Armée de libération de la Russie

Armée de libération de la Russie

Armée Vlassov

Armée de libération de la Russie (ROA)
Naval Ensign of Russia.svg
Période 19441945
Pays Russie
Allégeance Troisième Reich Allemagne,
puis mutinerie
Taille 50 000 personnes
Fait partie de Wehrmacht
Surnom Armée Vlassov
Guerres Seconde guerre mondiale
Batailles Front de l'Est
Insurrection de Prague
Commandant historique Andreï Vlassov

L'Armée de libération de la Russie (en russe Русская Освободительная Армия, transcrit Russkaya Osvoboditel'naya Armiya, ou ROA) également connue sous le nom d'armée Vlassov était une formation militaire de volontaires russes armés par l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Cette armée avait été organisée par l'ancien général de l'Armée rouge Andreï Vlassov, qui tentait ainsi d'unifier tous les Russes contre le régime soviétique de l'Union soviétique. Parmi les volontaires se trouvaient un grand nombre de prisonniers de guerre soviétiques, des Ostarbeiter (travailleurs de l'Est), et des émigrés russes blancs (dont des vétérans de l'Armée blanche anticommuniste ayant participé à la Guerre civile russe. Le 14 novembre 1944, ses troupes furent officiellement renommées Forces armées du comité de libération des peuples russes (VS-KONR).

Sommaire

Origines

Soldat de l'armée Vlassov parlant avec un feldgendarme

Quelques mois après le déclenchement de l'opération Barbarossa, des volontaires Russes qui s'étaient engagés de manière isolée dans la Wehrmacht portaient un écusson à leur bras, faisant mention de leur appartenance à l'Armée de libération de la Russie, armée qui n'existait pas en réalité, mais qui était présentée comme une réalité par la propagande allemande. Ces volontaires (les Hiwis, soit dans le jargon militaire allemand les Hilfswilliger, "désireux d'aider" ou auxiliaires volontaires) n'étaient pas contrôlés par Vlassov ; ils étaient uniquement sous commandement allemand, accomplissant des tâches variées autres que le combat. Bientôt, des commandants allemands commencèrent à en faire de petites unités armées, utilisées tout d'abord pour combattre les partisans soviétiques.

Adolf Hitler accepta l'idée d'une armée de libération de la Russie afin qu'elle soit utilisée à des fins de propagande tant qu'aucune formation armée ne soit réellement constituée. De ce fait, certains soldats de l'Armée Rouge se rendirent ou firent défection avec l'espoir de joindre une armée qui n'existait pas en réalité. Pendant ce temps, le général Vlassov, en collaboration avec ses partisans allemands et russes, faisait désespérément pression sur le haut-commandement allemand en espérant son feu vert pour la formation d'une véritable unité armée, exclusivement sous commandement russe. L'état-major de Hitler rejeta à plusieurs reprises violemment ces demandes, refusant même simplement de considérer l'idée comme possible. Cependant, Vlassov et ses partisans pensèrent pouvoir raisonner Hitler en lui faisant remarquer la futilité d'une guerre contre l'URSS dont les habitants étaient hostiles au régime en place, ce qui lui permettrait peut-être d'accéder aux demandes de Vlassov.

Quand Hitler prit connaissance du grand nombre de Russes et d'autres anciens civils soviétiques volontaires pour servir dans la Wehrmacht (un nombre estimé à presque un million), il s'inquiéta d'abord. Écoutant un faux rapport établissant que ces unités n'étaient pas fiables et qu'elles désertaient pour se joindre aux partisans, Hitler ordonna leur transfert immédiat sur le front de l'Ouest. Réalisant l'effet catastrophique qu'aurait eu cette saignée des effectifs présents sur le front de l'Est, de nombreux commandants allemands prirent des mesures volontairement floues afin d'éviter que leurs Hiwis ne soient transférés. Néanmoins, de nombreux volontaires russes furent affectés dans l'ouest de la France (Normandie, Bretagne). Ils étaient faiblement équipés, à l'image des unités de cavalerie légère, montée sur de petits chevaux mongols qui surprenaient les populations rurales. Nombre d'entre ces supplétifs étaient de service lorsque survint le Jour J en Normandie. Sans l'équipement ni la motivation nécessaires pour combattre les Alliés occidentaux, ils se trouvaient fortement susceptibles de se rendre à la moindre occasion. L'effet produit par ce transfert ordonné par Hitler fut donc l'inverse de celui qui était escompté. On rapporte néanmoins le cas de combats acharnés jusqu'au bout pour certaines unités Osttruppen sur le front de Normandie, déclenchés par de mauvaises initiatives de la propagande alliée, promettant notamment un retour rapide des soldats en Union soviétique s'ils se rendaient.

Formation de la ROA

Unité Cosaque de l'armée Vlassov

La ROA n'eut pas d'existence officielle avant l'automne 1944, après que Heinrich Himmler eut persuadé un Hitler très réticent de permettre la formation de 10 divisions pour l'Armée de libération de la Russie (l'historiographie soviétique attribua faussement le nom de 'Vlasovets' - 'soldat de Vlassov' - à tous les Russes qui travaillèrent à quelque niveau que ce soit sous commandement allemand, qu'ils aient été Hiwis, dans les forces de police, le SD, la Gestapo, etc.).

Le 14 novembre à Prague, Vlassov prononça le Manifeste de Prague devant le Comité pour la libération des peuples de Russie nouvellement formé. Ce document posait les bases du combat à venir contre Staline, et énumérait 14 points démocratiques pour lesquels l'armée devait se battre. La volonté insistante des Allemands d'utiliser une rhétorique résolument antisémite dans le document fut habilement parée par le comité de Vlassov, qui fut toutefois contraint d'inclure un commentaire critiquant les Alliés occidentaux, les qualifiant de "ploutocraties" aidant Staline "dans sa conquête de l'Europe".

Au total, 71 bataillons servirent sur le front de l'Est et 42 bataillons, résultant de la destruction de divisions allemandes, servirent en Belgique, Finlande, France, et en Italie. À la fin de la guerre, une seule division, la 1re division d'infanterie de la ROA (la 600e division d'infanterie allemande) avait été constituée, sous le commandement du général Sergeï Bunyachenko. Elle prit brièvement part aux combats sur le front de l'Oder avant de changer de camp et d'aider les Tchèques à libérer Prague. Une deuxième division, la 2e division d'infanterie de la ROA (la 650e DI allemande), était encore incomplète lorsqu'elle reçut son baptême du feu sous les ordres du général Grigorii Meandrov. Quant à la 3e DI de la ROA (la 700e DI allemande), on commençait tout juste à la former. Elle devait être confiée au général Mikhail M. Shapovalov. Différentes autres unités, comme le Corps russe, avait d'ores et déjà accepté de devenir partie intégrante de l'armée Vlassov.

Le premier et unique combat que la ROA engagea contre l'Armée Rouge se tint sur les bords du lac Oder, le 11 avril 1945, principalement dû au désir insistant de Himmler de connaître la fiabilité de l'armée. Après trois jours, la 1re division, en infériorité numérique, dut faire retraite. Aucune désertion en direction du camp soviétique ne fut à déplorer ; toutefois, plus de 300 soldats de l'Armée Rouge se rendirent durant la bataille. Vlassov ordonna alors à la 1re DI de marcher vers le Sud afin de concentrer autour de lui toutes les forces anticommunistes qui lui étaient loyales. En tant qu'armée "au complet", pensait-il, ses forces auraient plus de chances de se rendre tous ensemble aux Alliés en des termes "favorables" (pas de rapatriement). Vlassov envoya pour cela plusieurs délégations secrètes afin de négocier sa reddition aux Alliés occidentaux.

Mutineries et reddition

La fin de la guerre étant imminente, la ROA commença à chercher activement des contacts avec les Alliés occidentaux, espérant qu'ils sympathiseraient à leur cause et peut-être même les utiliseraient dans une future guerre contre l'URSS. Pendant sa marche vers le Sud, la 1re DI de la ROA apporta son aide aux insurgés tchèques durant l'insurrection de Prague contre l'occupation allemande, qui débuta le 5 mai 1945. La ROA combattit contre des unités de la Waffen-SS qui avaient été envoyées pour soumettre la ville. Les unités de la ROA, puissamment armées, brisèrent les assauts incessants des SS, et parvinrent avec les insurgés tchèques à préserver la majeure partie de Prague de la destruction. Du fait de la prédominance des Communistes à la nouvelle Rada tchèque, la 1re DI dut quitter la ville dès le lendemain de la libération de la ville. La ROA tenta ensuite de se rendre à la 3e armée américaine du général Patton.

Les Alliés avaient peu d'intérêt à aider ou à protéger la ROA, surtout qu'une telle initiative aurait voulu gravement gréver les relations avec l'allié soviétique. Peu après, Vlassov et la majeure partie de ses partisans furent capturés par les Soviétiques, ou extradés de force par les Alliés ; seule la principauté du Liechtenstein ignora les injonctions de l'URSS et permit à ces hommes d'émigrer en Argentine. Ces soldats de la ROA, qui parvinrent à échapper aux zones contrôlées par les Alliés après s'être rendus, échappèrent au sort des autres : la grande majorité d'entre eux fut envoyé au goulag ; les Soviétiques déclarèrent tous les Vlasovtsy (partisans de Vlassov) traîtres, et les exilèrent sommairement dans les terribles camps de travail de Sibérie, pour une durée de 10 ans au minimum. Vlassov et plusieurs autres dirigeants de la ROA furent jugés puis pendus à Moscou le 3 août 1946. Ils sont toujours considérés comme des traîtres à la nation dans la Russie moderne.

Liens externes

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