Otan afghanistan

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L’OTAN en Afghanistan

La mission de l’OTAN en Afghanistan est généralement considérée comme un puzzle indémêlable. De nombreux problèmes reliés à la stratégie employée par la communauté internationale doivent être regardés, des problèmes d’ordre financier et relatifs à la cohésion ainsi qu’aux priorités des forces de l’OTAN doivent aussi être réglés. Sur le terrain se retrouvent des contingents nationaux œuvrant chacun pour soi et sous l’égide d’administrations libres d’interpréter les faits à qualifier d’agression, ainsi que du choix de la réplique. Les États membre ne sont pas contraints à collaborer, ce qui résulte d’un manque de coordination mais aussi de financement. Il est à noter que le Canada, acteur important de cette mission, ne possède que des actifs militaires insuffisants et ne jouit pas de connivence d’une part assez importante de sa population pour pouvoir financer adéquatement sa mission.

Sommaire

Contexte historique

Washington et ses alliés considèrent les attentats terroristes du 11 septembre 2001 comme une atteinte grave à la sécurité nationale. Comme de fait, moins d’une semaine après la tragédie, l’administration américaine notifiait le Conseil des Nations Unies sur la sécurité (CNUS) du début de ses opérations militaires en Afghanistan, en invoquant le chapitre 7(51) de la Charte de l’ONU (Roi et Smolynec 2008, 292). La résolution 1378 condamnant les talibans « pour avoir permis que l'Afghanistan soit utilisé comme base d'exportation du terrorisme […] et pour avoir accordé l'asile à Oussama Ben Laden, Al-Qaeda et autres éléments associés […] » (ONU 2001, 1), fut adoptée par le Conseil de sécurité des Nations Unies moins de deux mois plus tard. Dans le même effort, le Conseil accorda la mission de sécuriser l’Afghanistan à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), qui passa sous le commandement de l’OTAN en 2003 tout en restant sous la gouverne du Conseil. La mission en Afghanistan est la première menée par l’OTAN en dehors de la zone atlanto-européenne et son but est de stabiliser et de reconstruire le pays (Belkin et Morelli 2009).

Les origines du problème

De toute évidence, la mission se révèle extrêmement ardue. Elle se déroule, d’une part, dans un pays dévasté par la guerre et physiquement inhospitalier et d’autre part en plein combat contre les rebelles talibans. En conséquence, la mission de l’OTAN faillit à son objectif. En addition, des problèmes d’ordre financier et relatifs à la cohésion et aux priorités de chacun des membres de l’OTAN sont à blâmer.

De nouveaux facteurs aggravants doivent être pris en considération

Le déroulement des opérations en Afghanistan ante-chute du régime taliban fut très rapide. On se félicita très rapidement du succès de l’entreprise. En octobre 2002, le président Bush se félicitait de la disparition des Talibans. (Roi et Smolynec 2008, 298). L’histoire a prouvé le contraire. Le degré de violence s’aggrave encore aujourd’hui et le nombre d’opérations militaires talibans, et autres activités d’ordre terroriste, demeure croissant (Belkin et Morelli 2009).

Après la chute du régime taliban, les buts de la mission se sont complexifiés. En effet, depuis les années 2005 et 2006, et contrairement aux convictions de 2001, la mission de l’Alliance atlantique en Afghanistan n’est plus une seulement « guerre contre le terrorisme ». La FIAS mène aujourd’hui des « combats menés contre des ‘insurgés’, […] qui ne se reconnaissent pas dans l’actuel gouvernement afghan » et ces combats nécessitent de nouvelles stratégies et une quantité notoire de ressources supplémentaires (Roi et Smolynec 2008, 302). Comme de fait, les effectifs internationaux n’arrivent pas à sécuriser le pays et les forces sont « la plupart du temps cloisonnées dans des bases protégées et occupent finalement peu de terrain » (GRIP 2008). Stephen Harper déclarait en 2007* que « [t]he level of troop commitments from NATO today is not sufficient to achieve the long-run objectives that the international community and NATO have set for themselves » (Roi et Smolynec 2008, 302).


Parties et acteurs impliqués dans cette crise

La mission en Afghanistan est la première mission de l’OTAN hors zone atlantique. Ses responsabilités se trouvent sous la gouverne du Conseil de sécurité de l’ONU en Afghanistan. Elle est principalement composée des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, des Néerlandais et des Danois ainsi que de 17 autres États membres de l’OTAN et de 14 États non membres. Aujourd’hui, un gouvernement démocratique tente d’administrer le pays. En décembre 2001 prirent place des pourparlers avec des officiels afghans qui ont conduit à la création d’une autorité intérimaire dirigée par Hamid Karzai, jusqu’aux premières élections organisées en octobre 2004 qui maintinrent ce dernier au pouvoir.

L’Armée nationale afghane est de plus en plus entrainée, il est envisageable qu’un rôle plus substantiel que celui qui lui est actuellement accordé (Roi et Smolynec 2008, 306). D’autres entités, gouvernementales ou non-gouvernementales travaillent elle aussi sur le terrain. Entre elles, Human Rights Watch et la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), ainsi que d’autres organisations à vocation humanitaire telles que la United States for International Development (USAID) et le Programme de développement des Nations-Unies pour l’Afghanistan (PNUD).

Les pays limitrophes à l’Afghanistan contribuent indéniablement à l’insécurité de la région. Les relations avec l’Inde, la frontière, les questions ethniques et de commerce de transit, le conflit iranien ainsi que les conflits avec le Pakistan (Roy et Smolynec 2008, 299). Ce dernier, après le 11 septembre 2001, accorda trois bases de bombardement sur son territoire. Les guérillas provoquées par les exilés, des taliban et membres Al-Qaida, obligèrent Islamabad à mener des opérations militaires en 2003 et 2005 et annonça un cessez-le-feu en 2006 avec ses opposants. Les combats reprirent en 2007, un autre cessez-le-feu fut conclu en 2009 pour être rompu en mai dernier.


Situations problématiques et risques potentiels

Parmi les plus lourds : opposants armés, manque de financement, le trafique de l’opium et de la marijuana. Plusieurs commandants seniors de l’OTAN et des États-Unis s’entendent sur le fait que les taliban et les membres d’Al-Qaida représentent toujours une menace significative sur la stabilité à long terme de l’Afghanistan (Roi et Smolynec 2008, 306). Selon M.L. Roi et Smolynec, spécialistes de la question, il est clair à ce jour, « that Al Qaeda, the Taliban and other hostile groups […] have recovered much of their former strength. » (Roi et Smolynec 2008, 294) et sont engagés dans une lutte acharnée contre les forces de l’OTAN et la population afghane (Roi et Smolynec 2008, 294-306). Dès les huit premiers mois de 2007, les insurgés talibans avaient 103 attaques-suicide à leur actif, ce qui totalise une augmentation de 69 pour cent par rapport à l’année précédente (Roi et Smolynec 2008, 294). De surcroît et tel que sous-entendu plus haut, le Pakistan représente une retraite pour les exilés talibans et membres d’Al-Queda depuis 2002 (Dowd 2009, 16). Le conflit a fait un nombre considérable de morts et de déplacés.

La question des ressources disponibles est aussi un problème d’envergure. À mesure que s’aggravent les problèmes économiques, sociaux et sécuritaires au pays, la communauté internationale dans son ensemble ainsi que les membres de l’OTAN ne financent pas suffisamment la mission (Roi et Smolynec 2008, 294-303). Par exemple, la US Air Force à dû louer des équipements de transports datant de l’aire soviétique en 2006 et cela n’a guère changé depuis, bien que le transport soit d’importance primordiale en conflit armé (Dowd 2009, 16). De plus, l’OTAN permet à ses membres fournissant de l’effectif militaire de ne pas participer à certaines missions ce qui réprime l’efficacité des forces et érode leur cohésion (Dowd 2009, 17).

Le problème du trafic de drogue est tout autant menaçant pour la stabilité du pays, car il implique des problèmes de santé et de sécurité. Selon un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), « the 2008 amount [of production in quantity] will still be shockingly high » (UNODC, 2008). Il faut noter que les trois quarts de l’opium cultivé échappent au contrôle du gouvernement et constitue une source importante de revenus pour les taliban. Le rapport démontre de plus que l’Afghanistan est devenu le plus grand fournisseur de cannabis du monde (UNODC, 2008). Les profits engendrés par ce trafic sont aussi utilisés pour corrompre des membres du gouvernement, ce qui entache leur légitimité vis-à-vis de sa population et aggrave les risques de soulèvement. Depuis 2006, le nombre de décès imputables au conflit n’a cessé de s’accroître dans le camp militaire comme du côté civil. Human Rights Watch dénonçait cette année-là « opérations de l’ISAF ont entraîné la mort de dizaines de civils à travers tout le pays » (HRW 2006).

Position des acteurs impliqués par rapport aux situations problématiques

Il est aujourd’hui d’un commun accord, au sein des administrations occidentales, que la sécurité globale est de plus en plus liée au sort de l’Afghanistan (Roi et Smolynec 2008, 299). Bien que les membres de l’Alliance s’entendent sur la nature de la mission du FIAS, ils ne le font pas sur la manière de s’y prendre. Plusieurs experts montrent du doigt cette situation des plus problématique. Selon Paul Belkin et Vincent Morelli, chercheurs en affaires internationales , trop peu de coordination les encadre les différentes missions menées par les membres. En effet, certains membres refusent de s’impliquer dans des opérations de contre-insurrection et limitent, d’un point de vue opérationnel leurs troupes (Belkin et Morelli 2009).

La résolution 1378 précitée prévoit « [u]ne assistance à long terme pour la reconstruction et le relèvement de l’Afghanistan sur le plan économique et social » (ONU (2) 2001). Le mandat actuel de l’OTAN est clair sur ce point : tel que mentionné sur son site internet « [u]n fonds de secours humanitaire postopérations (POHRF) de la FIAS a été mis en place à partir de 2006 pour apporter un secours humanitaire rapide immédiatement après des opérations militaires de grande ampleur de la FIAS. » (OTAN 2009) et « aide les autorités afghanes à assurer la sécurité et la stabilité et à créer les conditions propices à la reconstruction et au développement » (OTAN 2009). Les membres de l’Alliance s’entendent toujours sur le fait qu’une mission efficace devrait prendre en compte tous ces aspects, encore déficients à ce jour.

La position canadienne à cet égard est de notoriété publique. Sur son site internet, le gouvernement canadien affirme que : « [d]ans l’intérêt de la sécurité collective, le Canada et ses partenaires internationaux se font ensemble un devoir de veiller à ce que les organisations terroristes ne viennent pas s’installer à nouveau en Afghanistan. » (Gouvernement du Canada 2009). L’administration canadienne est d’ailleurs d’avis que le développement de l’Afghanistan est une priorité inextricablement liée à la présence de forces contre-productrices et que doivent être favorisés « le développement économique, la stabilité et la sécurité dans la région frontalière » (gouvernement du Canada 2009). Du côté américain, Barack Obama s’est prononcé sur le fait que « military alone is not going to be enough » (CNN 2008). Selon la nouvelle administration américaine il faut renforcer les forces militaires sur le terrain et y allouer une plus grande part du budget (NYTimes 2009), tout en soutenant le développement économique à long terme. Il reste à savoir à quel point la position officielle ou le bon vouloir de ces administrations diffèrent de ce qui se passe en réalité. Poser la question est y répondre, vu l’état de la situation.

Approches de solutions suggérées et recommandations à l’ONU des acteurs et observateurs internationaux

La première approche de solution à considérer est d’ordre stratégique et communicationnel. L’Afghanistan ne peut se stabiliser sans s’intégrer davantage dans la région, économiquement comme politiquement. Des mesures devront être prises afin de restreindre véritablement les tensions avec les pays limitrophes. Un dialogue et une coopération accrue avec la classe dirigeante comme avec les groupes rebelles doivent être entrepris. Du point de vue national, un dialogue avec les troupes de rebelles, les moins radicaux, mais aussi avec les taliban, afin de leur accorder une représentation au sein des groupes représentés au pouvoir. À un autre niveau, un forum de concertation entre membres de l’OTAN est nécessaire. La synchronisation des actions entreprises sur le terrain est nécessaire à la réussite de l’opération.

En second lieu, les Nations Unies doivent porter de l’avant le développement économique soutenu de ce pays dévasté par des années de conflits, ce qui inclut une transition des cultures de drogues vers des cultures légales et bénéfiques pour la population. Les Nations Unies doivent aussi investir dans la construction et la viabilité à long terme d’un état de droit véritable et fonctionnel. En définitive, tout cela implique plus d’engagements de la part de la communauté internationale, tant au niveau financier, politique, administratif, militaire et humain, ce qui n’est certainement pas gagné d’avance. Des efforts grandioses doivent être pris en ce sens.

Bibliographie

  • Adam, Bernard. 2008. « Afghanistan : sortir de l’impasse militaire par le dialogue politique et l’aide au développement ». Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité. En ligne. http://www.grip.org/bdg/pdf/g0906.pdf (page consultée le 1er juin 2009).
  • Belkin, Paul et Vincent Morelli 2009. « NATO in Afghanistan: A Test of theTransatlantic Alliance ». Congressional Research Service. En ligne. http://www.crs.gov. (page consultée le 29 mai 2009).
  • Roi, M.L. et G. Smolynec 2008. « End States, Resource Allocation and NATO Stategy in Afghanistan ». Diplomacy and Statecraft 19: 289-320.
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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Otan afghanistan de Wikipédia en français (auteurs)

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