Opus Dei

Opus Dei

41°55′18.4″N 12°29′2.6″E / 41.921778, 12.484056

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L’Opus Dei (« Œuvre de Dieu » en latin), également appelé Prélature de la Sainte Croix et Opus Dei[1], est une organisation controversée de l'Église catholique romaine regroupant des laïcs et des membres du clergé. Elle a été fondée le 2 octobre 1928 par un prêtre espagnol, Josemaría Escrivá de Balaguer, canonisé par le pape Jean-Paul II en 2002.

En 1950, l'Opus Dei reçoit une approbation officielle du pape Pie XII[2] alors que l'organisation compte presque 3 000 membres. À la mort du fondateur le 26 juin 1975 à Rome, leur nombre atteint 75 000. L'Opus Dei est érigé en prélature personnelle par la constitution apostolique Ut sit du 28 novembre 1982[1]. En 2002, l'Opus Dei compterait 87 000 membres dans 90 pays différents[3],[4] .

Sommaire

Historique

L’histoire de l’Opus Dei est intimement liée à celle de son fondateur, Josemaría Escrivá de Balaguer, jusqu’à la mort de celui-ci le 26 juin 1975 à Rome.

C’est à Madrid, lors d’une retraite spirituelle, qu'il dit avoir vécu, le 2 octobre 1928, une expérience mystique qui l'amène à concevoir l’Opus Dei[5]. À partir de ce jour, il se met à travailler pour mener à bien cette mission : il continue son ministère sacerdotal, s’occupe des pauvres de la banlieue madrilène[6] et commence à fréquenter des étudiants et des jeunes professionnels à qui il présente l’Opus Dei. Certains demandent à en faire partie.

L’expansion de l’Opus Dei est freinée par l’éclatement de la guerre civile en Espagne en 1936. Josemaría Escrivá de Balaguer se trouve alors à Madrid, dans la zone contrôlée par le gouvernement républicain. Il se cache pendant des mois pour éviter la persécution religieuse[7]. Il n’en continue pas moins d’exercer son ministère[8]. Il s’enfuit de Madrid pour rejoindre Burgos, en zone franquiste, et y poursuivre librement ses activités pastorales. En 1939, quand la guerre civile s'achève par la victoire des franquistes, il rentre à Madrid développer l’Opus Dei avec le soutien de l’archevêque de Madrid, Monseigneur Leopoldo Eijo y Garay. Le nombre de fidèles de l’Opus Dei ne cesse d’augmenter et passe d’une douzaine en 1939 à 1954[9] dont 23 prêtres en 1950.

Dès 1946, Josemaria Escriva se fixe à Rome afin de préparer les documents nécessaires à la curie romaine pour donner à l’Opus Dei une structure juridique, ce qu’il obtient l’année suivante par une première approbation pontificale. De Rome, il s’occupe aussi du gouvernement et de l’expansion de l’Opus Dei dans le monde. En 1945, l'Opus Dei s’implante au Portugal alors sous la dictature de Salazar. En 1946, l’Œuvre s’implante en Italie et en Grande-Bretagne, en 1947 vient le tour de la France et de l’Irlande. Puis, en 1949, le Mexique et les États-Unis. Escriva érige à Rome en 1948 le Collège romain de la Sainte-Croix puis en 1953 le Collège romain de Sainte-Marie pour les femmes, pour la formation philosophique, théologique et canonique des prêtres et laïcs. En 1950, l'Opus Dei s'installe en Argentine et au Chili. En 1951, au Venezuela et en Colombie. En 1952, vient le tour de l'Allemagne de l'Ouest, à Münster. En 1953, l'Opus Dei arrive au Guatemala et au Pérou. En 1954, elle s'installe en Équateur. En 1956, elle arrive en Uruguay et en Suisse. En 1957, c'est le tour du Brésil, de l'Autriche et du Canada. En 1958, le Japon, le Salvador et le Kenya. En 1959, les Pays-Bas et le Costa Rica[10].

Devenu romain, Josemaría Escrivá ne quitte la ville que pour rendre visite aux membres de l'Opus Dei, dispersés dans le monde entier et auxquels il prodigue conseils et encouragements[réf. nécessaire]. En 1965, Josemaria Escriva est témoin des conclusions du concile Vatican II (1962-1965). Entre 1970 et 1975, Josemaria Escriva, souffrant de ce qu'il considère comme une déformation de l’enseignement de Vatican II, entreprend de nombreux voyages pour diffuser sa vision de la doctrine catholique. Il parle alors devant des publics atteignant plusieurs milliers de personnes[11]. Malgré un certain épuisement, il continue de mener sa tâche et de prier jusqu’au jour de son décès à Rome, le 26 juin 1975.

Son successeur, Alvaro del Portillo, fidèle à l’esprit du fondateur[12], présente cette nouvelle période de l’histoire de l’Opus Dei comme celle de la « continuité ». En 1982, lorsque Jean-Paul II donne à l’Opus Dei son statut juridique définitif en l’érigeant en prélature personnelle[13], Alvaro del Portillo est nommé prélat.

L’expansion de l’Opus Dei se poursuit et atteint dans les années 1980, Hong Kong, Singapour, Macao et Taïwan, la Suède, la Finlande, le Congo, la Côte d’Ivoire et le Cameroun. Dès la chute du mur de Berlin, des centres de l’Opus Dei s’ouvrent en Pologne, Hongrie et en République tchèque. Alvaro del Portillo meurt à Rome le 23 mars 1994. L’Opus Dei est devenu prélature personnelle, s’est étendu à 20 nouveaux pays. Alvaro del Portillo a suivi le procès de canonisation d’Escriva demandé par plusieurs milliers de personnes, dont environ 1/3 de l’épiscopat mondial. Il a assisté à la béatification du fondateur de l’Opus Dei par le pape Jean-Paul II le 17 mai 1992 place Saint-Pierre en présence de 300 000 fidèles[14] venus également pour la béatification de la religieuse canossienne Joséphine Bakhita qui eut lieu lors de la même cérémonie.

Le successeur d’Alvaro del Portillo, monseigneur Javier Echeverría Rodríguez, est l’actuel prélat de l’Opus Dei. Le 6 octobre 2002, en présence de 450 à 500 000 pèlerins[15], il assiste place Saint-Pierre, à la canonisation de Josemaría Escrivá de Balaguer par Jean-Paul II.

Organisation

Fidèles

L'Œuvre, basée à Rome, revendique en 2004 environ 85 000 membres — dont 98 % de laïcs — répartis dans une soixantaine de pays. Ils se subdivisent en différentes catégories :

  • tous les membres sont des laïcs, chrétiens ordinaires, à l'exception de ceux qui, pour les besoins des apostolats, se dirigent vers la prêtrise ;
  • les numéraires, femmes ou hommes, sont principalement chargés de la formation des autres membres et de la direction des apostolats. Ils sont généralement logés dans des maisons (centres) de l'Opus Dei et vivent le célibat apostolique ; les numéraires auxiliaires sont des femmes dont le métier consiste à s'occuper des tâches ménagères des centres de l'Opus Dei ;
  • les agrégés, femmes et hommes, vivent également le célibat. Ils participent, dans une moindre mesure, aux charges de formation et de direction. Ils vivent soit avec leur famille, soit seuls ;
  • les surnuméraires sont des laïcs, mariés ou se destinant au mariage, qui vivent la même vocation, mais avec une disponibilité plus limitée, à la suite de leurs obligations familiales ;
  • les coopérateurs sont des sympathisants, pas nécessairement catholiques ni même chrétiens. L'Opus Dei est la première institution catholique ayant intégré en son sein des coopérateurs non catholiques.

Organisation

À tous ses échelons, l’Opus Dei est organisée de façon hiérarchique. Son gouvernement s’exerce toujours collégialement :

  1. Direction centrale : Le prélat de l’Opus Dei, actuellement Javier Echeverria Rodriguez, est à sa tête. Il réside à Rome où il est assisté par un Conseil Général composé d’hommes et par un Conseil Central pour les femmes. Tous les 8 ans, un congrès général de la prélature se réunit afin de dresser un bilan du travail apostolique réalisé, de fixer les prochains objectifs et de procéder aux renouvellements ou aux nominations des membres des conseils.
  2. Direction locale : Elle est composée d’abord de la commission régionale pour les hommes et du conseil régional pour les femmes, la région étant une entité territoriale se conformant ou non aux frontières étatiques. Le vicaire régional est le représentant du prélat dans sa région. Les membres des conseils régionaux sont nommés par Rome. Les conseils locaux de chaque centre sont composés d’un directeur laïc et d’au moins deux autres fidèles de l’Opus Dei. Ils s’occupent directement des activités pastorales.

Prêtres diocésains

Des prêtres diocésains peuvent demander leur admission dans l'Opus Dei au sein d'une structure spécialement créée pour eux, la Société sacerdotale de la Sainte Croix, inséparablement unie à la Prélature. Ils peuvent alors devenir membres surnuméraires ou agrégés. Cette différence est surtout fondée sur leur disponibilité pour les activités de la Prélature. Dans les deux cas, ils continuent d'être soumis à l'autorité de leur évêque, l'Opus Dei ne leur apportant qu'un chemin de sanctification supplémentaire.

Dirigeants

Objectifs et activités

Son message

Pedro Rodriguez, prêtre de l’Opus Dei, définit dans l’ouvrage L’Opus Dei dans l’Église (non traduit) le message transmis par Josémaria Escriva de Balaguer de la façon suivante :

« Dieu appelle cette foule de chrétiens :
a) d’une façon baptismale, c’est-à-dire qu’il les appelle à se configurer au Christ dans l’Église, à la sainteté ;

b) personnellement, c’est-à-dire non pas en masse mais un par un, chacun par son nom, vocavi te nomine tuo ;

c) au milieu de la vie ordinaire et, précisément à se sanctifier dans et à partir des réalités ordinaires de la vie qu’ils mènent, au nombre desquelles le travail humain, la réalité polyvalente des activités professionnelles et sociales se détachent et revêtent un caractère configuratif. »

Ce paragraphe résume le but poursuivi par l’Opus Dei : diffuser le message évangélique en encourageant chaque individu, personnellement, à chercher à devenir saint dans le cadre de ses activités quotidiennes, qu’elles soient professionnelles, sociales ou familiales et à lutter contre tout ce qui ne correspond pas aux valeurs de l'Évangile.

Activités

Les activités menées de façon personnelle par des fidèles de l’Opus Dei n’engagent qu’eux-mêmes et n’impliquent en rien la Prélature de l’Opus Dei.
En revanche, l’Opus Dei a pris l’initiative d’encourager certaines initiatives à caractère social ou éducatif. Il s’en porte moralement garant et prend en charge leur orientation chrétienne. Il s’agit alors d’œuvres collectives.
En font partie l’Université de Navarre, fondée en 1952 à Pampelune, l'Université internationale de Catalogne à Barcelone, l’hôpital Monkole à Kinshasa, ou encore le Midtown Sports and Cultural Center, collège-lycée situé dans un quartier difficile de Chicago, la Universidad de Montevideo, université privée d'Uruguay, ou encore, à une moindre échelle, des foyers pour étudiants ou jeunes professionnels.
Dans tous les cas, ces activités sont à but non lucratif. Il s’agit de participer par ces initiatives à la formation scolaire, médicale, sportive, des populations locales.

Controverses

Les controverses autour de l'Opus Dei portent sur plusieurs points : son aspect discret voire secret, ses méthodes de recrutement, les règles strictes qui gouvernent ses membres, l'élitisme et l'affairisme dont il ferait preuve, la proximité et le soutien supposés à des gouvernements d'extrême-droite par le passé, et l'influence qu'il aurait sur le Vatican et l'Église catholique. Le caractère sectaire de l'Opus Dei est parfois évoqué, notamment suite à un rapport sur les sectes d'une commission parlementaire belge, publié en avril 1997. Ce document comportait un tableau synoptique de 189 groupes et institutions variés, où figuraient plusieurs institutions et mouvements de l'Eglise catholique, dont l'Opus Dei. Cependant, ce tableau était précédé d'un avertissement précisant qu'il ne s'agissait pas d'une liste de sectes[16]. Le tableau ayant malgré tout soulevé un tollé, le Parlement belge, réuni en séance plénière, le 7 mai 1997, a voté à une très large majorité une motion qui n'approuvait que quelques pages du rapport (à savoir les seules conclusions et recommandations), en rejetant explicitement le tableau synoptique[17].

Question du secret

L'une des critiques les plus souvent formulées à l'encontre de l'Opus Dei porte sur son caractère secret. Selon la constitution de 1950, il était expressément interdit aux membres de se révéler sans obtenir auparavant l'autorisation de leur supérieur[18]. La constitution de 1982 ne conserve pas cette obligation. Encore aujourd'hui, selon le Time magazine, la plupart des membres n'évoquent pas leur affiliation à l'Opus Dei en public[18]. L'Opus Dei répond que l'appartenance à une organisation religieuse est une affaire privée, ce qui ne doit pas être confondu avec un secret[19],[20] et ne parle pas de secret mais simplement de discrétion[21].

Concernant le recrutement

Les méthodes de recrutement de l'Opus Dei sont mises en cause comme étant agressives et trompeuses par de nombreuses personnes, qui vont des membres d'organisations catholiques, en particulier les jésuites, aux membres d'associations opposés à l'Opus Dei. L'Opus Dei emploierait ainsi des techniques de recrutement de type « Love bombing » (démonstration à visée manipulatoire d'une intense affection envers un individu)[22],[23], donnerait des consignes aux numéraires pour qu'ils forment des amitiés et qu'ils participent à des rassemblements sociaux dans le but explicite de recruter de nouveaux membres[19],[24] et demanderait des rapports écrits de la part de ses membres sur leurs amis qui pourraient être des recrues potentielles[24]. Mr McCrabb, le directeur exécutif de la CCMA (Catholic Campus Ministry Association, association regroupant 1 000 des 1 800 aumôniers catholiques présents dans les universités américaines) : « Selon moi l'un des aspects les plus controversés [de l'Opus Dei] est leur insistance pour que leurs membres se confessent uniquement auprès de prêtres de l'Opus Dei. Je crois que les aumôniers sur les campus le voient comme un moyen de contrôler, de manipuler et de contraindre les élèves. C'est la pire interprétation. La meilleure serait que cela réduit le ministère des autres prêtres. »[25]

Règles de vie et contrôle des membres

L'Opus Dei maintiendrait un très grand contrôle sur ses membres et a été décrit par une ancienne membre comme un « état policier » et du « totalitarisme »[26]. Par exemple, les directeurs de l'Opus Dei liraient le courrier des numéraires et interdiraient aux membres de lire certains livres sans leur autorisation[19],[27]. En 2001, Brian Finnerty, un porte-parole de l'Opus Dei, rapporte que c'est une pratique ancienne qui a été abandonnée mais que les « gens sont encouragés à partager [leur courrier] s'ils pensent qu'il y a quelque chose d'important dont ils veulent parler ou pour laquelle ils veulent des conseils »[28]. Dans un rapport de BBC World Service de 2006, José Carlos Martín de la Hoz, un prêtre de l'Opus Dei, confirme que la pratique d'ouverture du courrier par les directeurs existe bien, mais précise que c'est une manifestation d'ouverture et de confiance de la part des fidèles de l'Opus Dei[29]. Pour les numéraires, le don de toutes leurs ressources à l'Opus Dei laisse les gens sans économies ou biens, et rend un départ de l'Opus Dei financièrement difficile voire impossible[30],[31].

Pratiques de mortification

L'Opus Dei encourage les pratiques de mortification chez ses membres, qui peuvent prendre différentes formes, notamment le jeûne, « persévérer dans le travail malgré la fatigue, à affronter avec bonne humeur les contrariétés, à se priver discrètement »[32] ou encore dormir à même le sol[33].

Par ailleurs, comme le préconise le fondateur pour les membres numéraires[34], le port quotidien du cilice, censé « rappeler la présence de Dieu »[33], est recommandé - « deux heures par jour »[34] - ainsi que l'usage hebdomadaire du fouet (la « discipline ») pour l'auto-flagellation tant que cela ne cause « aucun dommage à la santé »[32].

Certains dénoncent la dérive de ces pratiques qui seraient notamment rendues obligatoires si les membres veulent vivre pleinement « l'esprit de l'Opus Dei » dans ce que les détracteurs considèrent comme un contrôle aliénant de l'esprit[35].

Affairisme et élitisme

Le bureau principal de la prélature de l'Opus Dei à New York

La presse internationale, reprenant les critiques d'anciens membres de l'Opus Dei, reproche souvent à l'Opus Dei d'être affairiste et excessivement préoccupé par des considérations financières, de demander à ses membres numéraires de donner l'intégralité de leurs revenus à l'Opus Dei et de chercher à recruter des membres qui perçoivent ou pourront perevoir des salaires importants[31]. L'un des soupçons à l'égard de l'Opus Dei est qu'il se servirait des classes dirigeantes économiques et politiques pour évangéliser les peuples[36]. L'Opus Dei est accusé d'élitisme, de cibler « les élites intellectuelles, ceux qui ont bien réussi et ceux qui ont une place sociale prééminente »[26]. Le cardinal John Joseph O'Connor, ancien archevêque de New York, aujourd’hui décédé, réfutait cette critique : « Je crois qu’il est important de chasser l’idée, une idée dont vous avez l’habitude et qui frôle la calomnie, que l’Opus Dei privilégie seulement les riches et les intellectuels. » [37]

Liens et proximité supposés avec des dictatures

L'Opus Dei aurait, selon certains, soutenu les régimes de Francisco Franco, d'Augusto Pinochet[38],[39] et de Alberto Fujimori au Pérou durant les années 1990[18],[40], ces trois régimes ayant compté des membres de l'Opus Dei parmi leurs ministres.

Concernant la participation au régime de Franco, les historiens Paul Preston et Brian Crozier soutiennent que les membres de l'Opus Dei qui étaient ministres sous Franco ont été nommés pour leur talent et non leur appartenance à l'Opus Dei[41],[42]. D'autre part, des membres importants de l'Opus Dei étaient critiques envers le régime de Franco tels Rafael Calvo Serer et Antonio Fontan, qui devint le premier président du Sénat de l'Espagne post-franquiste. Selon John Allen, à la fin du régime de Franco, les membres de l'Opus Dei se partageaient à parts égales entre partisans et opposants à Franco[43].

Influence sur l'Église catholique

Son goût de la discrétion aurait valu à l'Opus Dei une réputation de lobbying auprès des instances politiques et d'infiltration au sein d'autres organes de l'Église[18].

Parmi les avis relativisant le pouvoir supposé de l'Opus Dei figurent les suivants :

  • Le cardinal Albino Luciani a déclaré, un mois avant d’être élu pape sous le nom de Jean Paul Ier : « L’extension, le nombre et la qualité des membres de l’Opus Dei ont fait penser à je ne sais quelles ambitions de pouvoir ou je ne sais quelle obéissance aveugle et grégaire. La vérité est autre : il n’y a que le désir de faire des saints, mais dans la joie, avec un esprit de service et une grande liberté ».
  • Selon le journaliste américain spécialiste du Vatican John Allen, Jr., « En réalité, l’influence de l’Opus Dei dans le catholicisme est bien plus limitée que ce que beaucoup imaginent... Paradoxalement, les gens les plus enclins à croire à cette puissance occulte de l’Opus Dei ne sont généralement pas ses membres mais ses critiques, donc moins bien placés pour juger, qui voient en sa structure modeste, le masque d’une immense influence cachée. »[44].

Controverses autour du statut particulier

L'Opus Dei bénéficie d'un statut particulier dans l'Église catholique, elle est à ce jour la seule prélature personnelle. Pour ses critiques, cette prélature personnelle (attribuée en 1982) permet à l'Opus Dei de dépendre directement du Pape sans être soumise aux évêques locaux, ce qui correspond de facto à un statut d'extraterritorialité à l'égard de la hiérarchie locale)[45].

Pour l'Opus Dei[46], la « prélature personnelle » n'est qu'une des multiples formes d'organisation des fidèles prévues par le droit canonique. Ainsi, à côté du diocèse qui est la forme habituelle, il existe aussi des prélatures territoriales, des administrations apostoliques, des vicariats apostoliques, des préfectures apostoliques, des missions sui juris, etc. la plupart étant destinée aux territoires de Mission. Le qualificatif « personnelle » signifie que cette prélature n'a pas de juridiction sur un territoire particulier (contrairement aux diocèses ou aux prélatures territoriales) mais sur des personnes indépendamment du territoire sur lequel elles résident. La juridiction personnelle du prélat de l'Opus Dei sur les membres de la prélature se cumule avec la juridiction ordinaire, territoriale, de l'évêque du lieu. L'organisation souligne que les membres de l'Opus Dei, dans la vie courante et paroissiale, restent tout de même sous l'autorité de leur évêque local, et que, par ailleurs, l'autorisation de l'évêque du lieu est toujours nécessaire pour l'ouverture d'un centre de l'Opus Dei.

Libéralisme

L'Opus Dei est accusé par la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X schismatique depuis 1988 d'être un « cheval de Troie introduit dans l’Église ». « Il est faux, dit-elle, de réduire la sainteté des laïcs à ce seul travail, de réduire l’apostolat au seul partage du travail. L’abbé Escriva à fait du travail l’unique sacrement, l’unique profession de foi, l’unique domaine du témoignage chrétien. » et encore « L’Opus Dei a mis la foi chrétienne des laïcs sous le boisseau du travail. L’ambiance de « sainteté » qu’elle propose ne veux rien référer explicitement à Jésus-Christ. Tout est indirect, sous-entendu. » ou encore « On comprend comment dans le climat post-moderniste des années trente, on se soit laissé séduire par la nouveauté libérale du jeune abbé espagnol. On comprend pourquoi le concile séculier et humaniste de Vatican II s’arrange très bien du fondateur de l’Opus Dei, et qu’en le canonisant, il veuille se canoniser lui-même. On comprend pourquoi la nouvelle liturgie n’a pas dérangé Mgr Escriva, qui préférait certainement offrir à Dieu «les fruits de la terre et du travail des hommes» en place de « l’Hostie immaculée offerte pour nos péchés sans nombre. » »[47]

L’Opus Dei dans la culture moderne

En 2003, l'Opus Dei est au centre de l'intrigue d'un roman, le Da Vinci Code , best-seller de l'écrivain Dan Brown, qui a été adapté au cinéma en 2006. L'intrigue du roman met notamment en scène un Opus Dei mythique qui y est dépeint comme une organisation impliquée dans une conspiration internationale opposant les instances dirigeantes de l'Église catholique romaine au Prieuré de Sion. Vu le succès mondial du roman, cette représentation de l'Opus Dei comme une organisation de tueurs en robe de bure - à travers un moine psychopathe et un archevêque intrigant - a occasionné des réactions de certaines instances de l'Église catholique qui ont reproché à Dan Brown d'avoir entrepris une démarche visant à discréditer l'Église catholique et à faire passer l'Opus Dei pour une secte[48]. L'Opus a critiqué à diverses reprises l'ouvrage de Dan Brown en soulignant son aspect romanesque éloigné de la réalité de la prélature[49] et a, en outre, demandé sans succès à Sony Pictures d'insérer un avertissement avant le film inspiré du roman précisant qu'il s'agissait d'une œuvre de fiction[50].

Évolution de l'image de l'organisation

Considéré longtemps comme secret, l'Opus Dei a profité de la canonisation de son fondateur en 2002 pour développer une communication active. Journées portes ouvertes, nombreux liens avec la presse. Il s'agissait de montrer l'Opus Dei et ses membres plutôt que de rester dans une communication écrite. Les conséquences ont été positives pour l'organisation et sa communication autour du film Da Vinci Code a été saluée comme un modèle du genre[51].

Notes et références

  1. a et b D. Letourneau,Le statut de la prélature de l'Opus dei en droit civil français, résumé en ligne, Églises et Médias, Doctrine et Droit. Colloque franco-italien, Rome, Italie (20/03/1998) in revue L' Année canonique, éd. Letouzey et Ané, 1999, vol. 41, pp. 7-140
  2. (en) Peter Berglar, « Opus Dei: Life and Works of its Founder », 1994
  3. (en) Controversial Catholic group is given care of parish church sur The Times
  4. John Coverdale, Uncommon Faith: The early years of Opus Dei, 1928-1943, 2002
  5. Patrice de Plunkett, L'Opus Dei, Paris, Presses de la Renaissance, 2006, p. 16 
  6. François Gondrand, Au Pas de Dieu, Paris, Éditions France-empire, 1991, p. 63 
  7. Gabriele Ranzato, Ambiguïté de la violence politique : la persécution religieuse durant la guerre civile espagnole (1936-1939), Cultures & Conflits, 09-10, printemps-été 1993, article en ligne
  8. Le fondateur de l'Opus Dei - Vie de Josémaria Escriva par Andrés Vazquez de Prada, Jean Bélorgey, et Brigitte Journeau, Ed. Le Laurier (10 janvier 2006)
  9. Andrès Vazquez de Prada, Le fondateur de l'Opus Dei, tome III, Paris, Le Laurier, 2005, p. 165 note 181 
  10. http://www.opusdei.de/art.php?p=12545
  11. François Gondrand, op. cit., p. 305
  12. Salvador Bernal, Mes souvenirs d'Alvaro del Portillo, Chambly (Québec), Éditions des Oliviers, 2007, p. 166 
  13. Les prélatures personnelles sont des circonscriptions ecclésiastiques, prévues par le Concile Vatican II et par le Code de droit canonique, qui ont été constituées pour mener à bien, avec une grande souplesse, des tâches pastorales précises. Les fidèles des prélatures continuent d’appartenir aux Églises locales ou aux diocèses de leur domicile. Source : Service Information-communication de l'Opus Dei sur Internet (dir.), « Qu’est-ce qu’une prélature personnelle ? » sur OpusDei.ch, 31 décembre 2003.
  14. Patrice de Plunkett, op. cit., p. 68
  15. Bureau d'information de l'Opus Dei sur Internet (dir.), « Journées de prière et de reconnaissance » sur JosemariaEscriva.info
  16. Rapport de la commission d'enquête parlementaire : voir la p. 227.
  17. Motion adoptée en séance plénière de la Chambre des Représentants du 7-5-97
  18. a, b, c et d Time (magazine)
  19. a, b et c Opus Dei In the United States
  20. article bbc
  21. extrait du livre de John Allen, Opus Dei: An Objective Look Behind the Myths and Reality of the Most Controversial Force in the Catholic Church
  22. Opus Dei Awareness Network
  23. Opening the doors of Opus Dei: Part 2
  24. a et b Opus Dei's Questionable Practices
  25. « It is my understanding that one of the most controversial aspects is their insistence that their members go to confession only to Opus Dei priests. I think that campus ministers have seen it as a way of controlling, manipulating or coercing a student. That’s the worst interpretation. The best is that it is discounting the ministry performed by other priests. » Opus Dei Over Time, Alberto Moncada 2006
  26. a et b The Way of the Faithful
  27. Fact, Fiction And Opus Dei
  28. « It's something different than some years ago, as far as the directors might open the mail. They don't read mail. They stopped doing that. That custom was changed. I think the spirit is still the same, in that people are encouraged to share it, if people think there is something important that they need to talk to or get advice on, they're encouraged to do that. I think the idea is that that's a helpful process. »article abc news
  29. Radiografia del Opus Dei article BBC mundo (en espagnol)
  30. Opus Dei Over Time, Alberto Moncada 2006
  31. a et b The Business of Opus Dei
  32. a et b L’Opus Dei et le Da Vinci Code : L’Opus Dei et la mortification corporelle, sur le site de l'Opus Dei francophone
  33. a et b Bénédicte et Patrice des Mazery, L'Opus Dei : une église au cœur de l'Eglise, éd. Flammarion, 2005, [extraits en ligne]
  34. a et b Josemaría Escrivá de Balaguer Opus Dei Constituciones, article 147, cité par l'Opus Dei Awareness Network, article en ligne
  35. (en) Opus Dei Awareness Network, Corporal Mortification in Opus Dei, 03/06/1998, article en ligne
  36. Their Kingdom Come: Inside the Secret World of Opus Dei Robert Hutchinson, 1999
  37. www.opusdei.fr, Extrait d’une homélie prononcée dans la cathédrale Saint-Patrick, 26 juin 1998.
  38. Princeton Catholic Divided
  39. Documentaire Opus Dei, une croisade silencieuse http://www.dailymotion.com/video/xq002_opus-dei-une-croisade-silencieuse
  40. Allen, John, Jr. Opus Dei, The Truth about its Rituals, Secrets and Power, 2005, Penguin Books, ISBN 0-14-102465-8, pp 287-290
  41. Paul Preston, Franco. A Biography, 1993
  42. Crozier, Brian, Franco, A Biographical History, Little, Brown and Company, 1967.
  43. John Allen, Opus Dei: An Objective Look Behind the Myths and Reality of the Most Controversial Force in the Catholic Church 2005
  44. Article du site Chrétienté Info, résumé du livre de John Allen, Jr.
  45. article Washington Monthly
  46. Quelques données sur l'Opus Dei publication de l'Opus Dei p35 à 40
  47. http://www.fsspx.org/fr/la-foi-enseignement/l%C2%B4opus-dei-sous-mouvements-divers/a_lopus-dei-sous-la-loupe/
  48. (en) « Defenders of Christianity Rebut 'The Da Vinci Code' », Laurie Goodstein, 27 avril 2004, sur le site du New York Times, nytimes.com.
  49. Par exemple : Au sujet du Da Vinci Code. Une déclaration du service de communication de la Prélature de l’Opus Dei en France à propos du livre de Dan Brown, Da Vinci Code. Le site français de l'Opus Dei, communiqué du 04/03/2004 ou encore L’Opus Dei et le Da Vinci Code. Une réponse de la prélature de l’Opus Dei en France au Da Vinci Code, Le site de l'Opus Dei français, le 28/04/2006
  50. « Cinéma - Un cardinal veut poursuivre en justice le Da Vinci Code », Reuters, 8 mai 2006, sur le site ledevoir.com.
  51. « Opus Dei, de la légende noire à la normalisation médiatique », Le Monde Diplomatique, mars 2008

Voir aussi

Bibliographie

  • John L. Allen, Jr., Opus Dei, traduit de l'anglais par Jean-Louis Morgan, Outremont (Québec) : éditions internationales Alain Stanké, 2006.
  • Salvador Bernal, Mes souvenirs d'Alvaro del Portillo, prélat de l'Opus Dei, traduit de l'espagnol par Anne-Marie et Fernand Côté, Chambly (Québec) : éditions des Oliviers, 2007.
  • Bruno Devos, La face cachée de l'Opus Dei - Documents secrets : les vérités qui dérangent, Paris : Presses de la Renaissance, 2009.
  • Véronique Duborgel, Dans l'enfer de l'Opus Dei, Paris : Albin Michel, 2007.
  • Amadeo de Fuenmayor, Valentin Gómez-Iglesias et José Luis Illanes, L'itinéraire juridique de l'Opus Dei, traduit de l'espagnol par D. Le Tourneau et JP. Schouppe, Paris : Desclée, 2002.
  • Andres Vasquez de Prada , Le Fondateur de l'Opus Dei, traduit de l'espagnol par F. Gondrand et D. Le Tourneau, Paris/Montréal : éditions Le Laurier/Wilson & Lafleur, 2005.
  • François Gondrand, Au pas de Dieu : Josemaría Escrivá, fondateur de l’Opus Dei, 3e édition révision et correction, Paris : Édition France-empire, 1991.
  • Bernard Lecomte, Les secrets du Vatican, Perrin, 2009. Chapitre 13 : « La revanche de l'Opus Dei » (pp. 267-286).
  • Dominique Le Tourneau, L’Opus Dei, collection « Que sais-je ? », n° 2207, 6e édition, Paris : P.U.F., 2004.
  • Yvon Le Vaillant, Sainte Maffia : Le dossier de l'Opus Dei, Paris : Mercure de France, 1971.
  • Bénédicte et Patrice des Mazery, L’Opus Dei, enquête sur une église au cœur de l’Église, Paris : éditions Flammarion, 2005.
  • Vittorio Messori, Opus Dei : l’enquête, traduit de l'italien par Lise Bossi, 2e édition, révision et augmentation, Paris : C. Vigne, 1995.
  • Jacques Neirynck, Profession menteur. Astrologues, numérologues, voyants, visionnaires, financiers, publicitaires, sectaires et autres, Lausanne : éditions Favre, 2010. Chapitre 11 : « La prophétie des sectes », pp. 111-127.
  • Thierry Oberlé (journaliste d'investigation), L'Opus Dei : Dieu ou Cesar, Le grand livre du mois, éditions Jean-Claude Lattès, 1993.
  • Patrice de Plunkett, L'Opus Dei, enquête sur le « monstre », Paris : Presses de la Renaissance, 2006.
  • Guiseppe Romano, L'Opus Dei, un chemin de sainteté, traduit de l'italien par Isabelle Colin, Paris : Fayard, 1996.
  • Renaud Thomazo, L'Opus Dei, Paris : Larousse, 2009.

Liens externes

Les controverses citées plus haut expliquent que les liens externes se partagent clairement entre défenseurs et opposants à l'Opus Dei. Les deux listes reprises ci-dessous suivent ce découpage.

Critiques sur l'Opus Dei
Favorables à l'Opus Dei
De l'Opus Dei lui-même



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Opus Dei de Wikipédia en français (auteurs)

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