Plaisir

Plaisir
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Le plaisir est chez l'être vivant une sensation agréable et recherchée. Selon Philippe Val (pertinence de la référence ?), plaisir et motivation sont synonymes, car nous nommons par définition plaisir ce dont la recherche nous motive, même lorsqu'il s'agit de la simple préparation de plaisirs ultérieurs plus grands.

À l’autre extrémité du continuum de satisfaction, à moins qu'il ne s'agisse d'une autre échelle indépendante (voir l'article masochisme) existe le déplaisir (malaise, mécontentement, désagrément...). Le plaisir a un grand nombre de termes plus ou moins synonymes (contentement, volupté, satisfaction, délices, régal, jubilation...) qui désignent des variétés plus ou moins subtiles de l’expérience.

Le concept de plaisir est employé en philosophie et en psychologie, souvent associé à un qualificatif : plaisir sexuel, alimentaire, intellectuel, professionnel, parental, moral, civique (ou du devoir accompli), etc.

Dans le bouddhisme, le plaisir est considéré comme sensation physique ; il est également au nombre des vingt-deux facultés énumérées par cette obédience.

Sommaire

Physiologie du plaisir

En 1952, James Olds et Peter Milner, collègues de José Delgado, découvrent de manière hasardeuse, chez des rats, les premières régions cérébrales dont la stimulation procure des effets extérieurs similaires à l'orgasme. Plusieurs travaux ont permis de cerner par la suite les centres cérébraux du plaisir, comme étant représentés par le complexe Hypothalamus latéral - Amygdales baso-latérales - Région septale. Le cervelet, le cortex frontal et les pointes antérieures des lobes temporaux prennent également part à la sensation de plaisir.

Chez l'homme, l'activation artificielle de ces aires cérébrales peut se traduire par la sensation de plaisir, mais elle est décrite comme une sensation "d'aller vers l'orgasme sans jamais l'atteindre"[réf. souhaitée].

Philosophie du plaisir

Épicure

Épicure est l'un des premiers penseurs du plaisir. Il constate que nous nommons en fait plaisir ce que nous recherchons dans la vie, et qu'il s'agit donc d'une classification postérieure à l'expérience (idée que reprendra Hume) : nous recherchons les plaisirs, mais simplement parce que nous nommons plaisir ce que nous recherchons. L'épicurisme se distingue de l'hédonisme. Le premier rend compte de la condition humaine - mort, pouvoir des Dieux antiques, impuissance de l'homme sur certaines choses comme la gloire et la richesse - tout en montrant que le plaisir étant nécessaire au bonheur[1] :

« Justement parce qu’il est le bien premier et né avec notre nature, nous ne bondissons pas sur n’importe quel plaisir : il existe beaucoup de plaisirs auxquels nous ne nous arrêtons pas, lorsqu’ils impliquent pour nous une avalanche de difficultés »

— Lettre à Ménécée

Il faut en faire le but de l'existence :

« Voilà pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et le but de la vie bienheureuse. C’est lui que nous avons reconnu comme bien premier et congénital »

— Lettre à Ménécée

Il prône ainsi une vie d'autosuffisance, préfigurant également le stoïcisme :

« Ainsi, nous considérons l’autosuffisance comme un grand bien : non pour satisfaire à une obsession gratuite de frugalité, mais pour que le minimum, au cas où la profusion ferait défaut, nous satisfasse »

— Lettre à Ménécée

Khayyam

Omar Khayyam, mathématicien et astronome de premier plan, abandonna tous ses travaux pour se consacrer à la poésie, au vin et à la compagnie des jeunes femmes. Dans ses fameux quatrains, il s'indigne que Dieu semble par ses textes religieux donner à l'homme des ordres tout en implantant en lui des désirs qui sont autant d'ordres contraires.

Sade

Donatien Alphonse François de Sade, libertin, montre que le plaisir se doit d'être au centre de toutes les activités humaines car c'est ce que la Nature a mis à la disposition de l'homme pour qu'il accède au bonheur - que cela contrarie les valeurs de la société ou non. Ce positionnement lui permet de "justifier" l'homicide, l'adultère, l'inceste et de nombreux actes interdits en Occident et ailleurs pour assurer le bon fonctionnement de la société.

« Ah! renoncez aux vertus, Eugénie! Est-il un seul des sacrifices qu'on puisse faire à ces fausses divinités, qui vaille une minute des plaisirs que l'on goûte en les outrageant? Va, la vertu n'est qu'une chimère, dont le culte ne consiste qu'en des immolations perpétuelles, qu'en des révoltes sans nombre contre les inspirations du tempérament. De tels mouvements peuvent-ils être naturels? La nature conseille-t-elle ce qui l'outrage? Ne sois pas la dupe, Eugénie, de ces femmes que tu entends nommer vertueuses. Ce ne sont pas, si tu veux, les mêmes passions que nous qu'elles servent, mais elles en ont d'autres, et souvent bien plus méprisables... C'est l'ambition, c'est l'orgueil, ce sont des intérêts particuliers, souvent encore la froideur seule d'un tempérament qui ne leur conseille rien. Devons-nous quelque chose à de pareils êtres, je le demande? N'ont-elles pas suivi les uniques impressions de l'amour de soi? Est-il donc meilleur, plus sage, plus à propos de sacrifier à l'égoïsme qu'aux passions? Pour moi, je crois que l'un vaut bien l'autre; et qui n'écoute que cette dernière voix a bien plus de raison sans doute, puisqu'elle est seule organe de la nature, tandis que l'autre n'est que celle de la sottise et du préjugé. »

— Sade, Philosophie de boudoir

Nietzsche

La position de Nietzsche, très inspirée aussi d'Epicure - c'est en soi qu'il faut trouver les sources du bonheur - incite cependant à trouver davantage le bonheur dans la volonté de puissance sur soi-même et sur le monde que dans le pouvoir d'ennuyer impunément autrui.

Barthes

Dans son essai Sade, Fourier, Loyola (1971), le sémiologue Roland Barthes compare trois approches aussi différentes qu'il se peut du plaisir - ou, si l'on préfère - de la motivation, à travers trois exemples historiques. Il fait remarquer que ce sont tous trois des inventeurs d'écriture et que tous trois structurent leur personnalité à travers cette langue et l'univers sous-jacent qu'elle suggère, qui donne un sens fort à leur vie, et donc rejoint la question moderne de l'identité.

Citation

« Le plaisir extrême est proche de la douleur »

— Paul Valéry

Notes et références

  1. Voir cependant Ataraxie, Nirvana...

Voir aussi

Liens externes

L'orgasme sur commande, Récit de l'expérience de Olds et Milner sur les centres cérébraux du plaisir


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