Panaït Istrati

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Panaït Istrati

Panaït Istrati, né à Brăila le 11 août 1884 et mort à Bucarest le 16 avril 1935, est un écrivain roumain de langue française, surnommé le « Gorki des Balkans ».

Sommaire

Biographie

Il naît à Brăila, un port roumain sur le Danube, fils de la blanchisseuse Joița Istrate et d'un contrebandier grec. Son père est tué par les garde-côtes alors que Panaït Istrati est encore bébé.

Élevé à Baldovinești, village proche de Brăila, il étudie à l'école primaire durant six ans, en redoublant la première année. Il gagne ensuite sa vie comme apprenti chez un cabaretier, où il apprend à parler grec, puis chez un pâtissier albanais. Il devient ensuite marchand ambulant, manœuvre, soutier à bord des paquebots du Service maritime roumain. Pendant cette période, il est un lecteur compulsif, et ses voyages le mènent à Bucarest, à Constantinople, au Caire, à Naples, à Paris et en Suisse.

En 1916, Istrati est atteint de phtisie. Il séjourne dans un sanatorium suisse et fait connaissance avec Josué Jéhouda, qui lui apprend le français et lui fait découvrir les romans de Romain Rolland. Istrati en est plus qu'impressionné et fait du romancier son maître à penser. Une fois rétabli, il poursuit ses errances autour de la Méditerranée et commence à écrire en français. Il envoie son manuscrit à Romain Rolland qui, ayant déménagé, ne le reçoit pas. Istrati erre alors dans l'Europe à feu et à sang de la Première Guerre mondiale.

Rattrapé par la misère, malade et seul, il tente de se suicider à Nice en janvier 1921. Il est sauvé et on trouve sur lui une lettre non envoyée qu'il avait écrite à Romain Rolland. Celui-ci en est averti, et lui répond promptement en l'encourageant dans sa démarche d'écrivain : « J’attends l’œuvre ! Réalisez l’œuvre, plus essentielle que vous, plus durable que vous, dont vous êtes la gousse ». Il l'aide à publier ses romans, Kyra Kyralina en 1923, Oncle Anghel en 1924, Présentation des haïdoucs en 1925 et Domnitza de Snagov en 1926, qui constituent le cycle des Récits d'Adrien Zograffi.

En 1927, compagnon de route du Parti communiste (il avait depuis longtemps une vive estime pour son compatriote révolutionnaire, Christian Rakovsky), il visite Moscou et Kiev avec l'écrivain grec Nikos Kazantzakis, puis voyage à nouveau en Union soviétique en 1929. Durant ces séjours, il devine, derrière l'accueil réservé aux hôtes étrangers, la réalité de la dictature stalinienne, qui lui inspire l'écriture de Vers l'autre flamme, confession pour vaincus, dans lequel, sept ans avant le Retour d'URSS d'André Gide, il dénonce avec une grande virulence l'arbitraire du régime soviétique. Selon Louis Janover, « Istrati décrit l’exploitation impitoyable des travailleurs par une bureaucratie prête à tout pour défendre ses privilèges[1] ». L’ouvrage, en trois volumes, est en fait co-écrit avec Boris Souvarine et Victor Serge.

Plaque commémorative au n° 24 de la rue du Colisée à Paris où Panaït Istrati rédigea une grande partie de son œuvre

S'ensuit une classique et violente campagne de calomnies menée à son encontre par les intellectuels du PCF, au premier rang desquels Henri Barbusse. Malade et moralement affaibli, Istrati retourne en Roumanie, mais revient à Nice afin d'y soigner une tuberculose, puis repart à Bucarest. Dans les dernières années de sa vie, il publie, dans la revue La Croisade roumaniste, des articles dénonçant les injustices sociales de son temps. Il meurt de la tuberculose dans un sanatorium de Bucarest en 1935, vilipendé tant par les communistes qui le traitent de « fasciste » que par les fascistes qui le traitent de « cosmopolite ».

Figure très célèbre de la littérature de l'entre-deux-guerres, Panait Istrati tombe dans un oubli quasi complet pendant plusieurs décennies ; son œuvre est interdite en France durant la guerre, et en Roumanie durant le régime communiste. Elle est peu à peu rééditée en France à partir des années 1960, à l'initiative de l'Association des amis de Panait Istrati, située à Valence, dans la Drôme, puis en Roumanie à partir de 1990.

Œuvre littéraire

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Oeuvres completes (Gallimard, 4 tomes, 1977)
  • Présentation des haïdoucs (Ed. Rieder, 1925, 1930; Ed. J. Ferenczi, 1933; Ed. Le Livre Moderne Illustré, 1934; Ed. Gallimard, 1968, 1983)
Recueils de nouvelles en collections de poche
  • La Jeunesse d'Adrien Zograffi : Codine - Mikhaïl - Mes départs - Le Pêcheur d'éponges (ISBN 2-07-037592-7)
  • Les Récits d'Adrien Zograffi : Domnitza de Snagov (ISBN 2-07-037494-7)
  • Les Récits d'Adrien Zograffi : Kyra Kyralina (ISBN 2-07-037253-7)
  • Les Récits d'Adrien Zograffi : Oncle Anghel
  • Vie d'Adrien Zogfraffi : La maison Thüringer - Le bureau de placement - Méditerranée (Lever de soleil) - Méditerranée (Coucher de soleil) (ISBN 2-07-037593-5)
Romans
  • Le Refrain de la fosse. Nerrantsoula, Éditions de France, 1927
  • Les Chardons du Baragan, Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1928
  • Mes Departs, Éditions Hatier Poche, 2005
Témoignage
  • Vers l'autre flamme après seize mois dans l'U.R.S.S., 1929 ; Gallimard, 1987

En 2006, les Éditions Phebus ont publié en 3 tomes ses oœuvres « quasi-complètes », préparées et présentées par Linda Lê (ISBN 2752901348) (ISBN 2752901552) (ISBN 2752901674)

Bibliographie

  • Mircea Iorgulescu, Panaït Istrati, Ed. Oxus, coll. « Les Roumains de Paris », Paris, 2004 (ISBN 2-84898-037-0)
  • Boris Souvarine, Souvenirs sur Isaac Babel, Panaït Istrati, Pierre Pascal, Champ libre, 1985 (ISBN 285184-155-6)
  • Monique Jutrin-Klener, Panaït Istrati, un chardon déraciné, Maspero, 1970
  • Jeanne-Marie Santraud, Elisabeth Geblesco, Catherine Rossi, Monique Jutrin-Klener, Martha Popovici, Hélène Lenz, Daniel Lérault, Les Haïdoucs dans l'œuvre de Panaït Istrati, L'Harmattan, 2002
  • Jean-François Bacot, Panaït Istrati ou la conscience écorchée d'un vaincu in Moebius : Écritures / Littérature, No 35, hiver 1988, p. 95-114, éditions Triptyque (Montréal)

Notes et références

  1. Louis Janover, « Actualité de Panaït Istrati », dans Le Monde diplomatique, janvier 1981 [texte intégral (page consultée le 1er novembre 2010)] 

Wikimedia Foundation. 2010.

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