Paul de Samosate

Paul de Samosate

Paul de Samosate est un religieux chrétien du IIIe siècle, originaire de Samosate (également appelée Antioche de Commagène), une ancienne cité dont les ruines se situent dans l'actuelle province d'Adıyaman, près de l'Euphrate, en Turquie. En 260, il fut élu évêque d'Antioche. Il fut condamné par le concile d'Antioche en 268 ou 269 comme hérétique, et il fut déposé. Mais, soutenu par la reine de Palmyre Zénobie, il fallut attendre 272 et l'intervention de l'empereur romain Aurélien pour que l'évêque Domnus puisse occuper le siège apostolique.

L'hérésie paulinienne

L'hérésie de Paul de Samosate fait l’objet d’un développement dans l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée (VII, XXX). Paul de Samosate s’était mis en marge de l’Église en niant la divinité du Christ, et en faisant un homme par l’intermédiaire duquel Dieu avait parlé. Il avait à Antioche des partisans, les pauliniens (à ne pas pas confondre avec la secte des pauliciens), qui formèrent une secte qui allait perdurer jusqu’à l’époque constantinienne, au début du IVe siècle.

Eusèbe rapporte qu’il fut l’objet de deux conciles en (264 et 268 ou 269), dont le second décida de son excommunication (Histoire ecclésiastique, XXIX, XXX, 1-18). Eusèbe se fait l’écho de l’opinion générale des évêques orthodoxes, en citant le texte d’une lettre adressée par eux à Denys, évêque de Rome, où les mœurs dissolues de Paul sont fustigées : cupidité, il aurait eu un mode de vie fastueux et se serait approprié les biens de l’Église d’Antioche ; orgueil, il aurait demandé des applaudissements et des chants à sa gloire au cours des cérémonies (XXX, 9, 10) ; luxure, il aurait entretenu des concubines pour des orgies (XXX, 12)…

Il faut toutefois se garder de reprendre toutes ces considérations pour certaines, car elles semblent surtout destinées à diaboliser ce personnage qui s’était écarté de la doctrine chrétienne orthodoxe, tandis qu’Eusèbe ne s’étend guère sur le contenu de son « hétérodoxie » (XXIX, 1), qui relevait de l'adoptianisme[1]. Toujours est-il que le synode s’est unanimement prononcé sur son éviction et son remplacement par Domnus (XXX, 17, 18). Décision ignorée par l’évêque hérétique, qui, exerçant la charge financière importante de Ducenarius (XXX, 8), pour le compte des princes de Palmyre, n’avait que faire des condamnations de la toute jeune, et peu influente, Église. Il décida donc de ne pas céder la maison épiscopale (XXX, 19).

Le jugement d'Aurélien et l'expulsion de Paul

Antioche débarrassée de la présence palmyrénienne, à la suite de la première campagne d'Orient d'Aurélien (été 272), les chrétiens purent faire appliquer leurs revendications. Voici ce que dit Eusèbe de la décision d’Aurélien : « L’empereur Aurélien à qui l’on s’adressa prit une décision très favorable sur la conduite à tenir : il ordonna que la maison fut attribuée à ceux avec qui correspondaient les évêques de la doctrine chrétienne en Italie et dans la ville de Rome. C’est ainsi que l’homme susmentionné est chassé de l’Église avec la dernière honte par le pouvoir séculier. »

Cette décision d’Aurélien a fait l’objet de maintes interprétations, plus ou moins satisfaisantes. L’empereur a exercé ici son pouvoir légal de justice, à la demande d’un certain nombre de citoyens présents à Antioche. En effet, Zosime précise (Histoire nouvelle, LII, 2), qu’Aurélien avait « réglé les problèmes en suspens dans cette ville » avant de faire route vers Émèse. Domnus et ses amis étaient des citoyens comme les autres, qui avaient en tant que tel le droit de faire appel à l’empereur pour une décision de justice, sa présence dans la ville étant une occasion inespérée. Quant à la reconnaissance de l’autorité du synode orthodoxe pour la nomination des évêques, elle était tout à fait explicable dans le cadre de l’édit de tolérance de Gallien, qui reconnaissait aux chrétiens le droit d’exercer leur culte. Pour certains, Aurélien s’est contenté de reconnaître en ce domaine la validité de la décision de la majorité, pour d'autres[2], il considérait l'épiscopat italien et romain comme le garant de l'orthodoxie chrétienne.

Notes et références

  1. J.-M. Le Mayeur et al., Histoire du Christianisme, tome 2 : Naissance d'une chrétienté, Desclée, 1995, p. 86-89.
  2. Marcel Simon-André Benoit, Le Judaïsme et le Christianisme antique, Nouvelle Clio, PUF, 1968.

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