Pleyel

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Ignace Pleyel, fondateur de la manufacture Pleyel

Pleyel est une manufacture de pianos française fondée en 1807 par Ignace Pleyel[1]. C'est l'une des plus anciennes manufactures de pianos. La manufacture fait reconnaître son savoir-faire auprès de nombreux artistes tels, Frédéric Chopin, Camille Saint-Saëns, Maurice Ravel, Igor Stravinsky et Manuel de Falla.

Sommaire

Historique

L’histoire de Pleyel se confond avec celle de ses réalisations, et des entrepreneurs qui ont contribué à bâtir son histoire et sa légende. La salle Pleyel est en fait un prolongement direct et logique des pianos Pleyel.

Ignace Pleyel (1757-1831)

Article détaillé : Ignace Joseph Pleyel.

Né le 18 juin 1757 à Ruppersthal en Basse-Autriche, Ignaz Pleyel se révéla très tôt comme un musicien talentueux. Grâce au mécénat du comte Ladislaus Erdöly, il suivit les enseignements de Jean-Baptiste Vanhal, avant d’être l’élève de Joseph Haydn. Il devint maître de musique et chef d’orchestre à la cour du Prince Esterhazy à Eisenstadt, et fit de nombreux voyages à travers l’Europe, au cours desquels il rencontra les principaux acteurs de la vie musicale.

En 1783, Ignaz Pleyel — dont le prénom fut francisé en « Ignace » après être devenu français —, arriva à Strasbourg pour assister Franz-Xavier Richter, maître d’orchestre de la cathédrale depuis 1769, avant de lui succéder en 1789. Il se maria en 1788 et eut quatre enfants, dont Camille qui lui succèdera. À la fin du XVIIIe siècle, Ignace Pleyel était un des musiciens français les plus populaires et les plus joués ; son talent était unanimement apprécié, y compris par ses confrères, au premier rang desquels Mozart. Il est à cette époque un compositeur prolifique, et il laissa derrière lui une œuvre abondante : quarante et une symphonies, six symphonies concertantes, soixante-quatre duos, deux opéras, et de très nombreux octuors, septuors, quintettes ou quartettes.

Les troubles politiques qui accompagnèrent la Révolution française le poussèrent à partir, en décembre 1791, pour l’Angleterre (où il retrouva Joseph Haydn) sur invitation des Professional Concerts dirigés par le violoniste Wilhelm Cramer. À son retour en France, il fut arrêté par les républicains et ne dut son salut qu’à la composition de l’hymne fleuve La Révolution du 10 août. Il avait déjà composé en 1791 un Hymne à la liberté avec Rouget de Lisle, et dès lors il fut sollicité de nombreuses fois pour composer ou jouer des hymnes lors de fêtes révolutionnaires. On dit même qu’il aurait prêté main forte à Rouget de Lisle pour composer La Marseillaise…

En 1797, Ignace Pleyel décida de s’établir dans le quartier de la Chaussée d’Antin à Paris, où il ouvrit une boutique d’éditions musicales. Au même moment, il élabora une Méthode pour le piano forte avec Jan Ladislav Dussek, et publia certaines de ses œuvres, puis celles de ses confrères. Il créa, quelques années plus tard, une collection de partitions en format de poche à bas prix qu’il appela la « Bibliothèque musicale ». La maison d’édition Pleyel aura sorti en tout près de trois mille titres. En 1807, il lança la fabrication des premiers pianos Pleyel et maintint cette activité grâce au soutien de quelques mécènes. Les premiers pianos Pleyel sortirent avec le concours de Charles Lemme pendant quelques mois, mais très vite Ignace Pleyel décide de travailler seul. En 1824, il confia l’entreprise à son fils Camille qui poursuivait alors une carrière de concertiste.

Camille Pleyel (1788–1855)

Article détaillé : Camille Pleyel.

Compositeur moins prolifique que son père, Camille Pleyel fut un concertiste de talent remarqué à la Cour du roi d’Angleterre. Il voyagea énormément en Europe, rendant visite aux autres grands facteurs, notamment Broadwood et Erard, qui sont avec Pleyel les pionniers dans la fabrication de pianos.

Camille impulsa à la maison une nouvelle dynamique et lui apporta une renommée internationale. Très vite il s’entoura de musiciens qui suivirent de près la conception des pianos et exportèrent le nom de Pleyel — véritable « marque » — dans le monde entier. Il accorda une attention extrême au perfectionnement de ses instruments, en réponse aux exigences des compositeurs qui souhaitaient des sonorités puissantes et riches. Ce fut la naissance du « son Pleyel » si caractéristique des pianos Pleyel. En 1834, la manufacture Pleyel produisait alors mille pianos par an avec deux cents ouvriers.

La rencontre avec des artistes de tout pays permit à Camille Pleyel de partir à la conquête de nouveaux marchés internationaux dominés jusqu’ici par les Anglais. Il adapta même certains de ses instruments aux conditions climatiques de pays lointains en les « tropicalisant » afin de leur donner une meilleure résistance aux conditions hygrométriques.

Auguste Wolff (1821-1887)

Un clavecin Pleyel au musée de Berlin

Auguste Wolff était associé à Camille Pleyel dès 1853. Lui-même issu d’une famille de musiciens, il fut un compositeur talentueux et un musicien accompli. Wolff sera un facteur de pianos d’exception et contribuera grandement au développement de l’entreprise en multipliant les innovations et en modernisant continuellement les pianos produits. Il mit l’accent sur la fabrication de pianos réputés à la fois pour leur sonorité et leur élégance.

En 1865, Wolff créa sur le boulevard Ornano, à Saint-Denis, une vaste usine de 55.000 mètres carrés équipée de machines à vapeur, de plus de deux cents machines-outils, de canalisations de chauffage, d’air comprimé et de vapeur générés par une station autonome, produisant 2 500 pianos en 1887.

Gustave Lyon (1857-1936)

Dès 1883, Gustave Lyon, le gendre de Wolff, reprit les rênes de la Manufacture Pleyel. Polytechnicien, ingénieur des Mines et musicien accompli, il mit à contribution ses connaissances scientifiques pour améliorer la qualité des pianos et percer les mystères de l’acoustique. En 1889, alors que la maison Pleyel produisait son 100 000e piano, Lyon fut distingué par un grand prix d’honneur lors de l’Exposition universelle de Paris pendant laquelle fut exposé un clavecin construit pour l'occasion. Il modernisa l’usine créée par Wolff trente ans plus tôt. Les pianos Pleyel restaient très appréciés de la nouvelle génération de musiciens séduite par l’harmonie si particulière de ces pianos européens inspirés de la facture allemande et emmenée par Camille Saint-Saëns, Fédor Chaliapine, Rimsky-Korsakov, ou encore Wanda Landowska. C'est pour cette dernière que fut entreprise la conception et la fabrication de nouveaux clavecins (et notamment le fameux Grand Modèle de Concert).

Parallèlement à son activité de facteur de pianos, Lyon s’était passionné pour l’acoustique des lieux de concert qui, en plus d’être un domaine scientifique, était encore un art. Il s’était ainsi spécialisé dans l’orthophonie des salles et était souvent sollicité par les architectes pour corriger l’acoustique de ces salles, notamment au Palais de Chaillot à Paris.

Dès 1925, Lyon lança le chantier de construction de la salle Pleyel, rue du faubourg Saint-Honoré, à Paris. Mais la Grande Crise de 1929 fut fatale au groupe Pleyel : les pianos Pleyel déposèrent le bilan en 1933, et la salle Pleyel fut reprise par son banquier, le Crédit lyonnais, en 1934.

A la mort de Gustave Lyon, les pianos Pleyel et la salle Pleyel sont donc séparés.

Hubert Martigny (né en 1939)

Article détaillé : Hubert Martigny.

Le Crédit Lyonnais est resté propriétaire de la salle Pleyel jusqu’en 1998, date à laquelle il la vend dans le cadre des cessions d’actifs du Consortium de Réalisation (CDR). Apprenant par la presse, en 1997, que la salle Pleyel est à vendre, l’industriel fortuné Hubert Martigny décide de présenter un dossier comportant une partie financière (de 10 millions d’euros), un projet artistique (la création d’une véritable direction artistique à Pleyel), et un projet de rénovation. C’est la cohérence de son dossier et l’ambition qu’il avait pour le lieu qui a fait la différence avec les autres projets présentés. Malgré tout, peu d’enchérisseurs se sont intéressés à cet actif si particulier. Le Crédit Lyonnais avait même un temps pensé démolir ce lieu et bénéficier des 2 600 mètres carrés du terrain pour en faire un immeuble de bureaux, mais ce projet était rendu impossible par une ordonnance de 1945 interdisant de détourner une salle de spectacle de son objet d’origine. Pourtant à cette date, l’immeuble ne faisait l’objet d’aucune protection de la part des Monuments Historiques.

Hubert Martigny, ingénieur des Arts et Métiers et docteur en mathématiques, a débuté sa carrière dans le conseil en management au sein de la firme américaine KPMG. Associé à Alexis Kniazeff, il a ensuite créé un cabinet de chasseurs de têtes, avant de fonder en 1980 la société Altran Technologies, spécialisée dans le conseil en innovation dans le secteur des hautes technologies. Véritable success story, cette entreprise est aujourd’hui cotée en Bourse et compte 16 000 ingénieurs présents sur les cinq continents.

En 1998, Hubert Martigny devient le seul propriétaire privé au monde d’une salle de concerts symphoniques. Il s’aperçoit alors que la marque « Pleyel » appartient à des investisseurs italiens également propriétaires de la dernière manufacture de pianos en France, Pleyel and Co, à Alès dans le Gard. Lui vient l’idée extravagante de « remarier » la salle Pleyel et les pianos Pleyel, en rachetant ces derniers. Ce qu’il fait en l’an 2000, soixante-dix ans après.

Il investit beaucoup d’argent dans le redressement des pianos et décide de lancer la rénovation de la salle, conformément à son engagement, en investissant 33 millions d’euros de ses deniers personnels. Il obtient ainsi un permis de construire en juillet 2004, et signe un contrat de promotion immobilière avec la société Sodearif du groupe Bouygues. Le 8 novembre 2004, il s’engage à louer pour cinquante ans de la salle Pleyel à l’Etablissement Public de la Cité de la Musique. En 2056, la Cité de la Musique deviendra propriétaire de la salle Pleyel et de ses annexes pour l’euro symbolique.

En janvier 2005, Bouygues Bâtiment Île-de-France-Rénovation Privée prend possession de la salle Pleyel pour une campagne de travaux de 19 mois s’achevant le 31 juillet 2006. Le 1er septembre 2006, la Cité de la Musique, sous la direction de son directeur général, Laurent Bayle, prend la direction de la « nouvelle salle Pleyel ».

La salle Pleyel est inaugurée le 13 septembre 2006. Une nouvelle saison musicale de 160 concerts permet pour la première fois d’accueillir simultanément deux orchestres résidents et un orchestre invité. L’Orchestre de Paris, l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, le London Symphony Orchestra, l’Orchestre Philharmonique de Berlin et tant d’autres retrouvent le chemin de Pleyel.

Aujourd'hui

La Manufacture des Pianos Pleyel est depuis 2000 la propriété de Hubert Martigny, qui a également racheté Érard, Rameau et Gaveau. Victime ces dernières années d'une concurrence commerciale très forte des marchés asiatiques, elle a fermé en 2007 son usine d’Alès, ouverte en 1973, pour se réinstaller à Saint-Denis[2].

La production de Saint-Denis a été réduite et centrée sur les pianos à queue haut de gamme et d'exception, avec une équipe de 15 compagnons hautement spécialisés dans un atelier moderne de 1300 m2.

La Manufacture Pleyel a installé un Show-Room des Pianos Pleyel à la Salle Pleyel et y expose ses modèles signés par de grands artistes contemporains (Marco Del Re, Aki Kuroda et Jean Cortot) et de grands designers : Andrée Putman vient de créer pour Pleyel le piano "Voie Lactée" de 2m17, dévoilé aux Designers'Days 2008 à Paris et à l'Ambassade de France à New York dans le cadre de la rétrospective "Beyond Style" consacrée à la designer en septembre 2008.

Les Pianos Pleyel et la Salle Pleyel appartiennent à l'homme d'affaires français Hubert Martigny (co-fondateur d'Altran Technologies) et est co-animée par Arnaud Marion qui en a été le Président de 2002 à 2006 et qui est maintenant le Directeur Artistique des Pianos Pleyel.

La Manufacture Française de Pianos (et ses fabrications) ont été labellisés « Entreprise du Patrimoine Vivant » le 19 décembre 2007 par le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi.

Notes

  1. http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Pleyel/138455
  2. Nathaniel Herzberg, « Pleyel quitte Alès sur une fausse note », Le Monde (ISSN 0395-2037) daté du 24 décembre 2006 [lire en ligne]
  • Rousseau J, Histoire d'une résurrection : pianissime Pleyel, Classica - répertoire, septembre 2007, p. 46-47
  • "Pleyel, une histoire tournée vers l'avenir" par Arnaud Marion aux Editions de la Martinière (Décembre 2005)
  • "La Salle Pleyel, Lieu de Modernité" par Arnaud Marion aux Editions de la Martinière (Octobre 2006)
  • "La Salle Pleyel", Hors Série Connaissance des Arts (septembre 2006) par Arnaud Marion
  • Jean Jude, Pleyel 1757-1857 La passion d'un siècle, Imprimerie du Centre Loire, 2008, 346 p., relié, 30 x 20 cm (ISBN 978-2-9531198-0-0)

Voir aussi

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