Nosferatu le vampire

Nosferatu le vampire

Nosferatu le vampire

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Titre original Nosferatu, eine Symphonie des Grauens
Réalisation Friedrich Wilhelm Murnau
Scénario Henrik Galeen
d'après Bram Stoker
Acteurs principaux Max Schreck
Gustav von Wangenheim
Greta Schröder
Alexander Granach
Georg H. Schnell
Pays d’origine Drapeau d'Allemagne Allemagne
Sortie 1922
Durée 94 min.

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Nosferatu le vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens en version originale allemande[1]) est un film muet allemand réalisé par Friedrich W. Murnau et sorti en 1922.

Il s'agit de la première adaptation filmée du roman Dracula de Bram Stoker, bien qu'elle fut non autorisée. Il s'agit aussi de l'un des premiers films d'horreur, genre dont Murnau est un des pionniers, et un des grands chefs d’œuvre du cinéma expressionniste allemand.

Sommaire

Synopsis

Château d’Orava où a été tourné Nosferatu
la maison de Hutter á Lübeck en 1909

À Wisborg en 1838 (et non à Brême comme le laisse entendre la version française), Thomas Hutter, un jeune clerc d’agent immobilier ayant fait un heureux mariage avec Ellen, doit partir pour la Transylvanie afin de vendre une propriété au comte Orlok qui désire avoir une résidence dans la ville. Après un périple sur une terre d’ombres, le jeune homme est accueilli au sein d’un sinistre château par le comte. Durant la transaction, Orlok aperçoit une miniature d’Ellen qui le fascine et décide d’acquérir le bâtiment – proche de la maison du couple – qui lui est proposé. Hutter, hôte du comte, ne tardera pas à découvrir la véritable nature de celui-ci. Alors Nosferatu cheminera vers sa nouvelle propriété, répandant dans son sillage par ses morsures la mort et la désolation que le peuple (« éclairé » par les mensonges immémoriaux de la médecine) prendra pour une épidémie de peste. Ellen, bientôt en proie aux mains griffues de Nosferatu qui la convoite, laissera le comte faire d’elle sa victime et sacrifie son sang au vampire pour sauver la ville frappée par la peste.

Les intertitres sont de trois types : ceux qui concernent le texte du narrateur historien ; ceux qui évoquent les documents écrits ou lus par les protagonistes (journaux intimes, lettres comme dans le roman) ; enfin, les intertitres consacrés aux dialogues.

Divers effets visuels sont utilisés par Murnau afin de susciter l’inquiétude et le malaise : voiture qui amène Hutter au château, en négatif ; apparitions du comte se détachant de l’obscurité ; mouvements accélérés d’Orlok chargeant les cercueils destinés à l’abriter pendant son voyage vers Wismar… De plus, la teinte de la pellicule accentue différents climats, comme c’est le cas pour les scènes de nuit en bleue et les séquences de jour, teintées de sépia.

Fiche technique

  • Titre : Nosferatu le vampire
  • Titre original : Nosferatu, eine Symphonie des Grauens
  • Réalisation : Friedrich Wilhelm Murnau
  • Scénario : Henrik Galeen, d’après le roman de Bram Stoker Dracula
  • Décors et costumes : Albin Grau
  • Photographie : Fritz Arno Wagner
  • Musique originale : Hans Erdmann
  • Production : Enrico Dieckmann, Albin Grau
  • Société de production : Prana Film Berlin GmbH
  • Société de distribution : Film Arts Guild
  • Genre : Horreur
  • Format : Noir et blanc - 35 mm - 1,37:1 - Muet
  • Durée : 72 min (soit 1 967 m) ; 94 min dans la version restaurée MK2
  • Dates de sortie : Drapeau d'Allemagne Allemagne : 4 mars 1922 (Berlin), 6 août 1922 (sortie nationale) ; Drapeau de France France : ?

Distribution

Production et tournage

Le tournage a débuté en juillet 1921 et la plupart des scènes se déroulant dans la ville fictive de Wisborg ont été tournées dans les villes de Wismar et de Lübeck. On peut y voir notamment la place du marché de Wismar avec la Wasserkunst et des monuments comme l'église Heilingen-Geist-Kirche ainsi que la Wassertort. C'est au grenier à sel de Lübeck (Salzspeicher), abandonné à l'époque, que seront tournées les scènes où l'on voit la maison achetée par le comte Orlock à Wisborg. D'autres scènes ont été tournées à Lauenburg, Rostock et Sylt.

L'équipe de tournage se déplacera ensuite en Slovaquie, dans les Carpates pour filmer les scènes censées se dérouler en Transylvanie. Le château d'Orava va servir de décor pour le château du comte Orlock. Des lieux situés à proximité du château serviront pour le tournage comme la ville de Dolný Kubín où Hutter fait une halte lors de son voyage, la rivière Váh, où a été tourné le voyage en radeau avec les cercueils. Les Hautes Tatras serviront aussi de décor représentant la Transylvanie.

Une adaptation de Dracula (Bram Stoker, 1897)

Le scénario prend plusieurs libertés par rapport à l’œuvre de Bram Stoker. Tout d’abord, il y a un changement de lieu puisque l'action se passe dans la ville imaginaire de Wisborg au lieu de Londres. La ville fictive de Wisborg est largement inspirée des villes de Wismar et de Lübeck où les scènes ont été tournées. Les noms des personnages ont été aussi modifiés par rapport au roman: Jonathan Harker devient Thomas Hutter, Mina Murray devient Ellen, Dracula devient Orlok, Renfield devient Knock. Ces modifications ont été motivées par le faible budget dont disposait le film et qui lui interdisaient le versement des droits d’auteur. Ensuite, Nosferatu se présente à Hutter sous forme d’un loup-garou (ici représenté sous la forme d’une hyène brune), s’inspirant ainsi de L’invité de Dracula, premier chapitre retiré du roman original et publié sous forme d’une nouvelle quelques années plus tard. Enfin, la lumière du jour peut tuer le vampire (alors que dans le roman, Dracula se promène à Londres, en pleine journée). Néanmoins, la trame narrative est respectée.

Ces modifications ne parvinrent cependant à empêcher le procès intenté par la veuve Stoker contre Prana Film (entre 1922 et 1925). En juillet 1925, les copies et les négatifs sont détruits. En octobre 1925, alors que la British Film Society demande à Florence Stoker de patronner un festival de cinéma à Londres, celle-ci apprend avec stupeur que Nosferatu fait partie des films programmés. Elle engage par conséquent un nouveau procès destiné à défendre ses droits sur l’œuvre de son défunt mari. En 1928, Universal Pictures acquiert les droits du roman Dracula et les adaptations cinématographiques. Sur demande de Florence Stoker, la copie est expédiée aux États-Unis par la British Film Society pour y être détruite (1929). En 1937, décès de Florence Stoker et réapparition de copies cachées (Allemagne, États-Unis, Angleterre). On assiste à une diffusion en salles des copies cachées en 1960 puis en 1972. Enfin, en 1984, l’œuvre intégrale est restaurée.

Musique

Article détaillé : Nosferatu (bande originale, 2002).

La partition originale de Hans Erdmann étant perdue dans son état d'origine, de nombreux compositeurs ont été inspirés par ce film.

Hans Peter Müller-Kieling a composé une nouvelle partition en 1995[2], suivi en 2002 de Baudime Jam.

En 2006, le jeune compositeur Alexis Savelief compose une partition destinée à accompagner le film en direct, pour octuor de violoncelles, trois synthétiseurs et deux percussionnistes[3]. D'abord créée par l'Octuor de violoncelles de Beauvais et l'ensemble 2e2m dirigés par Pierre Roullier, une deuxième version de la partition voit le jour l'année suivante, pour huit cordes, trois synthétiseurs et deux percussionnistes, créée sous la direction de Jean-Louis Forestier.

Le personnage de Nosferatu

Particularités du personnage

Le Nosferatu de Murnau possède certaines similitudes mais aussi de nombreuses différences avec le Dracula de Stoker. Dracula est dans le roman, un vieillard qui rajeunit au fur et à mesure de l'histoire. Bram Stoker le décrit de la sorte:

« Son nez aquilin lui donnait véritablement un profil d'aigle : le front haut, bombé, les cheveux rares aux tempes mais abondants sur le reste de la tête ; des sourcils broussailleux se rejoignant presque au-dessus du nez, et leurs poils, tant ils étaient long et touffus donnaient l'impression de boucler. La bouche du moins ce que j'en voyais sous l'énorme moustache, avait une expression cruelle, et les dents, éclatantes de blancheur, étaient particulièrement pointues ; elles avançaient au-dessus des lèvres dont le rouge vif annonçait une vitalité extraordinaire chez un homme de cet âge. Mais les oreilles étaient pâles, et vers le haut se terminaient en pointe ; le menton, large, annonçait, lui aussi, de la force, et les joues, quoique creuses, étaient fermes. Une pâleur étonnante [...] »

Nosferatu dans le film, n'est pas un vieillard ou en tout cas, son âge est difficile à déterminer. Il possède comme Dracula, un nez aquilin, un front haut, des sourcils broussailleux, des dents pointues, des joues creuses et des oreilles pointues. Ses particularités physiques sont d'ailleurs accentuées par le maquillage. Il n'a en revanche pas de cheveux ni de moustache, et son menton n'est pas large. Le Nosferatu de Murnau est pâle, rigide, le crâne chauve et déformé, tel un cadavre aux mains décharnées et au regard obnubilé, cerclé par un contour de suie, marquant une désespérante solitude. Il inspire la répulsion. Cette répulsion engendrée par Nosferatu se retrouve aussi chez Dracula mais elle n'est pas liée à son physique, mais à son odeur : « Peut-être, son haleine sentait-elle mauvais; toujours est-il que mon coeur se souleva et qu'il me fut impossible de la cacher »

Nosferatu craint aussi la lumière du jour, susceptible de le terrasser. Cette particularité qui n'est pas présente dans le roman (puisque Dracula se promène en plein jour dans les rues de Londres) deviendra récurrente dans les films et les œuvres sur Dracula et sur les vampires, en général. Elle deviendra même une caractéristique du personnage fictif du vampire.

Le Nosferatu de Murnau est en revanche très différent du personnage de Dracula tel qu'il sera représenté dans les futures adaptations filmées, notamment le Dracula de 1931, incarné par Bela Lugosi. Dans cette adaptation (qui sera la première officielle), le comte Dracula est un gentilhomme suave et élégant, un être au charme d’un autre temps, mystérieux et raffiné; il porte une cape noire, un habit de soirée et ses cheveux sont plaqués sur la tête. C'est cette incarnation qui va faire référence pour le cinéma et l'imagerie populaire. Tous les futurs interprètes du personnage, Christopher Lee ou Frank Langella s'inspireront du personnage joué par Bela Lugosi. Alors que Dracula est tragique, le Nosferatu suscite la répulsion. Son antre est un château en ruine érigé sur une lande désolée où se côtoient le sauvage et la bestialité. Sa demeure est la manifestation visuelle d’une âme ténébreuse, il est accompagné par des cohortes de rats.

Origine du nom Nosferatu

Le nom de Nosferatu est présentée comme un mot d'origine roumaine, signifiant « vampire » ou « non mort ». Néanmoins, le sens original du mot est difficile à déterminer, de même que son existence réelle. Bram Stoker l'a popularisé par son roman Dracula et l'aurait emprunté à Emily Gerard, auteur de nombreux ouvrages sur le folklore de Transylvanie. Emily Gerard signifiait que le mot Nosferatu était un mot roumain pour vampire. Stoker dans son roman, déclarait que ce mot signifiait "non mort".

Bien que ce mot n'ait jamais existé dans la langue roumaine à quelque époque que ce soit, on peut néanmoins y retrouver des racines étymologiques roumaines. Ce mot peut provenir du roumain nu sfîrşitul signifiant « non fini » soit par extension, le « non mort » ou le « mort vivant ». Mais il peut-être empruntée de façon déformée, à un vieux terme roumain nefârtat, qui signifie « ennemi intime » et, dans sa version déterminée, Nefârtatu(l), l’ennemi intime par excellence, « le Diable ». Ce terme est l’inverse de fârtat (« ami intime »), qui désignait en roumain archaïsant le « frère de croix » (frate de cruce), c’est-à-dire l’ami avec lequel on échangeait son sang par coupures mises en contact, créant ainsi une fraternité consanguine symbolique. Étymologiquement, le terme de nefârtat porte donc la notion d’ennemi de sang. Le nom Nosferatu peut aussi provenir du grec nosophoros signifiant "transporteur de maladie". Une signification pertinente puisque dans le film de Murnau, le vampire amène avec lui la peste. Il est également possible qu'Emily Gerard qui ne parlait pas bien le roumain et qui a reporté pour la première fois le mot en Angleterre, ait mal interprété des mots courants dans la langue roumaine comme nesuferitul (signifiant « le déplaisant », soit le Diable) ou nucuratul (signifiant « l'impur », « l'immoral », le « Diable »).

Le nom d’Orlock semble venir d’un autre mot roumain, vîrcolac, d’origine bulgare (върколак), lui-même peut-être d’origine serbe (вукодлак), qui désigne, dans la langue courante, un vampire, un revenant, un fantôme, voire un loup-garou, et, en tout cas, un être fabuleux susceptible de cacher, en les dévorant, le soleil et la lune.

Un film expressionniste

Une ambiance claustrophobique (séquences intérieures confinées : chambres, prison, château, asile, cale de bateau) parcourt le film. Même pour les scènes sur les terres du château, qui, bien qu’étant des extérieurs, pèsent sur le personnage de Hutter, l’emprisonnant et l’écrasant par l’hostilité d’une lande désertée, où le non-naturel semble avoir perverti une nature désormais complice. Les effets spéciaux de Murnau ajoutent à cette atmosphère inquiétante. L’utilisation de filtres bleus et sépias, sépare les scènes nocturnes des scènes diurnes et confère aux extérieurs leur dimension étrange. Les différentes disparitions et apparitions du vampire, les mouvements accélérés du serviteur du comte (qui présente d’ailleurs une forte ressemblance avec son maître), ainsi que les mouvements saccadés de la diligence, donnent au film ce sentiment d’étrangeté. Mais l’étrange tient surtout à l’utilisation de l’image en négatif qui noircit le ciel et blanchit le paysage. Enfin, la présence d’une lumière bleue dans certaines scènes confère une atmosphère grinçante au film.

Le comte Orlok illustre avec brio le monstre repoussant et inquiétant. Le jeu des acteurs est particulièrement expressif. Ce jeu expressif est très communicatif ; lorsque Knock apparaît pour la première fois, il lit une lettre, écrite avec des symboles occultes (détail qui apprend au spectateur que c’est un initié, un esclave au service d’Orlok), puis il appelle Hutter pour lui confier une mission, il arbore un rire convulsif entre chaque intertitre, son regard, celui d’un fou, est appuyé par d’épais sourcils noirs. La plus grande partie du film a été tournée avec des jeux d’ombres. Ces derniers confèrent au vampire une aura de terreur et de puissance. En particulier à la fin, lorsqu’il monte l’escalier menant à la chambre d’Ellen, son ombre s’étale sur le mur. Nosferatu est hors champ, le spectateur ne voit que cette ombre grandir, et cette main aux longs doigts qui s’avance vers la porte de celle qui peut-être réussira à vaincre ce démon. Ellen incarne parfaitement la femme forte, propre aux couples expressionnistes. Hutter est l’homme transi et naïf, alors qu’elle est forte, elle prend une décision grave. On retrouve ce schéma dans Métropolis de Fritz Lang (1927). Le professeur est lui aussi présent sous les traits de Bulwer.

Les thèmes comme la crainte, la peur et la terreur sont omniprésents. Mais aussi l’amour ; lorsque Hutter se fait mordre, Ellen a une crise de somnambulisme et crie le nom de son mari. Ses cris sont entendus par Orlok. C’est aussi la puissance de l’amour qui sauve la ville.

Une symphonie particulière

Le film se divise en cinq actes. Le premier se termine lors de l’arrivée de Hutter dans la demeure du comte. Le second prend fin avec le départ du comte et l’évasion de Hutter. Le troisième se termine par l’intertitre : « Le navire de la mort avait un nouveau capitaine. » Le quatrième s’achève avec l’annonce de l’épidémie de peste aux habitants de Wismar. Le film se termine sur un plan d’un château en ruine (celui de Nosferatu, détruit par sa mort ?).

On peut identifier ces actes à des mouvements. Comme pour une symphonie, ce sont les différents mouvements qui règlent les émotions du spectateur. Les deux premiers actes installent la peur, le troisième accède au stade de la terreur, et c’est donc avec une terreur impitoyable que le spectateur assiste aux deux derniers.

Le happy end n’est pas total, car si le monstre est vaincu, quel prix a-t-il fallu payer ? Le final, avec la mort d’Ellen, laisse au spectateur un goût de tristesse, mais aussi d’espoir. D’espoir car malgré l’atmosphère pessimiste et inquiétante du film, le monstre est anéanti, ce qui laisse supposer au spectateur que le mal, quel qu’il soit, peut toujours être terrassé.

Nosferatu et la peinture

Le film marque la transition entre romantisme et expressionnisme. L’appartenance de l’œuvre de Murnau au mouvement romantique est évidente. Ses thèmes comme la bivalence (la subjectivité et l’inconscient, le mystère et l’imagination) ainsi que le double, le gothique et la communion entre l’artiste et la nature sont omniprésents dans le long métrage. L’ambivalence affecte principalement les personnages d’Orlok (comte/vampire) à Knock (notable/fou) en passant par Hutter (mari hétérosexuel/amant homosexuel) ainsi que le parallèle entre le monde des vampires et celui des humains (voir en particulier l’utilisation du négatif lorsque le carrosse passe du monde normal à celui d’Orlok). L’inconscient se caractérise par une crainte constante du comte qui est matérialisée dans la nature lorsqu’il n’est pas à l’écran. Pour les romantiques, portraits, reflets et ombres se fondent en une seule entité. L’ombre, particulièrement importante (voir la scène de la montée de l’escalier), prévient d’un danger imminent, matérialise un désir sexuel et trahit toujours le meurtrier dans le cinéma allemand. Le gothique se manifeste dans le physique du vampire et l’architecture. La tête ovale et chauve de Nosferatu renvoie aux voûtes gothiques de son château, tandis que son corps tordu répond aux courbes du portail. Ses ongles longs symbolisent le despotisme de l’Orient et correspondent aux lignes allongées de l’architecture gothique. Enfin, la nature a un rôle prépondérant, aussi important qu’un personnage. Les montagnes ont un côté surnaturel, les étendues sont la projection mentale des personnages tandis que les vagues de la mer annoncent l’arrivée imminente du comte.

Caspar David Friedrich, Der Mönch am Meer

Le film fait aussi des allusions directes à certaines peintures romantiques que Murnau transpose en scènes. Le cinéaste emprunte principalement à Caspar David Friedrich (1774-1840). On remarquera en particulier Der Mönch am Meer (Ellen Hutter au bord de la mer), Das Kreuz im Gebirge (les croix dans la montagne) et The Churchyard[précision nécessaire] (le portail de son château). On notera aussi La leçon d’anatomie de Rembrandt (autopsie du cadavre du capitaine), les rues fidèles aux traits de Carl Spiteway, The Coach On the Bridge (le carrosse du comte) ainsi que La Tour Rouge de Halle d’Ernst Ludwig Kirchner. Enfin, certains prétendent que Nosferatu renverrait au personnage du Cri de Munch avec son cri silencieux tout comme dans le film où le nom du comte ne peut être prononcé. Le film s’achève avec la mort du vampire qui sonne le glas du Romantisme pour laisser place à l’Expressionnisme.

Nosferatu et le cinéma

Le personnage d’Orlok est un constat du positionnement du cinéma face aux autres arts et en particulier la peinture. Le vampire est entre la mort (immobilité : la peinture est un art figé) et la vie (mouvement : le cinéma est un art en mouvement). Cette dualité représente aussi l’évolution technique de l’art, le cinéma en étant la forme vivante grâce à l’avancée technologique.

Autour du film

  • La femme de Bram Stoker ayant refusé d’attribuer les droits du chef-d’œuvre de son mari, récemment décédé, contraignit le réalisateur à appeler son film Nosferatu. Il est devenu populaire grâce au roman de Bram Stoker et ce dernier l’a trouvé dans un ouvrage de l’écrivain anglais Emily Gerard.
  • Cette première version a fait l’objet d'un remake spécifique : Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog, en 1979, avec Klaus Kinski, Isabelle Adjani et Bruno Ganz. Le premier remake du film de Murnau étant le Dracula de Tod Browning de 1931 (avec Bela Lugosi dans le rôle titre), version américanisée du film expressionniste des années 1920.
  • En 2000, E. Elias Merhige réalise une adaptation romancée de la réalisation de Nosferatu sous le titre L'Ombre du vampire (Shadow of the Vampire). Il reprend notamment la légende selon laquelle l’acteur incarnant Nosferatu, Max Schreck, était un authentique vampire.
  • L’influence de Murnau sur le film de vampire est énorme. Dans son film, son vampire est détruit à la lumière du jour, alors que dans le roman de Bram Stoker, le comte Dracula se promène en plein jour. Depuis ce film, la lumière du jour est synonyme de mort pour un vampire.
  • En 1929, à l’occasion d’une ressortie parisienne du film, invisible depuis 1922, les surréalistes s’y rendent en « grande cérémonie ». Georges Sadoul déclara : « Pendant quelques semaines, nous nous sommes répété, comme une expression pure de la beauté convulsive, ce sous-titre français : Passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre. »
  • Quasiment tous les films de Tim Burton font une référence plus ou moins explicite à ce film : scène finale de la fenêtre dans Edward aux mains d'argent, nom du « méchant » dans Batman, le défi (Max Shreck, qui jouait le comte Orlok dans le film de Murnau)…
  • Le réalisateur Tobe Hooper s’est inspiré de l’aspect du vampire de Murnau pour le monstre de son film, Les Vampires de Salem, sortit en 1979 et basé sur un roman de Stephen King.

Notes et références

  1. Litt. « Nosferatu, une symphonie de la terreur »
  2. [1]
  3. http://alexissavelief.free.fr/fr/works_nosferatu-project.php

Voir aussi

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