Olivier Messiaen

Olivier Messiaen
Olivier Messiaen
Olivier Messiaen en 1930
Olivier Messiaen en 1930

Nom de naissance Olivier Eugène Charles Prosper Messiaen
Naissance 10 décembre 1908
Avignon Drapeau de France France
Décès 27 avril 1992 (à 83 ans)
Clichy-la-Garenne Drapeau de France France
Activité principale Compositeur, organiste,
pédagogue, ornithologue
Style Musique contemporaine
Formation Conservatoire de Paris
Maîtres Maurice Emmanuel, Marcel Dupré, Charles-Marie Widor, Paul Dukas
Enseignement Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
Élèves Pierre Boulez, Marius Constant, Antoine Duhamel, Gilbert Amy, François-Bernard Mâche, Paul Mefano, Karlheinz Stockhausen, Iannis Xenakis, Michaël Levinas, Tristan Murail, Adrienne Clostre, Michèle Reverdy, Gérard Grisey, Kent Nagano, George Benjamin, Alain Louvier, Alain Abbott, Erzsébet Szőnyi, Alain Mabit, Betsy Jolas, Serge Garant, Gilles Tremblay, Michel Fano, Claude Vivier...
Ascendants Pierre Messiaen, son père, et Cécile Sauvage, sa mère
Conjoint Yvonne Loriod
Récompenses 1969 - Prix Calouste Gulbenkian
1971 - Prix Erasme
1975 - Prix Ernst von Siemens
1978 - Médaille du Conseil canadien de la musique
1983 - Prix de la Wolf Foundation of the Arts (Jérusalem)
1985 - Prix de la Fondation Inamori (Kyoto)
1988 - Prix Paul VI
Distinctions honorifiques 1966 - Membre de l'Institut de France
1975 - Membre Associé de l'Académie Royale des Sciences, des Lettres et de Beaux-Arts de Belgique
1987 - Grand-croix de la légion d'honneur
Œuvres principales

Olivier Eugène Charles Prosper Messiaen [mɛsjɑ̃][1], né le 10 décembre 1908 à Avignon et mort le 27 avril 1992 à Clichy-la-Garenne[2], est un compositeur, organiste, pianiste, ornithologue et pédagogue français.

Son œuvre trouve ses sources dans une profonde ferveur catholique, un goût prononcé pour le plain-chant médiéval, les rythmes hindous et grecs, ainsi que le chant des oiseaux. L'Ascension (1933), le Quatuor pour la fin du Temps (1940), les Vingt regards sur l'Enfant-Jésus (1944), la Turangalîla-Symphonie (1946-48), et la Messe de la Pentecôte, entre autres œuvres majeures, ont contribué à faire d'Olivier Messiaen un des compositeurs les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle.

Son enseignement au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris a également contribué à sa notoriété internationale, tant la liste de ses élèves est longue et prestigieuse.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et formation

Olivier Messiaen à l'âge de 5 ans avec sa mère Cécile Sauvage et son frère Alain
Plaque commémorative du baptême d'Olivier Messiaen en l'église Saint-Didier d'Avignon

Olivier Eugène Prosper Charles Messiaen est né à Avignon, le 10 décembre 1908, premier enfant de Pierre Messiaen (1883-1957), professeur d'anglais et intellectuel catholique, et de la poétesse Cécile Sauvage (1883-1927). Un second enfant naît de cette union, Alain (1913-1990), qui deviendra poète, à l'instar de sa mère[3]. Olivier Messiaen est profondément influencé par les poèmes de sa mère, notamment un recueil intitulé L'Âme en bourgeon ainsi que par les œuvres de William Shakespeare, que traduit son père et dont les histoires fantastiques, merveilleuses et sombres le fascinent. Il dira même que, des pièces du grand dramaturge anglais, « J'aimais plus que toute autre Macbeth (pour les sorcières et le spectre de Banquo), aussi bien que Puck et Ariel. »[4]

Avec l’arrivée de la première Guerre mondiale en 1914, son père est engagé comme soldat, et sa mère emmène les deux jeunes garçons à Grenoble pour vivre avec leur oncle. Le jeune Olivier Messiaen met en scène Shakespeare devant son petit frère, dans des décors faits maison à partir de cellophane peinte à l’aquarelle et collée sur des vitres. À cette époque, il acquiert une foi catholique qui ne le quittera plus. Il composera la plupart de sa musique dans cette région de Grenoble, le Dauphiné.

Il débute ses leçons de piano, après avoir commencé l'apprentissage de l'instrument en autodidacte. Il est d’abord intéressé par les compositeurs français récents comme Claude Debussy et Maurice Ravel, dont il découvre très vite les Estampes et Gaspard de la nuit. Il demande comme cadeau de Noël des partitions d’opéras de Mozart, Gluck, Berlioz et Wagner. C'est à cette époque qu’il commence à composer. En 1918, son père revient de la guerre, et la famille déménage pour Nantes. Le jeune Olivier, âgé de 10 ans, continue néanmoins à suivre des cours de musique. Son professeur d’harmonie, Jean de Gibon, lui fournit la partition de l’opéra Pelléas et Mélisande de Debussy, qui est pour Messiaen une révélation parmi les plus décisives. L’année suivante, son père obtient un poste d’enseignant au lycée Charlemagne à Paris, et la famille déménage à nouveau.

C’est ainsi qu’Olivier Messiaen entre à l’âge de 11 ans au Conservatoire de Paris en 1919 pour étudier le piano et les percussions. Il a notamment comme professeurs Maurice Emmanuel et Marcel Dupré pour l’improvisation et l’orgue, Paul Dukas pour la composition et l’orchestration.

La classe de composition de Paul Dukas au Conservatoire en 1929. Olivier Messiaen est assis à droite.

Il effectue de brillantes études au Conservatoire. En 1924, à l’âge de 15 ans, il obtient un second prix d'harmonie ; en 1926, la même année que Jean Rivier, il obtient un premier prix de fugue et contrepoint ; puis en 1927, celui d'accompagnement au piano. En 1928, après avoir suivi les cours de Maurice Emmanuel, il est lauréat d'un premier prix en histoire de la musique. Maurice Emmanuel lui inculque l'intérêt pour les rythmes grecs anciens, et les modes exotiques. Dans cette prestigieuse institution, il étudie en outre l’orgue avec Marcel Dupré, qui lui transmet l’héritage de la tradition des grands organistes français (Dupré ayant étudié avec Alexandre Guilmant et Louis Vierne, ce dernier étant l'un des derniers élèves de César Franck). Messiaen décroche un premier prix en orgue et improvisation à l’orgue en 1929. Après un an de cours de composition avec Charles-Marie Widor, il suit l'enseignement à l’automne 1927 de Paul Dukas nouvellement chargé de la classe de composition, avec qui il apprend notamment la maîtrise de l’orchestration. Les études de Messiaen au Conservatoire trouvent leur couronnement avec son obtention, en 1930, du premier prix en composition.

Maturité et célébrité

Église de la sainte Trinité (Paris). Messiaen en fut l’organiste titulaire durant 61 ans.

Il devient organiste à l’église de la Trinité à Paris à l’âge de 22 ans (succédant à Charles Quef) et compose de très nombreuses œuvres pour cet instrument sur lequel il improvise pour expérimenter ses idées musicales de composition. Messiaen se passionne également pour le plain-chant, les rythmes de l'Inde, les chants des oiseaux dont il entreprend la notation et le classement méthodique, l'interaction entre valeurs chromatiques et valeurs sonores.

Il se marie une première fois en 1932 avec Claire Delbos, une violoniste, dont il aura un fils qui terminera ses jours dans un hôpital psychiatrique. De 1936 à 1939 il enseigne à l'École normale de musique de Paris et à la Schola Cantorum et à la même époque participe à la fondation du groupe Jeune France avec André Jolivet.

Au début de la seconde guerre mondiale Messiaen est mobilisé comme simple soldat et en 1940, il est prisonnier en Allemagne (Stalag VIII-A à Görlitz). Il compose durant sa réclusion son Quatuor pour la fin du Temps. La première est donnée dans le camp le 15 janvier 1941 par un groupe de musiciens prisonniers, la partie du piano étant jouée par le compositeur. Libéré en mars 1941, il retourne enseigner à Paris où il devient professeur d'harmonie au Conservatoire en 1942. Il y rencontre une jeune élève, Yvonne Loriod, qui devient la première et la principale interprète de ses œuvres pour piano. Après le décès de sa première épouse en 1959, il épouse Yvonne Loriod en 1961. Au Conservatoire de Paris, devant l'hostilité d'un corps enseignant passéiste, Messiaen est d'abord professeur de philosophie de la musique, puis, avec l'évolution des années, sa classe d'analyse musicale de renommée mondiale devient officiellement classe de composition en 1966.

Messiaen voyage, se produit comme pianiste avec Yvonne Loriod, et enseigne dans divers pays : Argentine, Bulgarie, Canada, États-Unis, Finlande, Hongrie, Italie, Japon, etc.

Il compte parmi ses élèves Pierre Boulez, Pierre Henry, Marius Constant, Antoine Duhamel, Gilbert Amy, François-Bernard Mâche, Paul Mefano, Karlheinz Stockhausen, Iannis Xenakis, Michaël Levinas, Tristan Murail, Adrienne Clostre, Gérard Grisey, Kent Nagano, George Benjamin, Alain Louvier, Alain Abbott, Erzsébet Szőnyi, Alain Mabit, Betsy Jolas, Serge Garant, Gilles Tremblay, Michel Fano, Claude Vivier, Michèle Reverdy, etc.

Il meurt le 27 avril 1992 à l'Hôpital Beaujon de Clichy-la-Garenne. Il est enterré au cimetière de Saint-Theoffrey, à 35 km de Grenoble, près de Laffrey et de Vizille (Isère), village dans lequel il possédait une propriété. Sa stèle en forme d'oiseau est facilement reconnaissable.

Le festival Messiaen au pays de la Meije[5] est créé en 1977 et se déroule en juillet dans le village de montagne de La Grave, près de la Meije, qu'il affectionnait. Le 1er octobre 1981, une salle de musique portant son nom a été inaugurée dans l'ancienne chapelle du Couvent des Minimes de Grenoble.

Langage musical

La fauvette des jardins a donné à Messiaen le matériau et le titre de sa Fauvette des jardins pour piano (1970-72)

Le langage musical d'Olivier Messiaen ne peut vraiment être rattaché à une école particulière — même si Messiaen a fait partie du groupe Jeune France avec André Jolivet, Jean Yves Daniel-Lesur et Yves Baudrier.

Parmi les éléments caractéristiques de son langage, on trouve :

  • la couleur : Messiaen disait être, intellectuellement, et non véritablement, synesthète[réf. nécessaire].  ;
  • les chants d’oiseaux qu'il enregistrait et transcrivait lui-même, en faisant des recueils complets (Catalogue d'oiseaux pour piano) mais aussi en y faisant référence dans ses autres œuvres ;
  • les rythmes, dont les rythmes hindous, en particulier les Deçî-Tâlas, rythmes provinciaux de l'Inde antique, auxquels il fait subir des transformations qui rappellent celles que les contrapuntistes appliquent aux hauteurs : augmentation, rétrogradation, miroir...
  • les modes à transposition limitée, gammes de notes dont la composition n’est pas changée par une transposition à la tierce mineure (3 transpositions) ou à la tierce majeure (4 transpositions) ou à la quarte augmentée (6 transpositions), alors qu’une gamme habituelle possède douze transpositions possibles toutes différentes ;
  • l'inspiration chrétienne d'un très grand nombre de ses œuvres, selon lui sa source d'inspiration la plus essentielle.
  • la métrique grecque, le plain-chant.

« La musique est un perpétuel dialogue entre l'espace et le temps, entre le son et la couleur, dialogue qui aboutit à une unification : le temps est un espace, le son est une couleur, l'espace est un complexe de temps superposés, les complexes de sons existent simultanément comme complexes de couleurs. Le musicien qui pense, voit, entend, parle au moyen de ces notions fondamentales, peut dans une certaine mesure s'approcher de l'au-delà. » (Olivier Messiaen)

Compositions

L'année en titre associée à l'âge est celle du début de la composition si elle s'étend sur plusieurs années. Les « > » entre crochets : la première date correspond à l'année de la composition, la seconde à droite du signe « > » renvoie à la date de création.

  • La Dame de Shalott, pour piano [Grenoble, 1917]
  • Deux ballades de Villon, pour voix et piano [Paris, 1921]
  • La Tristesse d'un grand ciel blanc, pour piano [Paris, 1925]
  • Esquisse modale, pour orgue [Paris, 1927]
  • Fugue en ré mineur, pour orchestre [Paris, 1928]
  • Le Banquet eucharistique, pour orchestre [Fuligny, Aube, 1928]
  • Variations écossaises, pour orgue [Paris, 1928]
  • Le Banquet céleste, pour orgue [Fuligny, Aube, été 1928]
  • L'Hôte aimable des âmes, pour orgue [Fuligny, Aube, 1928]
  • Prélude, pour orgue [1928 - découvert en 1997]
  • Huit préludes, pour piano [Fuligny, Aube, 1928-1929 > 1er mars 1930]
  • Diptyque - Essai sur la vie terrestre et l'Éternité bienheureuse, pour orgue [Paris, 1930]
  • Trois mélodies, pour voix de soprano et piano [Paris, 1930]
  • La Mort du nombre, pour soprano, ténor et violon et piano [Paris, 1929 d'après Yvonne LORIOD mais 1930]
  • Simple chant d'une âme, pour orchestre [Paris, 1930]
  • Les Offrandes oubliées, méditation symphonique [Fuligny, Aube, 1930 > 19 février 1931]
  • Les Offrandes oubliées, réduction pour piano [Fuligny, Aube, 1930]
  • Le Tombeau resplendissant, pour orchestre [Fuligny, Aube, 1931]
  • Apparition de l'église éternelle, pour orgue [Paris, 1932]
  • Hymne (Hymne au Saint Sacrement), pour orchestre [Paris, 1932 > 13 mars 1933]
  • Thème et variations, pour violon et piano [Paris, 1932]
  • Fantaisie burlesque, pour piano [Paris, 1932]
  • L'Ascension, pour orchestre [Paris /Neussargues, mai /juillet 1932 puis Monaco,mai /juillet 1933 > 9 février 1934]
  • L'Ascension, pour orgue [Neussargues, été 1933 puis Paris, 1934]
  • Messe, pour 8 sopranos et 4 violons [Neussargues, Cantal, 1933]
  • Fantaisie, pour violon et piano [Paris, 1933]
  • La Nativité du Seigneur, pour orgue [Grenoble, 1935 > 27 février 1936]
  • Vocalise, pour voix de soprano et piano [Paris, 1935]
  • Pièce pour le tombeau de Paul Dukas, pour piano [Grenoble, 1935]
  • Poèmes pour Mi - 1er & 2e Livre, pour voix de soprano et piano [Petichet, Isère, 1936]
  • Poèmes pour Mi - 1er & 2e Livre, pour grand soprano dramatique et orchestre [1936 > Paris, 4 juin 1937]
  • Fête des belles eaux, pour six Ondes Martenot [Paris, 1937]
  • O sacrum convivium !, pour chœur à 4 voix mixtes a cappella ou soprano et orgue [Paris, 1937]
  • Chants de Terre et de Ciel, pour voix de soprano et piano [Petichet, Isère, 1938]
  • Deux monodies en quarts de ton, pour Ondes Martenot seule [Paris, 1938]
  • Les Corps glorieux, pour orgue [Petichet, Isère, 1939 > avril 1945]
  • Quatuor pour la fin du Temps, pour violon, clarinette en si♭, violoncelle et piano [Görlitz, Silésie, 1940 /1941 > 15 janvier 1941]
  • Chœurs pour une Jeanne d'Arc, pour grand chœur et petit chœur mixte a cappella [Neussargues, Cantal, 1941]
    • Te Deum
    • Impropères
  • Musique de scène pour un Œdipe, pour ondes Martenot seules [Paris, 1942]
  • Rondeau, pour piano [Paris, 1943]
  • Visions de l'Amen, pour deux pianos [Paris, 1943 > 10 mai 1943 ]
  • Trois petites liturgies de la présence divine, pour chœur de voix de femmes, piano, ondes Martenot et orchestre [1943 /1944 >Paris, 21 avril 1945]
  • Vingt regards sur l'Enfant-Jésus, suite pour piano [1944 >Paris, 26 mars 1945]
  • Chant des déportés, pour chœur mixte et grand orchestre [1945]
  • Harawi, chant d'amour et de mort, pour soprano et piano (1945 >Bruxelles, 27 juin 1946)
  • Turangalîla-Symphonie, pour piano solo, ondes Martenot et grand orchestre [17 juillet 1946 /29 novembre 1948 > 2 décembre 1949]
  • Messe de la Pentecôte, pour orgue [Paris, improvisée de 1948 /1950]
  • Cinq rechants, pour 12 voix mixtes a cappella : 3 sopranos 3 altos 3 ténors 3 basses (Salabert)[1948 > Paris, 15 juin 1950]
  • Cantéyodjayâ, pour piano [1948 > Paris, 23 février 1954]
  • Quatre études de rythme, pour piano [1949 > Création : 6 novembre 1950, Tunis]
  • Livre d'orgue, pour orgue [1951]
  • Le Merle noir, pour flûte et piano [1952]
  • Réveil des oiseaux, pour piano solo et grand orchestre [X > 11 octobre 1953]
    • Minuit
    • 4h du matin, L'aube, Réveil des oiseaux
    • Chant de la matinée
  • Oiseaux exotiques, pour piano solo et petit orchestre [octobre 1955 /janvier 1956 > 10 mars 1956]
  • Catalogue d'oiseaux , pour piano [octobre 1956 /septembre 1958 > 15 avril 1959]
  • Chronochromie, pour grand orchestre [1959 /1960 - Création le 16 octobre 1960]
  • Concert à quatre (œuvre inachevée - terminée par Yvonne Loriod), pour flûte, hautbois, violoncelle, piano et orchestre [1990,91]
  • Pièce pour piano et quatuor à cordes [1991]
  • - Quatre inédits, pour ondes Martenot et piano [X, 19XX]
    • Solfège
    • Déchiffrages
    • Déchiffrages
    • Déchiffrages
  • Offrande au Saint-Sacrement, pour orgue [19XX 1930 OU 1935 ?]

Discographie partielle

Pour une discographie plus détaillée, voir les articles consacrés aux œuvres d'Olivier Messiaen.

Ces trois disques, considérés comme « l'une des plus grandes réalisations de toute l'histoire du disque » (Paul Menier - Télérama), ont obtenu le grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros 1973, ainsi qu'un diapason d'or. Olivier Messiaen écrivit à propos de cet enregistrement : « Louis Thiry est un extraordinaire organiste, virtuose accompli, musicien total, d'une mémoire et d'une adresse sans égale : on peut le classer parmi les héros de la musique ! Il a donné plusieurs exécutions prestigieuses de mes œuvres d'orgue les plus difficiles – notamment de ma Messe de la Pentecôte. Tous ceux qui ont entendu et tous ceux qui entendront Louis Thiry ne peuvent que l'admirer. »

Si ce quatuor est une des partitions les plus accessibles d'Olivier Messiaen, c'est aussi l'une des plus émouvantes. Pour cette œuvre, composée au Stalag VIII-A de Görlitz, le musicien s'est inspiré d'une citation de l'Apocalypse de saint Jean : « Je vis un ange plein de force, descendant du ciel, revêtu d'une nuée, ayant un arc-en-ciel sur la tête. Son visage était comme le soleil, ses pieds comme des colonnes de feu. Il posa son pied droit sur la mer, son pied gauche sur la terre, et, se tenant debout sur la mer et sur la terre, il leva la main vers le Ciel et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, disant : « Il n'y aura plus de temps » ; mais au jour de la trompette du septième ange, le mystère de Dieu se consommera[6] ».

L'œuvre a été composée pour le clarinettiste Henri Akoka, le violoniste Jean Le Boulaire et le violoncelliste Étienne Pasquier, détenus avec lui, et créée le 15 janvier 1941, quelques semaines avant la libération du compositeur. Olivier Messiaen disait lui-même ceci à propos de son quatuor : « Lorsque j'étais prisonnier, l'absence de nourriture me donnait des rêves colorés : je voyais l'arc-en-ciel de l'Ange, et d'étranges tournoiements de couleurs. Mais le choix de « l'Ange qui annonce la fin du Temps » repose sur des raisons beaucoup plus graves. […] Au nom de l'Apocalypse, on a reproché à mon œuvre son calme et son dépouillement. Mes détracteurs oublient que l'Apocalypse ne contient pas que des monstres et des cataclysmes : on y trouve aussi des silences d'adoration et de merveilleuses visions de paix. De plus, je n'ai jamais eu l'intention de faire une Apocalypse : je suis parti d'une figure aimée (celle de « l'Ange qui annonce la fin du Temps ») et j'ai écrit un quatuor pour les instruments (et instrumentistes) que j'avais sous la main, à savoir : un violon, une clarinette, un violoncelle, un piano. […] Dernière remarque. Mon Quatuor comporte huit mouvements. Pourquoi ? Sept est le nombre parfait, la création de six jours sanctifiée par le sabbat divin ; le sept de ce repos se prolonge dans l'éternité et devient le huit de la lumière indéfectible, de l'inaltérable paix. »

Écrits

  • Vingt leçons d’harmonie : dans le style de quelques auteurs importants de « l’histoire harmonique » de la musique depuis Monteverdi jusqu’à Ravel, Paris, Alphonse Leduc, 1939, 53 p.
  • Technique de mon langage musical, Paris, Leduc, 1994, 112 p.
  • Traité de rythme, de couleur et d’ornithologie : 1949-1992, Paris, Leduc, 1994-2002, 7 vol.
  • Conférence de Bruxelles, Paris, Leduc, 1959, 16 p.
  • Conférence de Notre-Dame, Paris, Leduc, 1978, 15 p.
  • Conférence de Kyoto, Paris, Leduc, 1988, 14 p.

Distinctions

Œuvres dédiées à Olivier Messiaen

Michèle Reverdy a composé plusieurs œuvres en hommage à Olivier Messiaen : Météores pour 17 instrumentistes, commandé par le Festival de musique de Besançon pour les 70 ans de Messiaen en 1978 ; Anacoluthes pour 7 instruments, composé pour le centenaire de sa naissance, commande de la BBK pour le L. I. M. (Laboratorio de Interpretacion Musical)

Annexes

Bibliographie

  • En français
    • Philippe Olivier, Messiaen ou la lumière, Paris, Hermann, 2008, 194 p.
    • Pascal Arnault, Messiaen… Les sons impalpables du rêve, Lillebonne : Millénaire III, 1997, 187 p.
    • Yves Balmer,
      • Comment compose Messiaen ? Analyse et critique génétique des Visions de l’Amen d’Olivier Messiaen, mémoire de recherche en analyse au Conservatoire de Paris (CNSMDP), sous la dir. de Michaël Lévinas, 2008, 112 p.
      • Édifier son œuvre : genèse, médiation, diffusion de l’œuvre d’Olivier Messiaen, thèse de doctorat, Université Charles-de-Gaulle Lille 3, 2008, 3 vol.
    • Yves Balmer et Anne-Sylvie Barthel-Calvet, Article bibliographique : compte-rendu de l’ensemble des ouvrages parus pendant l’année du centenaire Messiaen, 2008, 1ère partie : 6 ouvrages, Revue de musicologie, 2009, vol. 95, n° 1, p. 239-250.
    • Jean Boivin,
      • La Classe de Messiaen. Historique, reconstitution, impact, thèse de doctorat sous la direction de Jean-Jacques Nattiez, Université de Montréal, 1992, 3 vol.
      • La Classe de Messiaen, Paris : Claude Bourgois, coll. Musique, passé, présent, 1995, 482 p.
    • Anne Bongrain, dir. Messiaen 2008 : Messiaen au Conservatoire : contributions du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris aux célébrations de la naissance d'Olivier Messiaen, Paris : CREC, 2008, 288 p.
    • Siglind Bruhn, Les Visions d’Olivier Messiaen, Paris, L’Harmattan, 2008, 346 p.
    • Antoine Goléa, Rencontres avec Olivier Messiaen, Paris, Juilliard, 1961, 285 p.
    • Harry Halbreich,
      • Olivier Messiaen, Paris, Sacem-Fayard, 1980, 532 p.
      • L’Oeuvre d’Olivier Messiaen, Paris, Fayard, 2008, 595 p.
    • Dominique Hausfater, La Bibliothèque de Messiaen léguée au Conservatoire, dans Anne Bongrain,op. cit., 2008, p. 89-114.
    • Peter Hill et Nigel Simeone, Olivier Messiaen, traduit de l’anglais par Lucie Kayas, Paris, Fayard, 2008, 592 p.
    • Lucie Kayas, Chronique d’une carrière d’enseignant exceptionnelle, dans Anne Bongrain, op. cit., 2008, p. 9-23.
    • Olivier Latry et Loïc Maillie, L’Œuvre d’orgue d’Olivier Messiaen : œuvres d’avant-guerre, Stuttgart, Carus-Verlag, 2008, 252 p.
    • Catherine Lechner-Reydellet, Messiaen : l’empreinte d’un géant, Paris, Séguier, 2008, 369 p.
    • Pierrette Mari, Olivier Messiaen, Paris, Seghers, coll. Musiciens de tous les temps, 1965, 192 p.
    • Brigitte Massin, Olivier Messiaen : une poétique du merveilleux, Aix, Alinéa, 1989, 232 p.
    • Alain Perier, Olivier Messiaen, Paris, Seuil, coll. Microcosme. Solfèges, 1979, 191 p.
    • Michèle Reverdy,
      • L’œuvre pour piano d’Olivier Messiaen, Paris, Leduc, coll. Au-delà des notes 1978, 100 p.
      • L’œuvre pour orchestre d’Olivier Messiaen, Paris, Leduc, 1988, 183 p.
    • Rebecca Rischin, Et Messiaen composa ... : genèse du « Quatuor pour la fin du temps », trad. E. Akoka et G. Marlière, Paris, Ramsay, coll. L’Indicible 2006 (éd. orig. For the end of time : the story of the Messiaen Quartet, 2003), 249 p.
    • Claude Rostand, Olivier Messiaen, Paris, Ventadour, coll. Musiciens d’aujourd’hui, 1957, 47 p.
    • Claude Samuel,
      • Permanences d’Olivier Messiaen : Dialogues et commentaires, Paris, Actes Sud, 1999, 484 p.
      • Entretiens avec Olivier Messiaen, Paris, Pierre Belfond, coll. Entretiens, 1967, 239 p.
  • En anglais
    • Julian Anderson, Messiaen and the notion of influence, Tempo 63, 2009, p. 2-18.
    • Yves Balmer et Anne-Sylvie Barthel-Calvet,Religious literature in Messiaen’s personnal library, dans Messiaen the theologian, Andrew Shenton, dir., Aldershot : Ashgate, 2010, p. 15-28.
    • Lilise Boswell-Kurc, Olivier Messiaen’s Religious Wartime Works and their Controversial Reception in France (1941-46), PhD, New York University, 2001, 529 p.
    • Siglind Bruhn,
      • Messiaen’s Language of Mystical Love, New York : Garland, 1998, 271 p.
      • Messiaen’s Explorations of Love and Death, Hillsdale (NY) : Pendragon Press, 2008, 288 p.
      • Messiaen's Interpretations of Holiness and Trinity: Echoes of Medieval Theology in the Oratorio, Organ Meditations, and Opera, Hillsdale (NY) : Pendragon Press, 2008, 230 p.
      • Messiaen's Contemplations of Covenant and Incarnation, Hillsdale (NY) : Pendragon Press, 2008, 296 p.
      • Olivier Messiaen : Music, Art and Literature, edited by Christopher Dingle and Nigel Simeone, Aldershot (Hampshire) et Burlington (Vermont) : Ashgate, 2007, 358 p.
    • Jennifer Donelson, Musical Technique and Symbolism in Noël from Olivier Messiaen’s Vingt regards sur l’Enfant-Jésus : a Defense of Messien’s Words and Music, Ann Arbor : UMI Dissertation Services, 2008, 100 p.
    • Robert Fallon, Messiaen’s Mimesis : the Langage and Culture of the Bird Styles, PhD, University of California Berkeley, 2005.
    • Paul Griffiths, Messiaen, Olivier, dans The New Grove Dictionary of Music and Musicains (Londres : Macmillan), Stanley Sadie et John Tyrell (éd.), 2001, vol. 16, p. 491.
    • Peter Hill, The Messiaen Companion, Londres, Boston, Faber and Faber, Peter, éd. 1995, 581 p.
    • Peter Hill et Nigel Simeone,
      • Olivier Messiaen, New Haven, Lonres, Yale University Press, 2005, XII-435 p.
      • Olivier Messiaen : Oiseaux exotiques, Aldershot, Ashgate, 2007, 128 p.
    • Madeleine Hsu, Olivier Messiaen, the Musical Mediator : a Study of the Influence of Liszt, Debussy and Bartók, Madison, Teaneck, Fairleigh Dickinson University Press, Londres, Associated university presses, 1996, 183 p.
    • Roger Nichols, Messiaen, Londres, Oxford University Press, coll. Oxford Studies of composers, 1975. 79 p.
    • Matthew Schellhorn, « Les noces » and « Trois petites liturgies » : an assessment of Stravinsky’s influence on Messiaen, dans Dingle et Simeone, op. cit., 2007, p. 39-61.
    • Andrew Shenton,
      • Olivier Messiaen’s System of Signs, Aldershot, Ashgate, 2008, 196 p.
      • Messiaen The Theologian, Aldershot, Ashgate, 2010, 290 p.
    • Nigel Simeone,
      • Olivier Messiaen : A bibliographical catalogue of Messiaen’s works : first editions and first performances, Tutzing, Hans Schneider, 1998, XIX-249 p.
      • « Bien cher Félix… » : Letters from Olivier Messiaen and Yvonne Loriod to Félix Aprahamian, éd. Nigel Simeone, Cambridge, Mirage Press, 1998, 55 p.
  • Sander Van Maas, The Reinvention of Religious Music: Olivier Messiaen's Breakthrough Toward the Beyond, New York, Fordham University Press, 2009, XI-229 p.

Notes et références

  1. Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Louvain-la-Neuve, Peeters, 1994, p. 103 
  2. Biographie d'Olivier Messiaen sur le site de l'Ircam
  3. Parmi les titres de ses nombreuses publications : C’était toi le Démon ! Suppliques, tentation, poèmes et prières, Paris, Les Cahiers des jeunes, 1936 ; L’Âme dévorée, nouvelles suppliques, nouvelles prières…, Paris, Les Cahiers des jeunes, 1937 ; La petite Lampe : poèmes de captivité et autres textes inédits, Paris, Desclée de Brouwer, 1942 (Cahiers des poètes catholiques, 44) ; La Prédelle du donateur : poèmes 1960-1978, Rodez, Subervie, 1978 ; mais aussi Le Cortège d’Euterpe , œuvre constituée de vingt-deux volumes de poésies analytiques, dites « analyses lyriques  », sur les œuvres et parfois les interprètes entendus au concert. Le Cortège d’Euterpe est une œuvre constituée de 22 volumes, paraissant entre 1961 et 1986 : (Pour une) Bible en images sonores, Rodez, Subervie, 1983. (Le Cortège d’Euterpe, 20) ; Le Jugement dernier des musiques, Rodez, Subervie, 1986. (Le Cortège d’Euterpe, 22).
    Sur les liens entre Olivier Messiaen et son frère consulter : Yves Balmer, Je suis né croyant... Aux sources du catholicisme d'Olivier Messiaen, 32 pages in Musique, art et religion dans l’entre-deux-guerres, Ed.Symétrie, 2009, 560 p. (ISBN 978-2-914373-50-0)
  4. Claude Samuel, Entretiens avec Olivier Messiaen, Paris, 1986, p. 5
  5. Site du festival
  6. Apocalypse de saint Jean, chap. X, 1-7

Liens externes

Précédé par Olivier Messiaen Suivi par
Benjamin Britten
Prix Ernst von Siemens
1975
Mstislav Rostropovitch
Charles Quef
Organiste, église de la Trinité
1931–1992
Naji Hakim


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