Oradour-sur-glane

Oradour-sur-glane

Oradour-sur-Glane

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Oradour-sur-Glane
Carte de localisation de Oradour-sur-Glane
Pays France France
Région Limousin
Département Haute-Vienne
Arrondissement Rochechouart
Canton Saint-Junien-Est
Code Insee 87110
Code postal 87520
Maire
Mandat en cours
Raymond Frugier
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes Vienne-Glane
Latitude
Longitude
45° 55′ 58″ Nord
       1° 01′ 57″ Est
/ 45.932778, 1.032500
Altitude 227 m (mini) – 312 m (maxi)
Superficie 38,16 km²
Population sans
doubles comptes
2 188 hab.
(1999)
Densité 53 hab./km²

Oradour-sur-Glane est une commune française, située dans le département de la Haute-Vienne et la région Limousin.

Le nom de la commune, dans le dialecte limousin de la langue occitane, est Orador de Glana. Les habitants sont appelés Radounauds.

Le nom d’Oradour, qui vient du mot latin oratorium, indique qu’il y avait là, dès l’époque romaine, un oratoire, c’est-à-dire un autel et un lieu de prières pour les morts, qu’on enterrait alors au bord des routes et souvent au voisinage des carrefours. Le bourg actuel, construit après la Seconde Guerre mondiale, est situé à l'écart des ruines du village qui fut le théâtre du massacre perpétré le 10 juin 1944 par la division SS Das Reich.

Sommaire

Oradour avant le massacre

Oradour-sur-Glane était alors une bourgade limousine active et ordinaire, avec ses commerces, cafés-hôtels et artisans. Elle vit principalement de l'agriculture jusqu'à la crise du secteur, qui fait se dépeupler les campagnes. Il ne reste en effet plus que deux exploitations agricoles en 1944 sur la commune[1].

Au début du xxesiècle, le village se modernise avec notamment l'arrivée de l'électricité et des chemins de fer départementaux de la Haute-Vienne, qui le relient à Limoges, distante d'une vingtaine de kilomètres au sud-est. Le recensement de 1936 fait état d'une population de 1 574 âmes.

Outre tous ces commerces, Oradour possède une harmonie municipale, une société de pêche et trois écoles.

La guerre en 1940 mobilisa 168 hommes de la commune. 113 hommes purent rentrer au village dès l'armistice[1].

Malgré la proximité des résistants et l'accueil de réfugiés lorrains (Charly-Oradour, village mosellan fut nommé ainsi en hommage aux victimes, dont 39 d'entre elles venaient du petit village), le village fut relativement épargné par la guerre jusqu'au massacre. La population, comme la plupart de la France, après avoir adhéré aux idées et à la personne du Maréchal Pétain, émit des critiques de plus en plus virulentes à l'égard de la politique collaborationniste, attendant fermement une victoire des Alliés[1].

Massacre d'Oradour-sur-Glane

Article détaillé : Massacre d'Oradour-sur-Glane.

Les auteurs du drame appartiennent à la 3e compagnie du 1er bataillon de Panzergrenadier (commandé par le major Adolf Diekmann) du 4e SS-Panzer-Regiment Der Führer de la 2eSS-Panzer-Division Das Reich.

Au repos autour de Bordeaux et de Montauban, la division fait mouvement vers la Normandie aussitôt connu le débarquement allié. Constamment harcelée par les Forces françaises de l'intérieur (FFI), elle riposte par de sanglantes représailles.

Blason : D'or à la croix alésée haussée de sable issant d'un brasier de gueules mouvant de la pointe, cantonnée en chef de deux dagues de gueules, la garde de sable, posées l'une en bande, l'autre en barre, la pointe vers le centre de la croix.

Le 9 juin 1944, à Tulle libérée depuis l'avant-veille par la Résistance, 99 hommes sont pendus.

Le 10 juin 1944, après l'arrivée des Allemands dans le bourg d'Oradour-sur-Glane, le garde champêtre fait savoir aux habitants qu'ils doivent tous se rassembler, sans aucune exception et sans délai, sur le Champ de Foire, munis de leurs papiers, pour une vérification d’identité.

Les SS pénètrent dans toutes les maisons, et, sous la menace de leurs armes, obligent tout le monde, même les malades, à se rendre sur le lieu de rassemblement. Un à un ou par groupes, conduits et surveillés par les SS, les villageois se massent peu à peu sur le Champ de Foire. Les Allemands vont aussi chercher des habitants des hameaux voisins. Les cultivateurs doivent abandonner leurs travaux. Plusieurs personnes sont abattues.

Les Allemands divisent la population en deux groupes : d'un côté les femmes et les enfants, de l'autre les hommes.

Massacre des hommes

Les hommes sont répartis entre six lieux de supplices : ils y sont mitraillés puis leurs corps sont recouverts de fagots et de bottes de paille auxquels les nazis mettent le feu. Selon quelques rescapés, les nazis tirent bas et dans les jambes de leurs victimes; le feu est allumé sur des hommes encore vivants. La déclaration d’un rescapé établit qu'ils parlaient encore ; certains, légèrement blessés, ont pu s'échapper, la plupart des autres ont certainement été brûlés vifs.

Massacre des femmes et des enfants

Le groupe enfermé dans l’église comprend toutes les femmes et tous les enfants du village. Des soldats placent dans la nef, près du chœur, une sorte de caisse assez volumineuse de laquelle dépassent des cordons qu'ils laissent trainer sur le sol. Ces cordons ayant été allumés, le feu se communique à l'engin, qui contient un gaz asphyxiant (c'était la solution prévue) et explose par erreur ; une fumée noire, épaisse et suffocante se dégage. Une fusillade éclate dans l'église ; puis de la paille, des fagots, des chaises sont jetés pêle-mêle sur les corps qui gisent sur les dalles. Les nazis y mettent ensuite le feu. La chaleur était tellement forte qu'à l'entrée de cette église on peut voir la cloche fondue, écrasée sur le sol. Des débris de 1 m20 de hauteur recouvraient les corps.

Une seule femme survit au carnage : Marguerite Rouffanche, née Thurmeaux. Son témoignage constitue tout ce qu'il est possible de savoir du drame. Elle a perdu dans la tuerie, son mari, son fils, ses deux filles et son petit-fils âgé de sept mois.

Le chœur de l’église comprenant trois fenêtres, Mme Rouffanche se dirigea vers la plus grande, celle du milieu et à l'aide d'un escabeau qui servait à allumer les cierges elle parvint à l’atteindre. Le vitrail étant brisé, elle se précipita par l'ouverture. Après un saut de trois mètres, elle atterrit au pied de l’église et fut blessée en gagnant un jardin voisin. Dissimulée parmi des rangs de petits pois, elle ne fut délivrée que le lendemain vers 17 heures.

Autres massacres

Les SS inspectent de nouveau les maisons du bourg ; ils y tuent tous les habitants qui avaient pu échapper à leurs premières recherches, en particulier ceux que leur état physique avait empêché de se rendre sur le lieu du rassemblement. C'est ainsi que les équipes de secours trouveront dans diverses habitations les corps brûlés de quelques vieillards impotents.

Un envoyé spécial des FFI, présent à Oradour dans les tout premiers jours, indique qu'on a recueilli dans le four d'un boulanger les restes calcinés de cinq personnes : le père, la mère et leurs trois enfants.

Un puits renfermant de nombreux cadavres est découvert dans une ferme : trop décomposés pour être identifiés, ils seront laissés sur place.

Au total, 642 personnes ont été massacrées lors de cette journée.

Mémorial

Après la guerre, le général de Gaulle décida que le village ne serait pas reconstruit. Il devint propriété de l'État, mémorial à la douleur de la France sous l'Occupation.

En 1999, le village fut consacré village martyr par le président Jacques Chirac. Depuis cette date, le Centre de la mémoire relie les ruines au nouveau bourg. Grâce à une exposition permanente couvrant tout le contexte, ce centre de documentation prépare le visiteur à la visite du village martyr.

Visiteurs

L'ensemble du mémorial et du village martyr font d'Oradour-sur-Glane le site le plus visité en Limousin, avec 306 427 visiteurs en 2007[2].

La reconstruction

Si l'on décida de laisser l'ancien village tel qu'il était à la suite de massacre, l'édification du nouveau bourg de la commune d'Oradour-sur-Glane fut envisagée sur un autre emplacement dès juillet 1944. Celui-ci sortit finalement de terre à l'ouest de l'ancien village-martyr dès 1949, les frais de reconstruction restant entièrement à la charge de l'État.

Le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme nomma quatre architectes :

  • Charles Dorian, architecte en chef chargé d'établir le plan de remembrement et d'aménagement du nouvel Oradour ;
  • André Campagne, qui réalisa les plans de la mairie et de la poste ;
  • Robert Mandon-Joly, architecte en charge du groupe scolaire ;
  • Paul Villemain, responsable des plans de l'église.

Des réactions locales critiquèrent alors cette nomination d'architectes parisiens. En conséquences, des architectes locaux furent appelés à participer eux aussi à la reconstruction mais ils n'intervinrent que pour les logements.

Procès et réactions

L'ancien village d'Oradour-sur-Glane

Après huit années d'attente le procès des 21 soldats - sur 64 identifiés - ayant participé au massacre d'Oradour a lieu en janvier-février 1953 devant le tribunal militaire de Bordeaux. Le 12 février 1953, le tribunal prononce les sentences suivantes :

  • le militaire allemand le plus gradé est condamné à mort,
  • un autre Allemand qui a pu prouver son absence d'Oradour le 10 juin est relaxé,
  • quatre autres Allemands sont condamnés à des peines de travaux forcés de dix à douze ans,
  • le seul Alsacien volontaire du groupe est condamné à mort,
  • neuf Alsaciens sont condamnés à des peines de travaux forcés de cinq à douze ans,
  • les quatre autres Alsaciens sont condamnés à des peines de prison de cinq à huit ans.

La population alsacienne proteste contre les peines infligées aux Malgré-nous, car ceux-ci ont été contraints d'exécuter les ordres des supérieurs allemands. Le procès de Bordeaux symbolise en quelque sorte le malaise alsacien : la population française n'a, dans sa grande majorité, pas connaissance du drame des 130 000 Alsaciens et Mosellans incorporés de force dans les armées allemandes. Quant aux familles des victimes - et au Limousin en général -, ils trouvent les sentences scandaleusement indulgentes : d'après eux, tous les participants au massacre auraient dû être condamnés à mort.

La loi d'amnistie votée dès le 19 février accentue ce sentiment d'outrage. La riposte d'Oradour est immédiate. Citons  :

  • la demande pour qu'on lui rende le site commémoratif,
  • la décision de l'ANFM[3] de renvoyer la Croix de Guerre décernée à Oradour en 1947, ainsi que la Légion d'honneur décernée à l'association en 1949,
  • le refus de transférer les cendres des martyrs dans la crypte construite par l'État,
  • le refus de la présence de représentants de l'État aux cérémonies commémoratives (l'exception étant la visite du Général de Gaulle en 1962),
  • l'inscription sur une plaque à l'entrée des ruines des noms des députés qui avaient voté l'amnistie.

Le centre de Mémoire est un appel à la réflexion, moyennant 7,5 € par adulte, pour éviter que d'autres massacres n'aient lieu et ainsi perpétuer la notion de devoir de mémoire.

Démographie

Évolution démographique
1806 1820 1876 1901 1911 1921 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006*
1222 1585 1903 1966 2019 1789 1574 1145 1450 1540 1671 1759 1941 1998 2025 2188
Nombre retenu à partir de 1962 : Population sans doubles comptes
* Enquête annuelle (nouveau mode de calcul du recensement)

Philatélie

Un timbre postal avec surtaxe, au profit de l'Entraide française, commémorant l'anniversaire de la destruction d'Oradour sur Glane, d'une valeur de 4 + 2 francs, représentant l'église en feu avec 2 SS en armes, a été émis le 13 octobre 1945[4].

Voir aussi

Galerie photos de l'ancien village

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Articles connexes

Bibliographie

  • Guy Pauchou et Dr Pierre Masfrand, Oradour-sur-Glane vision d'épouvante, éd. Charles-Lavauzelle & Cie
  • Robin Mackness, "Oradour, l'or des SS", éd. Alpen Publishers, Genève. Première Publication en 1988 sous le titre "Oradour, massacre and aftermath".
  • Alain Lercher, Les Fantômes d'Oradour, Lagrasse, Verdier, 1994.
  • Guy Patton and Robin Mackness, "Web of Gold, the secret power of a sacred treasure", Sidgwick & Jackson, London, 2000.
  • Roger-René Dagobert, "Les fantômes du Panthéon", publication du Cercle Général Dagobert, Nantes, 2000.
  • Sarah Farmer, Oradour, 10 juin 1944 : arrêt sur mémoire, Paris, Perrin, 2007.
  • Jean-Jacques Fouché, Oradour, Éditions Liana Lévi, 2001.
  • Jean-Jacques Fouché, "Les vestiges d'Oradour monument historique", in Yannick Beaubatie (dir.), Empreintes, Tulle, Mille Sources, 2004, p. 511-526.
  • Jean-Jacques Fouché, Oradour. La politique et la justice, Éditions Lucien Souny, 2004.
  • André Besson, Oradour-sur-Glane", poème, 1944.

Notes et références

  1. a , b  et c Comprendre Oradour
  2. Bilan touristique 2007 - Comité départemental du tourisme
  3. Association Nationale des Familles des Martyrs d'Oradour-sur-Glane
  4. Le timbre

Liens et documents externes

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