Parce que

Parce que
Parce que
Album par
Daniel Darc
Bill Pritchard
Sortie 1988
Enregistrement 1988 Drapeau de Belgique Belgique
Bruxelles
Durée 31 min 38 s
Genre Rock
Producteur Bill Pritchard
Daniel Darc
Bruno Donini
Label PIAS
Albums de
Daniel Darc
Bill Pritchard
Sous influence divine (1988)
Nijinsky (1989)

Parce que est un album-concept rock interprété par Daniel Darc et Bill Pritchard réalisé et sorti en 1988.

Dans la presse écrite, un entrefilet nota discrètement (pour éviter, sans doute, des sursauts de pruderie) que cet album-concept traitait de l’ambivalence humaine et plus précisément « d’amours ambiguës et nostalgiques »[1].

En frontispice de la pochette : « If you get the chance, destroy your myths by meeting them. »

Sommaire

Les titres / Durée totale : 31 min 38 s

  1. Aimer à nouveau par Daniel 2 min 30 s
  2. Lydia par Bill 2 min 55 s
  3. Seras-tu encore là ? par Daniel 2 min 51 s
  4. Pigalle on a Tuesday is Charming par Bill 1 min 54 s
  5. We Were Lovers par Bill 3 min 20 s
  6. Rien de toi par Daniel 2 min 47 s
  7. Pauvre petite par Bill 1 min 51 s
  8. Je rêve encore de toi par Daniel 2 min 45 s
  9. Catherine par Bill 2 min 20 s
  10. D’autres corps par Daniel 2 min 55 s
  11. Seras-tu encore là ? par Bill 2 min 51 s
  12. Parce que par Daniel 2 min 40 s

Production

Historique

La rencontre

Cet album est né d’une rencontre comme l’explique Daniel Darc : « Bill a demandé à me rencontrer et cela m’a touché. Pour moi, c’est un grand auteur, même si je ne suis pas d’accord avec le son de ses productions. C’est un type hyper sensible, très différent, je l’aime beaucoup. C’est le genre qui n’hésitera pas à arrêter la musique du jour au lendemain pour aider les défavorisés. Je le ferai aussi d’une façon plus violente, je n’hésiterai pas à partir en Afrique du Sud combattre l’apartheid. Je suis heureux de l’avoir rencontré, il est utile. Notre album au départ était avant tout le sien, mais j’étais en studio et il m’a invité. »[2]

Le concept

C’est celui de deux hommes qui, en alternance, témoignent de leurs difficultés face à l’attirance d’autres corps semblables aux leurs jusqu’à provoquer leur malaise. De surcroît, ils sont confrontés aux réactions des autres, voire rejetés lorsqu’ils veulent se confier (Lydia). Pritchard signe toutes les musiques à l’exception d’une adaptation française, par le tandem, d’une chanson de Lou Reed et d’une reprise par Darc d’une chanson d’Aznavour, Parce que, qui décidera du titre de l’album.

La chanson D’autres corps interprétée par Daniel Darc résume assez bien le climat de l’œuvre :

Et dis moi ce qui ne va pas
Est-ce mon corps qui ressemble trop au tien
Et dis-moi ce qui ne va pas
Est-ce mon corps trop comme le tien ?

Mais, encore plus que pour la revendication d'une identité, c'est surtout une plaidoirie pour la libération des corps comme l'exprime Pritchard dans We Were Lovers, peut-être la chanson la plus militante de l'album :

Could be so touching
Waltzing through presto's price checks so perfect?
Jean Genet would be proud to say:
We were lovers
And I think that's worth mentioning.
Devions-nous être touchants
Valsant parmi tous ces étiquetages sommaires si parfaits ?
Jean Genet aurait été fier de dire :
Nous étions amants
Et je pense que cela vaut d’être mentionné.
And those greedy green politicians
Who bed hop
Politically speaking
And censor what is sensual.
Et tous ces blafards politiciens cupides
Qui bondissent de leur lit
Pour venir parler politique
Et censurer ce qui est sensuel.

Dans Paroles & Musique de juin 1989, Archème s’entretient avec Daniel Darc : « Daniel Darc est un activiste qui n’a pas peur des mots lorsqu’il aborde le thème encore tabou de l’homosexualité : Je suis bisexuel et très fier de l’être. Quand j’étais jeune, j’ai fait partie du FHAR (Front homosexuel d'action révolutionnaire) et ce combat est resté important pour moi. Avec Taxi Girl, je me contentais de clins d’œil comme Cherchez le garçon, car je voulais refléter la personnalité du groupe, alors que maintenant je peux m’exprimer sans avoir de compte à rendre. »

La critique

La presse, plus que par le thème, s’émeut davantage du tirage volontairement limité à 3 000 exemplaires de l’album vinyle et le décrète collector dès sa sortie : « Tous deux, à la queue leu leu, discrets, intimes, baladins, égrènent leurs romances sur fond de guitares acoustiques nonchalantes et de synthés diaphanes. Osmose. Ce suave brouillon a été tiré à trois mille exemplaires. Ce sera un collector, bien avant l’ouverture du tunnel sous la Manche. »[3] « Tiré volontairement à 3 000 exemplaires, c'est déjà un collector. Si le climat général manque de variété, l'aspect premier jet brouillon rend le disque attachant et met en valeurs de véritables perles : Je rêve encore de toi, Pigalle on a Tuesday is Charming… D'autant que Pritchard vient relayer Darc au chant où sa voix superbe fait des merveilles. Une histoire de complicité qui sollicite également la complicité de l'auditeur. Une histoire d'amour ? »[1]. C’est peut-être l’hebdomadaire Globe qui écrit la plus sensible critique : « Deux poètes rock se rencontrent dans un café. Aussi timides l’un que l’autre, ils ne se disent pas grand-chose mais lancent l’idée de faire un disque ensemble. Quelques mois plus tard, le disque enfin ouï, on se dit que c’était une bonne idée. La vision extrémiste et d’un romantisme noir de Daniel Darc, l’ancien chanteur de Taxi Girl, l’un des rares rockers qui sache faire chanter le français, et celle de Bill Pritchard, un mélange de Leonard Cohen et de Tom Verlaine, plus « ligne claire » en apparence mais au fond aussi torturée, s’emboîtent comme deux pièces de puzzle. Une douzaine de chansons de Bill Pritchard (si l’on excepte une reprise de Lou Reed et une d’Aznavour !), chantées alternativement par chacun dans une ambiance coin du feu, guitare sèche et chuchotement. Deux vers de Daniel Darc donnent le ton : « Je rêvais de merveilles. J’ai juste trouvé l’ennui. » Bel ennui… »[4]

En conclusion

Mais c’est Bill Pritchard qui aura le mot de la fin : « L’album que Daniel et moi avons enregistré ensemble, Parce que, est lui aussi très simple, j’y suis donc assez fidèle. L’une de mes chansons préférée est Lydia, qui parle de la clause 28, la clause qui interdit d’afficher son homosexualité, c’est le début de la censure à une échelle très dangereuse, car ça limite la liberté d’expression des gens… et où est-ce que ça va mener ? Des types comme Kenneth Baker[5] font des déclarations telles que « il faut montrer les convenances aux gens. » C’est tellement victorien, et très effrayant car ça s’intensifie. Cette clause est un pas décisif vers la censure propre à un régime autocratique. C’est incroyable qu’elle soit passée. J’ai essayé de simplifier les choses au maximum pour être le plus clair possible. J’aime beaucoup la version de Daniel, D’autres corps… La pochette de cet album est une bonne imitation de En Vogue de Françoise Hardy, de 1964, les mêmes couleurs délavées, le même lettrage, la photo noir et blanc. »

Le journaliste[6] poursuit :
— On pourrait prendre au premier degré ce que tu chantes dans Lydia, « I admit it I was gay » : « Deux réponses à ça. Premièrement, je me fiche de ce que les gens pensent et deuxièmement, Daniel m’a dit une fois quelque chose de très drôle : « Pourquoi n’es-tu gay que sur disque ? » Je ne commenterai pas, l’ambiguïté est une très belle chose. Tout le monde est gay dans une certaine mesure, que ce soit physiquement ou émotionnellement. Je pense, par exemple, que Cocteau était plus gay émotionnellement que physiquement. »

Articles connexes

Liens externes

Notes

  1. a et b Paroles & Musique, juin 1989.
  2. Les Inrockuptibles, février-mars 1989.
  3. Philippe Barbot, Télérama, mars 1989.
  4. Globe, mars 1989.
  5. Bill s’en prendra directement au gouvernement Thatcher et à tous les extrémistes l’année suivante avec sa chanson Kenneth Baker (album Three Months, Three Weeks & Two Days, 1989).
  6. Christian Fevret des Inrockuptibles de février-mars 1989.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Parce que de Wikipédia en français (auteurs)

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