Plan Challe

Plan Challe
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Plan Challe
Informations générales
Date 6 février 1959 - 6 avril 1961
Lieu Départements français d'Algérie
Issue Mitigée[1]
Belligérants
Flag of Algeria.svg Armée de libération nationale Drapeau de la France Armée française
Commandants
Flag of Algeria.svg Si M’hamed (Wilaya IV), Hadj Lakhdar (Wilaya I), colonel Lotfi (Wilaya V), Mohand Oulhadj (wilaya III). Drapeau de la France Maurice Challe
Forces en présence
90 000 soldats 450000 soldats[2]
Pertes
26 000 combattants tués

10 800 prisonniers
20 800 armes récupérées

inconnu
Guerre d'Algérie
Batailles
Du 1er novembre 1954 au 19 mars 1962
Toussaint Rouge — Opération Eckhmül — Opération Aloès — Opération Véronique — Opération Violette — Opération Timgad — Bataille d'El Djorf — Opération Massu — Embuscade de Palestro — Bataille d'Alger — Bataille de Bouzegza — Coup du 13 mai — Opération Résurrection — Opération Couronne — Opération Brumaire — Semaine des barricades — Manifestation de Décembre 1960 — Putsch des Généraux — Combat du Fedj Zezoua — Plan Challe
Du 19 mars 1962 au 5 juillet 1962
Bataille de Bab el Oued — Fusillade de la rue d'Isly

Le Plan Challe était une série de grandes opérations menées par l'armée française durant la guerre d'Algérie, de 1959 à 1961 à travers le territoire algérien qui avait pour objectif de détruire les unités de l’ALN de l’intérieur, d'occuper de façon permanente leurs positions et de démanteler l’O.P.A. (Organisation politico-administrative) du FLN .

Sommaire

Contexte

Après la bataille d'Alger et la bataille des frontières gagnées par le général Salan, son successeur le général Challe, général d'aviation nommé au commandement militaire de l'Algérie, espère asphyxier les maquis de l'ALN la branche armée FLN, en même temps qu'est entreprise une politique de pacification. Les actions qu'il met en œuvre constituent le « plan Challe ».

Le général Challe entreprend de réduire les forces des wilayas, en mettant fin au partage de facto du territoire algérien entre les régions occupées en permanence par les forces de l'ordre et les « zones interdites » servant de refuge aux unités rebelles. Il s'agit d'alléger le quadrillage des régions déjà pacifiées pour augmenter les réserves générales et de leur faire occuper en force, pendant plusieurs mois, chacun des massifs montagneux où s'abritent les compagnies et les commandos zonaux de l'ALN. Ces unités sont obligées de se disperser, et de se cacher, puis de sortir à la recherche des ravitaillements et de s'exposer à des embuscades. Ainsi, leur taille est réduite à celle de sections, comme c'est déjà le cas aux environs des barrages électrifiés. Pour plus d'efficacité, les réserves générales se concentrent sur chaque massif montagneux en allant de l'ouest vers l'est, de la wilaya la plus faible vers celles qui sont les plus fortes. Dans un deuxième temps, des commandos de chasse formés par les troupes des secteurs ou par les réserves générales et comprenant une forte proportion de musulmans, souvent des ralliés, continuent à traquer les restes des unités rebelles. Certaines SAS dites « SAS renforcées » prennent la responsabilité du maintien de l'ordre avec leurs harkas à la place des troupes de secteur dans un quartier de pacification.

À partir de 1959, la France prévoit de systématiser la mise en œuvre de centres de regroupement des populations situées dans les zones rurales les plus éloignées, à l’initiative des préfets responsables du maintien de l’ordre, afin d'isoler les unités du FLN et de les priver de leur principale source d’approvisionnement et de soutien[3] . L’ensemble des habitants est alors « placé » sous la protection de l’armée française, ou d’un maghzen (troupe de supplétifs musulmans engagés sous contrat de 6 mois) si le regroupement se fait à proximité d’une SAS.

Les unités de l’ALN (Armée de libération nationale) se voient ainsi progressivement interdire une zone définie[4]. Ce procédé qui consiste à vider certaines zones de ses habitants, en déplaçant des populations vers des centres de regroupement et en détruisant les villages[5] constituera donc une arme de guerre efficace pour les Français, lorsqu’il est mené de manière raisonnée.


Les opérations du 6 février 1959 au mois d'avril 1961

Que ce soit par la route, par les airs ou encore par voie maritime vingt-cinq mille hommes venus renforcer les quinze mille militaires du « plan Challe », il commence par la wilaya V, la plus avancée dans la voie de la pacification, du 6 février au 6 avril 1959, puis il continue en wilaya IV par l'opération « Courroie », couronne montagneuse de l'Algérois et Ouarsenis, du 18 avril au 19 juin, et, avec une moindre intensité, dans le Sud Département d'Oranais, du 15 mai au 15 octobre. Pour éviter un repli vers l'est des unités kabyles, l'opération « Étincelle » traite le massif du Hodna, reliant la wilaya III à la wilaya I, du 8 au 20 juillet, puis l'opération « Jumelles » s'appesantit sur la wilaya III, du 22 juillet 1959 à la fin de mars 1960. Peu après, les opérations « Pierres précieuses» (« Rubis », « Saphir», « Turquoise », « Émeraude » et « Topaze ») s'abattent sur la wilaya II, entre le 6 septembre et le 9 novembre 1959, jusqu'en avril 1960; puis une deuxième série d'opérations « Pierres précieuses » revient sur les mêmes régions pendant plusieurs mois, jusqu'en septembre 1960.

Après le départ du général Challe en avril, son successeur, le général Crépin, revient encore sur l'Ouarsenis (« Cigale », du 24 juillet au 24 septembre 1960) et sur l'Atlas saharien (opérations « Prométhée », d'avril à novembre 1960), mais il porte son principal effort sur la wilaya I : opération « Flammèches » dans les monts du Hodna, du 21 au 31 mai, puis opérations «Trident » d'octobre 1960 jusqu'en avril 1961. Dans toutes ces régions, les commandos de chasse prennent la relève des réserves générales. En même temps, l'armée continue à démanteler par tous les moyens l'OPA qui encadre la population. C'est la tâche des officiers de renseignement et d'organismes spécialisés en marge de la hiérarchie militaire ordinaire : les DOP créés en 1957 dans le cadre du Centre de coordination interarmées (CCI), et les centres de renseignement d'action (CRA), créés en 1959.

Bilan du « plan Challe »

26 000 « combattants » tués, 10 800 prisonniers, 20 800 armes récupérées. Le plan Challe réussit partout à réduire de moitié, en quelques mois, le potentiel militaire des wilayas, dont les pertes augmentent sensiblement, ainsi que le pourcentages des prisonniers et des ralliés. Le moral de l'ALN, déjà atteint par les sanglantes purges internes qui ont décimé la wilaya III puis la wilaya IV en 1958, (voir : la « Bleuite ») et par le sentiment d'être abandonné par l'extérieur, en est davantage encore affaibli.

Cependant le plan Challe devra faire face à la stratégie d'adaptation des unités de l'ALN, comme dans la wilaya 3 (Kabylie) avec le commandant Mohand Oulhadj. Pour cette seule wilaya lors de l'opération jumelles, 60000 hommes sont déployés pour ratisser la wilaya (appuyés par les services de renseignements du 2e bureau) et éradiquer totalement l’ALN par des combats continus. Parallèlement, des dispositions sont prises pour isoler l’ALN des populations (quadrillage de tous les villages avec ouverture de postes militaires avancés et contrôle des entrées et sorties par les éléments de l’autodéfense.

Le commandement de la Wilaya III réagit immédiatement et répartit les grandes unités en petits groupes commandos affectés dans les secteurs et limite les regroupements à quatre ou cinq pour éviter les combats et les poursuites à vue quotidiennes. Il enrôle tous les moussebline pour les soustraire à l’armée française dans les villages et les remplace par des femmes qui passent inaperçues pour jouer ce rôle. Par ailleurs, le commandement de wilaya donne ordre d’infiltrer les groupes d'autodéfense par des militants de l’organisation FLN, pour faciliter le contact. Toutes ces dispositions prises se sont soldées très vite par l’enlèvement de plus de vingt (20) postes avancés par les commandos de l’ALN, d’où la récupération de lots d’armes et de munitions très importants qui soulagent quelque peu les djounouds au niveau de la wilaya[6].

Les pourparlers secrets menés de mars à juin 1960 avec le gouvernement français par Si Salah, chef de la wilaya IV, concrétisent cette crainte et semblent justifier la confiance du général Challe dans une prochaine victoire militaire, mais l'indécision demeure au niveau politique.

Cependant l'ALN se réorganise en petits groupes et reconstitue des réseaux dans les régions pacifiées avant la fin des années 1960. Le plan Challe souvent présenté aux yeux de l'opinion française comme une victoire présente un bilan mitigé car même s'il a bouleversé l'organisation des wilayas et sérieusement diminué dans un premier temps leur capacité, l'ALN finit par se réorganiser vers la fin de l'opération ce qui forcera l'armée française a revenir dans des région normalement déjà pacifiée. À cela il faut ajouter que beaucoup de pertes présentées comme ceux de l'ALN sont en fait des victimes d'exaction contre la population civile. L'objectif de réduire la résistance à néant reste donc un échec total et le maintien et le renouvellement des capacités de l'ALN sur le territoire algérien donne sur le plan politique un poids au GPRA[6].

Notes et références

  1. Algérie: l'abandon sans la défaite, 1958-1962 Par Jacques Simon, p 107
  2. http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=99
  3. « Pour le FLN, le soutien de la population lui est indispensable pour légitimer son action, mais il lui est également vital pour la survie physique de ses troupes combattantes. Peu nombreux et n’apparaissant que fugitivement et exceptionnellement le jour, les combattants de l’ALN ont besoin, la nuit en général, de l’aide des villageois pour organiser des sabotages (destructions des ponts, de poteaux électriques, de vergers…) et aussi pour être nourris et soignés. » Mohammed Harbi, Benjamin Stora (sous la dir.), La guerre d’Algérie, 1954-200, la fin de l’amnésie, Paris, Robert Laffon, 2004, p. 254
  4. Extrait d’un télégramme attribué au chef de la wilaya IV et envoyé à Tunis en décembre 1959 : « Les Français poursuivent le regroupement de la population, tarissant l’impôt et le ravitaillement. Il faut agir sur l’opinion publique pour exiger le retour des habitants ». Henri Le Mire, Histoire militaire de la guerre d’Algérie, Paris, Albin Michel, 1982, p.141
  5. Mohammed Harbi, Benjamin Stora (sous la dir.), op. cit. p. 324
  6. a et b http://www.lexpressiondz.com/article/3/2008-09-20/56413.html

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes


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