Palais du Vatican

Palais du Vatican
Palais apostolique
Le Palais apostolique vu depuis la place Saint-Pierre
Le Palais apostolique vu depuis la place Saint-Pierre
Présentation
Nom local Palazzo Apostolico
Période ou style Renaissance
Architecte Bramante, Michel-Ange, Raphaël, Antonio da Sangallo le Jeune, Carlo Maderno, Le Bernin.
Date de construction 14ème-17ème siècles
Propriétaire Saint-Siège
Destination actuelle Résidence du Pape
Protection Patrimoine mondial de l'UNESCO
Site web www.vaticanstate.va/FR/Monuments/Palais du Vatican.htm
Géographie
Pays Drapeau du Vatican Vatican
Coordonnées 41° 54′ 12″ N 12° 27′ 21″ E / 41.903379, 12.455942641° 54′ 12″ Nord
       12° 27′ 21″ Est
/ 41.903379, 12.4559426
  

Géolocalisation sur la carte : Vatican

(Voir situation sur carte : Vatican)
Palais apostolique

Le palais du Vatican ou - selon sa dénomination officielle - « palais apostolique » (appelé aussi anciennement « Sacré Palais ») est une des résidences des Papes depuis leur retour d'exil à Avignon (1377). Auparavant, et pendant plus d'un millénaire, les papes ont habité au palais du Latran à proximité de leur cathédrale, l'archibasilique Saint-Jean de Latran. Depuis l'entrée des troupes italiennes à Rome, le 20 septembre 1871, les papes ne pouvant plus séjourner au palais du Quirinal, qui était leur résidence d'été, ils habitent et travaillent en permanence au palais apostolique, à proximité du tombeau de saint Pierre dont ils sont les successeurs.

La construction du palais ne débuta que sous le pontificat de Nicolas V au XVe siècle. Celui-ci voulut en faire le plus grand palais du monde. Mais il ne put réaliser qu'une faible partie de ses projets.

Le palais héberge les appartements du souverain pontife, ainsi que les bureaux de la curie romaine, la bibliothèque apostolique vaticane et une partie des musées du Vatican.

C'est un complexe de bâtiments de 55 000 m² comprenant environ 1 400 pièces, ce qui en fait le plus grand palais du monde entièrement habité. La partie des musées du Vatican incluse dans le palais comprend la chapelle Sixtine, la chapelle Nicoline, les loges de Raphaël ou les appartements Borgia.

Sommaire

Les chapelles du Palais apostolique

Les souverains pontifes ont toujours porté une grande attention à la qualité architecturale de leurs chapelles privées. Celles-ci figurent donc parmi les pièces les plus remarquables du palais apostolique. Certaines d'entre elles sont même mondialement connues. Historiquement, la première est due au pape Nicolas V (1447-1455) qui a confié la réalisation de la chapelle qui porte son nom au bienheureux Fra Angelico. Vingt-huit ans plus tard, le pape Sixte IV (1471-1484) commande une nouvelle chapelle : la future chapelle Sixtine. En 1537, le pape Paul III (1534-1549) ordonne la construction de la chapelle Pauline, décorée en partie par Michel-Ange comme la chapelle Sixtine. Lors de l'agrandissement considérable du palais voulu par le pape Sixte V (1585-1590), une nouvelle aile est construite. C'est dans cette nouvelle aile séparée de l'ancien palais par la cour Saint-Damase que migre l'appartement pontifical. Aujourd'hui encore, c'est dans cette aile - appelée souvent palais de Sixte Quint - que réside le pape. L'aménagement de cette partie du palais est réalisée par les successeurs du pape Sixte V. Ainsi le pape Urbain VIII (1623-1644) y fit aménager une chapelle - qui porte à présent son nom - dans l'appartement pontifical du deuxième étage. Après la décision du pape saint Pie X (1903-1914) de créer un appartement privé au troisième étage au-dessus de l'appartement pontifical, une nouvelle chapelle privée est aménagée. C'est celle-ci qui, redécorée sous le pontificat de Paul VI (1963-1978), est toujours aujourd'hui la chapelle utilisée quotidiennement par le souverain pontife.

La chapelle Sixtine

Article détaillé : Chapelle Sixtine.
La grande fresque du Jugement dernier peinte par Michel-Ange dans la chapelle Sixtine
Chapelle Sixtine, fresque du Jugement dernier

La plus connue des chapelles du Palais apostolique est la chapelle Sixtine. Sa visite est intégrée dans le parcours des musées du Vatican. La chapelle Sixtine a été voulue par le Pape Sixte IV qui lui a donné son nom. Construite à partir de 1475, elle a été inaugurée solennellement le 15 août 1483. Les dimensions (40 m de long sur 13 m de large) correspondent exactement à celles du Temple de Jérusalem.

Sur les murs sont représentés des épisodes de la vie du Christ (côté droit) et de la vie de Moïse (côté gauche) qui se correspondent. Le plafond de la chapelle Sixtine a été peint par Michel-Ange à partir de mai 1508. L'inauguration officielle fut faite par le Pape Jules II le 2 novembre 1512. Cette voûte présente principalement neuf scènes issues du livre de la Genèse, réparties en trois groupes de trois épisodes relatifs à l'origine de l'univers, de l'homme et du mal. Vingt ans après la voûte, Michel-Ange fut à nouveau appelé pour peindre la grande fresque du Jugement dernier sur le mur de l'autel. L'inauguration officielle fut faite par le pape Paul III Farnese le jour de Noël 1541. Le pape Jean-Paul II, commentant la décoration de la chapelle à l'occasion de l'inauguration de la restauration des fresques, déclarait : « La chapelle Sixtine est précisément - pour ainsi dire - le sanctuaire de la théologie du corps humain[1] ».

C'est dans la chapelle Sixtine que sont élus les papes par les cardinaux réunis en conclave. Chaque année, le pape y baptise des enfants d'employés du Vatican le jour de la fête du Baptême du Seigneur. Plusieurs concerts ont été donnés ces dernières années dans la chapelle Sixtine en l'honneur du pape Benoît XVI, notamment à l'occasion des 85 ans de son frère Mgr Georg Ratzinger. C'est aussi dans la chapelle Sixtine que le Pape Paul VI a rencontré les artistes le 7 mai 1964 et le Pape Benoît XVI, à sa suite, le 21 novembre 2009.

La chapelle Pauline

Article détaillé : Chapelle Paolina.

Proche de la chapelle Sixtine, avec laquelle elle communique par la salle royale, la chapelle Pauline n'est jamais ouverte au public. Elle fut construite par Antonio da Sangallo le Jeune, sur l'ordre du pape Paul III Farnese qui l'inaugura le 25 janvier 1540, jour de la fête de la Conversion de saint Paul.

Michel-Ange y peint deux grandes fresques (6,25 m sur 6,61 m) représentant la conversion de saint Paul (côté gauche) et la crucifixion de saint Pierre (côté droit). À l'occasion de la réouverture de la chapelle suite à de longs travaux de restauration, le pape Benoît XVI déclarait : « Toute la chapelle - les fresques de Lorenzo Sabatini et Federico Zuccari, les décorations des nombreux artistes appelés ici dans un deuxième temps par le Pape Grégoire XIII - , tout, pourrions nous dire, conflue ici dans un même et unique hymne à la victoire de la vie et de la grâce sur la mort et sur le péché, dans une symphonie de louange et d'amour au Christ rédempteur qui apparaît profondément suggestive[2] ».

Cette chapelle est réservée à la prière silencieuse du pape et de ses collaborateurs. C'est de cette chapelle que les cardinaux partent en procession en chantant l'hymne Veni Creator Spiritus vers la chapelle Sixtine à l'ouverture du conclave[3].

La chapelle de Nicolas V

Article détaillé : Chapelle Nicoline (Vatican).
Chapelle de Nicolas V, au registre supérieur : scènes de la prédication de saint Étienne et saint Étienne devant les Anciens ; au registre inférieur : saint Laurent reçoit du pape Sixte II le trésor de l'Église et fait l'aumône aux pauvres
Chapelle de Nicolas V, au registre supérieur : la vie de saint Étienne et au registre inférieur, celle de saint Laurent.

La chapelle de Nicolas V appartient au premier palais du Vatican qui n'était alors qu'un ensemble fortifié autour de la cour des perroquets. Sa visite est intégrée dans le parcours des musées du Vatican. Elle fut commandée par le Pape Nicolas V qui en a fait sa chapelle privée. Sa décoration fut réalisée par le bienheureux Fra Angelico entre 1447 et 1451.

Les peintures présentent surtout les vies des diacres saint Étienne et saint Laurent mises en parallèle. L'intention de l'auteur est claire : réunir Jérusalem, ville du martyre de saint Étienne, et Rome, ville du martyre de saint Laurent.

La chapelle Redemptoris Mater

Située au deuxième étage du Palais apostolique, son entrée est juste derrière la grande horloge de la cour Saint-Damase. Auparavant nommée chapelle Mathilde, elle a été renommée par le pape Jean-Paul II à l'occasion de l'année mariale (1987-1988) et de la parution de sa lettre encyclique Redemptoris Mater, le 25 mars 1987. Au terme des célébrations du cinquantième anniversaire de l'ordination sacerdotale du Pape, le 10 novembre 1996, Jean-Paul II annonçait que l'argent que lui avait offert les cardinaux pour cet anniversaire permettrait de redécorer cette chapelle. Ainsi, il présidait la dédicace de cette chapelle redécorée le 14 novembre 1999.

Les travaux de décoration ont été réalisés par l'atelier d'art spirituel du centre d'études et de recherche Ezio Aletti dirigé par le P. Marko Ivan Rupnik (SJ). La décoration est entièrement réalisée en mosaïques. Lors de la célébration de la dédicace, le Pape soulignait la dimension œcuménique qu'il avait voulu donner à cette chapelle : « Les mosaïques font revivre la richesse de la tradition orientale, relue avec la conscience de celui qui connaît également la tradition occidentale. Ici, l'Orient et l'Occident, loin de s'opposer entre eux, s'échangent des dons dans l'intention de mieux exprimer les insondables richesses du Christ. Je remercie tous ceux qui ont travaillé avec dévouement et amour à la réalisation de cette œuvre, qui se présente comme l'expression de cette théologie à deux poumons à laquelle l'Église du troisième millénaire peut puiser une nouvelle vitalité[4] ». À chaque mur correspond un thème. Au-dessus de l'autel est représentée la Jérusalem céleste, sur le côté gauche, l'Incarnation du Verbe, sur le côté droit, l'Ascension et la Pentecôte, et, au-dessus de la cathèdre, la Parousie.

Chaque année, les exercices spirituels de la Curie romaine sont prêchés dans cette chapelle en présence du pape. C'est aussi dans cette chapelle que le Pape prie parfois avec les représentants d'autres confessions chrétiennes, comme le primat de la Communion anglicane, le Rév. Rowan Williams, le 23 novembre 2006, ou le Catholicos de Cilicie des Arméniens, Aram Ier, le 24 novembre 2008.

La chapelle d'Urbain VIII

On accède à cette chapelle par la salle des peintres de l'appartement des audiences. Les vitraux de cette chapelle donnent sur la cour Sixte V.

L'autel est dominé par une toile peinte en 1637 par Giovanni Francesco Romanelli, représentant la Nativité du Christ. Le plafond est constitué de fresques peintes par Agostino Ciampelli avec au centre l'Assomption de la bienheureuse Vierge Marie. Les murs sont bordés d'une frise réalisée par Paul Bril à la demande du Pape Paul V.

Dans cette petite chapelle ont lieu de rares célébrations liturgiques présidées par le pape. C'est ainsi que dans cette chapelle, le cardinal Tarcisio Bertone a prêté serment le 7 juillet 2007 après sa nomination comme camerlingue. C'est aussi dans cette chapelle que, chaque année, au jour de la fête de sainte Agnès, le pape Benoît XVI bénit les agneaux dont la laine servira à la confection des palliums.

La chapelle privée du Pape

Comme son nom l'indique, la chapelle privée du pape appartient à son appartement privé, au troisième étage du Palais apostolique, dans l'aile droite de la cour Saint-Damase. C'est là que, chaque matin, le pape célèbre la messe. Si Jean-Paul II ouvrait largement les portes de cette célébration à ses visiteurs, notamment aux évêques en visite ad limina, le pape Benoît XVI est revenu à la pratique antérieure qui n'admet pas de visiteurs.

Après le concile Vatican II, dans la cadre du réaménagement de l'appartement des audiences et de l'appartement privé, le pape Paul VI a souhaité que cette chapelle reçoive une décoration moderne. C'est Dandolo Bellini qui a dirigé les travaux dans cette petite chapelle rectangulaire. Au plafond brille une verrière représentant la résurrection du Christ réalisée par Luigi Filocamo. Les vitraux de part et d'autre de l'autel sont l'œuvre de Silvio Consadori. Ils présentent des scènes de l'ancien Testament, à gauche, et du nouveau Testament, à droite. Sur la gauche, un vitrail de Trento Longaretti, sur le thème du concile Vatican II, s'ouvre sur la cour Sixte-V. Face à ce vitrail, se place un chemin de croix en bronze du sculpteur Lello Scorzelli[5]. Mario Rudelli a réalisé le fauteuil papal en bronze. Ce fauteuil est tourné vers l'autel accolé au mur, laissant voir sur son dos les paroles du Notre Père. Enfin, on doit à Enrico Manfrini le reste du mobilier : autel, crucifix, statues des quatre évangélistes, porte en bronze de la chapelle où sont représentées les œuvres de miséricorde.

Les anciens appartements pontificaux

Deux appartements pontificaux sont particulièrement remarquables. Le premier, l'appartement Borgia a été commandé par le pape Alexandre VI lors de l'adjonction au palais pontifical (autour de la cour des perroquets) d'une tour, appelée aujourd'hui tour Borgia (1493-1494). Le second appartement, juste au-dessus du premier a été redécoré par Raphaël et son école entre 1508 et 1524 sur une commande du pape Jules II. Après la construction du palais de Sixte-Quint (troisième aile ou aile Est de la cour Saint-Damase), les papes transfèreront définitivement leur appartement du Vatican de ce palais médiéval au nouvel édifice où ils habitent toujours.

Appartement Borgia

Article détaillé : Appartements Borgia.
Appartement des Borgias, salle des Mystères de la foi, la Pentecôte
Appartement Borgia, salle des Mystères de la foi, la Pentecôte

Le pape Alexandre VI Borgia (1492-1503) a fait décorer son appartement privé par le Pinturicchio entre 1492 et 1494. Cet appartement situé au premier étage du Palais apostolique est bordé, d'une part, par les cours Borgia et des perroquets et, d'autre part, par la cour du Belvédère. La visite de six pièces est intégrée au parcours des musées du Vatican. Les salles ouvertes à la visite sont :

  1. la salle des Sybilles,
  2. la salle du Credo,
  3. la salle des Arts libéraux,
  4. la salle des Saints,
  5. la salle des Mystères de la foi,
  6. la salle des Pontifes.

Les chambres de Raphaël

Les chambres de Raphaël, salle de la Signature, à droite, l'École d'Athènes
Les chambres de Raphaël, salle de la Signature

Le pape Jules II (1503-1513) a choisi de confier au jeune Raphaël la décoration de son appartement privé. Cet appartement, au deuxième étage du Palais apostolique, est situé juste au-dessus de l'appartement Borgia. Il est bordé par la cour des perroquets et de l'autre côté par celle du Belvédère. La visite des quatre pièces est intégrée au parcours des musées du Vatican :

  1. Salle de la Signature (1508-1511)
  2. Salle d'Heliodore (1512-1514)
  3. Salle de l'Incendie du Borgo (1514-1517)
  4. Salle de Constantin (1517-1524)

La salle de la Signature contient deux grandes fresques réalisées par Raphaël, lui même, et qui comptent parmi ses plus belles œuvres : La Dispute du Saint-Sacrement et L'École d'Athènes. Ces deux œuvres, qui se font face, font dialoguer symboliquement la foi et la raison.

La résidence pontificale

C'est la partie la moins connue mais la plus importante du palais apostolique. Elle est la moins connue car, contrairement aux parties incluses dans le parcours des musées du Vatican, elle n'est pas ouverte au grand public. Mais, elle n'en est pas moins la partie la plus importante car c'est là que réside et travaille le pape et ses plus proches collaborateurs. Dans cette partie du Palais apostolique, il convient d'accorder une place spéciale au palais de Sixte-Quint (aile orientale de la cour Saint-Damase) car c'est là qu'habite et travaille le pape (3e étage), qu'il reçoit ses visiteurs - notamment les chefs d'État et de gouvernement - (2e étage) et qu'habite et travaille le cardinal secrétaire d'État (1er étage).

La porte de Bronze

La porte de Bronze (Portone di Bronzo) est l'entrée principale du Palais apostolique depuis 1663. Elle est située à l'extrémité du bâtiment qui relie, sur la droite, la basilique Saint-Pierre au Vatican et la colonnade de la place Saint-Pierre. Toute la journée, elle est surveillée par un poste de la Garde suisse pontificale composé d'un sergent et de deux hallebardiers. Le corridor, qui longe la place Saint-Pierre, conduit au vestibule de l'escalier royal. Ce dernier, décoré sur la droite par une statue sculptée par le Bernin (1670) de l'empereur Constantin en extase devant la croix du Christ, donne aussi accès, sur la gauche, à l'atrium de la basilique Saint-Pierre. À cette entrée également, un garde suisse veille en permanence.

L'escalier royal (Scala regia) a été construit sur les plans du Bernin entre 1663 et 1666 sous le pontificat du pape Alexandre VII. C'est une merveille de l'architecture baroque qui monte à la salle royale. Par l'insertion d'une colonnade interne, la diminution progressive de la hauteur de la voûte et du diamètre des colonnes, le Bernin donne l'illusion d'un escalier beaucoup plus large et profond qu'il ne l'est en réalité.

Immédiatement après la Porte de Bronze, sur la droite, s'ouvre l'escalier Pie IX menant à la cour Saint-Damase. Cet escalier dessert, au premier palier, la Préfecture de la Maison Pontificale, et, au second palier, l'Administration du patrimoine du siège apostolique.

Lors de l'inauguration de la porte de Bronze à la fin des travaux de restauration, le 12 octobre 2007, le pape Benoît XVI expliquait l'importance de cette entrée : « C'est précisément parce qu'elle marque l'accès à la Maison de celui que le Seigneur a appelé à guider le Peuple de Dieu tout entier comme Père et Pasteur, que cette porte prend une valeur symbolique et spirituelle. Ceux qui viennent pour rencontrer le Successeur de Pierre la franchissent. Des pèlerins et des visiteurs qui se rendent dans les divers Bureaux du Palais apostolique la traversent. J'exprime de tout cœur le souhait que ceux qui entrent par la porte de Bronze puissent se sentir, dès leur entrée, accueillis par le baiser du pape. La Maison du Pape est ouverte à tous[6] ».

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La salle royale et la salle ducale

L'escalier royal mène à la salle royale (Sala Regia) au premier étage du Palais apostolique. C'est la salle de réception la plus spectaculaire du palais. Longue de 34 m, large de 12 m et haute de 33,6 m, elle est à la fois, le vestibule du Palais apostolique et de la chapelle Sixtine, et la salle des audiences les plus solennelles. Elle est percée de trois portes de chaque côté, et sur un troisième côté par l'entrée de la chapelle Pauline. Les portes à droite de l'entrée de la chapelle Pauline s'ouvrent sur la loggia des bénédictions de la basilique Saint-Pierre, l'escalier descendant à la cour du maréchal et la salle ducale. Les portes de gauche s'ouvrent sur l'escalier royal et la chapelle Sixtine. Aujourd'hui cette salle, n'est utilisée qu'une fois l'an pour la rencontre du pape avec le corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège à l'occasion de l'échange des vœux.

Salle royale, fresque de Giorgio Vasari représentant le retour à Rome du pape Grégoire XI en 1377 après près de 70 ans de séjour des papes à Avignon
Salle royale, fresque de Giorgio Vasari représentant le retour à Rome du pape Grégoire XI en 1377 après près de 70 ans de séjour des papes à Avignon

Commandée par le pape Paul III Farnese (1534-1549), la salle royale est construite par Antonio da Sangallo le Jeune à partir de 1538. Ce n'est que 35 ans plus tard, le 21 mai 1573, qu'elle est inaugurée par le pape Grégoire XIII. La voûte en berceau et la corniche qui surmonte les portes sont somptueusement décorées de stucs de Perin del Vaga et de Daniele da Volterra. Les immenses fresques qui recouvrent les murs exaltent la suprématie du souverain pontife sur les autres souverains. Giorgio Vasari peint le retour à Rome de la papauté après près de 70 ans de séjour à Avignon et deux autres fresques sur le thème de la bataille de Lépante. Francesco Salviati représente l'empereur Frédéric Barberousse prosterné devant le pape Alexandre III qui lui pose le pied sur l'épaule. Federico Zuccari peint la demande de pardon, à Canossa, de l'empereur Henri IV du Saint-Empire au pape Grégoire VII.

La porte de la salle ducale (Sala Ducale) fait face à la porte de la chapelle Sixtine dans la salle royale. La salle ducale n'est plus aujourd'hui qu'une simple salle de passage reliant la salle royale aux loges du Palais apostolique par la salle des parements. D'un tout autre style que la salle royale, elle résulte de l'unification de deux salles par le Bernin suivant la commande du pape Alexandre VII (1655-1667). Le Bernin réussit à cacher la différence d'axe et de hauteur de plafond en recouvrant l'ouverture entre les deux salles par une fastueuse draperie de marbre soutenue par des anges. La voûte est peinte par Marco da Siena et les murs par Paul Bril. C'est dans cette salle que prend place le piquet d'honneur de la Garde suisse pontificale le jour de l'échange des vœux.

Les loges de Raphaël et la cour Saint-Damase

En 1503-1504, le pape Jules II (1503-1513) demande à Bramante de refaire la façade Est du Palais apostolique en y construisant des loges (loggias). Après la mort de Bramante en 1514, Raphaël prit sa succession. Il a dirigé ainsi la construction de ces trois loges : galeries superposées de 13 travées, longues de 65 m et large de 4 m. Il n'a probablement travaillé personnellement qu'à la loge du deuxième étage qui communique avec le nouvel appartement papal qu'il peignait au même moment (chambres de Raphaël).

Le pape Grégoire XIII (1572-1585) décide de la construction d'une nouvelle aile au Palais apostolique (1574-1577). Ce nouveau palais - aujourd'hui nommé : palais de Grégoire XIII - reprend très exactement le dessin de la façade de l'aile existante mais sur un nombre plus petit de travées (9 au lieu de 13). Le successeur de Grégoire XIII, Sixte V (1585-1590), poursuit la construction avec l'édification d'une troisième aile (1589-1590). Cette dernière construction, qui porte aujourd'hui le nom de palais de Sixte-Quint, est un grand édifice de 85 pièces dans lequel les souverains pontifes résident encore aujourd'hui. La façade, dominant la cour Saint-Damase, de ce nouveau palais est identique aux précédentes mais sur un nombre de travées encore plus réduit (8).

Ainsi, la cour Saint-Damase (Cortile di San Damaso) est fermée sur trois côtés par trois étages de loges : à l'ouest, la façade de l'ancien palais pontifical habité à partir de 1377, au Nord, la façade du palais de Grégoire XIII, à l'Est, la façade du palais de Sixte-Quint où se situent, toujours à présent, les appartements pontificaux. Ces loges desservent :

  • au premier étage : la salle ducale, l'appartement Borgia et l'appartement du cardinal secrétaire d'État ;
  • au deuxième étage : les chambres de Raphaël, la lipsanothèque, la chapelle Redemptoris Mater, les salles Foconi et l'appartement des audiences du pape,
  • Au troisième étage : la secrétairerie d'État, la salle Bologne et l'appartement privé du pape.

La cour Saint-Damase est la cour d'honneur du Palais apostolique. C'est là que sont accueillis les chefs d'État et de gouvernement, les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, les évêques en visite ad limina et, plus généralement tous ceux qui sont reçus en audience privée par le pape. C'est là aussi que, chaque 6 mai, les nouvelles recrues de la Garde suisse pontificale prêtent solennellement serment. On accède à la cour Saint-Damase : à pied, depuis la porte de Bronze, par l'escalier de Pie IX et, en voiture, par un passage traversant les cours de la Sentinelle, Borgia et des perroquets.

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L'appartement des audiences du pape

L'appartement des audiences du pape (autrefois appelé « appartement noble ») est situé au deuxième étage du palais de Sixte-Quint, au-dessus de l'appartement du cardinal secrétaire d'État et en-dessous de l'appartement privé du pape. C'est dans ces salles que le pape reçoit ses visiteurs. Les personnages les plus importants (chefs d'État ou de gouvernement et évêques en visite ad limina) sont reçus dans la dernière pièce, la bibliothèque privée du pape, dont les fenêtres donnent sur la place Saint-Pierre. Pour ce faire, ils doivent traverser toutes les pièces de l'appartement (sauf la salle du Consistoire) soit onze salles d'apparat, suivant un parcours en fer à cheval, partant des loges surplombant la cour Saint-Damase puis tournant autour de la cour Sixte-Quint pour terminer sur la façade du palais donnant sur la place Saint-Pierre. Toutes les pièces ont été redécorées sous le pontificat du pape Paul VI, elles ont reçu alors, pour la plupart, une nouvelle dénomination. Voici la liste des pièces avec leur ancien nom :

  1. Salle Clémentine
  2. Salle du Consistoire
  3. Antichambre (Salle des sediari)
  4. Salle Saint-Ambroise (salle du Suisse)
  5. Salle des sculpteurs (salle d'angle)
  6. Salle des Papes (salle des tapisseries)
  7. Salle des peintres (salle Urbain VIII) (accès à la chapelle d'Urbain VIII)
  8. Salle des évangélistes (salle du trône)
  9. Salle du Rédempteur (salle des ambassadeurs)
  10. Salle de Notre-Dame (salle des Papes)
  11. Salle de Sainte-Catherine (salle Saint-Jean)
  12. Salle des saints Pierre et Paul (salle du petit trône)
  13. Bibliothèque privée

Vingt-cinq plus tard, une nouvelle rénovation apparut indispensable. Vers la fin du pontificat de Jean-Paul II, les salles ont donc commencé à recevoir une décoration plus recherchée, cette rénovation s'est achevée au début du pontificat suivant[7].

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L'appartement privé du pape

L'appartement privé du pape est situé au troisième étage du palais de Sixte-Quint, au-dessus de l'appartement des audiences. C'est le pape saint Pie X (1903-1914) qui déplaça le lieu de résidence des souverains pontifes du deuxième au troisième étage, inventant ainsi le concept d'appartement « privé » où le cérémonial se fait moins lourd.

Le centre de l'appartement est occupé par la chapelle privée des papes. On accède à cet appartement par l'escalier noble (Scala Nobile) ou la troisième loge. La porte de l'appartement est gardée jour et nuit par une sentinelle de la Garde suisse pontificale. Après le vestibule, se trouve un grand bureau, exacte réplique, un étage plus haut, de la bibliothèque privée du pape. Puis vient le reste de l'appartement tournant autour de la chapelle. La première fenêtre sur la droite de la façade du palais surplombant la place Saint-Pierre est celle de la chambre du pape. La suivante est celle de son bureau privé d'où, chaque dimanche et jour de solennité, il récite l'Angélus avec les pèlerins.

Au-dessus de l'appartement, le pape Paul VI (1963-1978) a fait réaliser un « jardin suspendu », réservé à l'usage exclusif du pape. En fait il s'agit d'une terrasse agrémentée d'une fontaine et parsemée d'arbustes cultivés en caisses.

L'appartement a été rénové les premiers mois du pontificat de Benoît XVI. Lors de la réception des ouvriers-artisans qui avaient travaillé à cette rénovation, le pape déclarait : « En moins de trois mois, vous avez accompli un travail immense de rénovation de mon appartement. [...] Je ne peux qu'admirer les choses que vous avez faites, comme ces beaux sols. J'aime ensuite de manière particulière ma nouvelle bibliothèque, avec son plafond antique. Je me sens comme entouré par des amis, à présent que sont arrivées les étagères avec les livres ; il y a ensuite le cabinet médical, et toutes les autres choses que je ne peux pas maintenant mentionner »[8].

Annexes

Notes et références

  1. Homélie du 8 avril 1994.
  2. Homélie du 4 juillet 2009.
  3. En raison des travaux de restauration, lors du conclave de 2005, la procession des cardinaux est partie de la Loggia des bénédictions, qui communique également avec la salle royale.
  4. Homélie du 14 novembre 1999.
  5. C'est à ce même sculpteur que l'on doit la férule papale, mondialement connue, utilisée par les papes Paul VI, Jean-Paul Ier, Jean-Paul II et Benoît XVI (jusqu'au dimanche des rameaux 2008).
  6. Discours du 12 octobre 2007.
  7. Interview de Paul Sagretti, responsable de la Floreria de l'État de la Cité du Vatican, publié par l'Osservatore romano le 23 juillet 2009.
  8. Discours du 23 décembre 2005.

Bibliographie

  • Michel-Ange et Raphaël au Vatican : Toute la chapelle Sixtine, la chapelle Pauline, les salles et les loges, Città del Vaticano, Edizioni Musei vaticani, 1995, 215 p. 
  • Luigi Accattoli et Grzegorz Galazka (trad. Jean-Marie Wallet, préf. Joaquin Navarro-Valls), La vie au Vatican avec Jean-Paul II, Paris, Médiaspaul, septembre 1998, 215 p. (ISBN 2-7122-0736-X) 
  • Jean Neuvecelle, Vatican, Lausanne, Rencontre, coll. « L'Atlas des Voyages », 1965, 191 p. 
  • (en) Romeo Panciroli, The audience suite of the papal apartments, Città del Vaticano, Libreria Editrice Vaticana, 2004, 215 p. (ISBN 88-209-7500-9) 
  • Paul Poupard, Le Vatican, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 1981, 1re éd., 125 p. (ISBN 2-13-0368794) 
  • Stéphane Sapin, Garde suisse au Vatican : Ombre et lumière, Yens sur Morges, Cabédita, coll. « Regard et Connaissance », 2004, 99 p. (ISBN 2-88295-421-2) 

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