Occident chrétien

Occident chrétien
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Le terme d' Occident chrétien désigne les territoires correspondant aux nations dont certains représentants se réclament simultanément :

– d'une aire géographique: l'Occident, soit seulement européen, soit européen et nord-américain ;
– d'un ensemble culturel-religieux : le christianisme d'obédience catholique ou protestante.

Au départ, l'idée d'Occident est formulée par Hieronymus Wolf au XVIe siècle par opposition à :

– l'Empire romain d'Orient, qui seul subsiste après les assauts des Invasions barbares;
– la chrétienté orientale (non-catholique puis aussi non-protestante, c'est-à-dire orthodoxe ou monophysite).

Par la suite, le terme se répand pour distinguer la civilisation d'origine européenne de toutes les autres, prenant parfois (surtout au XIXe siècle et au XXe siècle) une connotation condescendante (de nombreux auteurs[1] l'identifient à la civilisation par opposition à la barbarie, notamment dans le cadre du colonialisme).

Sommaire

Origine du concept

Le concept, mais sans l'expression elle-même, est antérieur à Hieronymus Wolf et remonte au Schisme de 1054. Après l'émergence en occident d'une église catholique séparée des autres, les chancelleries papales cherchent à légitimer le schisme par des argumentaires qui, tous, ont en commun de magnifier les positions doctrinales et canoniques de l'église romaine, et de rejeter la responsabilité de la séparation sur les seules églises orientales. Celles-ci sont qualifiées de schismatiques et leur doctrine (dite des sept conciles) est qualifiée de dissidente (bien qu'à l'instar du christianisme primitif, elle n'admette ni purgatoire, ni filioque, ni célibat des prêtres, ni indulgences, ni primauté séculière du pape, ni inquisition, innovations de l'église romaine). Comme l'Église de Rome revendique pour elle-même le Patrimonium Petri (l'« héritage de Saint-Pierre » dont les papes s'affirment seuls successeurs légitimes), par contraste les autres églises sont délégitimées en occident. Forte de ces argumentaires, la Quatrième croisade met à sac Constantinople. Cela rend nécessaire, pour justifier le partage de la Grèce entre états croisés (dits latins ou francs), une intensification de la dévalorisation des chrétientés orientales, et de la survalorisation de la civilisation occidentale.

Selon l'historiographie occidentale, l'union de l'Austrasie et de la Neustrie engendra
l'occident chrétien médiéval

Sur de telles bases, il était logique que toute l'histoire du christianisme et des civilisations soit réécrite durant les siècles suivants, et forme dans cet esprit des milliers de lettrés occidentaux. Au point que ces lettrés récusent et occultent complètement l'héritage grec, ne reconnaissent avoir retrouvé les savoirs antiques que par les Arabes (malgré les vénitiens, les génois et les florentins qui puisent directement aux sources byzantines grâce à des lettrés grecs tels Gemiste Pléthon, Georges de Trébizonde, Démétrius Chalcondylas, Jean Bessarion ou Jean Lascaris) et appellent Bains turcs les thermes gréco-romains. Jusqu'à Voltaire qui affirmait détester Byzance où il ne voyait ni sciences, ni techniques, ni arts, ni subordination des religions au pouvoir civil, mais seulement une théocratie décadente et malsaine. Dans cette réécriture, le christianisme ne puise plus ses racines en orient, ni dans le judaïsme (qui est récusé), mais chez les pontifes de Rome et dans la conversion des rois germaniques, tels Clovis.

Cet article décrit donc en termes géographiques et géopolitiques l'histoire selon ce concept, qui conditionne la vision du monde de la papauté, des puissances coloniales, et de bien des cercles intellectuels et dirigeants d'aujourd'hui[2].

Situations géostratégiques

Des temps barbares aux Carolingiens

  • Graduellement, par un retour à la langue grecque, l'empire byzantin successeur de l'Empire romain d'Orient s'éloigne donc de son origine et suit son évolution propre. Ceci mènera au grand schisme d'Orient. Ce point de vue :
    • ignore qu'une simple dénomination (l'exonyme tardif « empire byzantin », dû à Hieronymus Wolf) ne peut pas succéder à un état (l'Empire romain d'Orient);
    • ignore les racines hellénistiques de l'Empire d'orient, antérieures à la période romaine;
    • ignore l'« évolution propre » de la partie occidentale de l'Empire, dont la transformation en royaumes germaniques n'est pas moins éloignée des « racines romaines »;
    • impute à l'orient seul la responsabilité du Schisme de 1054, dont la formulation même (« grand schisme d'Orient ») est orientée.
  • 500 : le premier royaume unifié prometteur pour l'église vaticane est le royaume wisigoth. Les wisigoths étant adeptes de l'arianisme, des évêques catholiques s'emploient à les convertir au culte apostolique et romain. Mais le royaume disparaît en 711. L'emploi des termes « évêques catholiques » et « culte apostolique et romain » présuppose que le catholicisme et l'apostolat se confondaient déjà avec le culte romain au Ve siècle, ce qui rejette par avance le culte grec dans l'illégitimité.
  • L'expansion de l'islam perceptible de sa fondation jusque Poitiers saisit le christianisme, qui y perd la moitié des terres sur lesquelles il s'était installé comme seul monothéisme : c'est la raison pour laquelle les géographies de l’Occident chrétien et Occident romain ne coïncident pas. La vision du triomphe de la Foi annoncée par Saint-Augustin entre en crise profonde de ce fait. Si l'Afrique du Nord et l'Espagne représentent « la moitié des terres sur lesquelles le christianisme s'était installé », c'est que selon ce point de vue, les églises orientales ne font même pas partie de la chrétienté (à cette même époque, l'Anatolie et l'Europe orientale étaient aussi chrétiennes, et résistaient toujours aux musulmans). Toujours selon ce point de vue, Poitiers représente la fin de l'expansion de l'Islam, ce qui valorise le royaume Franc, mais est historiquement faux.
  • 800 : La papauté tente de restaurer à son profit le concept politique impérial d'Empire d'Occident,

Vers un Occident lié au catholicisme

Depuis plus de deux siècles, le cordon brûlait entre Rome et les quatre autres églises chrétiennes (Constantinople, Antioche, Jérusalem et Alexandrie); Rome convoitait notamment les reliques christiques amassées à Constantinople sur les Lieux Saints lors des batailles menées au Proche-Orient lors du IVe siècle. À partir de 1054 la chrétienté est divisée ; l'Occident est désormais catholique, séparé de l'Orient resté orthodoxe[3].

Au XIe siècle, l'Occident géographique est morcelé politiquement (nombreux royaumes et principautés) mais uni par la religion. Le latin en est la langue liturgique et culturelle (alors que les quatre églises d'orient utilisent le grec). De cette unité part une volonté conquérante.
Entre temps, l'apparition de l'Islam sur les frontières de l'Occident l'a fait percevoir comme sa Némésis. Les papes veulent à tout prix maintenir l'accès aux lieux saints, désormais menacé (les pèlerins sont rançonnés ou tués). Cette lutte est aussi l'occasion de fédérer les puissances étatiques dans une guerre commune.
Ceci va lancer l'époque des états latins d'Orient.
La dernière partie de la Reconquista de l'Espagne sur les Maures sera également perçue à compter de 1212 comme une croisade (cruzada) avec l'appui des Rois Catholiques jusque les guerres de Grenade.

Un Occident catholique en expansion

  • la geste des Croisés
    • la quatrième croisade, détournée, révèle un but inavoué de Rome concernant sa rivalité de longue date avec Byzance ;
    • en 1291 les musulmans reprennent Saint-Jean-d'Acre; l'échec des croisades en Terre Sainte est globalement imputé à l'absence de considérations géostratégiques suffisantes de la part de leurs instigateurs. Les adversaires rencontrés en route avaient une meilleure connaissance du terrain et de ses vicissitudes, notamment la ressource stratégique des points d'eau dans les zones désertiques.
    • La perte de Saint-Jean-d'Acre constitue la fin de la période d'expansion vers le Sud. Les Papes abandonnent l'idée de lutter de manière armée contre le monothéisme le plus récent apparu sur la scène du monde : l'apparition de l'Islam pendant le Moyen Âge en Occident leur avait inspiré une tentation unificatrice, en lançant la guerre sainte : cette aventure s'achève, et chaque souverain des royaumes originaires des croisés va devoir gérer, parfois difficilement, le retour des chevaliers des trois ordres militaires fondés en Terre sainte; l'unité rêvée par la papauté est perdue.
    • De retour de Terre sainte, et les Ordres militaires font l'objet d'un repositionnement :
      • l'Ordre teutonique devient l'acteur prépondérant des croisades baltes, dirigées depuis la Scandinavie et l'Europe orientale contre des peuples hostiles à la christianisation: il parvient à y fonder un État.
      • le Temple fait l'objet d'un procès en France et d'un bannissement jusque ses terres conquises de haute lutte en Espagne (procès en sorcellerie du culte du Baphomet): il disparaît à l'occasion de grands troubles.
      • les ordres de la Reconquista sont rattachés à la couronne de Castille : ils sont satellisés.
  • En Espagne, les pèlerins réalisent une symbiose avec les savoirs obtenus au contact du dit adversaire musulman sur cette frange de l'Occident chrétien; l'entreprise de la Reconquista se termine avec succès : avec les découvertes de l'année cruciale, la papauté trouve une nouvelle mission civilisatrice, puisque la surface des terres évangélisables explose littéralement (représente le double de l'extension conjointe de l'Occident chrétien médiéval et du monde arabo-musulman réunis): Cette mission est confiée aux Espagnes au travers du Traité de Tordesillas, qui va mener au monde des colonies.

De l'Occident chrétien à l'Europe des nationalismes

  • L'Italie de la Renaissance italienne a été ravagée par les guerres, ceci confirme la fin du rêve fusionnel. Cette fois, l'Europe entière se déchire : le Vatican se joint aux alliances des Ligues pour lutter dans le sang contre la Réforme.
  • Les colonies d'Amérique du Sud furent le prodrome d'une extension importante de la religion catholique.
  • Lentement, la prééminence de l'Europe sur le monde prend le pas sur l'idée d'Occident ; la consolidation de la souveraineté des états prime sur l'unité de la chrétienté ; le droit divin impactant un culte de la personnalité envers le Roy en France, Monarque absolu pour son peuple, achève de détacher les pouvoirs spirituels de ceux assurant la gestion des États : vient aussi l'époque du despotisme éclairé.
  • Le catholicisme, qui avait résisté à toutes les hétérodoxies jusqu'alors, ne peut faire face au phénomène exacerbé des nationalismes.

Vers une Europe laïque

Les apports de la Révolution française mettent fin à l'Ancien Régime féodal dans les pays d'Europe, non sans constipation; en tant que premier des trois ordres, le clergé est directement concerné dans ses possessions.

L'extension de l'hégémonie européenne atteint son apogée au cours du XIXe siècle ; elle s'accompagne des missions évangéliques des pères blancs pour christianiser le monde.

Les migrations liées aux persécutions religieuses sur le Vieux Continent amènent l'émergence d'un second prodrome qui n'est pas d'obédience catholique : il s'agit du monde anglo-saxon, dont les sources idéologiques sont l'anglicanisme et le puritanisme.

En 1905, l'État français applique la laïcité au domaine religieux; cette abolition de toute religion d'État sera suivie avec des succès divers au travers du continent.

Après la Seconde Guerre mondiale, l'URSS et les démocraties populaires imposent l'athéisme a leurs populations, et furent officiellement des États laïques et athées.

Avec la décolonisation, les pays impérialistes connaissent graduellement le désenchantement du monde, et se replient sur les questions que leur posent les populations des métropoles. Les mouvements artistiques les relaient.

Libérée de son pouvoir temporel par le surgissement de l'État italien, l'Église catholique mène une réflexion au travers du Concile Vatican II.

Déclin du concept

Selon le concept de l' occident chrétien, l'Europe, détachée de ses « racines chrétiennes », est désormais portée par l'économie, et l'universalité de son mode de pensée est entérinée non plus par la foi missionnaire, mais par son expansion économique mondialisée au sortir du colonialisme.

Toujours selon ce concept, la diminution de la pratique et des vocations religieuses en Europe occidentale seraient le signe d'une moindre spiritualité et d'une moindre moralité: le catholicisme aurait connu la crise moderniste en se confrontant à la pluralité des opinions et des mœurs (générée par la liberté de conscience, possible dans la laïcité). De là découlerait une « crise des vocations ». En réalité, si l'on se rappelle que par le passé, prêtre était surtout une « carrière » comme une autre, il est logique de conclure que les vocations désintéresées se maintiennent en fait à un niveau constant[4]. Quant à la morale, la légitimité croissante de la morale publique générée par les souverainetés populaires transcrites dans les constitutions et les lois civiles (processus possible dans la démocratie) a certes relativisé les morales religieuses, mais n'a nullement diminué la morale en soi[5].

Historiquement, sous l'influence des Lumières, la puissance du dogme s'effrite peu à peu tandis qu'un mouvement de sécularisation progressive s'amorce dans l'ensemble de l'Europe, conduisant ici et là à la mise en place d'Etats laïcs. La logique moderne de l'État-nation se substitue au concept d'Occident chrétien, qui peu à peu devient l'apanage d'une extrême-droite nostalgique, le Portugal de Salazar demeurant, jusqu'aux années 1970, le dernier État (l'Estado Novo) se réclamant d'une telle conception, partagée par la junte brésilienne qui prend le pouvoir avec le coup d'Etat de 1964, l'armée se proclamant garante de l'« identité chrétienne » de la nation brésilienne[6] sous couvert d'anticommunisme. Les prêtres de base ne partagent pas tous ce point de vue, et nombreux sont ceux qui adhèrent à la « Théologie de la libération » d'inspiration chrétienne et marxiste à la fois, récusée par les Papes. La social-démocratie occidentale se conjugue, de son côté, à la laïcité et au multiculturalisme, tandis que l'Europe de l'Est devient officiellement athée après la Seconde Guerre mondiale, étant intégrée dans le bloc communiste. C'est pourquoi, dans une Europe aujourd'hui de plus en plus unanimement ultralibérale, la pratique religieuse diminue dans les pays de passé social-démocrate, alors qu'elle reste forte dans les pays de passé communiste, où le christianisme représentait une alternative à l'aliénation totalitaire, et ce d'autant plus que les apparatchiks, pour maintenir leur influence et leurs prérogatives, ont adhéré aux religions et aux nationalismes comme idéologies de rechange[7]. L'identité occidentale contemporaine ne reposerait donc plus sur la religion, mais sur un certain niveau économique et de vie, ainsi que sur les droits de l'homme qui, proclamés universels, sont destinés à être reconnus au-delà des frontières de l'Occident.

Désormais, l'Occident désignerait donc un ensemble de pays ou de régions qui auraient une identité commune: des pays capitalistes, de tradition démocratique et libérale. Cette conception est cependant critiquable : outre des différences importantes de niveau de vie au sein même du « bloc occidental » (entre l'Amérique latine et l'Amérique du Nord, ou entre l'Europe de l'Est et l'Europe de l'Ouest, de nombreux pays ont été souvent soumis à des régimes autoritaires et dictatoriaux, en particulier lors des années 1970 ; les États-Unis et le Canada, puissances « occidentales » par excellence, sont caractérisés par la présence officielle et reconnue de multiples religions et sectes (en particulier aux États-Unis). De même, l'islam est, en France, la seconde religion. Par ailleurs, le réveil de l'indigénisme aux Amériques et la légitimation d'un droit des peuples autochtones conduit aussi à questionner la nature exacte de l'identité culturelle de ces pays. Partout, le multiculturalisme conduit à remettre en cause toute conception unilatérale d'une « identité » basés sur la religion initiale des pays d'Europe occidentale : le christianisme romain. La religion n'est plus un facteur homogénéisant des populations, qui partagent désormais librement divers rites et coutumes. Les Etats dits de l'Occident sont très divers, entre autres sur le plan de la religion: l'athéisme, par exemple, n'est pas aussi présent aux États-Unis qu'en Europe. Tout ceci met fin à l'association des deux termes « occident » et « chrétien ».

Postérité

La Madone de Lorette par Raphaël. Les représentations de Jésus et de sa mère, Marie, ont été l'un des thèmes majeurs de l'art occidental.

L'héritage historique de ce concept s'est prolongé par le symbole, à compter du XIXe siècle ; il se poursuit également par un débat contemporain.

Symbole

L'emploi symbolique de la croix se retrouve dans des motifs extrêmement variés: la croix celtique revient le plus souvent ; il n'est plus uniquement lié à l'idée religieuse de chrétienté; dans le domaine idéologique, il renvoie à l'Occident chrétien tel que véhiculé dans la mémoire collective.

Débat

L'Occident chrétien est examiné de manière contemporaine, surtout comme une réinterprétation à postériori de l'histoire. 1700 ans après les faits, la geste de Constantin en faveur de l'avènement du christianisme comme religion d'État de l'Empire face aux temples païens, est l'objet d'une attention toute particulière dans le cadre de plusieurs ouvrages traitant autant de philosophie rétrospective que d'identité européenne (voir bibliographie). En première instance, le présupposé d'une telle interprétation est un amalgame : celui l'Europe occidentale comme territoire géographique, avec les terres de l' Occident chrétien médiéval c'est-à-dire avec l'aire d'expansion du catholicisme romain durant le Moyen Âge.

  • Cet examen a lieu à propos du débat concernant le fait de proclamer, ou non, les « racines chrétiennes » dans la constitution européenne. Le pape Benoît XVI considère que l'Europe se livre à une véritable apostasie d'elle-même[8] lorsque, dans leur large majorité, les Européens cessent d'aller à l'office religieux, et placent leurs appartenances confessionnelles sur le plan individuel et privé (ce qui est la base de la laïcité institutionnelle).
  • Dans le cadre du cycle en cours sur la contre-histoire de la philosophie, Michel Onfray a examiné les contributions de Paul de Tarse et de Constantin, l'un pour apporter le concept d'universalisme religieux (en) au paléochristianisme et l'autre pour avoir, selon lui, favorisé l'instauration d'une religion d'État dans l'Empire romain d'Occident à la veille de son effondrement, et précipité la fin d'un humanisme païen éclairé qui caractérisait les classes aisées impériales, basé sur la tolérance de tous les cultes, y compris polythéistes. Michel Onfray s'appuie sur la destructions de temples et de bibliothèques païennes, les chrétiens parvenus au pouvoir après 312 ans de clandestinité, pour gommer le passé et les écrits peu compatibles avec l'absolutisme moral du monothéisme (stoïcisme et épicurisme, en particulier).
  • Pour sa part, Paul Veyne, dans son ouvrage Quand notre monde est devenu chrétien, qui affirme que la conversion de Constantin ne concernait que lui-même, et uniquement dans les sphères de pouvoir dévolues à la fonction impériale, certes très étendues : il aurait mis fin au culte des empereurs[9] puisque sa conversion au christianisme rendait sa personne non-divine, aurait rendu minoritaires mais toléré les cultes païens coutumiers des citoyens de l'Empire — mais n'aurait en rien toléré des destructions de temples ou des autodafés.
    Quant à la question des « racines chrétiennes » de l'Europe, Paul Veyne conclut dans cet ouvrage que l'Europe n'a pas de racines mais, au contraire, qu'elle est le résultat d'une épigénèse (en) ; tout comme l'avènement du christianisme, du reste.
    La thèse d'un avènement pacifique du triomphe chrétien est très contestée au vu des faits historiques et beaucoup d'autres auteurs, notamment McMullen estiment que c'est bien par la violence que les derniers païens ont été éliminés du IVe au IXe siècle, d'Occident en Orient.

Voir aussi

Notes et références

  1. Exemples d'auteurs français utilisant la notion d'« Occident chrétien » dans le sens d'une civilisation supérieure aux autres : Robert Brasillach, Pierre-Antoine Cousteau, Pierre Gaxotte, Joseph Arthur de Gobineau, Charles Maurras, Gustave Thibon, Édouard Thouvenel
  2. Samuel Huntington: « Le choc des civilisations », Odile Jacob, 1997 ; voir aussi la réfutation de Marc Crépon: « L'imposture du choc des civilisations », Pleins Feux, 2002.
  3. L'église primitive s'auto-définissait comme apostolique, orthodoxe ("de la juste foi") et catholique ("universelle"): officiellement, les églises actuelles d'Occident et d'Orient conservent toutes cette triple qualification. Mais, usuellement, on préfère insister sur orthodoxe en Orient, et sur catholique en Occident, d'autant que pour concrétiser son aspiration à l'universalité, l'église d'Occident pratique l'apostolat missionnaire, tentant activement de convertir des populations non-catholiques.
  4. Par le passé, prêtre était surtout une « carrière » comme une autre : voir Le Rouge et le Noir de Stendhal, ainsi que les œuvres de Victor Hugo et d'Honoré de Balzac
  5. Michel Serres: Éclaircissements (entretiens avec Bruno Latour), éd. François Bourin, Paris 1992
  6. Maud Chirio, Le pouvoir en un mot : les militaires brésiliens et la « révolution » du 31 mars 1964, Nuevo Mundo, Mundos Nuevos (revue publiée par l'EHESS), Número 7 - 2007, mis en ligne le 12 juin 2007, référence du 25 avril 2008 (fr))
  7. Dominique Wolton: La dernière utopie : naissance de l’Europe démocratique. Paris, Flammarion 1993
  8. Discours à la commission des Épiscopats de la Communauté européenne, 24 mars 2007.
  9. culte impérial romain : un culte de la personnalité rendu à la personne divinisée de l'Empereur, voir (en) Imperial cult.

Acception contemporaine

Liens internes



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Occident chrétien de Wikipédia en français (auteurs)

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