Periode iconoclaste de l'histoire byzantine

Periode iconoclaste de l'histoire byzantine

Période iconoclaste de l'histoire byzantine

La période iconoclaste s'étend sur tout le VIIIe siècle. Pour l'empire byzantin, c'est une période de crise, interne et externe, l'empire devant faire face à plusieurs envahisseurs, Arabes à l'Est et Bulgares à l'Ouest. Face à ces dangers, les empereurs byzantins interdisent le culte des icônes, afin que l'empire s'unisse derrière un seul signe, le chrisme, symbole de la victoire donnée au fondateur de Constantinople, Constantin Ier. Cette politique, qui suscite des résistances extrêmement fortes, est abandonnée à la fin du siècle, devant le recul des menaces extérieures.

Sommaire

La crise du début du VIIIe siècle

Justinien II, dernier représentant de la dynastie des Héraclides, disparaît en 711. Trois empereurs (basileis) se succèdent les six années suivantes, au cours desquelles les Bulgares avancent jusqu'à Constantinople avant d'être repoussés. Puis un nouveau basileus s'empare du pouvoir en 717, juste avant que les Sarrasins ne mettent le siège une deuxième fois devant Constantinople. Cette fois le blocus est total, mais Léon III a eu le temps de se préparer et après des pertes considérables, les Sarrasins lèvent le siège en 718. Les hostilités se poursuivent en Anatolie, mais le danger est repoussé. C'est alors qu'en 726, Léon III fait retirer l'icône vénérée de la porte de Chalké représentant le Christ et en 730, il décrète la destruction de toutes les icônes. La querelle des images, qui est condamnée aussitôt par le pape Grégoire II va profondément modifier les rapports entre Rome et Constantinople. Le pape Grégoire III réitère la condamnation de son prédécesseur à l'issue d'un Concile romain en 731.

Dès lors, les affaires intérieures de l'empire byzantin sont essentiellement occupées par ce problème, chacun se déterminant en fonction de ses préférences politiques en faveur (iconophiles ou iconodoules) ou contre le culte des icônes (iconoclastes).

Le siècle iconoclaste

Constantin V, dont le début de règne est troublé par un usurpateur iconophile, poursuit la politique iconoclaste de son père avec encore plus de détermination et d'acharnement. Il se livre à des persécutions et des exécutions jusque dans les cercles du pouvoir. Néanmoins, il est un grand meneur d'hommes et, en Orient, il remporte de nombreuses victoires sur les Sarrasins. Puis, finalement, en 750, la dynastie Abbasside s'empare du pouvoir à Damas et transfère la capitale arabe à Bagdad. Constantin V peut ensuite se concentrer sur la Bulgarie où, là encore, il remporte de nombreuses victoires. Mais, s'il conforte les frontières de l'empire en Orient, il se désintéresse totalement de l'Italie. En 751, il ne fait rien pour empêcher les Lombards de s'emparer de l'exarchat de Ravenne. Si bien que le pape, se cherchant un nouveau protecteur, couronne le roi franc Pépin le Bref en 754. En retour, celui-ci lui offre en 756 l'ancien exarchat repris aux Lombards. Et, tandis que les possessions byzantines en Occident se réduisent au sud grécisé de l'Italie, Constantin V réunit en 754 le Concile de Hiéreia pour faire approuver l'iconoclasme. Le fossé d'incompréhension entre Rome et Constantinople s'élargit encore.

La détente iconophile

L'iconoclasme connaît son paroxysme avec Constantin V. Le règne de son fils Léon IV est celui de l'apaisement. Bien qu'il ordonne quelques châtiments exemplaires, le temps des persécutions cruelles et acharnées est révolu. Mais Léon IV est surtout sous l'influence de son épouse Irène et, à sa mort en 780, celle-ci assure la régence de l'empire au nom de leur fils Constantin VI. Irène était notoirement iconophile et, avec elle, la politique change totalement. En 787, elle réussit à faire condamner l'iconoclasme lors d'un concile réunit à Nicée, cela malgré l'opposition d'une partie de l'armée encore attachée au souvenir glorieux de Constantin V.

Car entre-temps, l'armée byzantine essuie des défaites humiliantes. En 781, les Abbassides, qui ont rétabli la prospérité à Bagdad, prennent l'offensive sur la frontière anatolienne, contraignant l'empire à leur verser un tribut. Le rétablissement des images sous la régence d'Irène s'accompagne d'une profonde crise qui tient en événements retentissants. En 797, suite à la déposition de son fils, Irène devient la première femme basileus de plein droit. Puis le jour de Noël de l'an 800, le pape Léon III couronne empereur le roi franc Charles le Grand. L'influence de Byzance est gravement ébranlée en Occident et finalement, Irène est destituée en 802.

Son successeur Nicéphore Ier, qui maintient la ligne iconophile d'Irène, n'a de cesse de restaurer les finances et la puissance de l'empire. Après une nouvelle défaite humiliante contre les Arabes en 806, la mort du calife Haroun al Rachid en 809 permet à Nicéphore de se tourner vers les Balkans. Il entreprend une politique de colonisation du Péloponnèse, après plus de deux siècles de domination slave, puis cherche à soumettre la Bulgarie. Mais, malgré une supériorité certaine au début, l'armée byzantine est prise au piège et totalement massacrée en 811 par l'armée de Kroum, le basileus comptant parmi les victimes. Son fils Staurakios, grièvement blessé au cours de la bataille, est acclamé empereur, mais son état ne lui permet pas d'exercer son autorité. Son beau-frère Michel Rangabé lui succède cette même année 811. Celui-ci est resté dans l'histoire pour avoir été celui qui a reconnu à Charlemagne la qualité de basileus en 812. Après une lourde défaite face aux Bulgares, il est renversé en 813. L'armée de Kroum arrive sous les murs de Constantinople.

Le second iconoclasme (813-843)

Léon V l'Arménien est couronné cinq jours avant le siège des Bulgares. L'armée du khan, qui ne pouvait rien contre les puissantes fortifications de Constantinople, dévaste la région alentour. Lorsqu'enfin l'empire est délivré de la menace de Kroum, le nouveau basileus entame aussitôt une politique iconoclaste encore plus sévère que la première. De nouvelles persécutions ont lieu qui ne durent guère puisqu'en 820, Léon V est assassiné suite à la conspiration de son ancien compagnon d'arme Michel d'Armorium. Michel II, fondateur de la dynastie d'Amorium, poursuit la politique de Léon, mais ses persécutions sont surtout dirigées contre le clergé régulier. Son règne est marqué par le soulèvement d'une guerre civile, menée par un Slave du nom de Thomas soutenu financièrement par le calife. Les rebelles avancent jusqu'aux murs de Constantinople fin 821 et le siège n'est repoussé qu'au bout d'un an, grâce au soutien des Bulgares. Thomas est finalement vaincu l'année suivante. Mais l'empire est afflaibli si bien qu'il est incapable de résister à la colonisation de la Crète, vers 825, et de la Sicile, en 827, par les Sarrasins.

À la mort de Michel II, son fils Théophile décide de privilégier une politique modérée sur le plan religieux. Les images demeurent officiellement interdites et continuent à être détruites en nombre, mais le peuple n'est plus victime de persécution. Durant son règne, Théophile n'aura de cesse, quelquefois malgré lui, de combattre les Arabes dont il admire pourtant la culture, tantôt remportant des victoires, tantôt essuyant des défaites. Mais en 838, le calife Al-Mutasim lance une vaste offensive qui le conduit jusqu'à Amorium qu'il assiège. La ville tombe à la fin de l'année et la population est massacrée. Cette défaite provoque la consternation car Amorium était la place la plus forte d'Anatolie, et dès lors, plus rien ne s'oppose à l'avancée du calife. L'empereur va jusqu'à réclamer le soutien du royaume franc. Finalement, le calife meurt en 842, de même que Théophile la même année. Le siège d'Amorium est la dernière bataille où les Arabes mettront en péril l'existence de l'empire byzantin, une époque s'achève.

La restauration des images

Il était devenu d'usage de couronner l'épouse de l'empereur, impératrice associée. Ainsi, bien qu'elle n'assure que la régence de l'empire, l'impératrice Théodora dispose de suffisamment d'autorité pour mener la politique comme elle l'entend. Immédiatement, elle décide de tout faire pour mettre un terme à l'iconoclasme. C'est ainsi qu'elle réunit un concile l'année suivante, en 843, qui confirme sans surprise les canons de celui de 787. Sur le plan militaire, les Byzantins réinvestissent la Crète et l'Anatolie, l'âge d'or de l'empire byzantin commence.

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