Parachutiste militaire

Parachutiste militaire

Parachutisme militaire

Le parachutisme militaire est la technique consistant à mettre en place, par parachute, du personnel, du matériel ou des approvisionnements dans le cadre d'opérations militaires. L'utilisation du parachute comme moyen de secours n'entre pas dans ce cadre.

Lors de la Première Guerre mondiale, le parachute ne fut utilisé que par des aérostiers (observateurs utilisant un ballon captif). Contrairement à une idée reçue, aucun pilote d'avion n'en fut équipé sauf les Allemands à partir de 1918. Selon certaines sources, c'est aussi à la fin de la guerre que les Alliés eurent l'idée de mettre en place une unité militaire au moyen de parachutes. Les premiers essais pratiques n'eurent toutefois lieu qu'à partir de 1930 en Union soviétique. Au milieu de la décennie, l'Allemagne s'y intéressa également.

Le parachutage peut se faire de jour comme de nuit ; la contrainte principale est la vitesse du vent.

Soldats américains lors d'un entraînement

Dans le parachutisme militaire, on distingue :

  • le parachutage humain avec ouverture automatique ;
  • le parachutage humain avec ouverture commandée ;
  • le parachutage de matériel et d'approvisionnement.

Sommaire

Parachutage humain avec ouverture automatique

Sauts (par l'arrière) d'un avion Hercules C-130 avec ouverture automatique de soldats américains, lors d'un exercice aux États-Unis en 2004

Concept

Les parachutistes accrochent la sangle d'ouverture automatique (SOA) de leur parachute à un point fixe ou à un câble de l'aéronef (avion, hélicoptère ou parfois, pour l'entraînement, ballon). Lors du saut, la sangle se délove et tire le parachute hors de son sac. Lorsque le parachute est complètement sorti du sac la coupole peut s'ouvrir. La SOA et le sac à voile pendent alors par la portière et sont ramenés à l'intérieur par un treuil. A noter qu'il arrive que le déploiement se réalise mal et que le parachutiste reste accroché à l'avion par la SOA. Dans ce cas il peut-être ramené à l'intérieur de l'aéronef par le treuil ou la SOA est coupée par le largueur et le parachutiste utilise son ventral.

Cette technique permet le largage en masse. On peut ainsi, à partir d'un C-141, larguer en un seul passage 120 hommes (60 par porte) pour autant que la zone de saut soit assez grande. La file des parachutistes se succédant par la même porte est appelée stick.

Le saut peut également se faire par l'ouverture de la rampe arrière au lieu des portes mais cette technique est assez rare pour le saut en automatique.

Le parachute

Article détaillé : Parachute.
Ce parachutiste de l'USMC utilise le modèle de parachute T10-C conçu par Irvin Aerospace.

En fait, il y a normalement deux parachutes. Le parachute principal dit dorsal (car placé sur le dos) et un parachute de secours appelé réserve ou ventral. Selon le type, le parachute dorsal a un poids de 11 à 14 kg avec une voilure de 70 à 90 m² soit, ouvert, un diamètre de 7 à 10 m. Le parachute de réserve pèse 5 à 6 kg, s'accroche sur le harnais du dorsal et a une surface d'environ 50 m².

Les parachutes utilisés sont de type hémisphériques (rond) car ils n'ont pas ou peu de vitesse horizontale. Étant donné la proximité des parachutes lors de leur ouverture, il est souhaitable qu'ils se déplacent tous initialement dans la même direction (celle du vent) afin d'éviter des accrochages.

Certains parachutes sont munis d'une fente et ont une faible vitesse horizontale. Le parachutiste doit alors réagir rapidement à l'ouverture pour contrôler sa direction. Le parachute américain T10 a un comportement neutre à l'ouverture mais devient manœuvrable après enlèvement de goupilles (forks) lors de la descente. Les parachutes manœuvrables permettent d'éviter plus facilement les obstacles à l'atterrissage.

Depuis 1980, l'armée française a mis au point et utilise l'EPI (Ensemble de Parachutage Individuel). La voilure de 74 m² est normalement neutre mais quand elle est sollicitée par l'intermédiaire des poignées sur les élévateurs, elle peut acquérir une vitesse horizontale de 2 à 3 m/sec. Une gaine amovible a été prévue pour protéger le matériel emporté lors du saut.

A la même époque, l'armée allemande développe le T3-F. Ce système comporte, pour chaque homme, 3 parachutes de 36 m² qui s'ouvrent simultanément. Vu l'improbabilité qu'aucun des 3 parachutes ne s'ouvre, le réserve devient inutile et le largage peut se faire à la hauteur de 80m. Un accident mortel a mis fin à ce projet.

Le parachutiste militaire

Parachutiste militaire équipé

En plus de ses parachutes (20 kg), le parachutiste militaire est chargé de son arme et de son sac. Les sacs très lourds ou les armes encombrantes (mitrailleuses) sont placées dans une gaine que le parachutiste largue pendant la descente (à environ 80 mètres du sol). La gaine pend alors à une corde ; ceci afin de réduire le poids et l'encombrement au moment de l'atterrissage. Il n'est pas rare que le parachutiste militaire se retrouve avec 50 kg sur le dos (parachutes + équipement) lorsqu'il monte dans l'avion. Dans le jargon parachutiste, un saut sans équipement s'appelle « saut de sénateur » ou « à poil » !

Le premier parachutiste d'une file (stick ou câble) peut être précédé d'un colis parachuté de 50 à 80 kg. Ce parachutiste est chargé de localiser le colis à l'atterrissage. De manière similaire, un colis peut être également largué à la suite du dernier homme.

La descente

La vitesse de largage d'avion est de l'ordre de 200 km/h ce qui, pour un délai d'une seconde entre deux hommes, se traduit par un écart de 50 m une fois le parachute ouvert. Dans le cas d'un avion doté de deux portes, le saut opérationnel se fait simultanément par les deux portes, ce qui fait que l'écart théorique entre deux parachutistes est de l'ordre de 25 m. En pratique, il y a parfois des collisions et les parachutistes militaires sont entraînés à les éviter ou à y faire face.

La vitesse de descente est de 5 à 6 m/s (8 avec uniquement le parachute de réserve). La vitesse de descente ne correspond toutefois pas à la vitesse d'atterrissage car il faut tenir compte également de la vitesse du vent. Ainsi la vitesse d'atterrissage peut varier entre 18 km/h (vent nul) et 34 km/h (vent de 30 km/h).

La hauteur (et non l'altitude) de largage normale est de 400 m. L'abaissement, c'est-à-dire la perte de hauteur nécessaire à l'ouverture du parachute est de 50 m. La durée de la descente est de moins d'une minute. Dans certaines situations opérationnelles, le largage peut s'effectuer à 200 m mais l'utilisation du parachute de secours en cas de dysfonctionnement devient alors aléatoire.

L'utilisation de l'arme pendant la descente n'est que de la fiction cinématographique. La durée du saut (moins de 50 sec), la nécessité de manipuler la voilure pour éviter les accrochages et pour préparer l'atterrissage, le peu d'efficacité et même le danger que poserait pour les autres parachutistes l'utilisation de l'arme pendant la descente rendent cette pratique inopportune. Toutefois, il est utile, pour le parachutiste de pouvoir disposer rapidement de son arme après l'atterrissage.

La zone de saut

Le largage en masse de parachutistes requiert certaines conditions de terrain. Les zones de saut appelées DZ (de l'anglais Dropping Zone) doivent être suffisamment étendues et ne pas comporter trop d'obstacles (lignes à haute tension, arbres, bâtiments, plans d'eau profonds…). La longueur de la DZ dépend de la longueur du stick (nombre de parachutistes sortant en un passage par une porte). Ainsi, pour un C-130 larguant ses 60 parachutistes (2 sticks de 30) en un seul passage, il faut une DZ de plus de 2 km de long (50 m entre paras d'un même stick + sécurité).

Plusieurs avions peuvent se succéder au-dessus de la même DZ et l'on peut avoir 3 « couches » de parachutistes en l'air en même temps. Le parachutage en mer existe pour les nageurs de combat. Ces derniers utilisent toutefois le plus souvent des parachutes à ouverture commandée.

Parachutage humain avec ouverture commandée

Sauts avec ouverture commandée d'un Hercules C-130 à 25 000 pieds au dessus du désert de l'Arizona de militaires américains lors d'un exercice

Concept

Saut opérationnel d'un GCP du 1er Régiment de Hussards Parachutistes.

Dans le saut à ouverture commandée, c'est le parachutiste qui déclenche l'ouverture de son parachute en tirant sur une poignée. Le parachutiste choisit donc l'altitude à laquelle il ouvre son parachute. Il en découle deux techniques : HAHO ET HALO. Actuellement, les parachutes utilisés sont du type aile car ces parachutes sont beaucoup plus manœuvrables. Le parachutage à ouverture commandée est principalement utilisé par les forces spéciales. Le largage à haute altitude permet plus de discrétion.

Les civils font de la chute libre, les militaires font de la chute opérationnelle. Cette dernière se distingue de la première par une altitude beaucoup plus haute, un saut avec matériel et souvent appareil respiratoire, l'entraînement au saut de nuit. Les appareils de vision nocturne et de navigation (GPS) ont beaucoup facilité ce type de saut.

HAHO

HAHO signifie High Altitude High Opening. Le largage et l'ouverture du parachute se font à haute altitude. Le fait d'ouvrir le parachute à haute altitude permet de « planer » et d'atterrir très loin du point de largage. Ainsi, par exemple, après un saut à 8 000 m, un parachutiste peut parcourir une distance horizontale de plus de 30 km. Le largage peut même se faire à 10 000 m. À partir de 4 000 m, le parachutiste doit être équipé d'oxygène et de « vêtements chauds ». Cette technique permet de faire ce que l'on appelle de « l'infiltration sous voile ». Pendant la descente, les hommes sont reliés entre eux par radio mais ne l'emploient que si nécessaire.

Dérive sous voile de deux chuteurs ops.

HALO

HALO signifie High Altitude Low Opening. Le largage se fait à haute altitude et le parachutiste n'ouvre son parachute qu'après une longue chute libre. Cette technique permet une mise en place très discrète. Alourdis par leur matériel, les chuteurs opérationnels atteignent la vitesse de 65 m/sec (soit 234 km/h) ; ils tirent la poignée à minimum 700 m du sol ce qui donne une ouverture complète du parachute à 600 m. Cette petite marge de sécurité leur permet d'utiliser leur réserve en cas de problème d'ouverture.

HALO Jump Congo Packman Yuma Proving Ground.jpg

Parachutage de matériel et d'approvisionnement

Pour le largage de matériel ou d'approvisionnement, le plancher de l'avion est généralement équipé de rouleaux. Dans ce cas, les matériels ou approvisionnements sont fixés sur des plates-formes, ce qui facilite leur mouvement sur le « tapis roulant » lors de leur largage. La sortie se fait, bien entendu, par l'arrière de l'avion qui est ouvert un peu avant le parachutage.

Il existe différentes techniques pour faire sortir les plates-formes de l'avion. L'avion peut, par exemple, se cabrer et l'extraction se fait alors par gravité. On peut aussi projeter à l'extérieur un parachute extracteur qui tire la charge hors du cargo. Les charges d'un même avion peuvent être reliées temporairement entre elles pour provoquer une extraction en chaîne.

À partir d'un avion C-130, il est ainsi possible de larguer par exemple soit 3 jeeps, soit 2 camionnettes ou 2 blindés légers, soit 16 colis d'une tonne, etc. Les plates-formes sont suspendues à des parachutes de grande taille. Lors de l'arrivée au sol, un système de décrochage permet de libérer automatiquement les voilures afin que celles-ci ne fassent pas basculer la plate-forme.

Une technique spectaculaire et redoutablement efficace est le largage TFH (Très Faible Hauteur) consistant à effectuer un largage à une altitude sol de 2 mètres sans parachute proprement dit mais uniquement un parachute extracteur. Les charges étant disposées sur des pallettes et amorties par des cartons.


Actuellement, on peut utiliser des parachutes rectangulaires (ailes) pour effectuer un largage de matériel avec précision. L'aile est alors téléguidée par un opérateur à partir du sol.

Voir aussi

Articles de Wikipédia

Unités célèbres :

Histoire

Liens externes

Sources

Notes


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