramassant une poignée de boue salée.
Le bus de Montgomery dans lequel Rosa Parks est montée le 1er décembre 1955, exposé au musée Henry Ford (Dearborn, Michigan).
Lanza del Vasto au moment de son jeûne sur le Larzac

Popularisée dès 1921 par Gandhi en Inde, c'est l'ahimsâ — du sanskrit a, négation et himsâ violence —, un des fondements du bouddhisme et du jainisme. Elle a été adoptée ou utilisée plus ou moins ouvertement par de nombreuses personnes, dont Martin Luther King pour la lutte des Noirs américains contre la ségrégation, le 14e Dalaï Lama en exil en Inde pour résoudre le conflit sino-tibétain, Adolfo Pérez Esquivel en Amérique latine, Vinoba Bhave à nouveau en Inde, Lech Wałęsa et Václav Havel contre les gouvernements communistes polonais et tchèque, Cory Aquino aux Philippines, Nelson Mandela et Steve Biko en Afrique du Sud, Aung San Suu Kyi au Myanmar et Ibrahim Rugova au Kosovo.

Albert Einstein s'intéressa à cette forme de lutte[1], admira Gandhi[2] et signa le manifeste de Bertrand Russell contre la violence militaire nucléaire. Il définit la non-violence par « la non-participation en quoi que ce soit que l'on croit maléfique »[3].

Le 10 novembre 1998, à l'appel de tous les Prix Nobel de la paix vivants, l'Assemblée générale des Nations unies a voté une résolution déclarant la décennie 2001-2010 Décennie internationale pour la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde. En 2007, les Nations Unies ont décidé que le 2 octobre (jour de naissance de Gandhi) serait désormais une Journée internationale de la non-violence[4].

En France

En France, le plus ancien mouvement non-violent est la branche française du Mouvement International de la Réconciliation (créée en 1923). Lanza del Vasto, ami de Gandhi, créa la Communauté de l'Arche en 1948. Le philosophe Jean-Marie Muller, ainsi que Jean Toulat, Jacques Sémelin, et Christian Mellon, et d'autres, ont cherché à développer une théorie de la non-violence et son adaptation politique à travers des «groupes non-violents» à partir du début des années 1970. Le mouvement des objecteurs de conscience et la lutte des paysans du Larzac, à partir de 1972, ont popularisé la non-violence. Jean-Marie Muller et les plus motivés par l'action politique créèrent le Mouvement pour une alternative non-violente.

Entre engagement social et progression spirituelle

On peut classer les partisans de la non-violence en deux tendances : ceux qui pronent la non-violence comme méthode politique et sociale, et ceux qui soutiennent que la non-violence est un but spirituel en soi, intimement lié à la construction de la personnalité et à la pratique d'une morale de vie. Les frontières entre ces deux tendances ne sont pas clairement établies. En France, elles se repèrent autour de deux groupes symboles : Le Mouvement pour une alternative non-violente et les communautés de l'Arche de Lanza del Vasto.

Gandhi a affirmé que « La non-violence, qui est une qualité du coeur, ne peut pas résulter d'un appel au cerveau »[5].

L'injustice comme source de la violence

Les militants de la non-violence distinguent la violence des situations et les réactions violentes qu'elles engendrent. Ils veulent dénoncer les situations de violences pour désamorcer les risques de crises violentes. Les moyens utilisés pour dénoncer ces situations de violences sont qualifiés de méthode «non-violente» par opposition aux méthodes les plus courantes dans l'histoire, "telle qu'on nous la raconte", qui recourent à la répression, policière et/ou militaire, des réactions violentes aux situations de violences.

L'attitude non-violente part donc du postulat que les situations de violence précèdent les expressions violentes et que l'injustice, et le refus de respecter son adversaire, sont les véritables sources de la violence. Les non-violents récusent catégoriquement l'accusation de pacifisme. L'action non-violente suppose l'exposition bien réelle des militants, non armés, aux armes de ceux qui choisissent des méthodes violentes pour résoudre les conflits. L'action «non-violente» table donc sur des ressorts psychologiques humains de l'adversaire qui ne pourrait durablement s'exposer à paraître lâche en utilisant la violence armée contre des gens désarmés. L'«opinion publique» apparaît donc comme le médiateur convoqué par la lutte non-violente. Les politiques modernes et médiatiques sont imprégnées de ce concept.

Maria Stephan et Erika Chenoweth affirment dans une leçon d'anthropologie que la résistance non-violente est plus efficace que la résistance violente[6].

Manifestation non-violente contre la Guerre du Golfe, Francfort-sur-le-Main, 1991

Bibliographie

  • Jean-Marie Muller, Stratégie de l'action non-violente, Seuil, coll. « Points politique; Po 109 », Paris, 1981, 253 p. 
  • Lanza del Vasto, Technique de la non-violence, Denoël, coll. « Folio essais; 97 », Paris, 1988, 286 p. 
  • Jean-Marie Muller, Lexique de la non-violence, IRNC, Fontenay-sous-Bois, 1988, 112 p. 
  • François Vaillant, La non-violence dans l'évangile, Les éditions Ouvrières, Paris, 1991, 126 p. 
  • Les luttes non-violentes au XXe siècle, Alternatives non violentes, Versailles, 2001, 154 + 79 p. 
  • Olivier Maurel, La non-violence active : 100 questions-réponses pour résister et agir, La Plage, coll. « Alternatives », Tressan (France), 2001, 121 p. (ISBN 2-84221-076-X) [présentation en ligne] 
  • José Bové et Gilles Luneau, Pour la désobéissance civique, La Découverte, coll. « Cahiers libres », Paris, 2004, 260 p. (ISBN 2-7071-4359-6) [présentation en ligne] 
  • Jean-Marie Muller, Dictionnaire de la non-violence, Ed. du Relié, Gordes (France), 2005, 407 p. (ISBN 2-914-916-56-6) [présentation en ligne] 
  • Découvrir la non-violence, Centre de ressources sur la non-violence de Midi-Pyrénées, coll. « Culture de non-violence », Colomiers, 2005, 45 p. (ISBN 2-9521636-1-8) [présentation en ligne] 
  • Jean-Marie Muller, Choisir la non-violence pour rendre possible un autre monde, Centre de ressources sur la non-violence de Midi-Pyrénées, coll. « Culture de non-violence », Colomiers, 2006, 55 p. (ISBN 2-9521636-3-4) [présentation en ligne] 

Notes

  1. Lire « pourquoi la guerre ? », correspondance avec Freud, 1932 ou parcourir http://www.aeinstein.org/
  2. (en) « I believe that Gandhi's views were the most enlightened of all the political men in our time. We should strive to do things in his spirit: not to use violence in fighting for our cause, but by non-participation in anything you believe is evil », Mahatma Gandhi Research and Media Service, “Einstein on Gandhi”). [1]
  3. Traduit de l'anglais, citation audio reprise par la Chatham University et fournie par la GandhiServe Foundation : Mahatma Gandhi Research and Media Service. 1998-2005. Comprehensive site catalogued by Gandhi’s youngest son
  4. Résolution adoptée par l'Assemblée générale le 27 juin 2007.
  5. (en) « Nonviolence, which is a quality of the heart, cannot come by an appeal to the brain. » In Gandhi on Non-Violence : A Selection from the Writings of Mahatma Gandhi, New Directions, New York, 1965, p. 27.
  6. René Dagorn, La résistance civile, ça marche, sur SciencesHumaines.com, au sujet de : Maria Stephan et Erika Chenoweth, « Why civil resistance works, the strategic logic of nonviolent conflit », in International Security, été 2008 .

Voir aussi

Articles connexes

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