Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde

Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde
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Marnix de Sainte-Aldegonde
Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde
Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde

Activités Homme d'État
Militaire
Poète
Polémiste
Théologien
Pédagogue.
Naissance 1538/1540 (?)
Bruxelles
Flag - Low Countries - XVth Century.png  Pays-Bas des Habsbourg
Décès 15 décembre 1598
Leyde
Provinces-Unies Provinces-Unies
Langue d'écriture néerlandais
français
latin
Mouvement Renaissance
Genres Écrits polémiques
Psaumes

Philippe de Marnix, baron de Sainte-Aldegonde, né à Bruxelles en 1538[1] ou 1540[2], mort à Leyde, le 15 décembre 1598, fut à la fois homme d'État, militaire, poète, polémiste, théologien et pédagogue.

Il écrivit en trois langues : le néerlandais, le latin et le français.

Sommaire

Sa biographie

Issu d’une famille noble de Savoye, Marnix étudia vraisemblablement le droit à Louvain, Paris, Dôle et Padoue et sous Jean Calvin et Théodore de Bèze la théologie à Genève. Il était probablement de retour aux Pays-Bas en 1561.

Son histoire est intimement liée avec celle de Calvin. Dès 1565, en tant que calviniste convaincu, il s’engage dans la Révolte des Gueux contre le pouvoir, centralisant, de l’Espagne et rejoigne le Compromis des Nobles qui résultera dans celui de Bréda, dont il devient un des premiers auteurs. Voulant garantir la liberté de conscience, de ce fait s'opposant à l'Inquisition, le Compromis par conséquence se devait d’être rejeté par la gouvernante des Pays-Bas, Marguerite de Parme.

Á l'arrivée du duc d'Albe en 1567, Marnix se voit contraint de quitter le pays pour trouver refuge à Brême et au Lütetzburg, chez le drossart d’Emden, où il écrit son pamphlet De Byencorf der H. Roomsche Kercke, dont la préface est datée de janvier 1569. Il ne revint aux Pays-Bas qu'en 1571. Guillaume de Nassau, prince d'Orange le chargea de missions diplomatiques, militaires et religieuses, l’employant comme diplomate, propagandiste et polémiste. Il le chargea des négociations avec Paris et Londres, et, en 1578, avec la Diète d'Empire. Philippe de Marnix contribua beaucoup à l'édification de l'Université de Leyde et à la pacification de Gand en 1576. En 1583, il sera chargé du poste de Bourgmestre extérieur d'Anvers. En 1584, il défendit la ville pendant treize mois contre le duc de Parme mais, en 1585, dut finalement rendre la ville à Farnèse, à la suite de quoi il se retira des affaires. Après avoir mené une vie retirée cinq ans durant au château West-Souburg en Comté de Zélande, il fut réhabilité. Il reparut comme ambassadeur à Paris en 1590, et vécut ensuite à Leyde, où il sera chargé de la traduction de la Bible en néerlandais pour l’église réformée néerlandaise. De ce dernier projet, l’homme de qui l’adage était « Repos ailleurs » ne put achever qu’un seul livre.

Son œuvre littéraire

Les traités polémiques

Son principal ouvrage, De bijencorf der H. Roomsche Kercke[3], non daté mais datable de 1569, fut publié sous un nom fictif ; celui d’Isaac Rabbotenu de Louvain. Le Bijencorf, appartenant au genre alors très en vogue du pseudo-éloge[4], est aussi et surtout un pamphlet de propagande calviniste très satirique, à la fois pointu et comique, sous forme de « parodie complémentaire » d’un petit ouvrage apologétique de l’église catholique romaine de Gentian Hervet : Missyve oft seyndbrief aende verdoolde van den Christen gheloove de 1566. Cette « missive » est la traduction néerlandaise d’un ouvrage sorti de la presse la même année mais déjà publié en 1561 sous un autre titre : Epistre aux desvoyes de la foy.

Dans son Bijencorf, Marnix fait parler un clerc catholique désireux de faire l'éloge de son Église, et la critique des calvinistes. Mais ce clerc maladroit se prend les pieds dans son propre discours. Au lieu de louer les grands docteurs catholiques (le jésuite Bellarmin, le prédicateur François Panigarole, et le controversiste Gentian Hervet), il dévoile involontairement tous leurs vices et toutes leurs manipulations.

Devenant rapidement un grand succès, le pamphlet de Marnix fut réimprimé, à 22 reprises au moins, et cela jusqu’en l’an 1761. Une première traduction allemande parut en 1576, la seconde en 1579 ; en tout il y en a eu quatre différentes, comme en anglais[5]. L’adaptation élaborée, considérablement élargie, s’étendant sur près de 1.500 pages, qu’en fit Marnix lui-même en langue française, est intitulée : le Tableau des differens de la religion (1599-1605). Le ton de Marnix emprunte à Rabelais, à Erasme et à Henri Estienne.

Le Tableau est également la réponse qu’a formulée Marnix sur l’accueil réservé à son Bijencorf par plusieurs auteurs du camp catholique, tels que les prêtres Martinus Donckanus[6] et Jan Coens, le théologien Joannes Molanus[7], le jésuite Jan David et même le célèbre cardinal Belarminus[8]

Les psaumes

Comme poète, Marnix est connu par ses traductions précises de la Bible et des psaumes, directement de l'hébreu. Het boeck der psalmen Davids, comprenant l’entièreté du livre des psaumes, parut en 1580. Une seconde édition sort en 1591, ainsi que les cantiques scripturaux ; Het boeck der heylige schriftuerlijcke lofsangen.

Rares étaient avant lui les auteurs néerlandophones luthériens et calvinistes de versifications « lyriques » - c’est-à-dire, qui peuvent se chanter - de l’ensemble des psaumes qui traduisirent à partir de l’hébreu. Ainsi, Petrus Dathenus traduisit le psautier entier en rimes d’après celui de Genève, qui est en langue française. Ses versifications rimées ont demeuré populaires et furent chantées dans la République des Sept Pays-Bas-Unis jusqu’en 1773, jusqu’à ce que leurs paroles, mais non leurs mélodies du XVIe siècle, furent remplacées par une nouvelle versification. Cependant, la versification de Marnix ne put plus remplacer celle de Dathenus qui, en peu de temps, étaient devenue fort populaire auprès de la communauté réformée des Provinces-Unies, bien que de toutes les versifications rimées et chantées du psautier, produites aux anciens Pays-Bas au XVIe siècle par des poètes tels que Van Zuylen van Nijevelt, Utenhove, De Heere, Dathenus et Van Haecht, la postérité ait considéré celles de Marnix comme les meilleures.

Autres œuvres

Apologie de l’iconoclasme

En 1567, il publie anonymement sa Vraye narration et apologie des choses passées au Pays-Bas, touchant le fait de la religion. La version antérieure en néerlandais de cette justification de l'iconoclasme, Van de beelden afgheworpen in de Nederlanden in Augusto 1566, n’a été imprimée qu’en 1871.

Un traité sur l’éducation

Outre ses écrits polémiques, Marnix a laissé un traité en latin intitulé « Ratio instituendae iuventutis », de 1583, sur l'éducation des princes et des enfants.

La parenté douteuse de l’hymne national néerlandais

Il serait également l'auteur des paroles du Wilhelmus, l'hymne national néerlandais. Cette attribution traditionnelle est contestée de nos jours, mais remonte aux premières décennies suivant sa mort, car le Wilhelmus figure sous son nom dans un manuscrit datant de 1618[9]. La source la plus ancienne des paroles est un exemplaire du recueil de chansons de gueux que l’on a retrouvé dans la Bibliothèque nationale de France à Paris, non daté mais vraisemblablement, à en juger par son contenu politique qui suit les événements historiques de près, de 1577-1578. Quant à attribuer le Wilhelmus à la célèbre main droite du Taciturne, les philologues de notre temps se montrent plutôt réticents ; la comparaison entre la fameuse chanson de gueux et les œuvres connues de Marnix rend difficile une telle identification sur la base des différences stylistiques.

Appréciation/Réception de l’œuvre

La notoriété de Marnix a été grande dans de nombreux domaines différents. Selon Jan Romein, il a été « le secrétaire de la rébellion » par excellence ; le père spirituel et le propagandiste des calvinistes néerlandais. Pour la littérature néerlandaise, il compte parmi les auteurs les plus importants de son époque. En tant qu’écrivain en langue française et comme disciple accompli d’un Rabelais dans son Tableau, il est très apprécié, notamment par Edgar Quinet et Henri Pirenne[10].

Liste d’œuvres

Armoiries de Philippe de Marnix

Principales sources pour cet article

  • La Joyeuse histoire de Philippe de Marnix, seigneur de Sainte Aldegonde, et de ses amis, par P.-M. Alberdink-Thijm, Paris, Victor Plamé, 1878.
  • Marnix de Sainte Aldegonde, par Edgar Quinet, Paris, 1858 (téléchargeable sur le site Les Classiques des sciences sociales)
  • K. ter Laan, Letterkundig woordenboek voor Noord en Zuid, G.B. van Goor Zonen's Uitgeversmaatschappij, La Haye/Djakarta, 1952, second tirage, pp. 334-335
  • G.J. van Bork & P.J. Verkruijsse (réd.), De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs, Weesp : De Haan, 1985, pp. 373-374.

Etudes littéraires

  • Govaert, Marcel, La Langue et le style de Marnix de Sainte-Aldegonde dans son Tableau des différens de la religion', Bruxelles, 1953, 311 p.
  • La Gorce (de), Mathieu, Une Rhétorique iconoclaste. Ordre et désordre dans le Tableau des différens de la religion de Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde, thèse dactylographiée de l'Université Paris 7 - Denis Diderot, 2004, 730 p.

Divers

À Bruxelles, où se trouvait son berceau, on lui a rendu honneur par trois statues publiques, l’une d’elles faisant partie de l’ensemble architectural et sculptural du Square du Petit Sablon ; une autre orne la façade d’une école communale au quartier des Marolles.

Notes et références

  1. http://openlibrary.org/b/OL20632234M/Emmery-de-Lyere-et-Marnix-de-Sainte-Aldegonde.
  2. http://test.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Philippe-de-Marnix/175177
  3. « La ruche de la sainte église romaine »
  4. Voir : L'Éloge de la Folie d'Érasme
  5. Dont la traduction anglaise de 1589
  6. Prêtre à Amsterdam qui écrivit son Corte Confutatie ende Wederlegginghe van den Biëncorff ; de 1578
  7. Son écrit en latin est de 1570.
  8. Les conférences à ce sujet qu’il fit à Rome, furent publiées de 1581 à 1592.
  9. Il s’agit d’un manuscrit de la collection Simon de Gorter, qui écrivit sous le Wilhelmus « Ghecomponeert ende Ghemaeckt door ionck-heer philips van marnicx heere van sinte aldegonde excellent poeet » (composée et faite par le gentilhomme Philippe de Marnix, Seigneur de Sainte-Aldegonde, excellent poète) ; voir aussi : Le Wilhelmus sur le site Internet literatuurgeschiedenis.nl, avec la page dudit manuscrit.
  10. G.J. van Bork & P.J. Verkruijsse (réd.), De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs, Weesp : De Haan, 1985, pp. 374

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