Pacha d'Alger anonyme (1605)

Pacha d'Alger anonyme (1605)

Un Pacha d'Alger anonyme règne quelques jours en 1605 avant de mourir et vient s'intercaler entre le règne de Khizr Pasha et celui de Köse Mustafa Pasha.

Sommaire

La mort de Khisr Pasha

Les actes de courage de ce vieil eunuque de 80 ans nous sont relatés de façon détaillée par de Grammont, mais il l'appelle "Le Pacha" sans préciser son nom. Ce pacha n'est évidemment pas Khizr, qui vient de mourir, et pas davantage Köse Mustafa Pasha, en principe son successeur, qui règnera encore plusieurs années et n'est donc pas celui qui meurt en 1605. Etablir la liste des gouverneurs d'Alger n'est pas simple.

On rappellera que, juste avant les quelques jours de règne de ce Pacha anonyme, Khizr Pacha vient d'être étranglé à la suite d'une plainte de la France, sur les ordres d'un envoyé de Constantinople, pour avoir attaqué le Bastion de France et emprisonné son personnel.

Janissaires et raïs s'imposent

Khizr mort, les prisonniers ne sont pas libres pour autant.

De Grammont indique :

"Malgré la bonne volonté du nouveau pacha, M. de Castellane, qui avait été envoyé pour obtenir la libération des captifs du Bastion et la reconstruction de cet établissement, ne put rien obtenir du Divan[1], devenu le seul maître. Les loldachs[2] décrétèrent que « celui qui proposerait de rétablir le Bastion serait puni de mort. »

Sur ces entrefaites, M. de Brèves[3] arriva à Alger, escorté par Mustapha-Agha, capidji delà Porte; cet envoyé était muni d'un firman[4] du sultan, qui ordonnait aux Barbaresques de respecter les Capitulations[5], et de faire droit aux revendications de la France. Il venait de Tunis, où il avait obtenu, après bien des tergiversations, la liberté de quelques esclaves. Dans le récit qu'il a fait de son voyage, il nous apprend qu'il trouva la ville dans un désordre affreux : le port était en ruines ; « les Janissaires faisaient absolument tout ce qu'ils voulaient ; les reïs[6] déclaraient que tout vaisseau étranger était de bonne prise et qu'ils s'empareraient de leur père lui-même s'ils le rencontraient en mer ».

Le Divan s'assembla sur la demande du capidji, qui y donna lecture du firman impérial; il y était ordonné de mettre en liberté les captifs français, de restituer les prises, et de reconstruire le Bastion. Une émeute violente éclata dans l'assemblée ; elle cassa, séance tenante et successivement, quatre aghas, qui avaient déclaré vouloir obéir aux ordres reçus; Mustapha-Agha fut hué, menacé de mort, et chassé de l'enceinte.

On braqua les canons de la Marine sur le vaisseau de M. de Brèves, que le capidji suppliait de s'éloigner; il n'en voulut rien faire. Tout ce mouvement était dû au muphti, que l'ambassadeur avait jadis fait châtier de son insolence à Constantinople, et à Mehemet-Bey, gendre de Kheder, récemment étranglé sur les plaintes de la France. lis voulaient faire assassiner tout le personnel de la mission, qu'ils engagèrent traîtreusement à débarquer.

"Ma vie appartient à mon souverain"

Mais le pacha déjoua leurs intrigues en refusant de signer un sauf-conduit qui n'eût pas été respecté ; la fureur de la milice se tourna contre lui; deux révoltes éclatèrent à huit jours d'intervalle; il fut assiégé dans son palais et menacé de mort. C'était un vieil eunuque de quatre-vingts ans; il montra beaucoup de fermeté, disant aux rebelles que sa vie appartenait à son souverain[7], et qu'il ne ferait rien de contraire à ses ordres.

Sur ces entrefaites, arriva Morat-Reïs[8]; c'était le doyen des reïs, et le peuple avait pour lui un respect superstitieux; « il piratait depuis plus de soixante ans, et avait pris des navires à toutes les nations connues. » Ce vieux héros de la Course avait de l'affection pour M. de Brèves, dont il avait déjà pris la défense à Tunis; il calma la rébellion; mais ce fut tout ce qu'il put obtenir; le Divan refusa d'entendre parler du Bastion, et décida que les captifs ne seraient rendus qu'après la mise en liberté des Turcs détenus à Marseille ; l'ambassadeur dut se retirer sans avoir obtenu d'autres résultats, et le malheureux pacha ne survécut pas à ses émotions."

Notes et références

  1. Conseil consultatif tenu par la milice des janissaires
  2. Janissaires
  3. Ambassadeur de France
  4. Décret
  5. Traités de paix
  6. Capitaines corsaires
  7. Le Sultan de Constantinople, suzerain parfois très théorique d'Alger
  8. Ou Mourad Rais l'ancien ; célèbre pirate

Voir aussi

Liste des gouverneurs d'Alger

Corso

Sources

Ernest Mercier Histoire de l'Afrique septentrionale

Henri-Delmas de Grammont Histoire d'Alger sous la domination turque


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pacha d'Alger anonyme (1605) de Wikipédia en français (auteurs)

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