Palantir

Palantir

Palantír

Dans l'univers de la Terre du Milieu de J. R. R. Tolkien, un palantír (également appelée Pierre de vision ou Clairvoyante) est un objet ayant l'apparence d'un globe sombre de matière transparente permettant à son utilisateur d'observer des lieux distants dans le temps et dans l'espace ou de dialoguer avec une autre personne utilisant un palantír.

Les palantíri seraient l'œuvre de Fëanor en Valinor. Au nombre de sept (ou huit), elles sont identifiées comme un don des Eldar à Amandil, rapportées en Terre du Milieu par Elendil et installées en des points-clefs des royaumes d'Arnor et de Gondor. Réservées à l'usage des souverains ou de lieutenants sûrs, elles assuraient la communication au sein et entre ces royaumes. Au cours du Troisième Âge, la plupart des palantír furent perdues, détruites ou oubliées.

À l'époque du Seigneur des anneaux, il n'existe plus que quatre palantíri, dont deux apparaissent dans le récit (la pierre d'Orthanc, utilisée par Saroumane puis récupérée par Gandalf et Aragorn, et la pierre de Minas Tirith, utilisée par Denthor. Deux autres sont suggérées, la pierre de Minas Ithil, récupérée par Sauron et la pierre d'Elendil, sur Emyn Beraid, à l'ouest de la Comté.

Sommaire

Nom

Le terme palantír (pluriel palantíri) vient du quenya « qui voit de loin ».

Aspect et pouvoirs

L'essai sur les palantíri des Contes et légendes inachevés en donne la description suivante :

« Elles étaient parfaitement sphériques, paraissant au repos avoir été façonnées dans un seul bloc de verre ou de cristal d'un noir opaque. Les plus petites avaient environ un pied de diamètre, mais il y en avait de beaucoup plus grosses, et c'était le cas, très certainement, des Pierre d'Osgiliath et d'Amon Sûl. »

— J. R. R. Tolkien, traduction Tina Jolas, Contes et légendes inachevés

Suivant la même source, elles étaient posés sur des supports de marbre noir adaptés à leurs dimensions. L'auteur ajoute qu'elles étaient parfaitement lisses, très lourdes (ainsi qu'en fait la remarque Peregrin Touque dans Le Seigneur des anneaux), et pratiquement inaltérables et indestructibles.

Le texte des Contes et légendes inachevés précise que les Pierres mineures (dont la Pierre d'Orthanc) étaient polarisées, ne fonctionnant que si leur orientation physique correspondait à une orientation intrinsèque de la Pierre, sans quoi elles ne reflétaient rien. Toutefois, Christopher Tolkien fait état d'une note où son père, revenant sur son texte, affirme que les Pierre n'étaient ni orientées, ni polarisées[UT 1].

Le principal pouvoir des Pierre est leur capacité à montrer des scènes éloignées dans le temps ou dans l'espace, en particulier des scènes se déroulant à proximité d'une autre Pierre[CG 1]. Lorsque deux personnes utilisent simultanément deux Pierre, ils peuvent dialoguer entre eux sous une forme silencieuse, chacun lisant les pensées superficielles, consciemment formulées, de son interlocuteur[UT 2]. Seule la Pierre Maîtresse, située à Osgiliath, a la possibilité d'écouter un dialogue entre deux autres Pierres[UT 3].

Le pouvoir de vision des palantíri leur permet de percer les obstacles physiques, tels les murs ou les rochers, mais pas d'illuminer une scène dans l'ombre. Le texte fait également état d'un procédé d'ensevelissement permettant d'occulter un lieu aux yeux des Pierres. Au prix d'un effort de concentration, un observateur peut concentrer l'image donnée par la Pierre sur un détail précis[UT 4]. Le Pierres ont également une distance idéale à la fois d'utilisation (entre la Pierre et l'observateur) et d'observation (entre la Pierre et le lieu observé), variant selon la taille de la Pierre, d'autant plus importante que la Pierre est grande[UT 5].

D'après le même texte, les Pierre se laissaient plus aisément manœuvrer par un utilisateur légitime, directement comme Aragorn ou par délégation comme Denethor que par une autre personne, comme Saroumane ou Sauron. Ce dernier fut le premier, et le seul, à utiliser un palantír afin d'asservir son interlocuteur à sa volonté[UT 6], ce qu'il réussit en partie avec Saroumane. Dans le cas de Denethor, explique Tolkien, la légitimité de ce dernier (en tant qu'Intendant du Gondor et donc utilisateur légitime de la Pierre au nom du roi) ainsi que sa force de caractère empêchèrent Sauron de lui imposer sa volonté. Il put en revanche utiliser la fatigue liée à l'affronterment pour favoriser les visions propres à alimenter le désespoir de Denethor[UT 7].

Histoire fictionnelle

Les palantíri sont l'œuvre des elfes Ñoldor en Eldamar au Premier Âge. Dans le Seigneur des anneaux[SA 1], Gandalf émet l'hypothèse que Fëanor ait pu en être le créateur. Absentes du Premier Âge, elles n'entrent dans l'histoire de la Terre du Milieu que lorsque sept d'entre elles sont données à Amandil par les Eldar, afin de lui permettre de communiquer avec les Elfes malgré l'interdiction d'accueillir des navires en provenance d'Aman sur les côtes de Númenor. Le texte du Silmarillion précise que la Pierre Maîtresse demeure à Tol Eressëa.

Lors de la submersion de Númenor, Elendil apporte les sept Pierres en Terre du Milieu, et les installe aux points stratégiques des royaumes d'Arnor et de Gondor. La plus puissante des Pierres, appelée « Pierre maîtresse » dans l'essai des Contes et légendes inachevés, est placée à Osgiliath, tandis que trois autres pierres mineures sont placées à Minas Arnor, Minas Tirith et Orthanc. En Arnor, la pierre principale est placée à Amon Sûl (sur le Mont Venteux), tandis qu'une pierre mineure est conservée à Annúminas, résidence du roi. Elendil place la dernière, et plus puissante de toutes, des pierres au sommet d'Elostrition, sur Emyn Beraid, à l'ouest de la Comté. Cette dernière pierre ne servait pas à la communication : orientée uniquement vers l'Ouest, elle ne montrait que des images des flots submergeant Númenor et permettait de contempler la Voie Droite conduisant à Valinor.

Les palantíri au Troisième Âge

Au cours du Troisième Âge, plusieurs pierres furent perdues ou détruites, tandis que la connaissance à leur sujet tombait dans l'oubli pour n'être plus connue que de quelques-uns.

L'essai dans les Contes et légendes inachevés précise que si l'existence des Pierres ne fut jamais très répandue, même à Númenor, et qu'elles n'étaient jamais utilisées en public, elles n'en constituaient pas pour autant un secret tant que durèrent les rois d'Arnor et ceux de Gondor. Après la chute de Minas Ithil, il ne fut toutefois plus fait mention des Pierres dans les Annales de Gondor, en particulier de la Pierre de Minas Tirith. La crainte entourant le destin de la Pierre-Ithil, l'absence d'autre Pierre utilisable à l'exception de celle enfermée à Orthanc ainsi que la décadence du Gondor expliquent l'oubli de leur existence, devenu un secret des Intendants. Ces derniers, précisent le texte, s'abstinrent d'utiliser la Pierre jusqu'à l'avènement de Denethor.

Les palantíri d'Arnor

En 861, la guerre civile autour de la succession d'Eärendur au trône d'Arnor conduisit à la partition du royaume en trois fiefs. Le roi de l'Arthedain, Amlaith, déplaça la capitale d'Annúminas, dépeuplée, à Fornost, emportant avec lui la Pierre d'Annúminas. Dépourvus d'une palantír propre, le Rudhaur et le Cardolan se disputèrent celle d'Amon Sûl, où chacun des trois royaumes maintenait une garnison. En 1409, la tour fut prise et rasée par les forces d'Angmar mais la Pierre fut sauvée et ramenée à Fornost.

En 1974, un nouvel asseau d'Angmar vint à bout de l'Arthedain, obligeant le roi Arvedui à se réfugier auprès des peuples au bord de la baie de Forochel, emportant les Pierres d'Annúminas et d'Amon Sûl avec lui. Contre l'avis de ses hôtes, il s'embarqua l'année suivante sur un navire envoyé par Círdan. Le navire fit naufrage, emportant avec lui le roi et les Pierres.

La Pierre située à Elostirion resta en place pendant tout le Troisième Âge avant d'être emportée au début du Quatrième Âge dans le bateau emportant Elrond, Galadriel et Gandalf en Valinor.

Les palantíri de Gondor

Le palantír d'Osgiliath

En Gondor, la Lutte Fratricide eut pour conséquence en 1437 l'incendie d'Osgiliath et la perte de la pierre maîtresse du royaume du sud dans les eaux de l'Anduin. Chronologiquement, c'est donc la première à être perdue.

Le palantír de Minas Ithil

En 2002, les Nazgûl prirent Minas Ithil. L'incertitude pesant sur le sort de la Pierre induisit les utilisateurs potentiels des Pierres restantes (la Pierre-Arnor, à Minas Tirith et la Pierre-Orthanc) à la prudence. Les évènements de la Guerre de l'Anneau montrèrent que cette prudence était fondée, Sauron ayant récupéré par Pierre-Ithil et l'utilisant depuis sa forteresse de Barad-dûr. Le palantír ne fut pas retrouvé après la chute de Sauron. Dans les Contes et légendes inachevés, Tolkien suggère qu'une chaleur extrême, celle de l'Orodruin en éruption, était capable de détruire les palantíri[UT 8].

Le palantír d'Orthanc

En 2759, Saroumane reçut de l'Intendant de Gondor Beren les clefs d'Orthanc, où était déposé un palantír. D'après le texte des Contes et légendes inachevés, il n'est pas certain que Beren fût conscient de la présence d'une Claivoyante à Orthanc, et quand bien même il l'eût été, il avait lieu de penser qu'elle ne pouvait pas être mieux employée que par le chef du Conseil Blanc. L'étude poussée des archives du Gondor avait doté ce dernier d'une connaissance approfondie des Pierres. Il savait ainsi, en prenant possession d'Orthanc, qu'une d'entre elles s'y trouvait probablement et, seul parmi les membres du Conseil, avait mesuré l'utilité d'un tel outil[UT 9]. Le Seigneur des anneaux montre comment l'emploi de la Pierre le conduisit à une confrontation de volontés avec Sauron, et comment ce dernier acquis progressivement une influence croissante sur Saroumane, au point que ce dernier en vint à ne plus s'opposer aux desseins de Sauron, à défaut de vouloir sa victoire.

Lors de l'entrevue au pied d'Orthanc à l'issue de la bataille du gouffre de Helm, Gríma lance le palantír d'une fenêtre élevée. Touchant la rambarde sur laquelle s'appuyait Saroumane, elle manque de peu Gandalf avant d'être ramassée par Peregrin Touque. Le soir même, ce dernier subtilisa la Pierre et, en l'examinant, entra en communication avec Sauron. Cet événement conduisit Gandalf à se diriger en toute hâte à Minas Tirith. Le texte des Contes et légendes inachevés indique en effet que ce n'est qu'à ce moment que Gandalf prend conscience des incertitudes entourant le destin de la Pierre-Ithil du risque que représenterait une soumission de la volonté de Denethor par les mêmes moyens que ceux qui avaient fait plier Saroumane.

Le palantír d'Orthanc est alors confié à Aragorn, son dépositaire légitime en tant qu'héritier d'Isildur. Afin de distraire l'attention de Sauron de son domaine, dont s'approchait Frodo, Aragorn employa la Pierre-Orthanc pour révéler son existence à Sauron ainsi que celle d'Andúril. Ce faisant, il parvint à arracher la Pierre à l'influence de Sauron et l'utilisa pour observer le mouvement des armées ennemies. Cela eut pour conséquence d'une part de brusquer l'attaque de Sauron contre Minas Tirith, ce dernier craignant que l'Anneau unique ne soit utilisé contre lui pour défendre la cité, et d'autre part de révéler à Aragorn l'avancée de la flotte des Corsaires d'Umbar, ce qui l'incita à prendre le Chemin des Morts.

Au Quatrième Âge, la Pierre d'Orthanc fut la dernière à rester fonctionnelle et demeura un outil des Roi de Gondor.

Le palantír de Minas Arnor

Le palantír de Minas Arnor était conservé dans la Tour d'Echtelion, dans une chambre tenue secrète à partir de la chute de Minas Ithil. Le texte des Contes et légendes inachevés précise qu'elle ne fut pas utilisée entre cette date et l'avènement de Denethor aux fonctions d'Intendant, en l'an 2984 T.A. Fier et versé dans les traditions du Gondor, Denethor avait souffert durant sa jeunesse de la faveur et de l'influence dont jouissaient après de son père Thorongil (« Aigle de l'étoile », pseudonyme utilisé par Aragorn) et Gandalf. Il vit dans la Pierre un moyen de les surclasser et de les surveiller lorsqu'ils étaient hors de Minas Tirith.

Sa légitimité et sa force de volonté firent que Denethor ne succomba pas à la volonté de Sauron. En revanche, ce dernier parvint à filtrer ce que la Pierre montrait à Denethor, alimentant le désespoir de ce dernier jusqu'à la folie. La fatigue propre à l'usage de la Pierre augmenté de celle générée par la confrontation avec Sauron est une explication avancée pour le vieillissement prématuré de Denethor. Après la mort de Boromir et la blessure apparemment mortelle de Faramir, ce fut la vision de la flotte des Corsaires d'Umbar, en fait maniée par Aragorn et les hommes de Pelargir, approchant Minas Tirith qui déclencha son ultime accès de folie. Se suicidant par le feu sur un bûcher, Denethor révéla sa possession de la Pierre, qu'il tint sur la poitrine dans les flammes. Le Seigneur des anneaux précise que tout ce que montra ensuite la Pierre Arnor, sauf si son utilisateur était doué d'une volonté supérieure, étaient les deux mains de Denethor de desséchant dans les flammes.

Histoire interne

Sources

Dans le Silmarillion, les palantíri ne sont mentionnées que brièvement. Un paragraphe les présente comme un don des Eldar à Amandil, afin de le réconforter lorsque l'ombre de Sauron empêcha les Eldar de visiter Númenor. Ce même paragraphe contient à référence à une Pierre Maîtresse située à Tol Eressëa.

Elles occupent une place beaucoup plus importante dans le récit du Seigneur des anneaux, bien que peu de choses y soient explicitement dites sur leur origine ou leurs capacités.

Dans les Contes et légendes inachevées, Christopher Tolkien présente un essai concernant les palantíri rédigé par morceaux par son père lorsque celui-ci effectua de substantielles modifications aux passages du Seigneur des anneaux incluant les Pierres. L'essentiel des informations sur celles-ci provient de cet essai.

Adapatations

Références

  1. Livre III, chapitre 11
  1. Les Palantíri, note 17
  2. Les Palantíri, note 21
  3. Les Palantíri, texte précédant la note 14
  4. Les Palantíri
  5. Les Palantíri, note 18
  6. Les Palantíri, note 5
  7. Les Palantíri, texte et note 14
  8. « Les Palantír », note 4
  9. « Les Palantír », note 6
  • The Complete Guide to Middle-earth
  1. Entrée « Palantíri »

Bibliographie

  • (en) Robert Foster, The Complete Guide to Middle-earth, HarperCollins, Londres, 2002 (ISBN 0-261-10252-4) 


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