Peshitta

Peshitta

La Peshitta (syriaque (araméen): ܦ ܹ ܫ ܝ ܼ ܛ ܵ ܐ) est la plus ancienne traduction syriaque de l'Ancien et du Nouveau Testament. L'Ancien Testament de la Peshitta a été traduit de l'Hébreu, À l'exception du Diatessaron, le Nouveau Testament de la Peshitta a été traduit du grec (bien que cela soit contesté par quelques chercheurs). Avant la traduction du Ve siècle que nous connaissons aujourd'hui, il est probable que le Nouveau Testament de la Peshitta était assez différent de l'actuel.

La sixième béatitude (Matthieu 5:8) d'une bible en syriaque oriental (peshitta).
Tuvayhon l'aylên dadkên blebhon: dhenon nehzon l'alâhâ.
'Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu!'

Sommaire

La dénomination « Peshitta »

Le terme «Peshitta» est dérivé du syriaque "mappaqtâ pšîṭtâ" (ܡܦܩܬܐ ܦܫܝܛܬܐ), qui signifie littéralement "version simple". Toutefois, il est également possible de traduire "pšîṭtâ" par «commun» (vulgate) (qui est faite pour tous), ou par «directe», mais la traduction habituelle est: «la simple». Son homologue arabe est البسيطة "Al-Basîṭah", qui veut également dire « le simple ».

Peshitta (la simple) s'oppose clairement à l'Hexapla d'Origène, mettant en correspondance plusieurs versions de la Bible[1]. L'œuvre d'Origène qui comportait quatre colonnes de différentes traductions en grec, une colonne de la Bible en Hébreu et une colonne où le texte Hébreu était translitéré en caractères Grecs a en effet été traduite en syriaque au VIIe siècle. On ignore de quand date le terme Peshitta, il apparaît pour la première fois chez Moïse de Khorène[2] qui écrivait en Arménien, puis chez Gregory bar Hebræus (XIII° s.)[3],[1].

Le Syriaque est un dialecte, ou un groupe de dialectes, appartenant à l'Araméen. Le nom de Peshitta transcrit de l'alphabet syriaque en alphabet Latin a été écrit de différentes façons: Peshitta, Pshitta, Pšittâ, Pshitto, Fshitto. Elles sont toutes acceptables, mais «Peshitta» est l'orthographe la plus classique.

Datation de la traduction en syriaque

Toutefois la version syriaque de la Bible est bien plus ancienne que la dénomination "Peshitta", ainsi Méliton de Sardes, qui vivait au IIe siècle, parle d'une version syriaque de l'Ancien Testament. Méliton de Sardes s'était rendu en Palestine pour effectuer des recherches sur la Bible hébraïque, vers l'année 170[4]. La future Peshitta est aussi souvent mentionnée par les Pères de l'Église du IVe siècle, comme saint Augustin, saint Jean Chrysostome et d'autres. Il en est de même pour Éphrem le Syrien qui naquit à Nisibe et vécut à Édesse au IVe siècle[5].

Pour Moïse de Khorène ainsi que différentes traditions juives ou chrétiennes, la Peshitta aurait été traduite sur l'ordre de Abgar V. En fait, il s'agit plutôt de l'époque à laquelle les textes juifs qui constitueront la bible par la suite, ont commencé à être traduits en syriaque (dialecte de l'araméen). Des recherches ont montré que la version syriaque, même celle de l'Ancien Testament, n'a été faite ni par un traducteur unique, ni à un moment donné, mais que la traduction de tous les textes s'est prolongée pendant plusieurs siècles.

Selon la Jewish Encyclopedia, « la tradition qui relie cette traduction avec Abgar, roi d'Édesse, est la plus probable[6]. » D'après l'historien chrétien Bar-Hebraeus, Abgar aurait envoyé des hommes en Palestine pour traduire la Bible en Syriaque[7]. Les cinq premiers livres de la Bible (la Torah) pourraient avoir été traduits sous les ordres du roi Abgar. Pour la Jewish Encyclopedia, Wichelhaus[8] fut le premier à identifier Abgarus (Abgar) avec Izatès, roi d'Adiabène. L'argumentation de Wichelhaus est fondé sur le compte rendu d'Abgarus (Abgar) donné par Moïse de Khorène, qui affirme que le père d'Abgar a été appelé Monobaze, et sa mère Hélène[9]. On trouve le même type d'affirmations chez Léroubna d'Édesse[10], toutefois cette identification est contestée. Des indications de ces deux historiens antiques, on peut retenir que les Monobaze étaient des Abgar, ce qui est confirmé par d'autres éléments.

Pour la Jewish Encyclopedia, ces deux sources sont en accord avec ce qu'écrit Flavius Josèphe lorsqu'il dit qu'Izatès a envoyé ses cinq fils à Jérusalem pour étudier la langue Hébraïque et recevoir une éducation Juive[11],[9].

Influence de la Septante

Le travail de traduction a continué jusqu'au quatrième siècle. Au temps d'Ephrem le Syrien toute la Bible avait été rendue en syriaque.

Selon la Jewish Encyclopedia, la Peshitta a été traduite directement de l'Hébreu, conformément à la tradition juive en cours en Palestine. Mais comme cette traduction est une collection de versions populaires, il était inévitable que plusieurs parties de l'Ancien Testament soient influencées par la Septante. Dans le Pentateuque (Torah), le Livre de la Genèse est plus fortement influencé par la Septante que les quatre autres livres, pourtant cela ne prouve pas que l'ensemble du Pentateuque n'a pas été traduit par un seul homme. Si Ezéchiel et les Proverbes sont étroitement en accord avec la version juive Araméenne (Targum), les douze petits prophètes quant à eux suivent la version de la Septante.

La traduction des Chroniques est en partie midrashique et semble être d'une époque beaucoup plus tardive, car elle diffère beaucoup de celle des autres livres[12].

Nouveau Testament

Folio 13v des Évangiles de Rabula présentant une miniature de l'Ascension.

Une des plus anciennes versions connues du Nouveau Testament est écrite en syriaque (Bible dite peshitta ou peshittô, toujours en usage dans certaines églises orientales) datant du Ve siècle. Elle aurait été traduite à partir de la version grecque écrite en Koinè, (la plus ancienne qui soit connue) par Rabbula, évêque d'Édesse (411-435), et publiée sous son autorité comme substitut au Diatessaron, un évangile écrit en syriaque (probablement à Édesse) par Tatien le Syrien, dans la seconde partie du IIe siècle[13].

Articles détaillés : Tatien le Syrien et Diatessaron.

Dans cette version du Nouveau Testament, par rapport aux versions que nous connaissons aujourd'hui, certains passages font défaut. Il manque notamment dans l'Évangile selon Luc (les versets 17 à 18 du chapitre 22) et dans les Actes des Apôtres (verset 37 chapitre 8 ; verset 34 chapitre 15 ; verset 29 chapitre 28). Ces manques sont souvent qualifiés d'omissions par les autorités ecclésiastiques. Plus que des omissions, il s'agit vraisemblablement de l'état dans lequel se trouvait le texte de référence à l'époque de Rabbula d'Édesse (mort en 435). On imagine mal comment Rabbula qui avait justement pour mission de faire entrer le christianisme syriaque dans le cadre de l'orthodoxie de l'Église aurait pu prendre l'initiative d'omettre ces passages, ni quels motifs aurait pu le guider. Le Nouveau Testament de la Peshitta est donc une précieuse indication sur l'état du texte de référence au Ve siècle.

Rabula interdit l'usage du Diatessaron dans les églises et le remplaça par sa traduction en syriaque des quatre évangiles canoniques[13].

La langue des évangiles

Une controverse existe à propos de la langue originale des Évangiles. Les plus anciennes versions des Évangiles que nous connaissons, sont écrites en grec et datent du IVe siècle. Des fragments d'évangiles en Grec et en Copte datant du IIe siècle ont été retrouvés. Une très faible partie des spécialistes pensent que le Nouveau Testament en grec provient de la traduction de textes syriaques antérieurs. L'immense majorité des spécialistes estiment que la première version écrite du Nouveau Testament a directement été rédigée en grec. Le grec sémitisant employé n'étant que l'expression de la culture des rédacteurs et peut-être une indication de la région dans laquelle ces textes ont été écrits. À noter que, dans l'évangile de Marc, des mots et des expressions prononcés par Jésus sont en araméen (voir spécifiquement en Syriaque). Jésus, qui s'adressait en araméen aux Galiléens, devait néanmoins enseigner en hébreu, la langue de la Bible parlée à la synagogue comme au temple de Jérusalem.

On peut aussi noter que Jésus s'adresse directement à Pilate sans l'intermédiaire d'un interprète, ainsi qu'à plusieurs Romains ou à des gens présentés comme grecs (Évangile attribué à Jean). Selon les Évangiles, Jésus parlait donc aussi le Grec (voire le Latin).

Avec le Grec[14] et le Copte, le Syriaque est une langue par laquelle le christianisme, dans ses versions judéo-chrétiennes (nazaréenne, ébionite ou elkasaïte) s'est très tôt répandu au Moyen Orient.

Les versions en latin sont apparues plus tard.

Les plus anciennes copies de la Peshitta

Les deux versions les plus anciennes de la Peshitta qui ont été découvertes sont:

Notes et Références

  1. a et b (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn : Introduction
  2. Moïse de Khorène est un chrétien d'Arménie qui a vécu à une date indéterminée entre le IVe et le IXe siècle. Aucun consensus ne s'est encore dégagé pour dater plus précisément ses écrits.
  3. Gregory bar Hebræus dans la préface de son "Auẓar Raze", et dans son "Historia Dynastiarum", ed. Pocock, p. 100
  4. Robin Lane Fox, Paï̈ens et chrétiens: la religion et la vie religieuse dans l'Empire romain de la mort de Commode au concile de Nicée, éd. Presses Universitaires du Mirail, 1997, p.493 extrait en ligne
  5. (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : Introduction
  6. (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn : "Traditional Ascription to Abgarus"
  7. Bar-Hebræus, commentaire du Psaume X. Cet auteur étant arabe et originaire des environs d'Édesse, son témoignage est d'autant plus important et semble être indépendant des autres sources.
  8. Wichelhaus, De Novi Testamenti Versione Syriaca Antiqua, pp.  97 et suiv.
  9. a et b (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshitta » sur Jewish Encyclopedia. Consulté le 23 janvier 2011.
  10. Léroubna d'Édesse, « Histoire d'Abgar »
  11. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 3, § 4
  12. (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn : "Influence of the Septuagint"
  13. a et b A.S. Marmadji, Diatessaron de Tatien, traduit de l'arabe, Imprimerie catholique, Beyrouth, 1935,
  14. Pour être plus précis, la langue grecque dont il s'agit, est le Grec véhiculaire des premiers siècles appelé la Koinè

Articles connexes

Bibliographie

Sources

Liens externes


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