Pierre-Antoine Antonelle

Pierre-Antoine Antonelle
Pierre-Antoine Antonelle
Pierre-Antoine Antonelle.jpg
Biographie
Date de naissance 17 juin 1747
Lieu de naissance Arles
Date de décès 26 novembre 1817 (à 70 ans)
Lieu de décès Arles
Parti politique Jacobins

Pierre-Antoine Antonelle, né le 17 juin 1747 à Arles où il est mort le 26 novembre 1817, est un officier, journaliste et homme politique français. Aristocrate, il défendit les idées de la Révolution, d’abord à Arles, puis en Provence et à Paris.

Sommaire

Biographie

Ses premières années

Ancienne église Sainte-Croix, aujourd'hui propriété privée.

Issu d’une vieille famille de la noblesse remontant à Henri IV, il a un frère aîné, Jacques-Philippe. Né dans l’hôtel particulier familial de ses parents, le chevalier Pierre-François d’Antonelle, seigneur de Pinet, et Thérèse-Agathe de Sabatier de l’Armellière, Pierre-Antoine d’Antonelle de Saint-Léger est baptisé le lendemain, dans l’église paroissiale de Sainte-Croix.

Le petit Pierre-Antoine ne connaîtra pas son père qui meurt le 31 décembre 1747. Il est donc élevé par sa mère et un proche parent, Joseph-Amédée de Broglie, archevêque d’Angoulême depuis 1753. Mgr de Broglie dirige l’éducation du jeune Antonelle, semble-t-il d’une manière particulièrement rigide, ce qui peut expliquer le futur anticléricalisme de Pierre-Antoine.

À partir de 1762 et jusqu’à 1782, il mène d’abord, sans passion (il démissionnera), la vie de garnison du cadet d’une famille noble et aisée, avec le grade de lieutenant puis de capitaine au régiment de Bassigny-infanterie. Toutefois, il a probablement une réelle capacité d’observation des rigidités sociales de la fin du XVIIIe siècle. Puis à Paris et surtout à son retour dans sa ville natale, de 1782 à 1789, il découvre la philosophie des Lumières des auteurs publiés entre 1740 et 1760.

La période révolutionnaire

À Arles et en Provence

Le Comtat Venaissin et sa capitale Carpentras.

Dès les premiers mois de la Révolution, Antonelle fait une entrée déterminée sur la scène mouvementée locale et devient alors le plus important protagoniste de la Révolution française à Arles.

D’origine aristocratique, il n’en est pas moins le chef des Monnaidiers (partisans de la Révolution et premier maire élu de la ville[1]. Lors de son mandat, entre février 1790 et septembre 1791, il s’oppose dans la cité à l’archevêque Monseigneur du Lau et à ses partisans, les Chiffonistes. Le 23 décembre 1790, assisté d’un ancien procureur royal devenu officier municipal, Ripert, il exécute le décret du 12 juillet en expulsant de Saint-Trophime les chanoines récalcitrants.

Il est chargé par le pouvoir exécutif de se rendre à Avignon pour faciliter la réunion du Comtat à la France, et à Marseille afin d’y calmer l’effervescence des partis. Mais souvent absent d’Arles afin de s’occuper des affaires avignonnaises et comtadines, Antonelle voit le pouvoir municipal lui échapper à partir du 9 juin 1791. Réfugié à Aix-en-Provence, alors que la lutte dans Arles a tourné à l’avantage des Chiffonistes[2], il s’active ensuite sur le plan national.

Auteur d’un Catéchisme du tiers état en 1789 et d’un grand nombre d’écrits et de pamphlets de circonstance, il est élu le 30 août 1791 député des Bouches-du-Rhône avec 370 voix sur 598 votants à l’Assemblée législative[3], dont il devient secrétaire la même année ; il s’illustre par son radicalisme et son anticléricalisme. Le 11 août 1792, il est envoyé en mission à l’armée du Nord, commandée par La Fayette, avec l’ordre de l’arrêter, mais il est lui-même retenu à Mézières par les administrateurs du département des Ardennes jusqu’à la fuite du général.

À Paris

La salle des perdus du Palais de Justice et l’entrée du Tribunal révolutionnaire en 1793.
Orangerie du parc de Saint-Cloud, coup d’État des 18-19 brumaire an VIII. Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint Cloud. 10 novembre 1799 par François Bouchot (1840) Château de Versailles.

À Paris, un nouveau cycle l’entraîne. Il devient président du club des Jacobins, puis, le temps de refuser la mairie de Paris, les événements le portent à accepter les redoutables fonctions de juré au tribunal révolutionnaire. Il siège lors du procès de Marie-Antoinette et de celui des Girondins dont il est le directeur du jury. Mais, montrant quelque hésitation lors de ce second procès[4], il devient suspect aux yeux du gouvernement révolutionnaire, et il est interné à la prison du Luxembourg en mai 1794. Remis en liberté après la chute de Robespierre le 27 juillet 1794, il prend part, lors de l’insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV, à la défense de la Convention, sous les ordres de Napoléon Bonaparte.

De 1795 à 1799, il quitte apparemment le devant de la scène pour devenir ce à quoi tout le préparait : l’un des théoriciens de la République, réfléchissant aux libertés fondamentales. Il publie des Observations sur le Droit de Cité et devient, en novembre 1795, rédacteur du Bulletin politique, organe officieux du Directoire, où il montre trop d’indépendance et se fait renvoyer au bout de dix jours. Par la suite, il collabore au Journal des Hommes Libres[5].

Ayant rejoint à la Conjuration des Égaux, il est nommé le 10 germinal an IV par Gracchus Babeuf, avec lequel il n’est pourtant pas intimement lié, comme l’un des six premiers membres du Directoire secret des Égaux. Lors du procès de Babouvistes devant la Haute-cour de Vendôme, il est acquitté, peut-être grâce à la protection de Barras. L’année suivante, il fonde avec ce dernier le journal le Démocrate constitutionnel et applaudit le coup d'État du 18 fructidor an V, même si Merlin de Thionville tente, en vain, de joindre son nom à la liste des proscrits. Il est élu député par les Bouches-du-Rhône le 21 germinal an VI, mais l’assemblée électorale annule cette élection le lendemain. Hostile au gouvernement, il publie plusieurs libelles au cours de l’été et de l’automne, avant de participer à la fondation du club du Manège en prairial an VII. À la même époque, il est élu député par les collèges électoraux de la Seine et des Bouches-du-Rhône au Conseil des Cinq-Cents, mais son élection n’a pas encore été examinée lorsque survient le coup d'État du 18 brumaire. Validée le 16 messidor an VII sur un rapport de Perrin de la Gironde, elle est annulée le 27 fructidor.

À la suite de ce coup d’État, il est exilé le 25 brumaire[6] en Charente-Inférieure.

La fin de sa vie

Maintes fois inquiété sous la Révolution, il est placé sous surveillance policière sous le Consulat et l’Empire. Dénoncé régulièrement par les rapports du ministère de la Police comme « le principal agent de la faction anarchique dans le Midi », il retourne à Arles, où il mène une existence de plus en plus retirée.

En 1814, il se rallie à la Restauration par haine de l’Empereur et publie le Réveil d’un vieillard, brochure dans laquelle il se prononce en faveur d’une monarchie constitutionnelle.

Sur la fin de sa vie, ayant hérité de la famille de Vinsargues, Antonelle vit à l’abri du besoin. Il se consacre à la gestion de son patrimoine (il est alors la cinquième fortune d’Arles), tout en devenant es moussu d’Antonello, lou capeù a la man , libéral avec ses fermiers et aimé du peuple de la ville d’Arles. À sa mort en 1817, des funérailles civiles[7], suivies par une foule immense, lui rendent un dernier hommage.

Postérité

Son héritage provoque un procès entre les familles Perrin de Jonquières et Guilhem de Clermont-Lodève. Délaissé par les républicains et renié par les royalistes, Pierre-Antoine d’Antonelle a été longtemps oublié par l’Histoire. Les historiens contemporains le comparent volontiers à Mirabeau, Barras ou Sade, et utilisent le terme de « déclassé » pour définir son itinéraire. Toutefois, malgré de nombreux ouvrages, le rôle et la personnalité d’Antonelle restent encore à découvrir.

Dans la cité d’Arles, au no 30 de la rue de la Roquette, sur l’hôtel qui lui appartint, une plaque célèbre le souvenir de l’élu.

Le 30 rue de la Roquette
A gauche l'hôtel d'Antonelle et à droite la plaque qui rappelle son souvenir. A gauche l'hôtel d'Antonelle et à droite la plaque qui rappelle son souvenir.
A gauche l'hôtel d'Antonelle et à droite la plaque qui rappelle son souvenir.


Principales œuvres

  • Catéchisme du Tiers-état (1788).
  • Le Réveil d’un vieillard (1814).

Notes

  1. Il est élu le 15 février 1791.
  2. Ils conquièrent la municipalité d’Arles en novembre 1791.
  3. Voir la liste des membres de l'Assemblée législative par département
  4. Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay, Étienne de Jouy, Jacques Marquet de Norvins, Norvins - Biographie nouvelle des contemporains, ou Dictionnaire historique et raisonné ….. - Librairie historique, 1820 – page 213 ici :
    Il fut aussi directeur du jury dans le procès des girondins, et sembla se rapprocher davantage des principes d’humanité qu’il affectait de professer, quand, interpellé par Fouquier-Thinville, l’accusateur public de cette époque, de faire connaître son opinion sur la culpabilité des accusés, il déclara que sa conscience n’était pas suffisamment éclairée.
  5. Il y lance notamment en 1799 une campagne contre Talleyrand.
  6. En effet, après le coup d'État du 18 brumaire et l’instauration du Consulat, un arrêté en deux articles ordonne l’emprisonnement de 37 républicains à Rochefort (article 1), et l’exil de 22 autres, dont Antonelle, dans diverses localités de Charente-Inférieure (article 2), le 25 brumaire.
  7. L’Église n’avait pas autorisé des funérailles religieuses.

Voir aussi

Sources partielles

  • François Wartelle, « Antonelle Pierre Antoine d' », in Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, p. 26-27)
  • Adolphe Robert, Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Paris, Bourloton, 1889, tome 1, pp. 77-78
  • Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay, Étienne de Jouy, Jacques Marquet de Norvins, Norvins, « Antonelle (pierre-antoine, Marquis D' ) », in Biographie nouvelle des contemporains, ou Dictionnaire historique et raisonné ….. - Librairie historique, 1820 – pages 211 et suivantes : ici

Bibliographie

  • Museon Arlaten, archives municipales et médiathèque d’Arles, La Révolution arlésienne, catalogue de l’exposition de l’Espace Van Gogh, Ville d’Arles, 1989, 123 pages.
  • Léon-Gabriel Pélissier, La jeunesse du marquis d’Antonelle : correspondances, E. Paul, 1900
  • Pierre Serna, Antonelle, aristocrate révolutionnaire, 1747-1817, Éditions du Félin, Paris, 1997, 499 pages (ISBN 2866452763)
Documents et études
  • Véronique Cayroche, Les Antonelle, exemple d’une famille de la moyenne noblesse arlésienne sous l’Ancien Régime (mémoire sous la dir. de Monique Cubelles et de Bernard Cousin), Aix-en-Provence, 1985.
  • Pierre Serna, Antonelle, bonnet rouge et talons rouges (1747-1817) : de l’aristocrate des Lumières au penseur de la démocratie représentative ou le double statut en Révolution (thèse), 1994.
  • Pierre Véran, Recherches pour servir à l’histoire de la ville d’Arles, Arles M760.
  • Pierre Véran, Biographie de Pierre-Antoine Antonelle, Arles, M520.

Liens internes


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