Omeyyades

Omeyyades

Califat omeyyade
الخلافة الأموية
Al-Ḫilāfa al-ʾumawiyya (ar)

661750

Drapeau

Drapeau

Devise : لا إله إلا الله محمد رسول الله
Il n'y a de dieu que Dieu, Mahomet est le messager de Dieu

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Califat omeyyade en 750

Informations générales
Statut Califat
Capitale Damas
Langue Arabe
Religion Islam
Monnaie Dinar omeyyade
Démographie
Population vers 700 62 000 000 hab.
Densité vers 700 5 hab./km2
Superficie
Superficie vers 750 13 000 000 km2[1]
Histoire et évènements
661 Fondation du Califat omeyyade par Muʿāwiya Ier
680-692 Deuxième Fitna
19 juillet 711 Bataille du Guadalete
15 août 717-15 août 718 Second siège de Constantinople
25 octobre 732 Bataille de Poitiers
25 janvier 750 Bataille du Grand Zab
750 Chute du Califat omeyyade, remplacé par le Califat abbasside
Califes omeyyades
(1er) 661-680 Muʿāwiya Ier
(Der) 744-750 Marwān II

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Les Omeyyades ou Umayyades (en arabe : الأمويون (Al-ʾUmawiyyūn), ou بنو أمية (Banū ʾUmayya)) sont une dynastie de califes qui gouvernent le monde musulman de 661 à 750. Ils tiennent leur nom de leur ancêtre ʾUmayya ibn ʿAbd Šams, grand-oncle[2] de Mahomet. Ils sont originaires de la tribu de Qurayš, qui domine La Mecque au temps de Mahomet.

Succédant au calife ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib, ils prennent Damas comme capitale et fondent le Califat omeyyade, qui devient le plus grand État musulman de l'Histoire en s'étendant de l'Indus jusqu'à la péninsule Ibérique. Renversés par les Abbassides, l'un de leurs survivants fuit à Al-ʾAndalus et fonde un nouvel État à Cordoue.

Sommaire

Histoire

Origines et fondation

Arbre généalogique des Omeyyades

L'ancêtre commun de Mahomet et des Omeyyades est ʿAbd Manāf ibn Quṣayy. Son fils Hāšim est à l'origine du clan des Banū Hāšim auquel appartient le Prophète, et son autre fils ʿAbd Šams est à l'origine de la dynastie des Omeyyades via son fils ʾUmayya. Cependant, plusieurs historiens chiites considèrent que ʾUmayya est un fils adoptif de ʿAbd Šams.

Les Banū Hāšim et les Banū ʾUmayya connaissent une rivalité qui atteint son paroxysme après la bataille de Badr qui voit la mort de grands chefs des Banū ʾUmayya. Lors de la conquête de La Mecque par les musulmans en 630, ʾAbū Sufyān ibn Ḥarb, lui-même des Banū ʾUmayya et dirigeant de Qurayš, embrasse l'islam. Avec l'élection de ʿUṯmān ibn ʿAffān en tant que troisième calife, les Banū ʾUmayya reprennent les rênes du pouvoir. Quand ʿUṯmān est assassiné en 656 par des opposants qui portent au pouvoir ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib, cousin et gendre de Mahomet, les Banū ʾUmayya, notamment le gouverneur de Syrie Muʿāwiya, fils de ʾAbū Sufyān, se révoltent. C'est la Première Fitna du jeune État islamique. Lors de la bataille de Ṣiffīn, les deux camps décident d'arrêter les hostilités et de recourir à un arbitrage. Les partisans de ʿAlī qui sont contre l'arbitrage, arguant que ʿAlī est choisi par Dieu pour être calife et qu'il ne doit pas lui désobéir, s'en séparent et deviennent les kharidjites ; ils assassinent ʿAlī en 661. La même année, Muʿāwiya marche sur Koufa (que ʿAlī avait érigée auparavant comme capitale) et convainc ses habitants de le choisir en tant que calife au lieu d'Al-Ḥasan, fils de ʿAlī, marquant ainsi la naissance du Califat omeyyade, avec Damas comme capitale.

Les Soufyanides

Le règne de Muʿāwiya Ier, qui initie la dynastie des Soufyanides (descendants de ʾAbū Sufyān) est marqué par une stabilité politique et une rapide expansion territoriale. À l'intérieur du Califat, la rébellion de Ḥuǧr ibn ʿAdiyy à Koufa est matée par le gouverneur d'Irak Ziyād ibn ʾAbī Sufyān. Tout en encourageant la coexistence pacifique avec les Gens du Livre, Muʿāwiya Ier s'engage dans une guerre contre l'Empire byzantin et conquiert Rhodes et la Crète, ainsi qu'une partie de l'Afrique du Nord, où est fondée la ville de Kairouan, et de l'Asie centrale (Kaboul, Boukhara, Samarcande).

À la mort de Muʿāwiya Ier en 680, son fils Yazīd Ier lui succède[3]. Cette succession héréditaire n'est pas acceptée par de nombreux musulmans, notamment ʿAbd Allāh ibn Az-Zubayr et Al-Ḥusayn, second fils de ʿAlī. La Deuxième Fitna éclate. ʿAbd Allāh et Al-Ḥusayn se dirigent de Médine vers La Mecque. Puis Al-Ḥusayn continue vers Koufa pour rallier la population à sa cause, mais il est intercepté à Kerbala par une importante armée omeyyade qui le tue ainsi que sa famille et ses compagnons. ʿAbd Allāh se proclame calife, soulève les deux villes saintes de La Mecque et Médine, et étend l'opposition jusqu'à Bassorah, en Irak. Yazīd Ier arrête la révolte à Médine en 683 et meurt la même année.

Son fils et successeur, Muʿāwiya II, ne règne que quarante jours, et après son abdication en 684, ʿAbd Allāh et Marwān ibn Al-Ḥakam, descendant d'une autre branche omeyyade, se disputent le pouvoir. Marwān finit par gagner en 684 et est proclamé calife à Damas, initiant la dynastie marwanide.

Les Marwanides

Cependant, ʿAbd Allāh n'est pas encore définitivement vaincu : son califat est reconnu sur une grande partie du monde musulman. Marwān Ier réussit néanmoins à reprendre l'Égypte, mais meurt après neuf mois de règne.

ʿAbd Al-Malik et la pacification du Califat

Dinar omeyyade

Son fils ʿAbd Al-Malik lui succède en 685. La première partie de son règne est marquée par une révolte organisée par Al-Muḫtār ibn ʾAbī ʿUbayd à Koufa au nom de Muḥammad ibn Al-Ḥanafiyya, un des fils de ʿAlī. Al-Muḫtār réussit à repousser les Omeyyades en 686, près de Mossoul, mais est vaincu par ʿAbd Allāh un an plus tard. En 691, les Omeyyades reprennent le contrôle de l'Irak, et en 692, ʿAbd Al-Malik obtient sa victoire définitive sur ʿAbd Allāh après avoir envoyé Al-Ḥaǧǧāǧ ibn Yūsuf Aṯ-Ṯaqafiyy à la tête d'une grande armée assiéger La Mecque, en utilisant des engins de siège qui endommagent la Kaaba. ʿAbd Allāh est tué lors de l'assaut, et ʿAbd Al-Malik n'a plus de concurrent, mettant ainsi fin à près de douze ans de guerre civile. La même année, la construction du dôme du Rocher à Jérusalem est achevée. Le règne de ʿAbd Al-Malik est aussi marqué par la centralisation de l'administration du Califat, l'établissement de l'arabe en tant que langue officielle et l'utilisation d'une monnaie unique, le dinar, qui remplace les pièces byzantines et iraniennes.

L'expansion territoriale

Al-Walīd Ier devient calife à la mort de son père ʿAbd Al-Malik en 705[4]. Sous son règne sont construites la Grande mosquée des Omeyyades à Damas et la Mosquée du Prophète à Médine. Al-Ḥaǧǧāǧ est une figure marquante du règne d'Al-Walīd Ier et de son prédécesseur ; à la tête de troupes syriennes, il maintient régulièrement l'ordre en Irak, pays réfractaire à l'autorité omeyyade. Le début du VIIIe siècle voit également l'expansion territoriale du Califat omeyyade, notamment en Afrique du Nord et dans la péninsule Ibérique, avec la conquête du Royaume wisigoth en 711 par le général Ṭāriq ibn Ziyād[5].

Le règne de Sulaymān, frère et successeur d'Al-Walīd Ier, est marqué par l'échec du siège de Constantinople, qui met un terme aux vues omeyyades sur la capitale byzantine ; mais il est aussi marqué par la continuation de l'expansion territoriale, en Asie centrale et en Inde notamment.

ʿUmar II succède à son cousin Sulaymān en 717. C'est un calife à la position particulière dans la dynastie, du fait de sa sagesse et de sa piété, étant parfois le seul à être reconnu calife par la tradition ultérieure. ʿUmar II est notamment honoré pour avoir lutté contre les problèmes fiscaux concernant la conversion à l'islam. En effet, à cette époque, le Califat omeyyade est peuplé majoritairement de chrétiens, juifs, zoroastriensetc. Leur conversion n'est pas forcée, mais ils sont sujets à des taxes plus élevées que les musulmans, d'autant plus qu'une fois convertis, on prélève sur eux la capitation (ǧizya) comme s'ils n'étaient pas encore musulmans. D'un point de vue financier, la conversion massive diminuerait les revenus de l'État, et certains gouverneurs découragent les conversions à l'islam, mais ʿUmar II tente de résoudre le problème, insistant sur l'égalité de traitement entre musulmans arabes et non arabes, et enlevant les obstacles à la conversion des non Arabes à l'islam.

Après la mort de ʿUmar II en 720, Yazīd II, un autre fils de ʿAbd Al-Malik, lui succède. Une nouvelle révolte majeure, menée par Yazīd ibn Al-Muhallab, éclate alors en Irak et est arrêtée par Maslama ibn ʿAbd Al-Malik, demi-frère du calife. Yazīd II prône une politique iconoclaste en ordonnant la destruction des images chrétiennes à travers le Califat.

Le dernier fils de ʿAbd Al-Malik à devenir calife est Hišām, qui succède à Yazīd II en 724. Son assez long règne marque l'apogée militaire du Califat omeyyade. Après l'échec du siège de Constantinople en 718[5], qui avait donné un coup d'arrêt à l'expansion omeyyade, Hišām reprend la guerre contre l'Empire byzantin en pénétrant en Anatolie. Après plusieurs victoires, l'avancée des armées omeyyades est freinée à la bataille d'Akroinon. Le règne de Hišām voit aussi les limites de l'expansion en Europe après la défaite omeyyade à la bataille de Poitiers en 732, face au Royaume franc[6]. Le Califat reste néanmoins maître de la péninsule Ibérique. Des révoltes majeures éclatent, notamment en Afrique du Nord (739), en Bactriane et en Transoxiane, qui restent difficiles à gouverner, notamment à cause du problème des droits des musulmans non arabes.

Troisième Fitna

En 743, Al-Walīd II (fils de Yazīd II) succède à Hišām. Al-Walīd II est plus connu pour son attirance pour les plaisirs que pour la religion. Il s'attire très vite de nombreux ennemis en tuant ceux qui se sont opposés à son accession et en luttant contre les qadarites.

En 744, Yazīd III le Réducteur, proclamé calife à Damas et fils d'Al-Walīd Ier, attaque avec son armée Al-Walīd II et le tue. Il tient son surnom du fait de sa réduction des rentes militaires de 10 %. Réputé pieux et sympathisant avec les qadarites, il meurt six mois après son accession au pouvoir.

Yazīd III avait désigné comme successeur son frère ʾIbrāhīm, mais Marwān, petit-fils de Marwān Ier par son père Muḥammad, prend le pouvoir après avoir marché sur Damas en décembre 744 à la tête d'une armée de la frontière nord et se proclame calife. Marwān II déplace la capitale à Harran et une rébellion éclate en Syrie. En représailles, il détruit les murs de Damas et de Homs. Les kharidjites se soulèvent également, notamment en Irak, et choisissent des califes rivaux.

Chute

En 747, au moment où Marwān II prévoit de rétablir l'ordre en Irak, un nouveau mouvement bien plus sérieux menace le Califat omeyyade : le mouvement hachimite, du nom de ʾAbū Hāšim, fils de Muḥammad ibn Al-Ḥanafiyya et petit-fils de ʿAlī ibn ʾAbī Ṭalib. C'est une branche des chiites kaysanites, menée par les Abbassides, du clan des Banū Hāšim, rival des Banū ʾUmayya. Le mouvement hachimite est actif au Khorassan et mène une campagne de prosélytisme en recrutant de nombreux adhérents depuis 719 environ. Les Abbassides rallient également à leur cause les anciens partisans de la révolte d'Al-Muḫtār ibn ʾAbī ʿUbayd, qui étaient partisans de Muḥammad ibn Al-Ḥanafiyya vers la fin des années 680. La croissance soutenue du mouvement hachimite vient notamment du fait de sa popularité aussi bien auprès des Arabes que des non Arabes (mawālī), ce qui jouera un rôle crucial.

Vers 746, ʾAbū Muslim Al-Ḫurāsāniyy prend la tête du mouvement et initie une insurrection ouverte contre le pouvoir omeyyade un an plus tard. Les Abbassides prennent très vite le contrôle de tout le Khorassan et se dirigent vers l'ouest. Koufa est prise en 749. Marwān II, à la tête de l'armée omeyyade, se dirige alors vers l'est pour arrêter les Abbassides. Les deux armées se rencontrent à la bataille du Grand Zab au début de 750 et les Omeyyades sont défaits. La même année, Damas est prise, Marwān II fuit en Égypte, où il est tué, et ʾAbū Al-ʿAbbās As-Saffāḥ, chef des Abbassides, est proclamé calife à Koufa. C'est la fin du Califat omeyyade et le début du Califat abbasside.

Les Abbassides détruisent la plupart des tombeaux omeyyades, n'épargnant que celui de ʿUmar II, et presque tous les membres de la famille sont traqués et tués, mais le prince ʿAbd Ar-Raḥmān ibn Muʿāwiya, petit-fils de Hišām, réussit à s'enfuir, à gagner la péninsule Ibérique et à y établir un émirat à Cordoue. En 929, l'émir ʿAbd Ar-Raḥmān III prend le titre de calife.

Administration

Le Califat omeyyade est géré par six « offices » centraux : Dīwān al-ḫarāǧ (Office des revenus), Dīwān ar-rasāʾil (Office des messages), Dīwān al-ḫātam (Office du sceau), Dīwān al-barīd (Office de la poste), Dīwān al-quḍā (Office des juges) et Dīwān al-ǧund (Office des soldats).

Dīwān al-ḫarāǧ

C'est l'office chargé d'administrer les finances du Califat. Il impose et collecte également les taxes et les impôts.

Dīwān ar-rasāʾil

C'est l'office chargé de la correspondance d'État. Il fait circuler les missives et les communiqués officiels à travers tout le Califat, et vers les officiers centraux et provinciaux. Il coordonne également l'action des autres offices.

Dīwān al-ḫātam

Cet office est chargé de lutter contre les actes de contrefaçon, notamment des documents officiels, qu'il copie et conserve avant de les sceller et les envoyer à leur destination, si bien qu'au fil du temps, de véritables archives d'État se développent à Damas. Cet office est conservé par les Abbassides.

Dīwān al-barīd

Introduit par Muʿāwiya Ier, cet office gère la poste à travers le Califat. Sous ʿUmar II, plusieurs caravansérails voient le jour le long des routes, notamment au Khorassan. Des relais de chevaux permettent la liaison entre le calife, ses agents et les officiers provinciaux. Les routes principales sont subdivisées en tronçons d'environ 19 km, chaque tronçon ayant ses montures qui transportent le courrier et assurent la liaison avec le tronçon suivant. Initialement prévu pour les besoins du gouvernement, ce système profite également aux particuliers et à l'armée. Sous le gouverneur Yūsuf ibn ʿUmar, l'Office de poste de l'Irak coûte environ 4 000 000 de dinars par an.

Dīwān al-quḍā

La justice est gérée par un office indépendant. Les juges principaux, à partir de 661, siègent en Égypte.

Dīwān al-ǧund

C'est l'office chargé de l'administration militaire. L'armée est divisée en cinq corps : le centre, les deux ailes, l'avant-garde et l'arrière-garde, en marche ou au champ de bataille. Marwān II abandonnne ce système et introduit la cohorte (kurdus), petite formation compacte. L'armée omeyyade se compose de trois divisions : la cavalerie, l'infanterie et l'artillerie. La cavalerie utilise des selles plaines et rondes, l'infanterie est d'inspiration byzantine et l'artillerie est formée de mangonneaux, béliers et balistes. Initialement, des pensions et indemnités de subsistance sont accordées même aux militaires qui ne sont pas en service actif, cependant, Hišām instaure une réforme et seuls les participants aux combats sont payés.

Art

Article détaillé : Art omeyyade.

Architecture et urbanisme

Il existe grossièrement trois types de villes chez les Omeyyades :

  • Les ʾamṣār : Ces centres urbains sont créés comme quartiers d'hiver et lieux de repli pour l'armée des conquérants musulmans. Ils suivent un schéma simple : la grande mosquée et dār al-ʾimāra, le palais, occupent le centre, et sont entourés de quartiers d'habitations. Si certaines ʾamṣār périclitent complètement peu de temps après leur création, d'autres se développent considérablement.
  • Les villes hellénistiques et romaines transformées : Le Proche-Orient, sous domination byzantine jusqu'à la conquête, est déjà fortement urbanisé. C'est pourquoi moins de cités sont construites dans ces régions, les nouveaux arrivants s'installant dans les villes déjà bâties. Une grande mosquée y est édifiée, soit à la place de l'église, soit sur un lieu laissé vide. L'église peut aussi parfois être coupée en deux, une partie étant réservée au culte chrétien, l'autre au culte musulman.
  • Les villes nouvelles : D'autres villes sont créées plus ou moins ex nihilo, sans être pour autant des ʾamṣār, mais simplement de nouveaux centres urbains civils.

C'est sous les Omeyyades que naît réellement l'architecture religieuse islamique, à partir du dôme du Rocher. Ce monument très particulier, qui serait construit sur l'emplacement du Temple de Salomon, est, selon Oleg Grabar, « le premier monument qui se voulût une création esthétique majeure de l'Islam »[7]. C'est aussi sous les Omeyyades que se met en place le type de la mosquée de plan arabe. L'archétype et le chef-d’œuvre en est la Grande mosquée des Omeyyades à Damas, réalisée sous le règne d'Al-Walīd Ier, entre 705 et 715.

L'architecture civile se développe elle aussi, au travers des châteaux du désert. Ils sont nombreux à s'élever dans des plaines syriennes arides, mais auparavant extrêmement verdoyantes et fertiles. Remplissant des fonctions différentes (caravansérails, résidences princières ou de gouverneurs, etc.), ils présentent des plans variés, mais des caractéristiques communes.

Le décor architectural dépend encore beaucoup de l'art byzantin, comme en témoignent le fréquent remploi de colonnes antiques ou les mosaïques à fond d'or parfois réalisées par des artistes byzantins, parfois par des artisans locaux qui les imitent. La peinture murale est également très développée, comme à Qusair Amra, et on connaît des sculptures en stuc, quasiment les seules rondes bosses de tout l'art islamique.

Objets

Les premiers objets islamiques sont très difficiles à distinguer des objets antérieurs à la période, en effet, ils utilisent les mêmes techniques et les mêmes motifs.

Bol à décor de pampres et de grenades, inscription en arabe, céramique argileuse à décor moulé, VIIe ‑ VIIIe siècles, Suse, Musée du Louvre

On connaît notamment une abondante production de céramique non glaçurée. Les motifs végétaux sont alors sans doute les plus importants. Il existe aussi des pièces recouvertes de glaçures monochromes vertes ou jaunes. Une glaçure est un revêtement vitreux, coloré ou non, parfois transparent, parfois opaque, qui recouvre une céramique et la fait briller ; c'est un élément très important dans l'art des pays musulmans.

Les artisans travaillent déjà le métal en virtuoses, créant toutes sortes de vaisselles. L'aiguière de Marwān II, du musée islamique du Caire, en est un des plus impressionnants exemples. Composée d'une panse globulaire, d'un haut col finement ajouré, d'une embouchure en forme de coq, elle est un des chefs-d’œuvre de la période omeyyade. Elle est d'ailleurs créée pour l'un des souverains de cette dynastie.

Postérité

Les adversaires des Omeyyades leur reprochent notamment :

  • d'usurper le califat et d'avoir versé le sang de la famille du Prophète ;
  • une certaine indifférence à l'égard de l'islam et ses règles, notamment en négligeant de convertir les populations conquises.

En raison de ces causes et de quelques autres, les califes omeyyades souffrent d'une mauvaise réputation dans l'historiographie musulmane, et le titre de calife (successeur [du Prophète]) leur est parfois refusé, pour le titre plus séculier de malik, roi.

Références

  1. (en) Khalid Yahya Blankinship, The End of the Jihâd State : The Reign of Hishām Ibn ‘Abd-al Malik and the Collapse of the Umayyads, Albany, State University of New York Press, 1er mars 1994 (ISBN 0791418278), p. 37 .
  2. Dominique Sourdel et Janine Sourdel, Dictionnaire historique de l'islam, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Grands dictionnaires », 1er octobre 1996 (ISBN 2130473202), p. 911 .
  3. (en) Andrew Marsham, Rituals of Islamic Monarchy : Accession and Succession in the First Muslim Empire, Édimbourg, Edinburgh University Press, 15 avril 2009 (ISBN 0748625127) [lire en ligne], p. 99 .
  4. (en) Ira Marvin Lapidus, A History of Islamic Societies, Cambridge, Cambridge University Press, 16 août 2002 (ISBN 0521779332) [lire en ligne], p. 50 .
  5. a et b Jean-Paul Moreau, Disputes et conflits du christianisme : dans l'Empire romain et l'Occident médiéval, L'Harmattan, 15 juin 2005 (ISBN 2747587167) [lire en ligne], p. 90 .
  6. (en) David Nicolle, The Great Islamic Conquests AD 632–750, Oxford, Osprey Publishing, coll. « Essential Histories », 19 mai 2009 (ISBN 1846032733) [lire en ligne], p. 72-73 .
  7. Oleg Grabar, La Formation de l'art islamique, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 26 avril 2000 (ISBN 2080816454), p. 72 .

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