Arganiers

Arganiers

Arganier

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Arganier
 Argania spinosa
Argania spinosa
Classification classique
Règne Plantae
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Ordre Ebenales
Famille Sapotaceae
Genre Argania
Nom binominal
Argania spinosa
(L.) Skeels, 1911
Classification phylogénétique
Ordre Ericales
Famille Sapotaceae

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L'arganier (Argania spinosa) est un arbre endémique du Maroc (dans la région du sud-ouest et en particulier la plaine du Souss) et de l'Algérie (dans la région de Tindouf, au sud-ouest du pays)[1].

Nom scientifique : Argania spinosa (L.) Skeels, famille des Sapotacées.

Noms vernaculaires : arganier, argane, argan, bois de fer. Il était appelé précédemment Sideroxylon spinosum, puis Argania sideroxylon[2].

Sommaire

Description

Les fruits
Fruits de l'arganier
Fruit de l'arganier

L'arganier est un arbre aux rameaux épineux – d'où spinosa – de 8 à 10 m de haut, aux feuilles atténuées en un court pétiole, très résistant et qui peut vivre de 150 à 200 ans. Il est parfaitement adapté à l’aridité du sud-ouest marocain et sa silhouette est caractéristique : cime large et ronde, tronc noueux, tortueux et assez court, souvent formé de plusieurs parties entrelacées.

L'arganier fournit un bois très dur, appelé bois de fer, utilisé essentiellement comme bois de chauffage. L'arganier possède des mécanismes qui limitent ou ralentissent la chute du potentiel foliaire et relèvent de la stratégie d'évitement. L'arbre ne perd ainsi ses feuilles que transitoirement, en cas de grande sécheresse[3].

Les fleurs blanches à jaune verdâtre sont hermaphrodites, gamopétales à tube très court et sont réunies en glomérules. Elles apparaissent en mai-juin. Le fruit, l’affiache, est une fausse drupe ovale, fusiforme de 30 mm de long environ, jaune-brun à maturité contenant une noix très dure abritant deux ou trois « amandons ». Un arbre en produit environ 8 kg par an. Les feuilles, vert sombre et coriaces, sont consommées par les chameaux. Dans le sud marocain, il est fréquent de voir des chèvres s'étant hissées sur les branches de l'arganier car elles se nourrissent de jeunes pousses et de son fruit, laissant le noyau qu'il contient.

Son système racinaire est particulièrement profond mais dépourvu de poils absorbants (racines « magniloïdes ». Il profite d'une symbiose avec différents types de champignons pour pallier cette déficience, seuls ces derniers pouvant apporter les différents nutriments à l'arbre. La reproduction artificielle et la mise en culture de celui ci nécessite ainsi l'inoculation de plusieurs espèces de champignons au niveau de ses racines[2]. L'aire géographique de l'arganier bénéficie d'une forte humidité, tant par les précipitations saisonnières que par une fraîcheur relative, que l'arganier piège et restitue au sol[3].

La population Imazighen (berbère) de l’Atlas a toujours utilisé l’huile d'argan pour ses vertus alimentaires et cosmétiques. Tout comme le thé, l’huile d’argan accompagnée de miel est offerte aux invités en signe d’hospitalité, dans la région du Souss

Aujourd'hui, le nom même de l'huile est peut-être menacé, puisque le groupe Pierre Fabre commercialise sous sa marque « Galénic » une gamme de soins pour la peau, à base d'huile d'argan (ou d'argane), nommée simplement « Argane »[4], alors que le mot « argane » est un substantif commun, comme le savait déjà Émile Littré : «  argan (ar-gan) ou argane (ar-ga-n'), Végétal du Maroc et de l'Atlas... ( le second a est long) »[5].

Agriculture

Arganiers et chèvres
Chèvres dans un arganier
Article détaillé : Agriculture au Maroc.

Les chiffres approximatifs de l'argan :

  • 2 000 personnes travaillent dans les coopératives marocaines consacrées à l'huile d'argan[6].
  • La production annuelle est de l'ordre de 2 500 à 4 000 tonnes[6].
  • 800 000 hectares plantés. Perte de 600 ha/an de la surface plantée depuis le début du siècle dernier en arganiers[réf. nécessaire].
  • La densité d'arbre par hectare varie suivant la région : de 250 arbres par hectare à 150 km au nord d'Agadir dans l'Atlas et environ 40 arbres dans le désert bordant la région de Gulimime (Anti-Atlas)[7].
  • Un arbre produit, chaque année, de 10 à 30 kg de fruit environ[6].
  • Il faut environ 38 kg de fruits (affiache) ou bien 2,6 kg d'amandons pour produire 1 litre d'huile[7].
  • Il croît quasi exclusivement au Maroc (très peu sur la frontière algérienne).

Distribution géographique

L'arganier daterait de l'ère tertiaire, époque où existait vraisemblablement une connexion entre la côte marocaine et les îles Canaries. Il se serait alors répandu sur une grande étendue entre le Maroc et l'Algérie ; puis, au quaternaire, l'arganier aurait été refoulé vers le sud-ouest par l'invasion glaciaire. Cela expliquerait l'existence actuelle de quelques colonies dans la région de Rabat (région de Khémisset) ; au nord du Maroc, près de la côte méditerranéenne dans les monts Béni-Snassen, au nord-ouest d'Oujda ; et en Algérie, à 120 km au nord de la ville de Tindouf (44 000 hectares).

Aujourd'hui la plus grande concentration d'arganiers se trouve dans la région du Souss où elle couvre près de 800 000 hectares[7], soit 14,25 % de la forêt du Maroc[8]. Dans cette région, l'aire de l'arganier s'étend de l'oued Tensift au nord, à Tiznit et Tafraout au sud, et aux abords du djebel Siroua à l'est. L'arganier pousse depuis le niveau de la mer jusqu'aux environs de 1 500 m d'altitude.[9]

Depuis 1998, une zone de 830 000 hectares entre Agadir et Essaouira a le statut de « réserve de la biosphère » octroyé par l’UNESCO[7].

Problèmes de l'arganier

Chèvres dans l'arganier

L'arganier est menacé de disparition, car les signaux d'alarme se multiplient ces derniers temps à propos de cet arbre : il subit diverses agressions.

Les problèmes auxquels cet arbre est confronté sont multiples :

  1. L'arganeraie marocaine régresse en termes de superficie et surtout de densité : en moins d'un demi-siècle, la densité moyenne de l'arganeraie nationale est passée de 100 arbres/ha à 30 arbres/ha, tandis que les superficies couvertes régressaient en moyenne de 600 ha par an[10].
  2. L'aire de l'arganier se dégrade d'année en année sous l'effet conjugué de l'accroissement de la population (surtout autour d'Agadir)[8], de l'apparition des cultures intensives (notamment le maraîchage sous serres).
  3. Utilisation sauvage du bois d'arganier pour produire du charbon de bois.
  4. Manque de collaboration entre les principales parties concernées (les aménageurs forestiers et les chercheurs universitaires) pour mettre en place des projets de transplantations.
  5. Absence de moyens modernes de production de l'huile d'arganier, et mauvaise commercialisation de cette dernière par les autorités locales et régionales.

Quelles perspectives pour l'arganier ?

La problématique et l'enjeu sont donc actuellement, non seulement d'enrayer le processus de régression de l'arganeraie, mais aussi de replanter une partie de ce qui a été perdu, afin que l'arganier redevienne ce qu'il a toujours été : un pivot dans un système agraire traditionnel, basé sur l'exploitation de l'arbre, l'élevage et la céréaliculture. Les problèmes de l'arganeraie étant essentiellement dus aux conséquences d'une interaction irrationnelle de l'homme avec son milieu environnant dans cette aire, il semble que toute politique de réhabilitation de cette espèce végétale, si elle veut connaitre quelque chance de succès, doit obligatoirement s'attacher à rationaliser cette intervention de l'homme sur la nature, et donc s'articuler nécessairement autour des actions ou objectifs prioritaires suivants :

  • information et sensibilisation des usagers, mais aussi de toute l'opinion publique nationale, sur les spécificités, l'importance et l'intérêt de la conservation de cet arbre ;
  • replantation et développement de l'arganier, par l'allocation des moyens nécessaires aux travaux de recherche scientifique en cours sur les techniques de reproduction et de transplantation, par la mise au point de techniques appropriées d'exploitation et de valorisation des produits de l'arganier ;
  • ouverture sur des coopérations internationales, pour financer tous les projets de replantation, et il serait utile que le Maroc cherche des coopérations étrangères pour accélérer les replantations ;
  • limiter l’exploitation de l’arganier par la mise en place d’un calendrier annuel, afin de laisser cet arbre se développer naturellement.
  • limiter l'exportation afin que les usagers puissent bénéficier des bienfaits de son huile, dont la raréfaction dans la région même de l'arganeraie interroge. Les bénéficiares ne sont plus les producteurs et de moins en moins les consommateurs.

Collectivités locales

La production d'huile d'argan représente une ressource économique très importante pour les coopératives actives dans l'arganeraie. Ces coopératives ont des méthodes de fonctionnement aussi variées qu'il en existe. Certaines ont des pratiques issues du commerce équitable et peuvent être en partie financées par de grands organismes.

Divers

L'arganier est la plante-emblème du Royaume du Maroc et Argan le nom d'appel de la compagnie aérienne marocaine Atlas Blue.

Annexes

Notes et références

  1. Michel Baumer et Leila Zeraïa, « La plus continentale des stations de l'arganiers en Afrique du Nord », dans Revue forestière française, ENGREF, Ecole nationale du génie rural, des eaux et des forêts, Nancy, vol. 51, no 3, mars 1999, p. 446-452 (ISSN 0035-2829) [texte intégral] 
  2. a  et b Nouaïm R, Chaussod R, « L'arganier et ses champignons », Pour la Sciences, octobre 2007, p. 76-80
  3. a  et b J-P. Peltier, « Biodiversité végétale du sud-ouest marocain ». Consulté le 24 janvier 2008
  4. « Les difficultés sont légion, à commencer par le choix du nom à protéger. « Argane, le nom vernaculaire de l’huile ! », soutiennent les coopératrices. Un mot déposé dans les années 1980 par les laboratoires français Pierre Fabre, qui ont commercialisé une crème à base d’argan sous ce terme. Alors que les productrices sont scandalisées, la maison Fabre prétend ignorer que « sa » marque pose problème. ». Cécile Raimbeau, « Colère des paysannes de l'Atlas marocain », Le Monde diplomatique, avril 2009 (extrait.
  5. Le Littré
  6. a , b  et c Rachida Nouaim, L'arganier au Maroc, entre mythes et réalités : Une civilisation née d'un arbre, éd. L'Harmattan, Paris, 2005 (ISBN 2-7475-8453-4)
  7. a , b , c  et d [pdf](en) D Nill, E Böhnert (2006) Value Chains for the Conservation of Biological Diversity for Food and Agriculture - Potatoes in the Andes, Ethiopian Coffee, Argan Oil from Morocco and Grasscutters in West Africa Global Facilitation Unit for Underutilized Species, August 2006, p. 37-55.
  8. a  et b [pdf] A. Birouk, M. Tazi, H. Mellas, M. Maghnouj, (Rabat 199), « Maroc : rapport de pays pour la conférence technique international de la FAO sur les ressources phytogénétiques », Leipzig 1996, p. 19
  9. secheresse.info, « L'arganeraie marocaine »
  10. Statistiques du ministère de l'Agriculture marocaine

Bibliographie

  • O. M'Hirit, M. Bensyane, F. Benchekroun, S.M. El Yousfi, M. Bendaanoun, L'arganier, une espèce fruitière-forestière à usages multiples, éd. Pierre Mardaga, Sprimont (Belgique), 1998 (ISBN 2-87009-684-4)
  • Michel Baumer et Leila Zeraïa, « La plus continentale des stations de l'arganiers en Afrique du Nord », dans Revue forestière française, ENGREF, Ecole nationale du génie rural, des eaux et des forêts, Nancy, vol. 51, no 3, mars 1999, p. 446-452 (ISSN 0035-2829) [texte intégral] 
  • Narjys El Alaoui, Paysages, usages et voyages d’Argania spinosa (L.) Skeels (XIe-XXe siècles), Jatba, Revue d’ethnobiologie, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris, 1999 : 45-79, vol 41 (2) [ISSN 0183-5173], cat.inist,
  • Narjys El Alaoui, L’arganier : Arbre du Maroc, Société des Amis du Muséum National d’Histoire Naturelle, n° 228, Paris, 2007, ill. (communication, 2001).
  • Narjys El Alaoui, L’Arganier, RAM Magazine (sept-oct), Casablanca, 2001 : 24 et 78-80, ill.
  • Narjys El Alaoui, Meules et moulins du Sud marocain, in Meules à grains. Actes du colloque international de la Ferté-sous-Jouarre, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 2003 : 51-66, ill [ISBN 2-7351-0996-8].
  • Rachida Nouaim, L'arganier au Maroc, entre mythes et réalités : Une civilisation née d'un arbre, éd. L'Harmattan, Paris, 2005 (ISBN 2-7475-8453-4)
  • Fouad Msanda, Ahmed El Aboudi, Jean-Paul Peltier, « Biodiversité et biogéographie de l'arganeraie marocaine », dans Agricultures, no 4, 2005, p. 357-364 (ISSN 1166-7699) [cat.inist, résumé] 
  • L. Kenny, I. De Zborowski, Atlas de l’arganier et de l’arganeraie,éd IAV Hassan II, 2007

Articles connexes

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