Papeterie Darblay

Papeterie Darblay
Le bâtiment principal, au centre du complexe
L'ancien atelier réservé à la fabrication du sulfate d'alumine, aujourd'hui détruit

La papeterie Darblay est un ancien établissement industriel situé sur la commune de Corbeil-Essonnes, au lieu dit Moulin Galant, longtemps dirigé par la dynastie éponyme.

Elle est d'une importance majeure dans l'histoire de la papeterie, puisque c'est ici que fut inventé la machine à papier continu en 1798, par Louis-Nicolas Robert[1].

Le site a regroupé jusqu'à 21 machines à papier, fonctionnant simultanément. Elle sera même qualifiée en 1910 de plus importante papeterie du monde[2], même si plusieurs entreprises aux États-Unis produisaient des quantités supérieures.

Sommaire

La papeterie primitive

L'histoire du papier à Essonnes est particulièrement ancienne. Un acte notarial de 1388 mentionne un moulin à papier, sans autre précision. En 1736, deux moulins à pilon sont installés à proximité du site actuel par deux papetiers d'Ambert, les Sauvade. Ils modernisent l'installation en y ajoutant des piles hollandaises, nouvellement apparûes à la papeterie d'Annonay. L'installation n'est pas rentable et connaît plusieurs propriétaires successifs avant d'être rachetée par l'imprimeur Didot. Celui-ci, à qui on a confié la fabrication des assignats entre 1792 et 1794, encourage l'innovation technique pour cette fabrication très spéciale[3]. A l'époque, le papier est issu du broyage de chiffons achetés en région parisienne.

C'est dans le cadre de ces innovations que Louis-Nicolas Robert entre au service des Didot et qu'il invente une machine à produire des bandes de papier régulières, plutôt que de simples feuilles, afin d'augmenter la quantité de papier produite. Sa machine[4] est composée d'une cuve emplie de pâte, d'un rouleau à augets, d'une bande de toile grillagée et de rouleaux essoreurs. Cette machine primitive mais fonctionnelle est brevetée en date du 18 janvier 1799[5]. Léger Didot doit céder la papeterie en 1809 suite à des difficultés financières, après avoir arrêté l'activité dès 1805. Il apparaît qu'il n'aura jamais payé Louis Nicolas Robert pour son invention: celui-ci finira d'ailleurs sa vie comme simple instituteur. Malgré cela, des évolutions de la machine apparaîssent un peu partout.

La papeterie est transformée en moulin à laine par le propriétaire suivant et ne retrouvera sa vocation que vingt ans plus tard[6], en 1836 sous l'action d'Henri Menet qui fonde la Société Anonyme de la Papeterie d'Essonnes. Dirigée par Amédée Gratiot, elle est rééquipée avec tous les perfectionnements techniques de l'époque. Ainsi, seize piles entrainées par des roues hydrauliques alimentent deux machines à papier en continu. En quelques années l'entreprise se développe pour comprendre, en 1860, huit machines à papier. Elle est mise à l'honneur par Julien Turgan dans sa série des Grandes Usines. Plusieurs gravures représentent l'usine à cette époque[7], dont les ateliers de triage des chiffons, qui existent encore en 2009.

Deux incendies successifs en 1864 et 1866 entraînent une nouvelle faillite. Ils sont également à l'origine d'une nouveauté architecturale, par l'introduction de charpentes en fer de type Polonceau.

Aimé-Stanislas Darblay, entré au capital de l'entreprise entre 1855 et 1860, rachète l'usine. Estimée à 7 millions de francs, il l'emporte pour un million seulement.

Son fils, Paul, qui prend la direction de la société, cherche à trouver une autre matière première que le chiffon pour développer la production. En effet, tout le papier étant à base de chiffons, même additionnés d'autres éléments, a occasionné une pénurie de cette matière et on en vient à filer la laine pour la détruire... La paille semble être un matériau idéal et une unité de pâte de paille est mise en service en 1869. En 2009, le bâtiment de dissolution est toujours debout. Malgré plusieurs transformation, sa façade monumentale est restée quasiment intouchée.

La Nouvelle Usine

Port des Bas-Vignons

Un des deux bâtiment de la station de pompage
Le tunnel ferroviaire

Dans le port des Bas-Vignons se trouvait la station de pompage de la papeterie. En effet, les eaux de l'Essonne ne suffisant pas, la Seine fut alors utilisée. Un tunnel ferroviaire de 750 mètres reliait la station de pompage et l'usine.

Extensions, de 1900 à 1931

La papeterie moderne

Sopalin

Machines 8 et 9

Déclin et faillite

En 1968, la papeterie est intégrée au groupe Chapelle-Darblay. Elle ne fait plus l'objet d'investissements conséquent autres que des modernisations de la machine n°9. Après un conflit social qui fera date, la société dépose le bilan en 1980 et le site d'Essonnes est divisé en deux entités, Papeteries de l’Essonne et la Compagnie Industrielle du Papier. Elles feront faillite également, la dernière à fermer étant la Compagnie Industrielle du Papier en 1997. L'entreprise Papcor occupera le site un temps avec une activité de stockage de papier recyclé. En 2005, la mairie de Corbeil-Essonnes rachète le site. Contaminé par de multiples pollutions résultant de l'activité[8], la démolition du site a commencé en 2005, par les bâtiments les plus anciens. Courant avril 2009, une nouvelle vague de démolition a touché les magasins et la centrale électrique.

Une cité écologique, ne conservant aucune trace de la papeterie, est prévue sur le site[9].

Liens externes

Notes et références

  1. Archéologie Industrielle en France, n°47, p16
  2. Charles Darras, dans un rapport de Exposition Universelle de Bruxelles
  3. Louis André, Au berceau de la mécanisation papetière, in Trois Révolutions du Livre, dirigé par Alain Mercier
  4. http://pagesperso-orange.fr/derelicta/machpap.htm
  5. Archives départementales de l’Essonne (1J256), copie du brevet d'invention
  6. http://www.essonne.fr/fileadmin/Culture/Archives_departementales/jeune_public/papeterie_d_essonne_naissance_d_une_entreprise_atelier01.pdf, page 2
  7. http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?4KY15.1/170/100/326/17/206
  8. http://basol.ecologie.gouv.fr/fiche.php?page=1&index_sp=91.0039
  9. http://www.corbeil-essonnes.com/spip.php?article3028

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