Opéra de Pékin

Opéra de Pékin
L’opéra de Pékin *
UNESCO logo.svg Patrimoine culturel immatériel
de l’humanité
Représentation de l'opéra de Pékin
Représentation de l'opéra de Pékin
Pays * Drapeau de Chine Chine
Région * Asie et Pacifique
Liste Liste représentative
Fiche 00418
Année d’inscription 2010
* Descriptif officiel UNESCO
Une chanteuse de l'opéra de Pékin.
Un chanteur de l'opéra de Pékin.

L’opéra de Pékin ou opéra de Beijing (mandarin simplifié: 京剧; mandarin traditionnel: 京劇; Pinyin: Jīngjù) est un genre de spectacle, né à la fin du 18e, combinant musique, danse acrobatique, théâtre et costumes flamboyants et faisant le récit d'histoires tirées du passé historique et du folklore chinois. Dans une gestuelle abstraite et symbolique, riche en contenu dramatique, les comédiens, chanteurs, danseurs, clowns et acrobates incarnent des personnages du monde héroïque, divin et animal, souvent mis en scène dans des exploits guerriers.

Les maquillages traditionnels, proches du masque, et les costumes élaborés permettent à un public bien informé d'identifier sans hésiter les personnages.

L'opéra de Pékin a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO le 16 novembre 2010[1].

Sommaire

Étymologie

En Chine, cet d'art est connu sous différents noms en fonction de la période et du pays. Les premiers noms chinois était combinaison des principaux chants le Xipi et le Erhuang[2], il a été appelé Pihuang. Suite à une popularité accrue, son nom est devenu Jingxi ou Jingju[3], qui ancre les origines de cet art dans l'ancienne capitale Jing, et la forme de représentation Xi. De 1927 à 1949, Pékin ou Beijing était connu sous le nom de Beping, et l'opéra de Pékin était alors connu sous le nom de Pingxi ou Pingju afin de montrer le changement. Finalement, avec l'établissement de la République populaire de Chine, le nom de la capitale est redevenu Pékin ou Beijing. Le nom courant utilisé par les chinois est Jingju. À Taïwan, ce type d'opéra est connu sous le nom de Guoju, style théâtre national, reflétant les différends sur le véritable siège du gouvernement chinois[4].

Histoire

Origines

Le personnage de Sun Wukong à l'opéra de Pékin extrait du Voyage en Occident.

Il est considéré que l'opéra de Pékin est né lors de la venue quatre troupes d'Anhui à Pékin en 1790. Au début, l'opéra de Pékin faisait des représentations pour le tribunal, puis après pour la population. En 1828, des troupes de Hubei sont venues à Pékin. Une combinaison entre les troupes d'Anhui et de Hubei s'est faite progressivement pour former les principales mélodies de l'opéra de Pékin. L'opéra de Pékin a été réellement constitué en 1845.

L'Opéra de Pékin après la guerre civile chinoise

Étatisé après 1949, année de la fin de la guerre civile chinoise, l'Opéra de Pékin se voit censuré de plusieurs pièces jugées immorales, archaïques ou contrerévolutionnaires. Le régime chinois fait également pression sur les acteurs, qui sont terriblement persécutés durant la révolution culturelle. Seuls sont autorisés quelques spectacles de propagandes orchestrés par le régime qui ferme systématiquement les écoles de théâtre. Ces fermetures sont la cause principale de la faiblesse actuelle de la formation des jeunes acteurs chinois[5].

L'opéra de Pékin moderne

L'opéra de Pékin dans le monde

Les rôles et les interprètes

Entrainement

Les acteurs étaient formés dès leur enfance par d'anciens artistes, de nos jours, il existe des instituts spécialisés, qui sont soumis à un enseignement strict[6].

Sheng

le Sheng est rôle masculin, représentant un personnage d'âge mûr avec une barbe. Il est le sage de la pièce, avec une grande capacité vocale et une grande maîtrise des Arts Martiaux.

Il existe trois catégories dans les rôles masculins:

  • L'homme d'âge mur, il porte la barbe, c'est une personnage positif qui a une belle capacité vocale et qui excelle dans l'art martial.
  • Les jeunes hommes dont:
    • Les jeunes hommes à l'éventail qui sont doux, raffinés, amoureux et lettrés.
    • Les jeunes hommes aux plumes de paons qui sont valeureux et braves.
  • Les guerriers qui sont forts en arts martiaux et en acrobaties. Ils sont soit en armure, soit en habits courts.

Dan

Le Dan () est le rôle féminin. Le Dan est réparti en 6 catégories. Dan est un terme générique pour définir un rôle féminin[7].

Quingyi

Le Quingyi est la femme vertueuse, un personnage sérieux et honnête[8]. Son nom, le Quingyi vient de la veste bleue que porte généralement le personnage[8]. Dans le Dan, le Quingyi occupe la position la plus importante.

Huadan

Huashan

Wudan

La femme intrépide voire guerrière. Femme officier qui défend son pays, du côté des bons. Si elle est du côté des mauvais, c'est un fantôme ou un monstre. Elle est habile en arts martiaux.

Laodan

Le Laodan joue le rôle de la vieille femme. Selon l'échelle sociale du Laodan, il peut porter le mang, une robe de cérémonie intitulée ainsi par les décorations de dragons chinois (Mang), ou le pei, qui est une cape, ou le zhei, une veste boutonnée sur le coté. Avec ce rôle féminin, le chant et le jeu de scène sont mis en lumière[9].

Caidan

Jing

le Jing est un rôle mixte, mais souvent masculin. Il représente un personnage intrépide, se mettant en valeur durant les scènes de combats. Il détient donc une grande maîtrise des Arts martiaux.

Le Jing est ce qu'on appelle les visages peints. C'est en général un bandit qu'il faut juger. Le choix des couleurs exprime avec précision son humeur. C'est un personnage violent, exalté.

Chou

Le Chou est reconnaissable par son maquillage blanc au niveau du nez.

Le Chou () est le rôle du bouffon ou du clown[10]. Il est un personnage secondaire dans la troupe[11]. Le nom du rôle est un homophone en mandarin chou qui signifie moche. Il existe deux catégories de Chou, le Wenchou qui est un civil qui chante[12], et le Wuchou qui est un guerrier qui fait des acrobaties. Le Wenchou porte un maquillage plus fin que le rôle du Jing[13], qui porte le Hualian, de ce fait chez le Wuchou, il porte le nom de Xiaohualian. Le Wuchou est généralement un fonctionnaire de bas échelon ou avec des métiers de positions sociales inférieures[13]. Le Wuchou est aussi appelé Kaikoutiao, il s'agit généralement de héros ou redresseurs de torts[14]. Il est le faire-valoir du héros. Le Chou peut incarner de nombreuses personnes comme un empereur, un prince, un domestique, un soldat, ou un fermier[10]. Ce personnage peut-être un homme mais plus rarement une femme, ou un jeune comme un vieillard[10]. Le personnage du Chou peut-être perfide et rusé, mais la plupart du temps celui-ci est un personnage intelligent, habile, avec de l'humour, honnêtes et bienveillants[12]. Le Chou est reconnaissable par son maquillage blanc au niveau du nez qui peut prendre plusieurs formes allant d'un carré à la forme d'un noyau de jujube[12] en s'étendant jusqu'aux yeux.

Sous les traits du personnage fantaisiste de Chou, une importante connexion existe à la forme de l'opéra de Pékin. Chou est le personnage le plus connecté à la gong et des cymbales, percussions, qui symbolisent les classes inférieures et l'ambiance bruyante inspirée par le rôle. Bien que le personnage de Chou ne chantent pas fréquemment, leurs arias sont basés en bonne partie sur l'improvisation. Néanmoins, en raison de la standardisation de l'opéra de Pékin et la pression politique exercée par les autorités gouvernementales, les improvisations du Chou ont diminué. Le Chou a un timbre vocal, particulier qui se distingue des autres personnages, pour cela il parle un dialecte comme le mandarin de Pékin en opposition aux dialectes plus formel des autres personnages[15].

Représentation

Esthétisme : principes et objectifs

La scène et les costumes

Une scène de l'opéra de Pékin

Couleur des masques

La culture chinoise porte une attention particulière à l'utilisation des couleurs. Les couleurs représentent une idée, une personnalité. Dans l'opéra de Pékin les comédiens sont maquillés avec des couleurs ou motifs différents pour décrire un caractère ou un rôle particulier dans la représentation. Toutes les couleurs symbolisent un trait de personnalité, leurs significations dans la culture chinoise sont différentes de la culture occidentale.

Les couleurs utilisées dans la confection des masques de l'opéra font également référence aux divinités religieuses. Parmi ces figurations dans la culture chinoise, Guan Yu est représenté par un guerrier au visage rouge. D'un point de vue occidental, l'usage du rouge symbolise le danger la menace, la couleur étant souvent associer aux démons et au diable, alors que dans la culture chinoise cela représente la loyauté et la droiture. La couleur rouge sur le Drapeau de la Chine représente la fortune et la chance.

Le tableau ci-dessous montre les significations des couleurs des masques dans l'opéra de Pékin[16],[17].

Couleur Personnage Signification
Rouge Guan Yu Le rouge caractérise la dévotion, le courage, la bravoure, la droiture et la loyauté. Le guerrier au visage rouge est Guan Yu, général lors des Trois Royaumes de Chine (220-280), célèbre pour sa fidélité à son empereur Liu Bei.
Noir Zhang Fei Le noir caractérise la dureté et la férocité. Le visage noir symbolise soit un personnage au caractère grossier et gras ou d'une personnalité impartiale et désintéressée. Ce qui est typique de l'ex-général Zhang Fei et Li Kui, et de ce dernier est Bao Gong (alias Bao Zheng), le légendaire et impartial juge de la dynastie Song.
Blanc Cao Cao Le blanc caractérise la méfiance et la ruse. Le blanc met en lumière ce qui est mauvais dans la nature humaine tel que la ruse, la roublardise ou encore la traîtrise. Cao Cao est puissant et cruel, il était premier ministre à l'époque des Trois Royaumes. Qin Hui est un traître de la dynastie Song.
Jaune Tu Xingsun Le jaune caractérise la férocité et l'ambition.
Vert Zhu Wen Le vert caractérise la violence et l'impulsivité.
Bleu Xia Houdun Le bleu caractérise la férocité et la ruse.
Violet Lian Po Le violet caractérise la droiture et la sophistication.
Naturel Jiang Gan Pour les clowns de théâtre traditionnel, il existe un maquillage appelé xiaohualian (le petit visage peint), c'est-à-dire, un petit bout de craie sur le nez, présente un caractère secret.

Musique

Répertoire

Le répertoire de l'opéra de Beijing comprend près de 1 300 œuvres[17]. Les pièces de théâtre sont pour la plupart tirés de romans historiques ou d'histoire traditionnelles, les luttes politiques et militaires[3]. Il y a deux types de pièces militaires, le Duan Da et le Chang Kao, les principales différences sont les costumes, le premier présente des costumes légers, le second présente des masques et des armures[3].


Film

L'Opéra de Pékin est une composante majeure de la culture chinoise, le cinéma chinois s'y est donc intéressé. Le long métrage chinois le plus célèbre à ce jour sur cette thématique reste le film "Adieu ma concubine" de Chen Kaige, Palme d'or au Festival de Cannes 1993. Cette œuvre utilise l'Opéra de Pékin comme symbole des traditions chinoises menacées au temps de la Révolution culturelle en Chine (1993). On y perçoit clairement la vie faite de sacrifices des acteurs d'Opéra, principalement les hommes voués à interpréter des rôles féminins.

Plus récemment, en 2008, Chen Kaige encore lui a réalisé "Forever Enthralled", qui dans sa version originale s'intitule "Mei Lanfang". Il s'agit d'une biographie du comédien du même, présenté très souvent comme le plus grand nom de l'histoire de l'Opéra de Pékin.

La maison de l'opéra de Pékin

Notes et références

  1. (fr) La Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité s’enrichit de 46 nouveaux éléments, UNESCO. Consulté le 5 novembre 2011
  2. (fr) L’Opéra de Pékin. Consulté le 30 novembre 2008.
  3. a, b et c Mirjana Avramović-Ouaknine, Slave litterature, Aleksandar Gatalica, Collectif, Nouvelle prose serbe, L'AGE D'HOMME, 2004, relié, 148 p. [lire en ligne] 
  4. (en) Variety in name not a bad thing. Consulté le 30 novembre 2008.
  5. Michel Corvin, Dictionnaire encyclopédique du théâtre à travers le monde, éditions Bordas, 2008 (ISBN 978-2-04-731295-7).
    p.1052
     
  6. Le Roi Singe et autre mythes p.53
  7. Chengbei 2010, p. 58
  8. a et b Bian 2006, p. 56-63
  9. Bian 2006, p. 72-73
  10. a, b et c Chengbei 2010, p. 59
  11. Elizabeth Wichmann, « Tradition and Innovation in Contemporary Beijing Opera Performance », dans TDR, vol. 34, no 1, 1990, p. 146–178 [lien DOI] 
  12. a, b et c Bian 2006, p. 92
  13. a et b Bian 2006, p. 93
  14. Bian 2006, p. 96
  15. (en) Ashley Thorpe, « Only joking? The role of the clown and percussion in Jingu », dans Asian Theatre Journal, vol. 22, no 2, 2005, p. 269-292 
  16. (en) Chinese Opera Masks. Consulté le 10 février 2009.
  17. a et b Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Le Petit Futé Pékin, Le Petit futé, 2008 [[de l’édition]] 

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

  • Xu Chengbei (trad. Isabelle Chelley), L'opéra de Pékin [« Peking Opera, The Performance behind the Painted Faces »], Champs-sur-Marne, France, Éditions Music & Entertainment Books, 2010, 1re éd., 136 p. (ISBN 978-2-36164-003-3) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article 
  • Yi Bian (trad. Zhang Yuyuan), L'Opéra de Pékin : Quintessence de la culture chinoise, Pékin, Chine, Édition en Langues étrangères, 2006, 1re éd., 152 p. (ISBN 7-119-04158-4) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article 

Voir aussi

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