Perle

Perle
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Collier de perles.

Les perles sont de petites billes, généralement de couleur blanche, créées par certains mollusques, principalement les huîtres. Quand un objet irritant passe à l'intérieur de la coquille, l'animal réagit en entourant l'objet d'une couche de carbonate de calcium CaCO3 sous la forme d'aragonite ou de calcite. Ce mélange est appelé nacre.

Autrefois uniquement obtenues par le hasard, les perles font aujourd'hui l'objet d'une culture (perliculture). Elle a été mise au point par les Japonais du début du XXe siècle aux années 1970. Depuis, le secret de leur technique s'est répandu dans tous les archipels de l'océan Pacifique, et la Polynésie française est le principal producteur.

Sommaire

Biochimie

La nacre est un carbonate de calcium cristallisé sous forme orthorhombique (maille parallélépipédique) formant des cristaux d'aragonite. Ces cristaux se forment sur un substrat de protéines et de sucres complexes qui lui confère une grande solidité. Il s'agit, de fait, d'une bio-minéralisation, qui peut servir de mécanisme de défense vis-à-vis de l'intrusion d'un corps étranger[1].

La qualité esthétique de la perle dépend de l'épaisseur de la nacre (plus importante lorsque la perle est naturelle) mais aussi de la régularité de la cristallisation. Sa coloration est probablement multifactorielle (par ex. race et nutrition de l'huitre).

Histoire de la perle

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Joaillerie

Les perles sont utilisées pour confectionner des bijoux depuis l'Antiquité ; elles étaient appelées les larmes d'Aphrodite. Les familles romaines qui en avaient les moyens achetaient à leurs filles une ou deux perles chaque année, afin qu'elles aient un collier complet à leur majorité.

Elles doivent leur brillance iridescente (proche de l'arc-en-ciel) à la réflexion et à la réfraction des couches superficielles translucides de nacre. La brillance est d'autant plus fine que les couches sont plus fines et nombreuses. Cette couleur caractéristique "arc-en-ciel" est appelée orient de la perle.

Les perles sont souvent blanches, parfois avec une teinte crème ou rose, mais peuvent être teintées en jaune, vert, bleu, marron ou noir. Les perles noires sont très chères car très rares ; leur production augmente toutefois sensiblement, notamment en provenance de Polynésie.

La valeur des perles est déterminée par leur brillance, leur couleur, leur taille, et leur symétrie. La brillance (ou lustre de la perle) est le plus important des critères pour juger de la qualité d'une perle, surtout pour les joailliers, mais plus la perle est grosse, plus elle se vend cher. Les grosses perles parfaitement rondes sont très rares, et très recherchées pour des colliers à plusieurs rangs.

Les perles sont divisées en huit formes de base : rondes, semi-rondes, bouton, larme, poire, ovale, baroque (irrégulière), et baguée. Les perles parfaitement rondes sont les plus rares et les plus chères, et montées sur des colliers, ou de simples rangs de perles. Les perles en forme de larmes sont plus utilisées en pendants (d'oreilles ou de cou) ; les perles irrégulières sont le plus souvent utilisées dans des colliers ou des pièces de joaillerie où la forme irrégulière peut être cachée, et laisser croire à une perle parfaitement ronde. Les perles bouton sont légèrement aplaties autour de la perle, et peuvent être utilisées pour des colliers, ou pour des pendants ou des boucles d'oreille, où la partie arrière de la boucle est cachée, ce qui permet de laisser croire à une perle plus grosse et ronde. Les perles en larme et en poire sont utilisées dans les boucles d'oreille, ou comme perle centrale du collier. Les perles baroques, totalement irrégulières, ont parfois une forme intéressante qui permet de les monter en collier. Les perles baguées sont caractérisées par les arêtes concentriques autour du corps de la perle.

Les perles sont également divisées en quatre catégories en fonction de leur symétrie :

  • A : 0 à 10% d'imperfections à la surface
  • B : 10 à 25% d'imperfections à la surface
  • C : 25 à 50% d'imperfections à la surface
  • D : plus de 50% d'imperfections à la surface

Les perles sont pesées en grains ; un grain de joaillier vaut 0,05 grammes (avant la Révolution française, 0,053 grammes). Il y a 75 grains dans un momme (3,75 grammes). .

Culture des perles

Les premiers essais de culture des perles sont anciens : les Chinois introduisaient des statuettes de Bouddha dans les huîtres en guise de nucléus, les Araméens de petites figurines en terre cuite représentant des animaux[réf. nécessaire]. Le Suédois Carl von Linné et un Français font des essais, mais ce sont les Japonais To Kichi Nishikawa, Tatsuhei Mise et surtout Kokichi Mikimoto (1858-1954) qui réussissent à mettre la technique au point, et en font une industrie.

Beaucoup d'huîtres meurent après la greffe : environ dix pour cent immédiatement, et dix pour cent dans les deux ans. Un tiers des huîtres rejettent le nucléus et la nacre sécrétée par le greffon forme alors un keshi (graine de pavot en japonais), une sorte de perle manquée. Un cinquième des huîtres greffées produisent une perle inutilisable. Sur les trente pour cent de greffons donnant une perle utilisable, seul un pour cent font des perles parfaites.

Dans certaines variétés d'huîtres, on pose un noyau contre la coquille : c'est le mabé, une demi-perle enchâssée dans de la nacre. C'est Coco Chanel qui rendit ces mabés « populaires », montés en boucles d'oreille. Des recherches récentes ont permis de mettre au point une variété de mabés dont le noyau est scupté connus sous le nom d'Icônes de Tahiti. Ces gemmes sont cultivés en un temps record de 3 à 4 mois avec un taux de réussite allant jusqu'à 80%.

Perles d'Akoya

Ce sont les perles de culture de tradition japonaise (mais il commence à s'en produire plus en Chine). Elles sont obtenues depuis plus d'un siècle par introduction d'un greffon dans des huîtres de mer, et font entre 2 et 9 mm de diamètre. Elles sont naturellement jaunes, vertes et crèmes, mais sont retraitées pour devenir champagne, blanches ou argentées.

Perles d'Australie (ou des Mers du Sud)

Elles sont parmi les plus solides et les plus grosses (le record est détenu par une perle de près de 3 centimètres de diamètre). Elles aussi obtenues selon la technique japonaise, et ont une grande variété de teintes (plus foncées en Australie et dans le Pacifique). (Variété Pinctada Maxima).

Perle de Tahiti, Mabé, Keshi et Icônes de Tahiti

Perles de Tahiti
Mabé

La culture des perles produites par la variété margaritifera de Polynésie a fait l'objet d'essais depuis les années 1920, mais c'est à partir de 1965, et grâce à l'aide de spécialistes japonais, qu'elle s'est vraiment développée. La perliculture constitue aujourd'hui une activité importante en Polynésie française, pratiquée dans les fermes perlières.

Les huîtres de Polynésie, variété pinctada margaritifera, forment des perles dites "perles noires de Tahiti", qui est une AOC, dont les tons nacrés varient du vert à des coloris plus sombres ou plus clairs, en passant par des teintes tirant vers le violet. Le Japon en est le principal marché de consommateurs.

Lors de la greffe, la poche reproductrice de l'huître est incisée pour y déposer un petit morceau du manteau d'une autre huître. Les cellules issues de ce greffon de manteau se développent ensuite et tapissent la poche reproductrice. Ce sont ces cellules qui sécrètent la nacre qui forme habituellement la coquille. En même temps que ce greffon, un petit nucléus sphérique est introduit, généralement un morceau de coquillage, qui sert de noyau aux sécrétions du greffon qui forme plus tard une perle. Certains barèmes de qualités fixent que le nucléus devrait être recouvert d'une couche de nacre d'un minimum de 0,8 mm. Les taux de mortalité après greffes varient en fonction des exploitations et de l'expérience du greffeur, mais des taux de réussite habituels tournent aux alentours de 25 à 30 %.

Historiquement, des greffeurs Japonais étaient engagés lors des courtes périodes de greffe. Protégeant le secret de leurs techniques, ils entouraient leur travail de précautions, mais ces techniques furent néanmoins apprises par des Polynésiens. Il existe maintenant de nombreux greffeurs autochtones, et une école de greffe forme aujourd'hui de jeunes Polynésiens. Des greffeurs originaires de Chine, moins chers que leur confrères japonais, sont également régulièrement engagés.

Le Mabé se différencie de la perle par le procédé de fabrication. Au lieu de greffer l'huitre en y insérant un nucleus dans la poche reproductrice, un implant est collé à l'intérieur de la coquille de la nacre. Ainsi, le Mabé est récolté après qu'une couche de nacre l'ai recouvert. Contrairement à la perle qui, une fois récoltée laisse la possibilité de refaire une deuxième greffe, l'extraction du Mabé ne peut être faite qu'en le découpant de la nacre donc en sacrifiant l'animal.

A l'origine, les mabés n'étaient réalisés que sous des formes simples (larmes, cœurs, ...) comme le montre l'illustation. Mais récemment, grâce à de nouvelles technologies mises au point par Paul Cross[2], un spécialiste Californien de la perle de Tahiti, nous pouvons voir apparaitre toute une variété de motifs défiants l'imagination. Le premier né de cette nouvelle génération de mabés, connus aussi sous le nom d'Icones de Tahiti, fut un mabé en forme du caractère de Disney, Mickey produit en 1998 ([3]. Mais très rapidement, une diversité d'autres présentations ont vu le jour. On peut trouver ainsi des mabés en forme de dent de requins, de coquillages et même l'Oscar de Hollywood y a vu le jour.

Perles d'eau douce (ou de Chine)

Elles sont cultivées depuis le XIIIe siècle en Chine, par l'introduction de boue ou de bois, ou de perles ratées, dans des moules d'eau douce. Les qualités sont très variables, de laiteuse ou même sans éclat à brillante. Les tailles obtenues varient entre 2 et 13 mm de diamètre. La production annuelle atteint 800 tonnes.

Les perles d'eau douce ont connu une grande popularité grâce à leur variété en couleur et forme, à leur abondance et à leur prix très intéressant. Leur taille varie en général de 2 à 13 mm. On en trouve des ternes, des laiteuses, d'autres qui ont un poli soyeux d'autres encore qui sont brillantes.

Perles célèbres

  • Perle Régente ;
  • Perle Pérégrine : ayant appartenu à Philippe II d'Espagne et offerte par Richard Burton à Liz Taylor ;
  • Perle la Pélégrina : perle ovale de 58,50 carats, trouvée au XVe siècle dans le Golfe Persique ;
  • la Perle d'Allah : découverte en 1934 aux Philippines dans un tridacne, la plus grosse de toutes, elle pesait 6,4 kilogrammes (128 000 grains) et avait un diamètre moyen de 24 cm ;
  • la Arco Valley Pearl : 2301 grains (78 x 41 x 35 mm), de forme baroque aurait été offerte à Marco Polo par l'Empereur de Chine. Elle est actuellement en France.
  • la Perle d'Asie : 2300 grains (115 grammes) ;
  • la Hope : 1700 grains (85 grammes), mais irrégulière ;
  • la Reine des Perles : 109 grains, appartenait à la Couronne de France, disparue en 1792 ;
  • la Croix du Sud  : assemblage de neuf perles en forme de croix, trouvé en 1874 en Australie.

Au cinéma

  • Les Perles de la couronne (Sacha Guitry, 1937) est un film de fiction dont l'histoire est celle d'un collier composé de sept perles fines. Véritable défilé d'acteurs incarnant des personnages historiques importants, ce long métrage nous narre l'histoire de chacune des perles.

Notes et références

  1. Milet C, Les perles, de l'huître au bijou, Pour la Science, 2007, janvier 2008, p60-64
  2. http://www.americanbiogem.com/
  3. La Jolla Village News, Vol 4 No 1 du 12 Novembre 1998

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